Un rendez-vous à ne pas rater en cette année Art Nouveau à Bruxelles : Histoires d’objets d’exception. Une sélection de chefs-d’œuvre de sa collection est présentée par la Fondation Roi Baudouin au musée BELvue. L’accès à l’exposition est gratuit et l’on y reçoit aussi un joli catalogue illustré. On entre pour l’occasion à gauche, dans l’aile du Palais royal qui sert d’écrin très raffiné aux objets d’art, bijoux, tapis, dessins, meubles, verreries, céramiques…
Dix artistes signent ces objets rares du patrimoine belge. Les plus précieux sont en vitrine dans la première salle éclairée par un grand lustre au-dessus d’un tapis de Victor Horta (pour la Villa Carpentier à Renaix). Une notice raconte l’histoire de chaque objet.
Vue d'ensemble de la première salle © jo@exelmans.be
Charles Samuel a sculpté l’élégante Fortune (1894), en équilibre sur une roue entourée de putti, dans une des défenses d’éléphant fournies par van Eetvelde, Secrétaire de l’Etat indépendant du Congo, aux sculpteurs belges de l’époque. Anvers dominait alors, avec Londres et Liverpool, le marché de l’ivoire, « l’or blanc du Congo ».
Charles Samuel, La Fortune, 1894, ivoire, argent ou bronze argenté, 51 cm, FRB
Vitrine "Libellule" © jo@exelmans.be
Un agrandissement photographique permet de détailler la composition des bijoux et d’en apprécier la finesse : de Philippe Wolfers, un pendentif Libellule, un peigne Oiseaux et iris, un pendentif Cygne et Serpents, entre autres. L’épouse de Wolfers porte ce dernier sur son portrait peint par Firmin Baes. La scénographie de l’exposition est particulièrement soignée, comme toujours avec la Fondation Roi Baudouin.
Philippe Wolfers, Pendentif Cygne et Serpents, 1899,
or, émail, opale, rubis, diamants et perle, 5 x 5 cm / 40 cm
Au mur : Firmin Baes, Portrait de Sophie Willstädter, 1903, huile sur toile, 146 x 81 cm, FRB
De fins dessins de fleurs signés du même Wolfers sont repris sur les voiles aux fenêtres de la galerie circulaire qui accueille la suite : « Iris, pavots, lys, roses, narcisses, orchidées…. » C’est ravissant, comme vous pouvez le voir aux deux baies entre lesquelles un cadre art nouveau (déjà montré ici) présente une belle série de dessins – quel trait délicat pour ce pendentif ! Ne manquez pas sa sculpture Automne ou Vendanges en marbre de Carrare, pour laquelle il a sculpté un socle en marbre serpentin vert sur mesure. Wolfers ou le raffinement.
Philippe Wolfers, dessins / un détail pour un pendentif
Les deux paravents en acajou sur roulettes de Paul Hankar (pas bien vus à la dernière Brafa, une conférence était en cours sur le stand de la Fondation) s’intègrent très bien dans la galerie. Marc Meganck, qui a écrit les textes du catalogue, ressuscite l’ambiance du restaurant du Grand Hôtel de Bruxelles (sur le boulevard Anspach, entre la Bourse et la place de Brouckère) pour lequel ils ont été réalisés à partir d’une illustration ancienne où on voit un des paravents dans la salle du restaurant, « derniers témoins du Grand Hôtel démoli en 1973 ».
Des deux côtés : paravents de Paul Hankar pour le restaurant du Grand Hôtel à Bruxelles, 1897
Victor Horta, Guéridon tripode, 1905-1906, bronze et bois pétrifié, FRB
Victor Horta a conçu un étonnant guéridon tripode pour le jardin d’hiver aménagé dans sa maison (rue Américaine) quand il y est revenu après son divorce : du bois fossilisé aux couleurs chaudes, acheté à Munich, est fixé dans une monture en bronze. Plus tard, il le placera au bel étage et y déposera un faisan empaillé. Au bout de la galerie on découvre un ensemble de meubles réalisés pour lui-même ou pour des commandes.
A droite : Philippe Wolfers, Vase Mimosa ou Coraux, 1901,
émail sur cuivre, argent (partiellement doré), cornaline, 13,3 x ∅ 8,3 cm
Au milieu : Philippe Wolfers, Vase Plumes de paon, 1899-1902,
émail sur cuivre, argent (partiellement doré), nacre et turquoise, 14,8 x ∅ 9,7 cm, FRB
© jo@exelmans.be
L’exposition Histoires d’objets d’exception reste en place au musée BELvue jusqu’au 7 janvier 2024. Il ne manque pas de choses admirables tout au long du parcours d’exposition : mobilier, très jolis vases Art nouveau en faïence fine ou émaillés, étonnante horloge de Serrurier-Bovy, carreaux en céramique, reliures, ex-libris gravés par Rassenfosse…
Allez-y ! (Pour info, Les Filles du BELvue proposent un repas « bio, local et gourmand ».)
Commentaires
ah zut! j'ai raté ça! je suis pourtant allée jusqu'à la place des palais, le 21, pour aller à ce musée, puis voyant les dispositifs pour la parade de l'après-midi, j'ai supposé que le musée serait fermé (on était le 21) alors qu'il ne l'était peut-être pas.
C'est généralement là que je mange quand je suis dans le coin :-)
Ah, je ne sais pas, c'était probablement le cas. Nous aurons peut-être l'occasion de nous retrouver là une autre fois.
Un peu loin pour moi, mais c'est ce que j'aime!!! Magnifique période.
J'espère que les liens compensent un peu.
Ces bijoux, ces voiles, que de merveilles !
Et..oui, oui, la libellule, superbe, merci:-)
On rêve de tels voiles pour ses fenêtres. Avec plaisir, Colo.
Bel article où l'on fait des découvertes, où l'on part chercher un nom, un artiste, où l'on rep^che un bijou.......ET à ce sujet (je ne sais plus si tu en avais parlé: Les poissons n'ont pas de pieds de Stefansson: L'art vu par l'auteur islandais:
« A la fois excuse et justification de notre existence, à la fois provocation, accusation et cri, l’art est ce qui nous permet de vivre sans sombrer dans la folie, sans exploser, sans nous transformer en malheur, en fusil. Il est ce qui permet malgré tout à l’homme de se pardonner les imperfections de sa condition humaine ».
Merci pour ce bel extrait, Anne, voilà qui me donne envie d'aller vers ce titre de Stefansson que je n'ai pas encore lu.
La beauté des bijoux .... entre autres. C'était une époque d'une telle créativité, je ne m'en lasse pas.
Comment se lasser d'un tel raffinement ? J'ai vu annoncer une exposition sur les bijoux à l'Ecole des arts joailliers à Paris, qui présente aussi des merveilles.
Ces jours-ci j'ai vu passer l'information d'un nouveau lieu à l'automne, à Paris. C'est ce que tu évoques dans ton commentaire. Le moment venu, je pense qu'il y aura une certaine publicité autour de cette expo. https://www.lecolevancleefarpels.com/fr/fr/un-nouveau-lieu-pour-lecole-paris
Oui, c'est exactement là, une expo art nouveau y est en cours : https://www.lecolevancleefarpels.com/fr/fr/exhibition/exposition-un-art-nouveau-metamorphoses-du-bijou-1880-1914
Trop loin pour moi mais j'ai pris tout mon temps pour venir admirer ces objets en effet exceptionnels. C'est ce qui est super en ville, toutes ces expos, cela m'a manqué un temps mais maintenant je ne pourrais plus vivre ailleurs qu'en campagne même si je reconnais avoir de moins en moins envie d'aller en ville pour profiter des spectacles, expos ou autres.. J'aime beaucoup le pendentif et les vases. Merci pour ce partage
Merci, Manou. Tu retrouveras de l'art nouveau sur le blog prochainement.
Je comprends bien que vivre à la campagne soit plus apaisant que la vie en ville, Quant à moi, je reste attachée aux offres culturelles et aux facilités de la ville, jusqu'à présent.
J'espère avoir l'occasion de venir à Bruxelles avant la fin de l'année. Je note l'exposition comme une incontournable
Extra ! Dans ce cas, nous pourrions peut-être déjeuner là ensemble, Zoë.
Il n'y a a que des merveilles, l'imagination est à son comble dans ce mouvement artistique, la grâce et l'élégance sont omniprésentes, la nature éternellement inventive transforme le bois en pierre en le fossilisant et l'artiste transforme cette matière en guéridon... C'est incroyablement beau, merci Tania pour ce rêve. Bises. brigitte
Et les couleurs de la tablette sont beaucoup plus vives et lumineuses en réalité. Merci, Brigitte.