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Bruxelles

  • Pinceau voyageur

    Alechinsky, pinceau voyageur, à la Villa Empain, rassemble une centaine d’œuvres, de 1947 à 2024. Les peintures exposées datent d’avant, pendant et après Cobra, jusqu’à aujourd’hui. Je suis toujours heureuse de retrouver cet artiste belge peintre et graveur qui vient de fêter ses 97 ans ; il arrive chaque fois à me surprendre – ses œuvres ne permettent pas de tout saisir d’un seul regard, il faut prendre le temps de les regarder, laisser l’œil s’y promener.

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    © Pierre Alechinsky, Vocabulaire, 1986, 
    Acrylique et estampage sur papier marouflé sur 8 toiles (Photo Silvia Cappellari)

    Surprise de trouver cette fois le grand hall vide – excepté, au bout, sous la verrière, l’étonnant clavecin décoré par Pierre Alechinsky –, j’y ai remarqué de nouveaux éléments décoratifs : un grand vase sur une armoire étonnante, à droite, et à gauche de superbes luminaires de part et d’autre du café de la villa.

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    Attiré par l’Orient, Alechinsky se passionne pour la calligraphie au Japon en 1955.  A New York en 1965, influencé par le peintre Walasse Ting (d’origine chinoise), il passe de la peinture à l’huile vers l’acrylique sur papier posé à plat sur le sol, pour peindre penché en avant, « un pinceau dans la main gauche ; un bol de couleur ou d’encre dans la main droite » (Guide du visiteur). En 1988, en Chine, il réalise des estampages selon cette technique chinoise ancestrale.

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    © Pierre Alechinsky, Alvéoles, 1972, acrylique sur papier marouflé sur toile, collection privée
    (dimensions non indiquées sur les cartels)

    Au grand salon, face aux fenêtres, Alvéoles défie les visiteurs : drôles de têtes, drôles de bêtes, un volcan, un nu féminin et un éléphant vert, un serpent, des yeux partout – il y a de quoi inventer des histoires. Dans l’autre salon, l’immense et magnifique Vocabulaire en bleu et crème (ill. 1), huit grands panneaux de 280 x 80 cm réunis, offre case par case les motifs de l’univers du peintre. Je pensais les connaître (ils figurent dans le catalogue d’Ostende, 2000) et, incroyable, j’y vois pour la première fois un lecteur ! A moins que ce soit un dessinateur devant sa feuille ?

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    © Pierre Alechinsky, Vocabulaire, 1986, détail

    De 1980 à 2004, Alechinsky a travaillé avec le céramiste Hans Spinner à Grasse. « Rapidement, plaques de lave carrées ou circulaires accueillent dans la même fluidité que le papier, la pierre lithographique ou la plaque de gravure, volcans ou chutes d’eau, Gilles de Binche, ondulations des vagues ou astres en mouvement. » (Daniel Abadie in Guide du Visiteur) Dans l’escalier, des laves émaillées ont été accrochées sur les côtés. Deux belles laves rondes se font face sur les coursives à l’étage.

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    Vue de l'escalier : douze laves émaillées d'Alechinsky
    de part et d'autre de Lumière née de la lumière de Bang Hai Ja
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    © Pierre Alechinsky, Sauve qui peut, 2001,
    lave émaillée chez Hans Spinner, collection privée

    Dans la première chambre, ses débuts : une petite encre que je montrerai prochainement ; une grande encre sur toile, Mes pays ; en vitrine, une revue japonaise de calligraphie, une eau-forte, Les ombres sur la plage ; des œuvres des années 1950, quand il pratique comme pour Le feu « une forme de all-over « organique » semi-abstrait, où ce sont le plus souvent des composants qui se réfèrent à la nature qui occupent toute la surface de la toile » (Itzhak Goldberg, dans un article passionnant signalé par Colo).

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    © Pierre Alechinsky, Ink, 1988, eau-forte, collection privée

    Plutôt que les encres sur pages d’atlas (voir Palimpsestes, La Louvière, 2017) ou sur carte de navigation aérienne de la salle suivante, j’ai envie de vous montrer Ink, une eau-forte accrochée près de l’entrée de la salle de bain bleue. Sous les lunettes du peintre (en rouge), des volutes s’échappent de la bouteille d’encre et se déploient comme une plante (qui aurait des yeux), un pinceau est posé devant.

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    © Pierre Alechinsky, Les mots délivrent, 1991, grès modelé par Hans Spinner, collection privée

    Surprise dans la salle de bain : Alechinsky a répété en miroir Les mots délivrent sur un « livre » en grès modelé par Hans Spinner, posé sur un trépied. Dans le même esprit, sur des étagères, vingt-six plus petits « livres » plus ou moins ouverts, des porcelaines du même céramiste (1994 à 2006), portent des inscriptions et des dessins variés en noir & blanc, souvent ingénieux – « Il faut tenir les siens en liesse ». Des objets rarement montrés, à découvrir.

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    © Pierre Alechinsky, Le Goût du Gouffre, 1981-1982,
    acrylique sur papier marouflé sur toile avec bordure à l'encre de Chine, 153 x 240 cm, collection privée

    Ensuite des œuvres en rouge et noir (dont Lieu-dit aux lignes raides inhabituelles dans les marges) et d’autres couleurs, des estampages encore, des peintures à l’acrylique et à l’encre. Tantôt (depuis Central Park) l’espace central est en couleurs et les « remarques marginales » à l’encre, tantôt c’est l’inverse, comme Alechinsky l’a dit lui-même (voir la dernière illustration ici). Autour du sujet central en noir, bien plus tard, il osera la bordure en couleurs au lieu des habituels dessins cloisonnés.

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    Vitrine présentant Le bleu des fonds de Joyce Mansour
    illustré par Pierre Alechinsky

    Le travail d’Alechinsky comme illustrateur est aussi montré à l’exposition, il accompagne des auteurs comme Salah Stétié, Amos Kenan ou Joyce Mansour. Dans le boudoir où se termine le parcours sont exposées des estampes de 5 dans ton œil de Salah Stétié, poète et écrivain franco-libanais, visibles & lisibles en ligne.

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    © Pierre Alechinsky, Lame de fond, 2011, encre et acrylique marouflé sur toile, Galerie Lelong & Cie

    Juste avant l’exposition (jusqu’en mars 2025 à la Villa Empain), Roger Pierre Turine a rencontré Pierre Alechinsky dans son atelier de Bougival. Il écrit dans La Libre qu’« Alechinsky trouve ici sa place. Gaucher de naissance, il fut toujours fasciné par l'Orient et une écriture qui, articulée de droite à gauche, le galvanisa. » Et aussi : « Ce qui confère à l'accrochage sa valeur fondamentale : on y comprend la force plastique d'un travail toujours remis sur le métier. »

  • En chemin

    jardinets,asters,fenêtre,oiseaux,arbres,square riga,scharbeekD’autres choses vues en chemin. D’abord cette fenêtre dans une avenue du quartier. La première fois que nous y avons vu un couple de mandarins sur la tringle du rideau, nous avons pensé qu’ils s’étaient échappés de leur cage. En repassant devant la fenêtre au joli éléphant, nous avons observé qu’ils y revenaient parfois. Et un jour, la gardienne des lieux, devant sa porte, nous a appris qu’elle avait bien plus de deux oiseaux, plus de dix même, et qu’elle les laissait voler en liberté à l’intérieur !

    jardinets,asters,fenêtre,oiseaux,arbres,square riga,scharbeekPour revenir de notre balade au parc Walckiers, nous avons pris l’avenue qui mène au square Riga, où se dresse le clocher de l’église de la Sainte Famille, déjà montrée ici. C’est une de ces agréables artères de Schaerbeek où les maisons ont conservé les grilles devant leur jardinet. Des asters, plus clairs que ceux de mon jardin suspendu, s’en échappent vers le trottoir – c’est si gai, ces feuillages, ces fleurs.

    jardinets,asters,fenêtre,oiseaux,arbres,square riga,scharbeekLes arbres du square Riga et leur survie (menacée par le projet du métro) me tiennent à cœur, je vous en ai déjà parlé. Presque chaque jour, quand je passe par là, je me réjouis de les voir vivre une année de plus. Comme d’autres vieux troncs du square, celui de ce vieux et majestueux marronnier porte des signes cabalistiques à la peinture rouge, je n’en ai pas l’explication. Mais je suis reconnaissante envers la personne qui prend fidèlement sa défense. Cette fois, elle y a posé une main amicale avec un slogan bien détourné : Touche pas à mon arbre.

  • Le parc Walckiers

    Quand nous allions vers le Moeraske en descendant la rue Walckiers, juste à côté de l’Institut de la Sainte Famille d’Helmet, nous jetions toujours un œil à notre gauche vers le parc bien clôturé derrière l’école, son actuel propriétaire. L’an dernier, le remplacement d’un portail annonçait des aménagements dans le bas du parc et bingo, après soixante ans de fermeture au public, revoilà le parc Walckiers accessible depuis ce mois d’octobre 2024.

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    En remarquant, dans le bas de l’avenue Zénobe Gramme, de l’autre côté du parc, la belle clôture qui le borde à présent, nous espérions trouver un portail ouvert et c’était bien le cas. Bruxelles environnement, qui gère l’endroit, affiche les heures d’ouverture : de 9h45 à 16h30 jusqu’en mars, puis de 8h15 à 18h15 en avril, etc.

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    Ce nouveau chemin balisé « situé à quelques coups de pédales de la gare de Schaerbeek » constitue « le dernier tronçon de la promenade verte, dernière pièce manquante de cette promenade très appréciée des flâneurs, flâneuses mais aussi d’un public actif en route vers le travail ou l’école ». Seuls deux des quatre hectares et demi sont ouverts au public, de manière à préserver la biodiversité dans le parc Walckiers, un parc classé (un des premiers jardins à l’anglaise d’Europe au XVIIIe siècle).

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    On y trouve des arbres remarquables, mais aussi, comme il est resté longtemps à l’abandon, des arbres fragiles. « Les zones à haute valeur biologique ont été clôturées afin de préserver la faune et la flore. Le lérot, ce petit rongeur masqué protégé en Région bruxelloise, y a notamment élu domicile depuis une douzaine d’années. » (Bruxelles environnement).

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    Cette première traversée nous a beaucoup plu. Nous aurons l’occasion de mieux découvrir les lieux à l’avenir, notamment près du chemin de fer. Ici de vieux troncs encore vigoureux, là des monticules de paille sans doute destinés à la faune locale… D’indécrottables tagueurs ont déjà laissé des traces sur le portail d’accès de l’autre côté – « des perles aux pourceaux », aurait dit une ancienne riveraine des lieux.

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    Cornouillers sanguins et aubépines colorent l’allée le long des potagers, bien jolie en automne ! Au bout, le marais complètement dégagé et la nouvelle clôture de châtaignier donnent une belle vue renouvelée du Moeraske dès l’entrée.

  • Demi-tons

    Les couleurs fauves de l’automne ne s’affichent pas encore franchement en ce début du mois d’octobre, un mois qui offre souvent une si belle lumière, mais elles s’annoncent.

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    Au parc Josaphat, la douceur de l’air et les demi-tons s’accordent, caressent les promeneurs, tout comme le bruissement des feuilles dans le vent.

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    Certains feuillages en dentelle préparent déjà le festival : jaune or, rouge, vert déploieront bientôt toute leur gamme. L’eau verdie de l’étang joue sa note dans ce tableau de saison.

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    Verticales, horizontales, droites et courbes, lignes, formes, couleurs – même guidée par les jardiniers, la nature est artiste à sa manière. Voilà une photo qui ferait un bon puzzle, pour les amateurs.

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    Peut-être aussi cet îlot avec ses abris pour la faune locale, qui n’y sera pas dérangée. Les feuillages et les reflets dans l’eau seraient ici les parties les moins faciles à assembler.

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    En haut de la pelouse qui longe l’avenue des Azalées, leurs oreilles signalent les lapins qui grignotent l’herbe sans se soucier des promeneurs – pourvu qu’ils ne s’approchent pas. S’arrêter, regarder tout ce que la lumière du jour nous montre, par une après-midi d’octobre.