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poésie

  • Regarde

    « On ne voit que ce que l’on regarde. »

    Merleau-Ponty

    A Namur (10).jpg
    Michel Goulet, Les Espaces du dedans - Hommage à Henri Michaux - 2014 / Namur, VII/2025

    Parmi ces quatre chaises poèmes de Michel Goulet découvertes par hasard cet été près du Delta à Namur, voici celle dédiée à Henri Michaux dans sa ville natale.

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  • Petit cheval

    louise de vilmorin,le cheval,poésie,littérature française,cultureJ’aime porter de longs cheveux
    Comme une femme,
    J’aime porter un amoureux
    Près de sa dame,
    J’aime porter le poids fatal
    Des inconnus,
    J’aime porter le long du val
    Les bienvenues.
    J’aime la poudre du chemin
    Sur mon visage,
    J’aime le conseil de la main
    Qui m’encourage.
    Je fuis mon ombre de cheval
    Courant la plaine,
    Je crains mon reflet animal
    Dans la fontaine.

    Louise de Vilmorin (1902-1969), Le cheval (in L'Alphabet des aveux)

  • Colette à l'Académie

    Colette à l’Académie a été publié en 2023 par l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique (Arllfb), à l’occasion du cent cinquantième anniversaire de la naissance de Colette (1873-1954). Lors de la séance publique du 8 avril 2023, André Guyaux a rappelé qu’elle avait été élue « dans notre Académie » le 9 mars 1935 – dix ans avant de devenir membre de l’Académie Goncourt.

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    Ce petit recueil académique et sympathique ravive cet événement et permet de ressentir, presque un siècle plus tard, comment la personnalité et l’œuvre de Colette étaient perçues lors de sa réception à Bruxelles. La séance avait dû être reportée deux fois et se tint le 4 avril 1936 : Colette succédait à Anna de Noailles, première académicienne à y avoir été élue en 1921. Après Colette, Jean Cocteau prendra sa place de « membre littéraire étranger » au fauteuil 33.

    Le recueil reprend les deux discours prononcés pour ce 150e anniversaire : « Les heures longues : Colette et les guerres » par Bénédicte Vergez-Chaignon (c’est surtout dans les journaux qu’elle a écrit sur la guerre, puis dans ses textes de réflexions et souvenirs) et « Je suis devenue écrivain sans m’en apercevoir » par Antoine Compagnon (ce qu’avait déclaré Colette à l’Académie en 1936).

    Dans ce beau texte, Compagnon cite un conseil qu’elle aurait donné à Simenon recruté au Matin de Paris : « Vous êtes trop littéraire, il ne faut pas faire de littérature. Pas de littérature ! Supprimez toute la littérature et ça ira. » Colette disait aussi « Il y a trois parures qui me vont très mal : les chapeaux empanachés, les idées générales et les boucles d’oreille. » Dans un article de 1953, un an avant sa mort, elle qui pensait toujours avoir écrit son dernier livre a fini par reconnaître la difficulté de « finir » et son « besoin » d’écrire.

    Un bref article de Laurence Boudart, directrice des Archives & Musée de la Littérature, présente le contenu du dossier d’archives à propos de Colette, de ses contacts avec l’Académie, une relation qui a duré « quelque dix-huit ans ». Trois photos l’illustrent, de lettres adressées par Colette à Luc Hommel, alors Secrétaire perpétuel, dont l’une évoque un épanchement de synovie au genou dû à une chute sur le verglas – d’où le report de la séance de réception au  4 avril.

    La suite du recueil reprend les discours : celui du poète Valère Gille qui accueillit Colette et la réponse de celle-ci. Le premier rappelle un déjeuner où l’Académie française avait invité « notre jeune Académie » et où « le plus spirituel des Quarante – je ne le nommerai pas, afin que chacun des autres, puisse croire qu’il s’agit de lui – s’écria : « Des femmes à l’Académie ! mais le dictionnaire ne pourrait plus placer un mot ! » Son discours présente Colette, rend hommage à sa mère Sido, et cite tout au long de sa présentation des œuvres la belle prose de Colette, la jugeant pour conclure « si audacieusement romantique et si foncièrement classique ».

    Dans sa réponse (photo de couverture), Colette, qui s’étonne encore de ce qu’on l’appelle « écrivain » – « N’allez pas me plaindre de ce que la soixantaine me trouve encore étonnée. S’étonner est un des plus sûrs moyens de ne pas vieillir trop vite » – évoque d’abord la nostalgie que sa mère avait gardée « d’une adolescence qui s’écoula à Gand et à Bruxelles » et sa propre fierté de ne pas dire « Bruqcelles » à la française, ses souvenirs de visites familiales dans la capitale belge et le goût des « délicats poissons de la mer du Nord, waterzoï [sic], longues écrevisses de la Meuse ».

    Elle prononce surtout l’éloge d’Anna de Noailles et raconte leur amitié qui « se forma assez tard » : « A cette époque où sa beauté était celle d’une adolescente, le monde déjà accourait à elle : elle accueillait l’hommage avec la majesté et la gravité des enfants, et ne semblait ni profondément heureuse, ni enivrée, car rien ne guérit la mélancolie des élus. Son aurore couvait déjà le sombre vers que je lui donne comme devise : « Solitaire, nomade et toujours étonnée… » ».

    Dans son portrait émouvant d’Anna de Noailles, j’ai retrouvé cette phrase : « Le voyage n’est nécessaire qu’aux imaginations courtes. » Elle précède le récit d’une visite que la poétesse lui avait rendue dans son « petit jardin d’Auteuil, favorisé en mai et en juin d’une glycine torrentueuse, d’une tonnelle de roses, de rhododendrons à grands candélabres de fleurs, et d’un buisson d’essences odoriférantes ». La poétesse avait été enchantée de découvrir la mélisse, qu’elle ne connaissait que de nom.

    Le dernier texte de Colette à l’Académie est le discours de Jean Cocteau lors de sa réception à l’Arllfb le premier octobre 1955 : un éloge de Colette, qu’il rencontrait dans sa chambre parisienne au Palais-Royal. En voici un passage : « Ce n’est pas le lit de Léa qui compte [dans Chéri], c’est que Colette en soit le peintre et le jette hors de la mode, de l’espace et du temps, c’est qu’elle ramasse notre pauvre boue humaine et qu’elle en fasse des bulles de savon irisées, c’est que sa baguette transforme une vieille poule en chatte blanche de conte de fées et un gigolo, un rayé de gouttière en ce terrible petit fauve que les Anglais des Indes appellent golden-cat. »

  • Un et double

    parc josaphat,schaerbeek,hêtres pourpres,printemps,nature,couleurs,arbres,ginkgo biloba,poésie,goetheLa feuille de cet arbre, qui, de l’Orient,
    Est confiée à mon jardin,
    Offre un sens caché
    Qui charme l’initié.

    Est-ce un être vivant,
    Qui s’est scindé en lui-même,
    Sont-ils deux qui se choisissent,
    Si bien qu’on les prend pour un seul ?

    Pour répondre à ces questions,
    Je crois avoir la vraie manière :
    Ne sens-tu pas, à mes chants,
    Que je suis à la fois un et double ?

    Johann Wolfgang von Goethe, Le Divan oriental-occidental

    (traduction de Henri Lichtenberger)

    Ginkgo biloba devant un "géant" pourpre du parc Josaphat

  • Salle de lecture

    lisez-vous le belge?,2023,promotion des lettres belges de langue française,poésie,lecture,culture,jean-pierre verheggenIl y a salle et salle, n’est-ce pas ?

    Il y a la salle de bain ou salle d’eau
    qui est le propre de l’homme

    La salle des pas perdus
    où l’on poireaute dans l’attente
    qu’entre en gare un tortillard
    sempiternellement en retard

    La salle du trône qui
    dans le parler populaire
    n’est autre que le w.c.

    La salle de billard ou
    salle d’op’ (c’est kif kif)
    puisqu’on entre dans l’une
    comme dans l’autre
    avec la boule au ventre

    lisez-vous le belge?,2023,promotion des lettres belges de langue française,poésie,lecture,culture,jean-pierre verheggenLa salle d’audience où il vaut
    mieux ne pas devoir se faire
    entendre ni être interpellé

    La salle des fêtes
    où quelques museaux avinés
    dansent sur des airs de bal musette

    La salle des ventes où ça vintage
    ferme pour quelques verroteries

    Puis la salle de lecture où trouver
    Barbara Abel, Adeline Dieudonné, Myriam Leroy,
    Nadine Monfils, Caroline Lamarche, Isabelle Wéry…

    Jean-Pierre Verheggen (1942-2023) in Lisez-vous le belge ?

    Deux illustrateurs de l'édition 2022 : Eléonore Scardoni, A vive allure / Nicolas Mayné, Manneke pendu

    Ici une autre invite : "Continue ce poème en citant des autrices de Belgique francophone.
    Tu peux essayer de trouver des noms qui riment, des autrices connues ou inconnues, qui publient des essais, de la poésie ou des bandes dessinées..."

    Allons-y :

    Verena Hanf, Catherine Demaiffe,
    Liliane Wouters, Marie Gevers,
    Suzanne Lilar, Dominique Rolin, 
    Françoise Mallet-Joris, Colette Nys-Mazure,
    Andrée Sodenkamp, 
    Nathalie Skowronek...

    N'hésitez pas à poursuivre !