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  • Dénommer

    gérald tenenbaum,les rues parallèles,nouvelles,littérature française,recueil,espace;temps,rencontres,culture,culture juive,extrait« Les étoiles sont nombreuses, si nombreuses qu’il nous est impossible d’en calculer le nombre. Pourtant, Celui-qui-sait les compte avec amour chaque soir en les appelant par leur nom. Seul le nom permet, au sens propre, de rendre compte. Les morts comme les vivants ne peuvent être décomptés qu’en étant dénommés. »

    Gérald Tenenbaum, Pilpoul in Les rues parallèles

    Source : Affiche d'une conférence (Institut Rachi, 2023)

  • Valeurs

    sylvie leemans,et l'improbable devint réalité,40 ans de vie communautaire,fraternités du bon pasteur,bruxelles,communauté chrétienne,accueil,vie commune,engagement,prière,extrait« La vie communautaire est balisée par les valeurs que nous essayons de vivre et les moyens que nous nous donnons pour y parvenir. Dans notre cas nous retenons les valeurs de respect, ouverture, tolérance, pardon, confiance, attention et écoute mutuelle, interpellation fraternelle, entraide, service, croissance spirituelle. Les moyens quant à eux sont les réunions hebdomadaires, les temps de prière, les travaux fraternitaires et les fêtes diverses. Sans oublier les contacts interpersonnels plus informels qui sont l’occasion d’approfondir une relation, un sujet ou d’avoir une explication.

    C’est tout sauf de la théorie, plutôt un défi que nous tentons de vivre au quotidien. »

    Sylvie Leemans, Et l’improbable devint réalité. 40 ans de vie communautaire

    Photo du Feu de la Saint Jean le 24 juin © FBP

  • Nom de plume

    Haïkus Julie Van Wezemael.jpg« Oui, se choisir un nom de plume – haigô, en japonais – est un jeu très amusant. Et qui en dit long aussi sur nous. C’est pourquoi, avant de le trouver, il est bien de se poser quelques questions. Avec quel élément naturel avons-nous le plus de complicité ? la terre ? le feu ? l’eau ? l’air ? Nous sentons-nous proche d’un animal ou d’une plante ? d’un nuage ou d’une racine ? Quelle sensation nous émeut davantage ? un flocon qui fond sur notre front ? l’acidité désaltérante d’une orange ? le bruissement des bambous dans la brise ? Qu’est-ce qui dans le grand livre de l’univers nous ressemble le plus ? une comète ? un torrent ? un brin de paille ? le bruit d’un caillou tombant au fond d’un puits ?
    – Un caillou ?! Mais je n’ai pas une tête de caillou, moi !
    – Ha ! ha ! ha ! Qui sait ? Avant tout, il faut oublier les surnoms que nous ont attribués nos proches – amis ou ennemis –, oublier nos sobriquets, toutes ces étiquettes qui nous collent à la peau et sont à mille lieues de ce que nous sommes vraiment. »

    Thierry Cazals & Julie Van Wezemael, Des haïkus plein les poches

    © Julie Van Wezemael, Haïku

  • Des histoires

    Dürrenmatt Portrait.jpg« Y a-t-il encore des histoires possibles, des histoires pour écrivains ? Quand on est de ceux qui n’aiment pas parler d’eux-mêmes, qui se refusent à tirer de leur moi des vérités générales, sur le mode romantique ou poétique, qui ne se sentent pas obligés de dire leurs espoirs et leurs échecs, le plus véridiquement du monde, ni comment et avec qui ils couchent, comme si la véracité pouvait donner à tout cela une portée universelle, alors qu’elle en fait un simple compte rendu médical, psychologique dans le meilleur des cas ; pour peu qu’on cherche au contraire à s’en détourner, préférant s’effacer discrètement et défendre ce qui est de l’ordre du privé, gardant face à soi la matière comme le sculpteur son matériau, travaillant cette matière et grandissant à son contact, tentant, en classique pour ainsi dire, de ne pas désespérer tout de suite, même si personne ne peut nier la pure folie qui surgit de toutes parts, alors l’écriture devient plus difficile et plus solitaire, plus absurde aussi, on se fiche d’une bonne note dans l’histoire littéraire – à qui n’a-t-on pas décerné de bonnes notes, quels torchons n’a-t-on pas encensés, – les exigences de l’heure prennent le dessus. »

    Friedrich Dürrenmatt, La panne (incipit)

    Friedrich Dürrenmatt, Portrait du psychiatre Otto Riggenbach, 1962,
    gouache sur carton, collection Centre Dürrenmatt Neuchâtel

  • Mauvais goût

    Rose Modigliani 2.jpg« Restons donc en Europe. Pourquoi le rose y est-il de nos jours si peu apprécié ? Les raisons en sont assurément variées, mais une idée lui est souvent associée, du moins si l’on se réfère, ici encore, aux enquêtes d’opinion : le mauvais goût, et même la vulgarité. Peu présent dans la nature et dans la vie quotidienne, le rose, quand il est choisi, spécialement dans le vêtement, fait écart avec ce qui l’entoure et, par là même, se remarque. Or, quoi qu’on en dise et qu’on le veuille ou non, se faire remarquer passe aujourd’hui  encore, du moins pour le commun des mortels, pour vaniteux, indécent, immoral ou ridicule. Pourquoi se mettre en valeur ? Pourquoi se vouloir différent des autres ? Ce sont là des comportements qui font violence à la vie en société. En matière de couleurs, même si toutes les stratégies du marketing tentent de proclamer le contraire, même si les discours des médias, des créateurs et des publicitaires invitent à changer, à innover, à renouveler les teintes et les gammes, une part importante de la population – sinon la majorité – veut pour sa vie quotidienne du « comme tout le monde », et même du « comme d’habitude ». Prétendre le contraire, c’est nier l’évidence. »

    Michel Pastoureau, Rose. Histoire d’une couleur

    Amedeo Modigliani, La blouse rose, huile sur toile, 1919,
    Avignon, musée Angladon - Collection Jacques Doucet