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Ecrire des haïkus

Je ne sais plus qui m’a conseillé Des haïkus plein les poches, écrit par Thierry Cazals et illustré par Julie Van Wezemael, je l’en remercie. La bibliothécaire de la section jeunesse a mis du temps à le trouver – il était mal rangé – et, tout compte fait, ce « livre-atelier » aurait parfaitement sa place au rayon poésie pour les grands. Son auteur, écrivain et poète, anime des ateliers d’écriture pour enfants et adultes. Il partage ici ce qui compte vraiment pour écrire un haïku et ce ne sont pas forcément les règles ni les dix-sept syllabes.

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Cazals s’adresse directement à ceux qui viennent chez lui ou le lisent. Il se présente, fait faire le tour de sa cabane, tout en posant des questions. On peut répondre par écrit dans le livre sur des lignes de pointillés. Le poète vit seul au milieu des pins avec un grillon, son ami, et y reçoit souvent des jumeaux, une fille et un garçon qui passent leurs vacances dans le coin, pas loin de l’océan.

Lors de leurs visites, il leur lit des haïkus, demande leur avis. D’abord il sollicite leurs cinq sens, « les fenêtres à travers lesquelles nous recevons des nouvelles du monde ». Place au dialogue, chacun livre ses impressions. Il a dans son sac plein de petits poèmes écrits par des enfants lors de ses animations dans des écoles. Le point de départ ? Des sensations vécues, l’attention à ce qui nous entoure, nos cinq sens éveillés pour « redécouvrir le monde avec un cœur tout neuf ».

Les poètes du Japon se choisissaient un nom de plume pour signer leurs haïkus, un nom d’oiseau ou d’autre chose : Bashô, le nom du bananier qui poussait près de sa chaumière ; Issa, « une tasse de thé » ; Santôka, « le feu au sommet de la montagne ». A chaque apprenti poète de commencer par là : se choisir un nom qui corresponde vraiment à sa perception du monde, de la nature. Lui a choisi « cœur de grillon ».

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Illustration de Julie Van Wezemael 

Puis ils regardent ensemble un haïku à la loupe : « trois vers qui s’écrivent généralement sur trois lignes en français », des « éclats de phrases » pour suggérer « la fulgurance de l’émotion ».

« Même mon ombre
a l’air en pleine forme –
matin de printemps »

Issa

En principe, il faudrait 5-7-5 syllabes, mais ce qui compte vraiment, c’est la brièveté. Le haïku traditionnel comporte un « mot de saison », un tiret pour marquer une pause (à la place du « mot de coupe » ou « mot de soupir » en japonais), mais il y faut avant tout de la fraîcheur, de la légèreté, du naturel. Peu à peu, à l’aide de nombreux exemples, l’auteur-animateur nous initie à l’art du haïku, du « dire sans dire ». Il cite ce proverbe japonais : « Les mots que l’on n’a pas dits sont les fleurs du silence. »

Pour peu que l’on ait gardé une part de son âme d’enfant, on ne peut lire Des haïkus plein les poches sans prendre un crayon et essayer à son tour de trouver les mots, le rythme, pour exprimer la magie d’un instant, sans se précipiter. Ce n’est pas si facile d’être simple, bref, juste. Il faut plonger en soi-même, prendre le temps, effacer le superflu, les détails. L’auteur n’aime pas partir de thèmes ou de mots imposés, mais il donne beaucoup d’exemples (de poètes accomplis ou d’enfants poètes) et ouvre plein de pistes où laisser les mots prendre leur  envol.

 « Le haïku est comme un cercle,
une moitié fermée par le poète,
l’autre moitié par le lecteur. »

Seisensui Ogiwara

Bashô : « Un haïku, c’est simplement ce qui arrive
en tel lieu, à tel moment. »

* * *

Voici l'occasion de vous signaler un nouvel index, POEMES,
qui reprend tous les poèmes cités sur T&P.

Tania

Commentaires

  • Ma bibliothèque ne l'a pas, dommage. La démarche pour aborder les haïkus est intéressante ; j'ai essayé de lire des articles un peu trop savants sur le sujet, j'ai vite décroché. Heureusement je continue à lire des haïkus.

  • Un ouvrage très accessible, lisons, écrivons...

  • J'aime beaucoup ce livre, je m'en suis servie avec mes élèves pour de beaux ateliers d'écriture et, en lien avec leur cours d'analyse d'image, pour créer des haïkus en lien avec une estampe.

  • C'est peut-être toi qui m'as soufflé ce titre ?

  • La couverture est joyeuse et accueillante, le contenu séduisant d'après ce que tu nous en proposes, que demander de plus que lire, écouter ou écrire un haïku ? Rien, la poésie est là, à notre portée. Merci Tania, bises et douce semaine en pays de poésie. brigitte

  • A notre portée, exactement ! Bises.

  • Je pense que créer un bel haïku doit être , tu l’expliques, extrêmement compliqué. On en lit beaucoup un peu partout mais peu sont « réussis ».
    Alors un guide pour apprendre, pourquoi pas?
    J’aime énormément celui-ci :
    l’émotion ».

    « Même mon ombre
    a l’air en pleine forme –
    matin de printemps « 

    Et aussi l’illustration- grenouille.

  • Une fausse simplicité, ce qui est souvent le cas dans l'art. Merci pour tes préférences.

  • Comme il doit être plaisant, ce livre ! J'aime beaucoup les livres pour enfants et c'est vrai qu'à la médiathèque, je vais parfois me promener à l'étage des tout-petits...

  • Une lecture agréable et des illustrations bien dans le ton, à découvrir.

  • Merci Tania, je vais me le procurer.
    Surtout que l'auteur semble être plus laxiste sur la structure du poème court, et privilégie plutôt la magie de l'image, de la sensation.
    Dans ma bibliothèque, rayon livres jeunesse se trouve " J’écris des Haïkus "de Véronique Brindeau illustré merveilleusement par Sandrine Thommen. Les Loulous me le réclament souvent !

  • Merci pour cette autre référence, Claudie : "J'écris des haïkus" est disponible à la bibliothèque, je le chercherai.

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