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Belgique - Page 7

  • Beauté intérieure

    Le Chat au parc suite (3) beauté.jpg« Mettons-nous dans la tête d’un visiteur s’approchant de la sculpture. Il l’aperçoit d’abord de profil, et que voit-il ? Un énorme Chat ouvrant son manteau devant les promeneurs. Et que se dit-il ? Voilà un gros pervers qui dévoile sa nudité aux passants. Eh bien non !

    Le Chat ne mange pas de ce pain-là ! Et ceux qui le connaissent le savent. Il est bien trop subtil que pour verser dans cet humour graveleux de bas étage. Par contre, ceux qui ont vu la sculpture de face ont été pris par le charme de l’image évoquée : nous avons tous un petit oiseau* qui chante à l’intérieur de nous. Pour certains, c’est un rossignol ou un canari, pour d’autres, un vilain gros canard qui chante faux. » (Geluck, Le Chat.com)

    Philippe Geluck, Le Chat déambule, parc de Bruxelles > 10.09.2023

    Philippe Geluck, Beauté intérieure (*dans la statue, l'oiseau se balance)

  • Le Chat au parc

    Le Chat déambule, c’est le titre de l’exposition de Philippe Geluck au parc de Bruxelles, dans sa ville natale, après Paris, Bordeaux, Caen, Genève, Monaco et Montreux : vingt-deux statues monumentales installées en plein air, juste en face du Palais Royal, place des Palais. Les allergiques au Chat ou à son maître, passez votre chemin. Les amateurs, n’attendez plus : l’expo se terminera le 10 septembre.

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    Le Chat déambule au parc de Bruxelles

    Quelle réussite ! Les grands bronzes à patine verte trouvent dans une allée du parc un écrin idéal. Geluck explique et montre les vingt étapes de leur fabrication sur son site, du croquis jusqu’à l’état final – ce n’est pas rien. Touristes, passants, amateurs, beaucoup de monde déambule dans l’allée du Chat, le sourire aux lèvres. J’ai rarement vu une telle ribambelle de sourires à une exposition. Des familles, des couples, se prennent en photo avec Le Chat. Les enfants veulent toucher, l’attirance est irrésistible.

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    Philippe Geluck, Le Chaltérophile

    Chacun a ses préférences, bien sûr. Je trouve le Chaltérophile plutôt balourd à première vue, mais… C’est le poids d’un oiseau qui le fait pencher d’un côté et le titre anglais n’est pas mal : « Birdy Builder ». Cela vaut la peine de lire les deux titres, il y a des trouvailles dans les jeux de mots (Ice-crime). Sur les thèmes inépuisables de l’oiseau et du chat, du chat et de la souris, Geluck brode joyeusement.

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    Philippe Geluck, Quel charmeur !

    Quel charmeur ! En plus de l’humour, parfois noir (Sur le fil), il y a là de la tendresse (Le Docteur), de la poésie (La flûte à bec), de l’absurde (Singin’ in the rain, Chantons sous la pluie) ou de l’irrévérence : Le martyre du Chat, par exemple. Au lieu des flèches du martyre de Saint Sébastien, des crayons de couleur sont enfoncés dans le corps du chat, primo, et deuzio, un oiseau est juché sur chaque crayon !

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    Philippe Geluck, Le martyre du Chat

    De l’autodérision aussi, avec Le Chat au journal. L’arrière-plan de chaque statue est raconté sur le site de Geluck si on clique sur la photo. Le Chat est né en 1983 dans un grand quotidien belge, Le Soir. Rawhajpoutachah est un clin d’œil à Hergé : « Le titre de l’œuvre tire son nom du gentil fakir que Tintin (en visite chez le Maharadhjah du Rawajpoutalah) rencontre au début du Lotus Bleu. Chacun se souvient de la sensibilité du fakir s’asseyant sur le divan, et demandant plutôt un siège-planche à clous, sur lequel il se sentira plus à l’aise. » (Geluck)

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    Philippe Geluck, Le dieu du stade

    Le coup de cœur d’un ami pour Le dieu du stade m’a fait mieux regarder ce podium où le chat lève les bras, heureux de sa victoire – sa victoire contre deux concurrents : la tortue est deuxième, l’escargot troisième. A méditer. Tragédie de Racine est d’un mauvais goût vraiment potache – « de racines » aurait mieux valu – rien à faire pour empêcher le pic-vert d’y faire son trou. Quant au Parleur, seul bronze à texte, c’est pour moi, le plus plat des gags.

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    Philippe Geluck, Flûte à bec

    Malgré mes sentiments partagés à l’égard du futur Musée du Chat dans ce quartier des arts (dus avant tout au scandale de la fermeture du musée d’art moderne depuis 2011, j’en ai déjà parlé et je l’écris une fois de plus : quand pourrons-nous enfin revoir à Bruxelles les collections du XXe siècle des MRBAB ?), j’ai pris plaisir à cette expo qui met de bonne humeur. Mon coup de cœur ? La Flûte à bec : voyez comme Le Chat souffle dans une branche d’arbre… C’est l’oiseau perché dessus qui chante et enchante.

    * * *

    Avec la rentrée, Textes & prétextes reprend son rythme habituel
    et pour moi, c’est le temps des vacances.
    Au plaisir de vous retrouver à mon retour.

    Tania

  • Sculptures 1900

    La collection Gillion Crowet du musée Fin de siècle comprend aussi de belles sculptures. La Grande autruche baissant la tête de Rembrandt Bugatti (1884-1916) ne me semble pas particulièrement liée à l’Art nouveau, sinon par l’époque, de même que les Figurines allégoriques de Philippe Wolfers (dont je vous ai montré récemment quelques bijoux fabuleux) présentées dans des vitrines.

    Art nouveau MRBAB (19) Méduse.jpg
    Fernand Khnopff, Tête de Méduse, 1900, bronze patiné, socle en marbre de Sienne,
    Collection Gillion Crowet, MRBAB, Bruxelles

    L’œuvre la plus impressionnante ici est cette Tête de Méduse sculptée par Fernand Khnopff : yeux exorbités, bouche ouverte, serpents mêlés à ses cheveux. La représentation de la Gorgone, dont les yeux « ont le pouvoir de pétrifier tout mortel qui croise son regard », a été réinventée à la fin du XIXe siècle. « De monstre qu’elle était, Méduse deviendra l’archétype de la femme fatale. » (Wikipedia)

    Art nouveau MRBAB (60).jpg
    Alphonse Mucha & Adolphe Truffier, La Princesse lointaine (Masque aux scarabées), 1900,
    applique en bronze doré et ciselé, cabochon, pierres semi-précieuses, pierre dure et plaque d'émail, MRBAB, Bruxelles

    D’Alphonse Mucha, en plus de la belle Nature (au début du billet précédent), voici La Princesse lointaine. Sarah Bernhardt a joué le rôle-titre dans la pièce d’Edmond Rostand (1895). Une photo ancienne de l’actrice portant une coiffe fleurie et sertie de pierres peut être rapprochée de cette applique en bronze doré de Mucha et Adolphe Truffier. Son support en bois la dessert un peu, à mes yeux. Faut-il rappeler que Mucha avait aussi peint l’affiche de Sarah Bernhardt pour ce spectacle ?

  • Art nouveau au musée

    Dans la foulée de l’exposition Art nouveau de la Fondation Roi Baudouin au musée BELvue, je suis retournée aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB) tout proches, pour revoir la collection Gillion Crowet au musée Fin-de-siècle.

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    Alphonse Mucha, La Nature, bronze doré rehaussé d'ornements en malachite, 1899-1900,
    MRBAB, Bruxelles

    On y est accueilli par un superbe buste en bronze doré de Mucha, La nature, orné de malachite. Il en existe sept exemplaires différents, peut-être plus : « La Nature serait une allégorie et une représentation de l’idéal féminin de la Belle Époque. Beaucoup y voient les traits de la danseuse Cléo de Mérode dont l’artiste était un admirateur. » (Wikipedia)

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    Emile Gallé, Vase Hippocampe, 1901, verre multicouche, gravé et martelé,
    décors sous couverte, applications, MRBAB, Bruxelles

    La collection comprend de nombreux vases, dont une belle série d’Emile Gallé : j’ai admiré en particulier un vase Hippocampe, une coupe Orchidée présentée à côté d’un vase-cornet Papillons de nuit et plus loin, une urne Libellule aux jolis tons nacrés.

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    Emile Gallé, Guéridon aux ombelles, ca. 1902-1903, noyer et marqueteries de bois variés 
    Plafonniers boule jaune et boule orange, ca. 1900, verre filigrané, décor peigné à chaud, MRBAB

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    art nouveau,bruxelles,mrbab,peinture,sculpture,art décoratif,mobilier,gallé,daum,wolfers,val-saint-lambert,mucha,khnopff,majorelle,culture,belle époque,dation gillion crowet,musée,fin de siècleDans ces mêmes années, au tout début du XXe siècle, Daum a réalisé cette lampe à trois bras dite Chandelle des prés avec Majorelle, comme Ombelles du Caucase, à l’abat-jour vert en coupole.

    Antonin Daum & Louis Majorelle, Chandelle des prés, 1902 / Ombelles du Caucase, 1904, MRBAB

    Le mobilier Art nouveau n’est pas en reste. Au grand bureau Nénuphar de Louis Majorelle et son fauteuil, avec des applications en bronze doré, j’ai préféré, dans ce modèle, un très élégant bureau de dame (d’une époque où les dames aimaient de plus petits bureaux que les hommes ?) Au mur, ses quatre appliques « Femme aux iris » brillent de tout leur or mais ne sont pas éclairées.

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    Vue d'ensemble avec les appliques "Femme aux iris"
    et le bureau de dame "Nénuphar" de Majorelle, MRBAB

    Les Gillion-Crowet ne se limitaient pas à Gallé et à Daum. Une vitrine rassemble de petites pâtes de verre d’Amalric Walter : caméléon, hibou, lézard, crabe, au-dessus d’un presse-papier Danaé. Je ne me rappelais pas les vases aux scarabées signés François Decorchemont, un maître-verrier sans doute plus connu en France.

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    Henri et Désiré Müller pour Val-Saint-Lambert, Clair de lune, 1906-1907, MRBAB 

    La verrerie belge du Val-Saint-Lambert est bien présente aussi : des frères Müller, on peut voir un beau vase Clair de lune et d’autres en verre multicouche « dévitrifié et gravé à l’acide » décoré d’émaux métallisés. De l’artiste austro-hongrois Johann Loetz Witwe, des verres « lustrés » d’une grande variété.

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    Joh. Loetz Witwe, Vase irisé évasé, 1900 / Vase tulipe jaune et bleu, 1909 / Vase col de cygne, 1906-1909, MRBAB

    La magnifique dation Gillion Crowet mérite à mon avis une visite qui lui soit exclusivement réservée. Sinon, vous risquez de parcourir ces salles trop rapidement. Dans le prochain billet, je vous présenterai des sculptures. Si vous désirez découvrir tout le musée Fin de siècle le même jour, faites une pause avant de redescendre au – 8 où cette collection Art nouveau occupe tout l’étage. (Un vaste ascenseur avec fauteuils est à votre disposition.)

  • Lampe aux nymphes

    Belvue Art nouveau (10) Lampe.jpgOfferte au ministre d’Etat et industriel Van Hoegaerden en 1906, la Lampe aux nymphes est restée dans sa famille jusqu’en 2011.

    « Cette lampe Art nouveau est le fruit de la collaboration de deux artistes bruxellois pour l’Exposition Universelle de Paris de 1900 : le sculpteur Egide Rombaux et le bijoutier et orfèvre François Hoosemans. Représentant la Belgique dans la section des Arts décoratifs, Hoosemans a décidé de s’associer à Rombaux pour réaliser une série de chandeliers et de lampes électriques en ivoire et argent. »

    Catalogue Art Nouveau. Histoires dobjets dexception, Fondation Roi Baudouin, Musée BELvue, Bruxelles, 2023 > 07.01.2024