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art contemporain

  • Villa des rêveurs

    Un immense rideau s’ouvre sur « House of dreamers », la nouvelle exposition proposée par la Villa Empain. Ulla Von Brandenburg a composé Backdrop (toile de fond) à partir de pans de rideaux récupérés à l’Opéra de Varsovie, d’anciens décors. Une entrée théâtrale pour « une déambulation poétique dans les espaces de la Villa Empain » (Guide du visiteur, source des citations).

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    © Ulla Von Brandenburg, Backdrop (détail), 2023 (vu de l'entrée)

    Le souvenir de « Flamboyant » m’a donné l’envie de découvrir cette nouvelle mouture d’un intérieur recomposé, cette fois « par la réalisation de grands décors in situ ». Dans le grand hall devenu « salle de bal », un piano surmonté d’un double bronze facétieux voisine avec un cosy-corner près de l’escalier : deux fauteuils art déco éclairés par une magnifique lampe vitrail aux libellules. L’installation de Than Hussein Clark « a été réalisée en hommage à Oscar Wilde et participe à une ambiance cabaret ».

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    Une partie de l'installation © Than Hussein Clark

    Dans la salle à manger, Sébastien Gouju a dressé une table de lendemain de fête sous une fresque d’Anastasia Bay évoquant les banquets antiques. Objets fatigués, restes en céramique dans les assiettes, cela m’a rappelé Le dernier souper de Corine Borgnet vu en mars à la Maison des Arts (« Sub terra »), un coup de cœur. Cette table-ci m’a moins impressionnée, mais j’ai été attirée par les bouquets de fleurs en verre soufflé : l’artiste associe leurs « formes ramollies » à la « gueule de bois », amusant, non ?

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    Fresque réalisée in situ © Anastasia Bay, table dressée © Sébastien Gouju (vue partielle)

    La fresque continue au grand salon, une scène de bacchanale, autour d’un mobilier griffé Pierre Marie. Les sièges ont tous des tablettes pour les livres, bien ! Sur la table basse, aux carreaux fabriqués à partir d’émaux de Longwy, une lampe de la céramiste Katja Tönnissen répond à de grandes lampes sur pied dans un angle de la pièce, aux « couleurs diaphanes » encore plus joyeuses.

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    Vue partielle du grand salon

    Avant de monter l’escalier, j’admire encore un peu le grand rideau de l’entrée suspendu sous le plafond, son jeu de couleurs très différent de ce côté. Puis, à la fenêtre, Lumière née de la lumière de Bang Hai Ja. J’étais curieuse de découvrir le « bureau des rêveurs » à l’étage. Avec ses couleurs vives au plafond et sur les meubles, son atmosphère « principalement féministe » m’a paru plutôt enfantine, excepté l’étagère aux livres féministes d’Ad Minoliti et Le presse-papier à priape de Man Ray.

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    Vue partielle du Bureau des rêveurs

    La « salle de jeux » est plus intéressante. Je m’y attarde avant de pénétrer dans la salle de bain rebaptisée « salle de bien-être ». Son espace tout en longueur est occupé dans le fond par la céramiste Claire Lézier. Ses œuvres sont présentées au milieu de plantes vertes qui répondent joliment aux mosaïques murales. Un grand buste de femme en céramique de Marion Benoit évoque Rhéa, Titanide grecque de la Fertilité, c’est beau.

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    Une partie de l'installation © Claire Lézier, avec, sur l'appui de fenêtre, Titanide © Marion Benoit

    J’étais passée trop vite devant la niche dans le mur de droite et j’y reviens, intriguée par ce qui se déroule sur l’écran entouré de figurines : Whispering Pines 10 (Pins chuchotant), une vidéo de Shana Moulton, raconte la quête de Cynthia, son alter ego, qui désire la santé et la sérénité. Cela vaut la peine de prendre à l’entrée de la pièce un petit siège pliable pour regarder les dix épisodes tous différents. Cette œuvre onirique, dont une partie est visible en ligne, m’a enchantée par sa fantaisie, son univers sonore, sur fond de séquoia géant.

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    Aperçu du Salon de thé

    Le « salon de thé » offre lumière et espace autour d’œuvres modernes et contemporaines. Au mur, un bel ensemble d’assiettes peintes avec des émaux signé encore Marion Benoit. Dans une vitrine, entre autres objets, un dessin de Cocteau et un service à thé de Malevitch. Comme j’aurais aimé m’installer sur ce petit canapé de Than Hussein Clark (il vient du lobby du théâtre de Brême) pour prendre le thé dans cette pièce, sur ce ravissant tapis si moelleux !

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    Maison © Simone Fattal (Chambre végétale)

    Deux chambres nous attendent : une chambre végétale et une chambre animale, séparées par deux boudoirs dédiés aux « Objets de mon affection ». J’en retiens une émouvante Maison en céramique verte de Simone Fattal, libano-américaine, « éventrée comme le serait un foyer ayant subi les dommages d’une guerre civile », aux parois « semblables à de grandes feuilles », espoir de reconstruction ?

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    © Claire Lézier, Chat, 2023, grès émaillé, Courtoisie Fracas Gallery

    Je suis heureuse de retrouver ici Elise Peroi avec deux tissages, Recueillir I et II, où apparaissent des éléments végétaux, des coquillages, des animaux. Dans la chambre animale, une photographe est au travail. Je m’approche de la fenêtre vers la propriété voisine pour regarder un chat noir. Dans un angle du plafond de la petite pièce attenante, Laure Prouvost a accroché un joli nid d’hirondelle, Swallow Swallow. 

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    © Laure Prouvost, Swallow Swallow. 

    « House of dreamers » m’a donné des impressions plus légères que d’autres expositions de la Villa Empain, pourquoi pas ? La légèreté va avec le rêve, d’autant plus durant un été dont on craint la chaleur trop pesante. C’est l’occasion de faire agréablement connaissance avec des signatures contemporaines de diverses nationalités, comme toujours à la Fondation Boghossian. Jusqu’au premier octobre.

  • Malachite Mobiles

    Sub terra (11) Maarten Vanden Eynde.jpgLa malachite contient un pourcentage élevé de cuivre, le métal le plus couramment utilisé dans les téléphones. A Ruashi (RDC), les artisans sculptent des animaux et de petits objets en malachite pour le marché touristique local. En 2015, pour la Biennale de Lubumbashi, l’artiste belge Maarten Vanden Eynde a conçu une série de répliques de téléphones mobiles en malachite, avec Fillot Ngoyi Makelele et Augy Ngoyi Twite.

    « Ils renvoient à la fois au produit final – le téléphone mobile – et aux origines du métal employé dans le processus de fabrication. La malachite est également connue pour ses pouvoirs de guérison dans les rituels du chakra du cœur. Elle a la réputation de bloquer les radiations négatives émanant des appareils électroniques comme les ordinateurs et les téléphones. »

     © Maarten Vanden Eynde, Malachite Mobiles, malachite, dimensions variables

    Catalogue « Sub Terra », Maison des Arts de Schaerbeek, jusqu’au 14.05.23

  • Sub Terra

    « Sub Terra », l’exposition en cours à la Maison des Arts de Schaerbeek, Lola Meotti l’a conçue pour cet endroit ouvert aux artistes contemporains. En 2015, la commissaire invitée en a eu l’idée en visitant en Allemagne un ancien complexe sidérurgique devenu salle d’exposition, « tombée nez à nez avec un visage : un crâne surmodelé Vanuatu », dont une photographie est accrochée dans l’entrée.

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    Crâne du Vanuatu, photo © Hans-George Merkel (détail)

    Sous la terre ? J’étais un peu perplexe en découvrant le sujet, avec une vague crainte d’y rencontrer le royaume des morts. Dans la salle à manger ancienne est projeté le film documentaire de Giovanni Cioni sur les âmes du Purgatoire, à Naples – In Purgatorio (2009). On y était. Heureusement, ce n’est qu’une des formes de relation entre les hommes et ce qui se trouve sous la terre. La terre donne et reçoit. Les hommes la creusent, l’exploitent, la cultivent. 

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    © Seyni Awa Camara, Assékou (Jeune fille vierge), 1997, terre cuite, 45 x 20 x 20 cm

    La sculptrice et potière Seyni Awa Camara, autodidacte, modèle la terre et dispose ses nombreuses sculptures dans sa maison, par ordre de taille. Toutes sont cuites dans un trou creusé dans sa cour, « dans le four à céramique le plus rudimentaire qui soit, et se figent dans le feu à ciel ouvert ». Sa mère l’a initiée aux techniques traditionnelles, mais ses œuvres, libres et imaginatives, vendues au marché, rompent avec les productions artisanales usuelles.

    Ce n’est pas mon premier coup de cœur dans la grande salle tapissée de nuages de la Maison des Arts, mais celui-ci est particulièrement spectaculaire et symbolique : Corine Borgnet y expose Le dernier souper (2019), une table somptueusement dressée sous le lustre en cristal doublé dans le miroir. Vue de plus près, cette « vanité » surprend par l’aspect ossifié de la vaisselle (verres, assiettes, couverts) et des garnitures : tout est en jesmonite et os de volaille. Tout semble figé par le temps, oiseaux, insectes, couronne…

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    © Corine Borgnet, Le dernier souper, 2019, jesmonite et os de volaille

    Je pense au Sermon sur la mort de Bossuet – « […] entassez dans cet espace, qui paraît immense, honneurs, richesses, plaisirs : que vous profitera cet amas, puisque le dernier souffle de la mort, tout faible, tout languissant, abattra tout à coup cette vaine pompe […] – et en même temps, je trouve cette œuvre d’une beauté surprenante dans l’ensemble et dans les détails, avec cette pile vertigineuse d’assiettes défiant l’équilibre comme l’œuvre défie le temps.

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    © Carole Louis, éléments en lien avec une performance et installation au Chili, 2021

    Dans la bibliothèque, pour une fois, les rayonnages ne sont pas vides. Carole Louis y a posé des bouteilles de soda et des canettes restées enterrées un temps sous le sable (sauf les bouchons), décor dérisoire autour du surprenant objet au milieu de la pièce, une installation qui rappelle une de ses performances à Antofagasta, au Nord du Chili, lors de la Biennale d'Art contemporain 2021.

    A l’étage, on se rend compte de la créativité des artistes contemporains pour nous montrer des objets que nous pensons reconnaître, illusion qui s’efface quand on s’en approche. De subtiles transformations se sont produites. Ainsi, Tatiana Bohm a travaillé sur un secrétaire à abattant en acajou et tiroirs en citronnier : elle l’a gravé et doré à même le bois de dessins du graveur liégeois du XVIe siècle, Théodore de Bry, sur les expéditions européennes en Amérique.

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    © Tatiana Bohm, Reliquaire de Théodore de Bry, 2022 (détail)

    Ce sont des illustrations sur l’esclavage des autochtones, sur les tortures infligées par les conquistadors. Sur les tiroirs, des plaques de verre, de cuivre ou d’acier gravées et patinées diversement encadrent un médaillon qui contient toutes sortes de métaux précieux. Cette artiste développe toutes sortes de techniques pour intervenir « sur ou avec des images de la violence du monde ».

    Diana Scherer, pionnière de « l’art biotechnologique », s’intéresse au « cerveau » des plantes et étudie leurs systèmes racinaires. Elle expose des « tissages » très particuliers à partir de végétaux (plants d’orge et autres) qu’elle fait pousser sur une matrice afin de diriger leurs racines – laissant le reste au hasard et au temps : une fois la matrice retournée, le résultat est aléatoire, comme le montre la photo de l’affiche.

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    © Diane Sherer, Hyper rhizome #12 (détail), 2022

    Si vous consentez à vous laisser surprendre, visitez « Sub Terra » pour découvrir les douze artistes présentés. Ne manquez pas de descendre à la cave – l’endroit est évidemment bien choisi – où une installation in situ de Loup Lejeune intitulée Plasma (2023) interroge les rapports de force entre nature et culture à l’aide de toutes sortes de matériaux, dans un environnement sonore immersif.

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    Pour cette expo originale, à voir jusqu’au 14 mai, la Maison des Arts de Schaerbeek propose comme toujours diverses animations, y compris pour les enfants (un joli parcours en affiches signées Jacinthe Folon.)

  • A la Brafa (suite)

    Pourquoi pas un second billet sur la Brafa 2023 ? Vos commentaires enthousiastes m’y ont encouragée. De plus, Voyage d’un Européen dans le XXe siècle est une lecture au long cours, passionnante et éprouvante dans les pages terribles de notre histoire – ce sera une bonne manière de m’en extraire un peu.

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    Jean-Baptiste Monnoyer (1636-1699), Bouquet de fleurs sur un entablement,
    huile sur toile, 74 x 21 cm (Franck Anelli Fine Art)

    Commençons par le XVIIe siècle. Ce Bouquet de fleurs de Jean-Baptiste Monnoyer, dans son vase à l’antique, illustre bien l’art de la peinture de fleurs alors à son apogée. La description de la galerie incite à apprécier « le grand satiné du bouton de pavot à gauche, la trame hachurée et mouillée de lumière de la feuille d’acanthe » et « l’impalpable légèreté des rose pâle au centre ».

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    Quant à ce bénitier précieux en vermeil, dont le contour aux motifs végétaux pourrait évoquer (de loin) l’art nouveau, il date aussi du Grand siècle (Flandres, XVIIe). La scène sculptée représente « La purification de Naaman » dont le Livre des Rois dans la Bible raconte qu’il fut « guéri de la lèpre après s’être baigné sept fois dans le Jourdain sur le conseil du prophète Élisée » (Wikipedia). Un des trésors d’orfèvrerie présentés par Bernard de Leye.

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    Armand Guillaumin (1841–1927), Marguerite (fille de l’artiste), 1894,
    pastel sur papier, 35 x 27 cm (Galerie DR. NÖTH)

    Sans transition, comme à la Brafa, voici la bonne bouille de la petite Marguerite, un pastel sur papier signé « G. 94 » pour Armand Guillaumin, 1894. Troisième des quatre enfants de l’artiste, Marguerite est née en 1893, après Madeleine en 1888, Armand en 1891, et avant André en 1896. Le Portrait de petite fille du musée d’Orsay serait-il celui de sa sœur Madeleine, l’aînée ? J’imagine que dans ce cas la notice du musée l’indiquerait.

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    Edouard Vuillard, Madeline Descorps et son fils Bernard au jardin (détail), 1919-1920,
    peinture à la colle sur papier marouflé sur toile, 99 x 65 cm (galerie Taménaga)

    Madeline Descorps et son fils Bernard au jardin est une charmante étude d’Edouard Vuillard, datée de 1919-1920. En cherchant cette illustration complète (lien précédent), meilleure que ma photo en partie rognée, j’ai trouvé la première étude de cette scène, moins aboutie que celle-ci. Le nabi zouave (surnom de Vuillard dans le groupe) était un grand ami de Bonnard, le nabi japonard : « « Si je vous écrivais à chaque fois que je pense à vous, à notre passé, à la peinture, etc., vous auriez une bibliothèque à compulser. » (Vuillard à Bonnard, le 4 mai 1940)

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    Brafa 2023 aquarelle homme à la canne.jpg

    Certains stands de la Brafa présentent des curiosités, comme ce lustre spectaculaire. Intriguée par des peintures sur des panneaux blancs, je suis allée les regarder de plus près. Des aquarelles italiennes, du XIXe, si j’ai bien retenu ce que m’a répondu le galeriste (je n’ai pas noté son nom). Cette trentaine de scènes de la vie quotidienne – des paysages, des bâtiments, des personnages à l’extérieur ou dans un intérieur – forment un ensemble très vivant et dans des couleurs harmonieuses. J’imagine le plaisir du collectionneur qui les a réunies de cette façon pour les observer tour à tour, selon l’inspiration du moment.

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    A droite : Edgar Degas, Danseuse, arabesque ouverte sur la jambe droite, bras gauche en avant,
    bronze réalisé à partir du modèle original en cire (1882-1895) par la fonderie Hébrard (1919-1973), 20,5 x 25 x 10,7 cm

    Quelques sculptures, pour terminer. Trois petites danseuses de Degas chez Hélène Bailly. La notice qui accompagne Danseuse, arabesque ouverte sur la jambe droite indique que ce bronze est une épreuve réalisée par le fondeur Hébrard à partir du modèle original en cire. Pour Degas, les modelages en cire étaient des exercices, il ne les destinait pas à la vente. L’occasion de s’interroger sur ce qui distingue l’œuvre originale des versions ou tirages ultérieurs.

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    George Minne, L'extase maternelle, 1923, marbre

    Autre exemple, la galerie Oscar de Vos présente sur son stand trois versions de L’extase maternelle ou Maternité (Moeder in extase) de George Minne : une version en marbre plus grande que celle en bronze et une autre (un plâtre ?) posée sur une table. D’un point de vue esthétique, on mesure l’écart entre la recherche de la justesse dans le rendu de la posture chez Degas et la manière épurée d’un Minne pour exprimer un état d’âme.

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    Ossip Zadkine, Homo sapiens, 1933-1935,
    Plâtre original patiné exécuté en 1936, 210 x 141 x 110 cm (A&R Fleury)

    Enfin (bien qu’en réalité, ce soit la première sculpture devant laquelle je me suis arrêtée à la Brafa), une grande œuvre de Zadkine intitulée Homo sapiens, un plâtre original patiné de 1936. Le Centre Pompidou possède cette sculpture en bois d’orme, « deux figures assises dont les corps s’imbriquent dans un ensemble monumental », de plus de deux mètres de haut. 

    L’homme pose sa main gauche sur l’épaule de la femme qui penche la tête vers lui. De la main droite, il tient un parchemin déroulé. Sur ses genoux, on distingue différents instruments de mesure. Je lis sur le site du musée parisien que « Bernard Dorival appréciait cette œuvre, considérant que Zadkine « a donné à la fameuse Mélancolie d’Albrecht Dürer comme une sœur moderne » ».

    Il me reste une œuvre contemporaine à vous montrer. A bientôt.

  • Vases et lampes

    Une déception tout de même à la Brafa 2023 : ne pas y voir des œuvres annoncées, comme un petit Monet repéré dans la presse avant ma visite ou un rare vase en céramique de Gallé mis à l’honneur sur le site (retiré après quatre jours).

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    Verreries Art nouveau à la galerie Cento Anni

    Je m’en suis consolée en découvrant sur le stand de la galerie Cento Anni ce bel ensemble Art nouveau avec des vases en verre multicouche de Gallé, qui signe aussi la jolie lampe au chapeau chinois décorée de chrysanthèmes bleus.

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    Exceptionnelle lampe en verre multicouche signée Daum, vers 1925,
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    écor émaillé de fleurs de pêcher sur le pied et le chapeau, H 67 cm (Cento Anni)

    Si vous regardez l’émission Affaire conclue, vous connaissez l’autre grand nom de la verrerie Art nouveau. Coup de coeur pour cette très belle lampe au décor émaillé de fleurs de pêcher signée Daum qui date de 1925 environ. Comme celle de Gallé, elle est éclairée aussi dans le pied. Quelle merveille !