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Peinture - Page 19

  • A la Brafa 2021

    Avez-vous fait votre marché virtuel dans les superbes salons de la Brafa 2021 ? Bien sûr, il y manquait l’atmosphère des grands jours, le brouhaha des visiteurs, les décorations florales éblouissantes, l’élégance des stands, la bonne compagnie… Déambuler dans les allées de Tour & Taxis, ce sont aussi des questions aux galeristes, de belles choses que l’on découvre alors qu’on allait vers une autre, des étonnements, des surprises, des coups de cœur.

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    © Emile Claus, Le jardin d'Emile Claus, huile sur toile, 92 x 73 cm (Jan Muller Antiques)

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    © Pierre Bonnard, Maison du peintre au Cannet, circa 1942,
    Huile, gouache et aquarelle, 40.8 x 32.9 cm (Bailly Gallery)

    La Brafa en ligne ne manquait pas de ressources. C’est toujours la peinture qui m’attire en premier, les beaux paysages. D’André Lhote (chez Alexis Pentcheff), une Promeneuse qui se penche et dont les courbes répondent à celles des branches d’arbres. D’Emile Claus, valeur sûre de la peinture belge, une jolie vue de son jardin. De Bonnard, sa Maison au Cannet peinte d’un chemin en hauteur, dans l’exubérance du paysage méditerranéen où il se plaisait tant. En note mineure, mais sympathique, un parc peint par Utrillo (Galerie Willow).

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    Frits Thaulow, Hiver à Amiens 1904, huile sur toile, 65 x 81 cm (Van der Meij Fine Arts)

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    Frits Thaulow, La rivière, jour de neige, pastel sur toile, 56 x 92 cm (Ary Jan)

    La lumière d’hiver dans le Nord, le peintre norvégien Frits Thaulow (1847-1906), qui a beaucoup voyagé en Europe, la rend merveilleusement dans les deux vues que voici : Hiver à Amiens (1904), à la galerie hollandaise Van der Meij Fine Arts (avec une notice), et La rivière, jour de neige, un pastel proposé chez Ary Jan.

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    Théo Van Rysselberghe, Le Ruban écarlate, 1906, sanguine, gouache et craie blanche sur papier, 110 x 88 cm

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    © Edgar Maxence, Sirène avec coquillages, circa 1900, huile sur panneau, 73 x 65 cm (galerie Ary Jan)

    Peu de figures dans ces paysages, aussi je me tourne vers cette superbe sanguine de Théo Van Rysselberghe, Le ruban écarlate (Lancz). Cette jeune femme au miroir est moins mystérieuse que la Sirène aux coquillages d’Edgar Maxence, si bien encadrée, de la même époque, au tout début du XXe siècle. De 1935, une Tête de femme de Marie Laurencin est commentée sur une vidéo de la Galerie des Modernes, qui rappelle que cette œuvre est passée par la galerie Paul Rosenberg (21 rue La Boétie). De manière abstraite, sur une toile d’après la guerre, Calder rend hommage aux sœurs Hamon « avec joie et amour ».

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    Dino Martens (Venise, 1894-1970) pour Rag. Aureliano Toso, Murano Bol Zanfirico

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    Pablo Picasso, Céramique émaillée à tête de faune, circa 1955

    Le premier objet qui m’a tiré l’œil parmi les objets d’art sur le site de la Brafa, c’est cette coupe de Dino Martens, une verrerie Murano dont la galerie Heirmans montre des détails en gros plan – quelles couleurs et quel travail raffiné ! Il propose aussi, à moins que ce ne soit ailleurs, une belle céramique à tête de faune de Picasso. Plus terre à terre, une terrine exceptionnelle en forme de dinde (une faïence de Bruxelles du XVIIIe chez Lemaire) m’attire moins que cette terrine chinoise « Famille Rose » Qianlong, détaillée dans la brochure à feuilleter sur le site de Bertrand de Lavergne (je vous la conseille si vous aimez les belles porcelaines d’antan).

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    © Gustave Singier, Egéenne, 1970, huile sur toile, 100 x 81 cm (Galerie des Modernes)

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    Sam Francis, Sans titre (SFF73-089), 1973, aquarelle sur papier, 76 x 56 cm (Galerie Bailly)

    Quel terme utiliser pour désigner ces peintures abstraites où la toile devient d’un bout à l’autre un champ de couleurs et de rythmes ? C’est au Centre Pompidou que j’ai vu pour la première fois une œuvre de Simon Hantai, dont l’œuvre m’a toujours semblé musicale. Je ne connaissais pas Gustave Singier qui a peint Egéenne. L’aquarelle « tachiste » de Sam Francis est plus explosive – une vidéo présente aussi une autre œuvre de lui sur le site de la galerie.

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    Albéric Collin, Puma, 1920-1925, bronze

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    Antoine-Louis Barye (Paris, 1795-1875), Cheval turc n°2, antérieur gauche levé, circa 1857,
    Bronze, 29.5 x 31.6 x 12.5 cm (Univers du bronze)

    Je ne sais si les vidéos seront encore disponibles au moment où vous lirez ce billet, sinon vous les trouverez peut-être sur le site de la galerie même. Xavier Eeckhout présente le sculpteur animalier belge Albéric Collin. J’espère que vous apprécierez la belle présentation chez Rodolphe Janssen d’une artiste iranienne que j’ai découverte là, Sanam Khatibi. Attirée par une nature morte d’un grand raffinement, j’ai été épatée par son atelier (elle vit et travaille en Belgique) plein d’objets qu’elle combine dans ses peintures et enchantée d’y apercevoir au passage la couverture d’Œdipe sur la route de Henry Bauchau.

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    Sanam Khatibi (Iran, 1979), She can’t pass a mirror without seducing it, 2020, huile sur panneau, 21 x 31 cm

    brafa,2021,galeries,objets d'art,peinture,sculpture,art ancien,art moderne,art contemporain,cultureAgustín Ivan Edwards McClure & A. Gomez Palacios,
    Aventuras de Juan Esparraguito o el niño casi legumbre.
    Cuchicheos de un abuelo,
    Paris (Argenteuil, R. Coulouma & Le Coloris Moderne), 1930 (CLAM)

    Voici un autre livre : parce qu’il n’y a pas de Brafa sans chats, je termine sur cette couverture d’un monument de la littérature pour enfants chilienne dont je n’avais jamais entendu parler, Les Aventures de Juan Esparraguito ou l’enfant presque légume. Chuchotements d’un grand-père, une édition de 1930. Et vous, connaissiez-vous ce titre ? Et avez-vous fait de belles découvertes en ligne ?

  • Un tour au musée !

    L’exposition « .be modern, de Klee à Tuymans » est prolongée jusqu’au 21 février aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, qu’on se le dise. Je l’avais boudée jusqu’ici, à tort – c’est si gai, après un an, de refaire un tour au musée ! Même si cet accrochage temporaire d’une sélection d’œuvres des XXe et XXIe siècles rappelle un scandale qui n’en finit pas de durer : dix ans déjà depuis la fermeture du Musée d’art moderne à Bruxelles.

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    © Georges Meurant, Sans titre, huile sur bois, 2019, Bruxelles, MRBAB

    Le long du couloir d’accès sont exposées des œuvres contemporaines d’acquisition récente : VidéoSculpture XXI d’Emmanuel Van der Auwera ; une huile sur bois sans titre de George Meurant inspiré par les arts traditionnels subsahariens ; Je suis un rebelle de Chéri Samba ; des dessins de Hugo Claus dans l’esprit de Cobra, entre autres. On aperçoit d’en haut un bel ensemble graphique qui ouvre le parcours : un long fusain de Giuseppe Penonne, Palpebra ; un autre de David Nash ; les pierres du Cercle de l’Utah de Richard Long.

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    © David Nash, Pyramid in the Sticks, 1989 | Giuseppe Penone, Palpebra | Richard Long, Cercle de l’Utah

    Ligne et couleur, matière, figure humaine, ce sont les trois thèmes de l’expo, bien introduite par Hommage au carré. Signal de Josef Albers. Voici un magnifique petit Klee dont un détail a été repris sur l’affiche, Avec les comètes (1917), une « aquarelle sur gaze de coton apprêtée au gypse, encre de Chine sur carton », près d’un Picasso. Plus loin, Le Jeune homme au perroquet vert d’Heinrich Campendonck me plaît beaucoup.

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    Paul Klee, Avec les comètes, 1917, Bruxelles, MRBAB

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    © Heinrich Campendonck, Le jeune homme au perroquet vert, huile sur toile, 1921, Bruxelles, MRBAB

    Donné aux MRBAB en 2000, un beau paysage signé Maurice de Vlaminck, La Seine à Chatou, date aussi du début du XXe siècle. En face, peintes dix ans plus tard, Les hélices de Fernand Léger et Verreries de Marthe Donas présentées côte à côte offrent un beau sujet de comparaison sur le vide et le plein, la droite et la courbe, la lumière et la matière, la façon d’encadrer…

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    © Maurice de Vlaminck, Paysage. La Seine à Chatou, huile sur toile, Bruxelles, MRBAB 

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    © Fernand Léger, Les Hélices | Marthe Donas, Verreries, Bruxelles, MRBAB 

    Les années 30 rapprochent deux artistes qui sont frères avec Jeune femme, un églomisé de Floris Jespers et un bois sculpté d’Oscar Jespers. Son nu féminin regarde vers L’homme des nuages de Frits Van den Berghe, une toile dont je ne me souvenais pas. On passe d’un nom à l’autre, c’est le risque dans ce genre d’exposition pour donner un aperçu d’une collection. Cet éparpillement me gêne moins pour les sculptures, bien placées tout au long du parcours.

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    © Oscar Jespers, Jeune femme, Bois (1930), 167 x 39,5 x 35 cm

    Le fils prodigue ? me suis–je demandé devant ce bronze à la posture très expressive, mais ce Zadkine de l’après-guerre s’intitule La ville détruite. Il faut tourner autour de Cuivre rouge (sur socle de chêne) de Reinhoud tant il y a de différences entre ses profils, ses formes qui s’ouvrent ou se ferment, comme une grande plante exotique aux feuilles coupantes.

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    © Ossip Zadkine, La ville détruite (1947) bronze, 128 x 57,5 x 56,5 cm, Bruxelles, MRBAB

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    Eugène Dodeigne, Main sur la cuisse (1965), pierre de Soignies / Femme (1952), bois, Bruxelles MRBAB

    Dans une section qui met en valeur la matière, contraste absolu entre deux œuvres d’Eugène Dodeigne : Main sur la cuisse, en pierre de Soignies, frappe par ses formes abruptes, l’aspect massif de la figure, où la taille, voire le combat avec la pierre, prend le pas sur la ligne, plus présente dans ses dessins.  Je n’imaginais pas retrouver son nom pour Femme, une silhouette fine, un superbe bois poli tout en élégance, encore marqué par l’influence de  Brancusi.

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    © Günther Uecker, Kreisformation. Objekt, vers 1963, Bruxelles, MRBAB

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    © Lynn Chadwick, Figures ailées, fer et composition, 229 x 123 x 151, Bruxelles, MRBAB

    Ni sculpture ni peinture, Cercle en formation. Objet est caractéristique de Günther Uecker, un artiste allemand proche de l’art cinétique, qui a beaucoup travaillé avec des clous. Une œuvre créée quelques années après Figures ailées du très spectaculaire et reconnaissable Lynn Chadwick. Denmark, un artiste contemporain belge, comme son nom ne l’indique pas, a serré des journaux entre deux serre-joints – je ne connaissais pas son travail à partir du papier imprimé, qu’il recycle de toutes sortes de manières (à voir sur son site).

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    © Christian Boltanski, Reliquaire : meurtres (1989-1990), Bruxelles, MRBAB

    Pour terminer, un impressionnant Reliquaire : meurtres de Christian Boltanski : 261 boîtes en fer blanc, 9 grandes boîtes où sont suspendues des ampoules électriques – chaque grande boîte contient une photo en noir & blanc. J’aurais pu vous parler aussi de Matisse, Bacon, Christo… En plus de la peinture et de la sculpture, .be modern propose des œuvres sur papier, des installations, des vidéos : ce sera pour la prochaine fois.

  • Femmes des plats pays

    Septentrion, dont je vous ai déjà parlé ici, a changé de nom l’an dernier pour devenir De lage landen / Les plats pays / The Low Countries (Mu in the City). Sur le site de la revue, les noms de plusieurs femmes artistes ont retenu mon attention. J’ai pu y lire intégralement un excellent article de Mélanie Huchet sur la peintre Marthe Donas (1885-1967), avec de belles illustrations de son art entre cubisme et abstraction ; je vous le recommande, si vous y avez accès. Peut-être n’est-ce possible que lors d'une première visite, aujourd’hui je n’y arrive plus. Mais j’ai pu lire son autre article sur Ilse D’Hollander, une jeune peintre flamande trop tôt disparue (1968-1997).

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    © Marthe Donas (en attendant de visiter son musée à Ittre) Source : De Morgen

    L’article consacré à Michaelina Wautier (1617-1689), « la femme qui bravait les interdits » (Heleen Debruyne) et « la grande dame du baroque », selon le titre de l’exposition anversoise de 2018 au MAS, est réservé aux abonnés. Quant à Marie Zolamian, j’apprends que cette artiste liégeoise née au Liban en 1975 a créé une nouvelle mosaïque pour le musée royal des Beaux-Arts d’Anvers, qui devrait bientôt rouvrir ses portes après une longue restauration.

    Si vous allez faire un tour sur le site, je vous signale une série sur les maîtres anciens dans différents musées d’Europe : Mon œuvre préférée… à Paris, Lille, Lyon, Rouen… Pour la photographe paysagiste néerlandaise Saskia Boelsums, « artiste néerlandaise de l’année 2020 », le ciel est l’élément clé du paysage.

  • De l'un à l'autre

    Schaerbeek en 15 tableaux (16).jpgPour bâtir le Brusilia, le plus haut immeuble résidentiel de Schaerbeek (de 1968 à 1971), on a démoli l’ancien Palais des sports.

    Certains participants à la promenade guidée se souvenaient bien de ce lieu de manifestations diverses, appelé aussi Vélodrome d’hiver : courses cyclistes, matchs de boxe, mais aussi les Chœurs de l’armée rouge, Johnny Halliday, Holiday on Ice... et même le rexiste Léon Degrelle.

    On voit bien à quoi ressemblait ce Palais sur une peinture que la guide nous a montrée : Les Allemands devant le Palais des sports en 1914.

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    « Donnée par l’artiste à la commune en 1948, cette œuvre représente une compagnie d’infanterie allemande en train de bivouaquer devant le Palais des Sports avant son départ pour le siège d’Anvers en octobre 1914. Ce bâtiment, inauguré en 1913 et détruit en 1966, a été réquisitionné par les Allemands au début de la Première Guerre mondiale. Oswald Poreau réalise cette œuvre depuis la fenêtre de l’immeuble qu’il occupe alors avenue Louis Bertrand n°121, ce qui explique l’angle de vue particulier. » ((Archive : L’art et la guerre 14-18 à Schaerbeek – 2)

    Schaerbeek en 15 tableaux (17).jpgNé à Schaerbeek, Oswald Poreau (1877-1955), peintre « impressionniste au réalisme libre », a vécu dans les années 1930 au 17, rue Vogler dont je vous ai montré le grand sgraffite dans le billet précédent. Il a peint des paysages, des fleurs et aussi des portraits comme celui d’Yvonne Vonnot-Viollet (1883-1936). Si j’ai bien lu – mes recherches pour rendre compte d’une promenade guidée me font souvent passer (avec plaisir) de l’un à l’autre sujet –, cette amie d’Oswald Poreau, petite-fille de Viollet-le-Duc, était musicienne et peintre : son Matin de mai fait partie de la collection communale.

     

    Le Brusilia vu du trottoir

    Oswald Poreau, Les Allemands devant le Palais des sports en 1914

    Remontée de l'avenue Louis Bertrand

     

  • En quinze tableaux

    Le thème de l’estivale du 19 juillet portait un titre alléchant : « Schaerbeek en quinze tableaux ». La guide du jour avait préparé un parcours à partir de l’église royale Sainte-Marie pour nous montrer la commune à travers les très nombreuses reproductions de son classeur, bien plus de quinze, une façon originale d’illustrer l’histoire et les paysages de la Cité des Anes.

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    Eugène Verboeckhoven (1798-1881), Les ânes schaerbeekois
    "On lui doit notamment les deux belles têtes d’ânes
    qui ornent le cabinet du Bourgmestre." (source)

    Jusqu’à la Révolution belge en 1830, Bruxelles vivait à l’intérieur de ses remparts. Ceux-ci ont été détruits pour donner accès à la première couronne, aérée et verdoyante. Sur le parvis où nous nous trouvions, ce n’étaient alors que champs, marécages, prairies, comme on peut le voir sur ce Panorama de Bruxelles vu de Schaerbeek par Frans Binjé.

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    Frans Binjé (1835-1900), Panorama de Bruxelles vu de Schaerbeek

    Autour de la ville, le prix des terrains était plus abordable pour des populations aux revenus divers, d’où l’installation de nombreux artistes à Schaerbeek où ils pouvaient avoir une maison avec un atelier ; de nombreuses rues schaerbeekoises portent le nom d’un peintre ou d’un sculpteur, à leur mémoire. Le repos d’Alfred Verwée illustre le temps où on y était véritablement à la campagne, en zone agricole.

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    Alfred Verwée (1838-1895), Le repos

    Ces artistes trouvaient facilement des acheteurs dans la bourgeoisie qui se faisait construire des maisons neuves à Schaerbeek. Dès le XIXe siècle, le conseil communal désire « mettre la beauté à la portée du peuple »  et acquérir des œuvres d’artistes résidant dans la commune ; elles seront présentées dans un musée communal, fermé dans les années 1920. Mais la collection communale continue à s’étoffer et compte environ 1700 œuvres dont certaines sont visibles en ligne sur le site 1030.

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    Thomas Daems, Brussels Vibes, 2011 
    in F. De Roose, Bruxelles vue par les peintres, 2

    Voici l’église royale Sainte-Marie sur une œuvre graphique de Thomas Daems, Brussels Vibes (2011), mixant photographie, pochoir et peinture : « des couleurs douces pour traduire l’ambiance de fin de soirée lors de la prise de vue » (Fabien De Roose, Bruxelles vue par les peintres 2). Cette église de style éclectique et de plan octogonal est un jalon important sur le « tracé royal » entre le Palais royal et le château de Laeken, résidence royale.

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    Liévin Herremans (1859-1931), Kermesse Saint-Corneille, le soir, place de la Reine
    in F. De Roose, Bruxelles vue par les peintres, 2

    La place de la Reine qui la jouxte, ainsi nommée en hommage à la première reine des Belges, Louise-Marie d’Orléans, épouse de Léopold Ier, couvre une ancienne plaine sablonneuse peinte par Camille Wollès. La guide montre aussi une belle peinture de Liévin Herremans, Kermesse Saint-Corneille, le soir, place de la Reine : au Moyen Age, un pèlerinage pour les enfants handicapés partait de cette place vers Diegem, c’était un jour de liesse populaire.

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    Agnès Bogaert (1955 -), La Maison des Arts, 1993
    in F. De Roose, Bruxelles vue par les peintres, 2

    Nous prenons la chaussée de Haecht (c’est plus difficile d’y respecter les distances, nous sommes les seuls à porter un masque et cela nous vaut quelques quolibets) jusqu’à la Maison des arts, dont Agnès Bogaert a joliment peint l’entrée avec trois demoiselles en robes longues. La rue de la Constitution nous fait longer les Halles de Schaerbeek, ancien marché couvert devenu lieu culturel (premier festival Couleur Café en 1990), jusqu’à la rue Royale Sainte-Marie (où j’ai pris la photo ci-dessous).

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    Les Halles de Schaerbeek et l'arrière de l'église royale Sainte-Marie

    Sur la place Lehon, la guide nous présente une maison-atelier classée, mais l’arrière de l’église Saint-Servais, magnifiquement restaurée, attire mon regard : ses pierres noircies ont retrouvé leur clarté lumineuse nous verrons plus tard sa façade, en haut de l’avenue Louis Bertrand. Puis nouvel arrêt devant l’Hôtel communal, place Colignon, avec quelques peintures historiques. Paul Leduc a peint les dégâts de l’incendie qui l’a ravagé en 1911.

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    Le chevet de l'église Saint-Servais, vu de la place Lehon

    Je vous montre encore ce magnifique sgraffite de Privat Livemont en haut du 17, rue Vogler, qui fut la dernière maison et l’atelier du peintre Alfred Ruytinx, son neveu et élève. « Malgré une restauration en 1991, il est à nouveau en partie détérioré. Le sgraffite présente une allégorie de la peinture : une femme peignant des marronniers, accompagnée d’un enfant. » (Inventaire du patrimoine architectural) D’autres artistes ont occupé ensuite ces « ateliers Vogler ». Le vitrail d’imposte attire l’attention avec ses bateaux et moulins à vent évoquant la Hollande.

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    Sgraffite de Privat Livemont au 17, rue Vogler

    De là, nous sommes descendus jusqu’à la rue de Jérusalem où la guide nous a fait voir une vue panoramique avant de nous emmener vers le Brusilia, bâti sur l’ancien Palais des Sports de Schaerbeek. Notre balade assez longue s’est terminée dans l’avenue Louis Bertrand, près du vase en bronze de Godefroid Devreese. Nous nous tenions à l’emplacement du vieux Schaerbeek, un village avec quelques maisons autour d’une église qui a été détruite ; seule la cure a subsisté, un peu en retrait de cette belle avenue que Betty Scutenaire a immortalisée avec ses arbres et ses parterres fleuris.

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    Vue partielle de l'avenue Louis Bertrand, dominée par l'église Saint-Servais

    Ce parcours m’a paru plus intéressant pour les non Schaerbeekois que pour les habitués des estivales, à qui il n’offre pas de vraie découverte. De plus, le micro sans oreillettes ne permettait pas toujours de bien comprendre les commentaires de la guide ni les noms des artistes, ce qui m’a laissée un peu sur ma faim. En marchant d’un bon pas d’un endroit à l’autre, tout le monde semblait néanmoins content de se balader et d’observer plus attentivement que d’habitude ce patrimoine architectural et pictural.