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En dernière page

Koenig Humus J'ai lu.jpg« En achetant Libé au kiosque le jour de sa parution, une première pour lui qui lisait rarement la presse et jamais en format papier, Kevin ressentit une gêne étrange. Le personnage qui y était décrit en dernière page lui ressemblait incontestablement. A s’y méprendre. Mais il dégageait une cohérence qui n’était jamais venue à l’esprit de Kevin, lui qui s’était toujours laissé happer par les événements. C’était comme si on l’avait soudain mis dans la prison de papier d’un destin. Et puis, quelle inconvenance de s’étaler ainsi dans les foyers partout en France ! Il imaginait sa tronche sous les pelures de patate ou consumée par les flammes dans une cheminée. Il aurait voulu mettre une bulle sur sa photo, comme dans les BD : « Désolé, je ne fais que passer, demain je m’en vais. »
En revanche, dans l’open space de Veritas, l’excitation était à son comble. Kevin s’en étonna auprès de Mathilde.
– Il y a tant de gens qui lisent ce journal ?
Mathilde le regarda sans rien dire, éberluée. Il semblait sérieux.
– Mais non, plus personne ne lit
Libé.
– Alors…
– Plus personne sauf les autres journalistes. Ils vont se jeter sur toi. Un entrepreneur validé par les gardiens du temple libertaire, c’est de l’or. J’ai déjà reçu deux messages : BFM et la matinale d’Europe 1. Tu vas devenir une star. »

Gaspard Koenig, Humus

Commentaires

  • Un monde que l'auteur doit bien connaître .. (et je lis Libé de temps à autre, il n'y a pas que les journalistes qui le lisent ;-) )

  • J'en ai eu l'impression et je me suis dit aussi qu'un journal sans lecteurs ne survit pas... Bon dimanche, Aifelle.

  • La critique de Libé est réservée aux abonnés, sous le titre "«Humus» de Gaspard Koenig, ombilic lombric".

  • Je pense que ces mots concernant Libé font partie des "bons mots" humoristiques et aux "coups de griffe" plus ou moins accentués et égratignants comme il y en a à chaque page de ce roman où chacun en prend pour son grade!
    Je l'avais bien apprécié en tout cas, lorsque découvert grâce au système de prêt de livres de mon AMAP (équivalent des GASAP bruxelloises).
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

  • Chacun en prend pour son grade, en effet. Merci de me faire connaître les GASAP, peut-être une des sources d'approvisionnement du Färm que je fréquente.

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