Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Bruxelles - Page 33

  • Comprendre

    Hanf La griffe.jpg« Je n’aime pas parler, les mots ne sortent pas facilement, c’est peut-être parce que mes dents et ma langue sont de travers. Il y a comme des nœuds dans ma bouche qui empêchent les mots de sortir. En moi, je construis de jolies phrases, mais dès que je veux qu’elles sortent pour prendre l’air et devenir des sons, ils trébuchent et se cachent. « Ne sois pas triste pour ça, mon chat », disait Emma, « l’essentiel, ce n’est pas de parler, mais de comprendre. Et tu comprends très bien, je le sais. » »

    Verena Hanf, La griffe

  • Une nouvelle de Hanf

    Des nouvelles de Verena Hanf, une romancière déjà présentée sur ce blog, et une nouvelle publiée dans une jolie collection, voilà qui fait grand plaisir en ce début d’année. Une chatte rondouillette fait des yeux doux sur la couverture de La griffe, publiée ce mois-ci par Lamiroy dans la collection Opuscule.

    verena hanf,la griffe,nouvelle,littérature française,culture,belgique
    Photo Overnature

    « J’aime le brouillard, il est doux et tendre, m’enveloppe dans une douceur humide, s’adapte à mon corps et cache mes pas. » Est-ce un chat conteur ? Non, il s’agit de la jeune Alma, la narratrice : elle se souvient de sa chère Emma qui l’appelait « mon chat ». D’autres traitent Alma de « gros matou » parce qu’elle est petite et ronde. En fait, elle adore cuisiner et manger. « Je suis une félinofille farouche, je suis un gros chat humain qui aime la nature, la nuit et le brouillard. »

    Dans la maison voisine, Alma a vu une ombre aux cheveux longs passer à la fenêtre. Elle épie la nouvelle occupante de la maison du vieux Pierre, décédé depuis presque un an – Emma l’y avait trouvé mort et s’était occupée de l’enterrement, sans savoir qu’elle le rejoindrait quelques mois plus tard. Alma est orpheline, une « enfant trouvée ». Elle les considérait un peu comme ses parents, sans le leur dire. Emma et Pierre étaient « tendres et gentils » avec elle, alors qu’à l’école elle était l’enfant « différent » – et pire encore pour la voisine d’en face.

    Pour lui tenir compagnie, à part sa poupée Camomille, il n’y a plus que Pierrot-le-Rouquin, le matou de Pierre, et « sa nouvelle copine », une petite chatte grise qu’Alma a baptisée Emeline. La jeune femme donne un coup de main au restaurant du village, où elle travaille en silence. Le soir, elle aime se promener.

    En cinq mille mots (principe de la collection), Verena Hanf nous met à l’écoute des sentiments d’Alma, curieuse de sa nouvelle voisine et bien décidée à se préserver des fâcheux. Une histoire rondement menée, forcément, et qui ne mène pas où l’on imaginait. La griffe m’a déjà mise en appétit pour un prochain roman de Verena Hanf annoncé chez un autre éditeur bruxellois, Deville.

  • Moments de fête

    En Belgique, la famille royale organise traditionnellement en fin d’année un concert de Noël au Palais Royal, diffusé à la télévision. Cette année, il n’était pas possible d’y rassembler un public, mais le concert a été maintenu. Pour la première fois, les enfants de Philippe & Mathilde y ont participé, un encouragement sympathique à tous ceux qui apprennent à jouer d’un instrument de musique. C’était un beau concert de la chorale féminine Scala & Kolacny Brothers qui a interprété des airs variés, en commençant par My December (Linkin Park).

    Concert de Noël au Palais Royal 2020 Scala.jpg
    © BELGA / POOL FREDERIC SIERAKOWSKI
    Concert de Noël au Palais Royal de Bruxelles (20/12/2020)

    Depuis 1961, Les Belges ont en outre droit à un message royal de Noël et Nouvel An : ce discours télévisé s’adresse à toute la population dans les trois langues nationales. La veille de Noël, nous avons eu la belle surprise, avant l’intervention du roi Philippe, d’une émission inédite à 18h : « Noël ensemble à 11 millions ». Inédite, vu que ce programme était retransmis en direct et en même temps sur deux chaînes télévisées francophones et sur trois chaînes télévisées flamandes (première chanson à la 38e minute).

    noël,2020,concert de noël au palais royal,chorale,scala and kolacny brothers,message royal de noël et nouvel an,belgique,monarchie belge,noël ensemble à 11 millions,émission spéciale,musique,témoignages,vues aériennes,culture
    Noël ensemble à 11 millions (24/12/2020)
    Edition spéciale sur Auvio (rtbf.be)

    Ce programme belge sans frontière linguistique faisait chaud au cœur. J’étais très émue en pensant à ma famille flamande du côté maternel, à ma mère qui aurait tant aimé vivre cela, une même fête pour les Flamands, les Wallons et les Bruxellois ! Des témoignages sur l’année écoulée, des vues aériennes de beaux endroits du pays, et, bien sûr, de la musique : Axelle Red, Hooverphonic, Lous and The Yakuza, Jasper Steverlinck & Typh Barrow, à nouveau la chorale Scala, et Clouseau en exclusivité avec Charles, la gagnante de The Voice Belgique. Si vous avez accès à Auvio (RTBF), vous pouvez cliquer sur le lien ci-dessus pour revoir, réécouter cette émission spéciale très réussie. Sinon, vous trouverez sur YouTube un amusant clip vidéo où Scala chante Le vent nous portera (Noir Désir).

    noël,2020,concert de noël au palais royal,chorale,scala and kolacny brothers,message royal de noël et nouvel an,belgique,monarchie belge,noël ensemble à 11 millions,émission spéciale,musique,témoignages,vues aériennes,culture
    Origamis de Charles Kaisin dans les Galeries Royales Saint-Hubert, Noël 2020, Photo © Nicolas Lobet

    Remarquable décor festif à Bruxelles en cette fin d’année 2020 : au Palais Royal (derrière la chorale), à l’Hôtel de Ville de Bruxelles (le sapin dans la cour), dans les galeries royales Saint-Hubert et dans le centre, les origamis de Charles Kaisin font merveille, en prolongement de l’opération Origami for Life lancée durant le premier confinement.

    * * * Bon passage vers 2021 ! * * *

  • Chemin faisant

    Evere chat sur le toit (1).jpg

     

    Dans une rue d’Evere, une façade végétale attire l’attention entre deux immeubles : y a-t-il une maison habitée derrière ces arbres ? La petite barrière près de la haie semble l’indiquer.

     

    Evere chat sur le toit (2).jpg

     

    En levant les yeux, autre surprise. Tranquille, un chat se déplace dans une autre dimension. Quelque chose l’arrête un moment, puis il continue sur le faîte du toit avant de descendre de l’autre côté.

     

    Evere chat sur le toit (3).jpg

     

     

    Voilà qui aurait intéressé mon chat d’appartement, privé de ce genre d’aventures, mais qui aime observer de nos fenêtres les allées et venues de ses congénères et bien sûr, tout ce qui vole ou se pose à proximité.

  • Champ de repos

    « Naguère les défunts étaient inhumés à l’intérieur ou autour de l’église paroissiale Saint-Vincent », rappelle un panneau dans la rue Saint-Vincent, près de la grille qui permet de jeter un coup d’œil à l’ancien cimetière d’Evere.

    Evere ancien cimetière (1).jpg

    En 1880, la commune a acheté là trente-cinq ares de terrain pour le premier « champ de repos communal ». Il faut suivre le mur couvert de vigne vierge pour y entrer, à l’angle avec l’avenue Champ de Repos. Je vous ai déjà parlé des pelouses, de la végétation abondante dans ce jardin des morts entretenu avec soin, mais pas montré ces véritables couloirs de verdure.

    Evere ancien cimetière (5).jpgancien cimetière d'evere,bruxelles,art funéraire,tombes anciennes,culture

    Des haies bien taillées – quel travail pour les jardiniers – s’ouvrent sur des parcelles où les tombes se font face, à l’ombre des arbres. Parfois il n’y en a plus que d’un seul côté. Dans la partie du cimetière où se dressent des caveaux anciens, une couverture de lierre a enveloppé l’un d’eux ; cela m’a rappelé les tombes des frères Van Gogh à Auvers-sur-Oise, reliées par le lierre, symbole de fidélité et d’immortalité.

    ancien cimetière d'evere,bruxelles,art funéraire,tombes anciennes,cultureancien cimetière d'evere,bruxelles,art funéraire,tombes anciennes,culture

    Au début du XXe siècle, certaines familles qui en avaient les moyens offraient à leurs défunts des sculptures d’anges ou de pleureuses. On découvre sur les monuments funéraires de cette époque toutes sortes de motifs, religieux ou autres, un répertoire de symboles parfois mystérieux.

    ancien cimetière d'evere,bruxelles,art funéraire,tombes anciennes,cultureancien cimetière d'evere,bruxelles,art funéraire,tombes anciennes,culture

    Cette poignée de mains illustre l’alliance conjugale (une manchette de femme, une autre d’homme), mais pas seulement. « L'alliance est le terme utilisé par les marbriers pour désigner deux mains entrecroisées dont la supérieure est généralement celle d'une femme à l'annulaire présentant une alliance. Ce bijou est un cercle parfait – forme sans début ni fin – qui symbolise la permanence du couple malgré la mort. Les mains unies deviennent "la griffe", une manière particulière de se serrer la main qui permet aux compagnons du Tour de France ou aux francs-maçons de se reconnaître. »

    ancien cimetière d'evere,bruxelles,art funéraire,tombes anciennes,culture

    Que d’amour exprimé dans cette jolie plaquette sculptée au message plein de tendresse : « à mon cher fiancé de sa Poussi ». J’admire les lignes art nouveau de cette jeune fille agenouillée dans son voile qu’elle retient de la main pour déposer des roses, les palmes au-dessus du souvenir – « La palme peut être présente sur la sépulture des jeunes qui, comme nombre de martyrs, sont décédés en pleine force de l’âge. »

    ancien cimetière d'evere,bruxelles,art funéraire,tombes anciennes,culture

    Sous un autre profil de femme, sur un tombeau des années vingt, un seul mot : « Silence ». Sur certaines pierres tombales, un livre. S’il n’est pas accompagné d’un encrier et d’une plume, ce qui est réservé aux écrivains, il s’agit le plus souvent d’une référence à la Bible, fréquente chez les protestants et pour les prêtres catholiques aussi.

    ancien cimetière d'evere,bruxelles,art funéraire,tombes anciennes,culture
    "A notre bien-aimé mari et père" (en néerlandais)

    Un monument spectaculaire de style art déco me touche particulièrement (mon père était pilote) : le soleil, les nuages, une aile d’avion qui se détache avant qu’il ne s’écrase, le casque en cuir et les lunettes anciennes sur le front de l’aviateur. Sous le nom du défunt, on indique qu’il est tombé « en service commandé » en 1934. Le panneau communal rappelle la proximité d’un aérodrome désaffecté après la deuxième guerre mondiale (à l’emplacement des bâtiments de l’OTAN), qui explique la présence ici de plusieurs tombes de pilotes.

    ancien cimetière d'evere,bruxelles,art funéraire,tombes anciennes,culture

    L’ancien cimetière d’Evere fait découvrir tout un monde de signes dont le sens peut nous échapper. Au XXIe siècle, ils ne sont pas tous aussi lisibles que les têtes de Christ aux épines et les croix chrétiennes. Si la symbolique funéraire vous intéresse, elle est bien résumée sur ce site français où j’ai copié quelques explications. Comme les ornements architecturaux que j’aime observer sur les façades d’antan, les ornements des tombes choisis par les proches des défunts pour leur rendre hommage offrent encore leur message à tous les passants.