Allez savoir pourquoi, de Zurich je n’avais pas la moindre image en tête. Après le beau Val de Conches, un arrêt au glacier du Rhône, le col de la Furka, le défilé des Schöllenen et quelques lacs de montagne, l’abord de la ville par la route n’est pas encourageant – embouteillages garantis. Mieux vaut aller à Zurich en train : la gare est en plein centre de la ville la plus peuplée de Suisse.
L’hôtel « City West » s’avère un bon choix (à part le bruit, mieux vaut dormir les fenêtres fermées). En pleine zone industrielle devenue quartier branché, sur la Turbinenplatz, il est à quelques pas de la rivière Limmat. Une fois le pont franchi (Ampèresteg), il n’y a qu’à longer l’eau pour se diriger vers le quai de la gare (on y arrive en vingt minutes à pied) et entreprendre la visite de la ville.
Et surprise, ici on pêche, là on se baigne dans la rivière. Les rives de la Limmat, très vertes, aux murs généreusement coloriés à la bombe par endroits, sont aménagées pour les promeneurs, les cyclistes, et aussi pour les nageurs. Ils se laissent porter par le courant puis montent aux échelles placées tout au long des berges pour revenir à leur point de départ.
Cette atmosphère estivale décontractée fait bientôt place à la vieille ville. D’abord on découvre le parc à proximité du fameux Musée national suisse et puis les petites rues marchandes.
Il suffit de quitter l’itinéraire touristique pour découvrir des quartiers calmes et pittoresques. Monter par exemple les escaliers qui mènent à l’université, sur la colline, et découvrir d’en haut les fins clochers et les toitures anciennes qui donnent à Zurich tout son cachet.
Aux alentours, la vie culturelle s’affiche : belles devantures de librairies (Calligramme, dans le quartier du Niederdorf), papeteries et ateliers d’art, Cabaret Voltaire où naquit le dadaïsme, maison où a vécu Lénine ou Büchner ou encore Goethe.
Difficile de passer devant les vitrines des artisans sans s’arrêter pour admirer des bijoux, une collection d’orchidées, un garnisseur au travail sur un canapé. Le joyeux fouillis des cours intérieures (plantes en pots, vélos, chaises), les enseignes en fer forgé, tout fait signe au flâneur qui a le temps.
Et voici les quais près de la cathédrale aux grandes portes de bronze – il faudra y entrer, le jour où je retournerai à Zurich, ainsi qu’à la Fraumünster qui abrite des vitraux de Chagall. Et visiter le Musée des Beaux-arts, fermé le lundi.
Enfin le Lac de Zurich, ses rives arborées, sa vue sur les Alpes dans le lointain. Ganymède lui fait face, près de Zeus transformé en aigle. Grands hôtels et promenades d’un côté, bateaux et passerelles de l’autre, d’où l’on s’élance aussi pour nager jusqu’aux fontaines jaillissantes.
Des lecteurs près de l'imposant lion de pierre. D’autres se reposent au parc où beaucoup prennent le soleil dans l’herbe, à côté de leur bicyclette.
Il fait de plus en plus chaud pour découvrir l’autre rive de la Limmat : immeubles cossus, façades décoratives, « rive droite ». Grande avenue commerciale très fréquentée, mais sur le côté, des passages, des galeries, de l’ombre.
Près d’un square à la jolie fontaine aux chimères, une cliente signale gentiment que le salon de thé est un self service – mais on sert dans une petite théière en fonte noire de bonnes feuilles, désaltérantes.
Dans une rue d’antiquaires, l’inscription « James Joyce Corner » (non élucidée) : l’Irlandais a vécu à Zurich pendant la guerre, y est retourné à la fin de sa vie. Une photo de la gracieuse fontaine devant la réputée rôtisserie Der Storchen sur la Weinplatz avant de remonter au Lindenhof qui offre une magnifique vue panoramique.
Et puis revoici la Limmat où en fin d’après-midi, il y a foule sur les berges, dans l’eau, aux terrasses. Le courant est fort – les costauds qui s’entraînent à pousser leur barque comme des gondoliers en vue d’une joute traditionnelle ont fort à faire pour tourner et remonter la rivière. Aux abords de la Turbinenplatz, la soirée se prépare, on se donne rendez-vous, on se restaure. Lumineuse journée à Zurich.
Commentaires
La Suisse, j’y ai passé deux ans de ma jeunesse dans la souffrance et le bonheur … (J’y soignais une tuberculose qui n’est pas arrivée à me tuer ) Je l’ai aimée à la passion … et détestée à la folie … il m’en reste un sentiment étrange que les merveilleuses « images » et raffinés commentaires de Tania ne parviennent pas à dissiper … : Même quand le soleil chauffe fort, il fait froid la-bas …
Il y a des guides que l'on fuit dans une direction opposée, d'autres qui vous rendent sourds, sans oublier les guides qui vous égareraient en pleine gare avec des commentaires de moulins à prières pour marchands du temple.
Puis les exceptions. Comme vous. Et Zurich en deviendrait à dimension humaine...
Oui, JEA, avoir Tania comme guide est une chance exceptionnelle. J'ai plein de souvenirs de deux voyages faits avec elle, l'un à Paris et l'autre en Alsace. Anecdotes, recoins, repères historiques, salons de thé...elle sait tout!
Merci pour ce beau "reportage", fais-moi signe quand tu y retourneras...un mardi?
Zurich n'est donc pas qu'un ville de complets gris, merci pour cette balade !
hum, pardon : baLLade, deux l ... pas droit à l'erreur sur un blog littéraire !! bonne soirée et merci pour tous ces beaux billets Tania
Avec plaisir, Claire, et gardons un "l" à la flânerie, je ne suis pas poète.
Quelle sympathique balade dans une ville qui a priori ne m'attirait pas, à reconsidérer grâce à ce billet
je n'oublie pas mon obole virtuelle pour le guide !
yes!! alors j'étais dans le bon par hasard ? merci Tania mais aie, aie, aie, une ville, bon c'est une faute de frappe... décidément il faut vraiment que j'aille à Zurich pour y faire une balade et en faire une ballade!!
merci pour cette escapade à Zûrich. les photos ,le texte m' ont fait un peu voyager.
Je ne connais pas Zurich et tu m'as permis une belle balade en ta compagnie, j'ai eu l'impression d'être dans tes pas quelques minutes et c'était très agréable.
Je flâne dans le pays du texte et du prétexte et je tombe sur cet article. J'aime beaucoup Zürich, une ville de mon pays qui me dépayse. Tes photos et commentaires illustrent parfaitement ce sentiment de connaître cet endroit, sans le comprendre vraiment.