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Textes & prétextes - Page 95

  • Ondulations

    Où se situe cette fontaine ?  Je ne m’en souvenais plus. Grâce à une photo de J.-F. Valli (Les jardins de l’Alhambra), j’ai fini par trouver le Jardín de los Adarves, créé au XVIe siècle lorsque le système de défense de l’Alcazaba fut abandonné. La place de la plate-forme d’artillerie fut transformée en jardin. La légende raconte qu’on a trouvé des vases en porcelaine remplis d’or, cachés par les derniers habitants musulmans de l’Alhambra, et que le marquis de Mondéjar a consacré une partie de cet or à former le jardin en l’ornant de fontaines.

    Alhambra (1).jpg

    Ce qui frappe d’abord, ce sont les trois têtes de poissons (ou de serpents de mer ?) émergeant des vagues pour cracher l’eau de leurs bouches dentées. Puis on voit les deux génies marins : l’un muni d’un trident, l’autre, d’une double hache. Leurs armes pointent l’une vers l’autre, chacun tient un poisson bien serré sous le bras. Les ondulations sont une manière très ancienne de représenter l’eau dans l’art et il me semble que c’était, avec le jet d’eau, la manière la plus simple de la dessiner quand j’étais enfant. J’ai aimé en retrouver le graphisme expressif dans le bas-relief de cette belle fontaine sur un chemin de ronde.

  • Vu à l'Alhambra

    Comment ne pas revenir, encore et encore, aux photos prises à l’Alhambra de Grenade, « acropole médiévale la plus majestueuse du monde méditerranéen » (Wikipedia) ? Pour info, si nous avions visité le musée de l’Alhambra (fermé le lundi) situé dans le palais de Charles-Quint, cela aurait levé le mystère de son animal symbolique (une gazelle – voir le billet mis à jour).

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    Depuis la citadelle de l’Alcazaba, les vues sur Grenade révèlent une ville différente de celle qu’on découvre à pied, avec ses maisons blanches et ses nombreux cyprès, les collines qui l’entourent et même, au loin, les neiges de la Sierra Nevada.

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    Aux Palais Nasrides, où qu’on porte le regard, on est éclaboussé de beauté. Portes, murs, plafonds, volumes, ouvertures, le décor intérieur est exceptionnel, basé sur les « trois composantes des arts de l’Islam : la calligraphie, la décoration florale stylisée, les arabesques et motifs géométriques » (Wikipedia)

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    « Plus Ultre », la devise inscrite sur le phylactère de ce panneau de céramique surmonté d’une couronne, rappelle la devise personnelle de Charles-Quint, « Plus Oultre » (plus loin).

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    Celle-ci est répétée sur un beau plafond à caissons en bois de la Chambre de l’Empereur, en alternance avec « K » et « Y », les initiales de Karolus et Ysabel. Il n’est jamais trop tard pour apprendre : « Plus Ultra » est la devise de l’Espagne depuis le XVIe siècle.

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    La devise des Almohades, « Wa lā gāliba illā-llāh » (« Et il n’y a pas de vainqueur, sinon Dieu »), figure sur les armoiries nasrides, qu’on voit notamment sur la bande centrale de ce magnifique décor en stuc riche en calligraphies et en arabesques. En dessous, les azulejos colorés sont ponctués d’étoiles.

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    A l’intérieur des Palais Nasrides, l’ornementation qui entoure les arcs (eux-mêmes superbement sculptés de diverses manières) est fascinante. Quel univers à explorer pour les historiens d’art ! Voyez l’arc festonné bordé de dentelle autour de cette porte, les boucles des entrelacs, le motif répété de la frise et enfin les motifs épigraphiques qui l’encadrent...

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    Juste à gauche, la colonne et son chapiteau ont à peine retenu notre attention que l’œil est attiré par un autre décor somptueux. Autre exemple d’encadrement raffiné, cet arc surmonté de fenêtres à moucharabieh, peut-être celles dévolues aux femmes.

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    Le motif de l’étoile à huit branches est fréquent dans l’architecture d’Al-Andalus, on l’appelle « étoile de l’Andalousie ». La plus spectaculaire est certainement celle vers laquelle se lèvent tous les regards dans la salle des Abencérages, avec ses hautes baies qui l’éclairent.

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    « L’Alhambra de Grenade, un lieu construit pour la lumière », titre un article du site touristique Andalucía. C’est peut-être en admirant la fameuse Cour des Lions des Palais Nasrides que cela se vérifie le mieux. Les fûts très fins des cent-vingt-quatre colonnes en marbre blanc qui supportent la galerie tout autour, les arcs sculptés, les chapiteaux décorés, les nuances de bleu, tout est sublimé par les jeux de l’ombre et de la lumière.

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    La perception de l’espace a quelque chose de magique dans ces palais. On en sort par les Jardins du Partal où le grand bassin attire les photographes – j’ai trop peu parlé de l’eau qui joue un rôle majeur à l’Alhambra. Invitation à prendre la pose pour certains.

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    Une fois de l’autre côté du bassin, on découvre une des vues du site les plus aimées : celle du portique de la Tour des Dames qui s’y reflète, ici dans la douce lumière du soir.

  • Corona di Sonetti, XI

    Seban Du Bellay Portrait.jpgSois présent à la noce, au festin, au tournoi,
    Comme un galant Ronsard ; fuis cette solitude
    Qui peigne et frise un vers et parfume l’envoi ;
    Que ton âme chétive ignore sa quiétude !
    Tu n’entends plus, hélas, fleurir l’esprit du roi,
    Ni fouiller la nature et gagner par l’étude
    L’estime de tes pairs, ni de sa propre loi
    Déposséder ton cœur pour quelque servitude !
    Que de mélancolie en tes sombres Regrets !
    Que de dédain pour Rome et de propos aigrets ;
    Contre Pétrarque, enfin, quelle rude anguillade !
    Mais quel hymne d’amour pour la France et l’Anjou !
    Célébrons le Liré, ce verdoyant bijou,
    D’un rondeau bien tourné, d’une folle ballade.

    Jean-Loup Seban, Les Chapellades du poète courtisan, Van Loock, Bruxelles, 2022.

    Portrait de Du Bellay

     

  • Hommage à Du Bellay

    Des mains amies m’ont mis entre les mains Les Chapellades du poète courtisan de Jean-Loup Seban. Ce recueil de poésie vient de paraître (hors commerce) à l’occasion des cinq cents ans de la naissance de Joachim Du Bellay, grand poète de la Pléiade, ou, comme l’écrit l’auteur, « en l’honneur du Quint-centenaire de la Nativité du sieur du Bellay, Gentil-homme angevin, Poëte excellent ».

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    Jean-Loup Seban se désigne comme un « rimeur d’oire » (d’aujourd’hui). Vous pouvez lire son parcours de professeur, chercheur et pasteur sur le site de l’Association des Écrivains belges. Après la lecture de ses Chapellades (coups de chapeau, selon le glossaire), j’y ajouterai le titre de « versificateur ». « Le poète est un être inspiré, un quasi penseur ; le versificateur est un virtuose. Le poète est un rejeton des dieux ; le versificateur un amant des Muses. » Ainsi le présente Marcel Detiège (à propos d’un autre recueil, La Bouquineuriade) sur le site de l’Association Royale des Écrivains et Artistes de Wallonie-Bruxelles.

    « Souffrez, cher amateur d’ancienne poésie,
    Qu’un vieux bibliophile, ivre de fantaisie,
    Vous présente un hommage au rimeur Du Bellay
    Dont l’œuvre émerveilla tant le clerc que le lai
    De la plus belle cour du monde sublunaire ! »

    Ainsi s’ouvre l’Epistre au lecteur de Seban. Sa « Corona di Sonetti » m’a littéralement éblouie : quinze sonnets dans lesquels nous nous plaisons d’abord à retrouver la personnalité de l’auteur de Défense et Illustration de la langue française, ami de Ronsard, avec qui il fonde la Brigade, puis la Pléiade.

    « Après les brumes, le mauvais temps et les crépuscules du Moyen Age, le soleil se levait enfin sur la France » écrit François Bott au début d’un article du Monde des Livres glissé dans mon XVIe siècle de Lagarde et Michard (Pique-niques Renaissance, sur la nouvelle édition Pléiade de Ronsard et des Œuvres poétiques de Du Bellay en deux tomes dans les Classiques Garnier, 29/10/1983).

    Mais revenons aux sonnets de Jean-Loup Seban : « Ecoutons Du Bellay conseiller l’artisan… » Truffés d’allusions littéraires (le renvoi aux notes en bas de page n’est pas indiqué à l’aide de chiffres mais de signes typographiques : astérisque, croix latine ou double, etc.), ses poèmes nous racontent la vie et l’œuvre du poète qui fut aussi courtisan.

    Tout au plaisir de retrouver le dernier vers d’un sonnet au début du suivant, je découvre peu à peu, et avec ravissement devant tant de virtuosité, en quoi consiste une « couronne de sonnets » : non seulement la chute du poème y devient l’ouverture d’un autre, mais le quinzième sonnet, « Sonetto maestro », sonnet maître, est composé par le premier vers de chacun des quatorze sonnets ! Waouh ! si j’ose écrire. 

    Sous le titre « Apollon malcontent »,  Jean-Loup Seban poursuit même, à partir de ce sonnet maître, par un sonnet à bouts rimés – « rimeur » et « rimailleur », décidément. Puis ce sont des vers en hommage aux poètes de la « Brigade stellifère »« Terza rima » :

    « Aux sept filles d’Atlas, aux sept bardes d’Egypte,
    Gloires d’Alexandrie et du monde lettré,
    Des français se sont joints dans l’éternelle crypte ! »
    (premier tercet)

    Et puis viennent d’autres « poëteries » : sonnets, ballade, stance, iambes… Faut-il rappeler l’origine italienne du sonnet (« sonetto ») et l’admiration des poètes de la Pléiade pour la Renaissance italienne ? Voici « Un amant pétrarquisant » :

    « Noble ami de Manuce, en la Sérénissime,
    Bembo, par ses sonnets dignes d’un troubadour
    Pétrarquisant, cueillit le plus charnel amour
    Auprès de Maria, la veuve aimant la rime ! »

    Sans oublier « Le chat du poëte », qui rappelle la fameuse épitaphe de Du Bellay en mémoire de son chat Belaud.

    « Louons de Belaud la grâce gentille,
    Emmusiquons, cher luth, la cantatille ! »

    Précieux livret paru en mai 2022 chez Claude Van Loock à Bruxelles, Les Chapellades du poète courtisan sont agréablement illustrées d’estampes « du cabinet de l’auteur ». Le papier se caresse de page en page. Deux encarts y sont glissés, un glossaire très utile pour qui ne partage pas tant d’érudition et une reprise du frontispice : un portrait de Du Bellay sous lequel sont cités ces vers de Jacques Moysson : « Tes vers, ta fluidité, /Ta Muse, & ton docte Livre, / Du Bellay te font revivre / D’immortelle éternité. » Merci, Jean-Loup Seban, ami des Muses.

  • Feria

    Dès notre première promenade à Cordoue, en traversant le Guadalquivir sur le pont romain, nous avons croisé, surpris mais ravis, des Andalouses en tenue de fête, de la tête aux pieds. Nous apprendrons plus tard que durant la dernière semaine de mai se déroule chaque année la Feria de Cordoba, une foire en hommage à Notre Dame de la Santé (Nuestra Señora de la Salud).

    Cordoue Feria (1).JPG

    Le soir, en faisant le tour de la Mezquita-Cathédrale, nous avons vu la plus « moderniste » de ces robes spectaculaires sur une élégante qui prenait volontiers la pose et dont le charme faisait visiblement la fierté de son cavalier. (Ma photo est floue, malheureusement.)

    Cordoue Feria (2).JPG

    Dans cette famille photographiée le lendemain le long de la même enceinte, les tenues masculines ne sont pas traditionnelles, mais j’espère que vous apprécierez l’ambiance de cette scène festive prise sur le vif par mon photographe personnel. Festive Andalousie.