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lumière - Page 3

  • Sauvages

    Rouge Cloître octobre (13).jpgQu’ils sont gais à rencontrer, les cyclamens sauvages !
    A cette saison où les feuillages se dorent au soleil, où le Rouge-Cloître déploie ses couleurs, ces touffes aux subtiles nuances de rose, çà et là sous les arbres, captent le regard.

     

    Rouge Cloître octobre (14).jpg

     

    Les premiers, plus vifs, prenaient leur bain de lumière de l’après-midi. Les seconds, plus à l’ombre, plus pâles, offraient leur douceur au regard.

     

     

    Quoi que dise le cyclamen dans le langage des fleurs, le mot « délicatesse » lui correspond parfaitement.  

  • Vieil or d'octobre

    Démenti à la mauvaise réputation du ciel belge, le soleil a brillé sur la dernière semaine d’octobre. Du temps idéal pour se promener au Rouge-Cloître paré de tout son vieil or. Ce site en forêt de Soignes, vous l’avez déjà vu ici, est remarquable à toutes les saisons.

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    Tandis que certains pêchent tranquillement et que d’autres font carrément la sieste, couchés sur la rive, nous prenons l’allée ensoleillée qui longe l’étang du Moulin, si belle sous la lumière d’automne filtrée par les feuillages.

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    Plus loin, une plate-forme en surplomb donne un excellent point de vue vers le grand étang des Clabots. Les arbres tombés ou chablis sont des refuges fort appréciés des canards et autres volatiles qui s’y reposent, sans être dérangés le moins du monde par les passants ou les photographes amateurs.

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    Devant nous, derrière, de quelque côté que l’on regarde, le festival des couleurs est bien lancé. La gamme des jaunes domine encore sur les arbres, mais les tapis de feuilles sous les hêtres annoncent déjà le rouge rouille caractéristique du sol de cette belle forêt.

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    En revenant par l’autre côté des étangs, on se rapproche peu à peu de la longue et superbe bâtisse blanche de la Maison du Prieur. Sa restauration est à présent terminée. On espère y retrouver l’an prochain une terrasse où se régaler peut-être, comme au siècle dernier, de tartines au fromage blanc et radis.

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    A l’arrière du prieuré, l’ancienne ferme et ses annexes accueillent des ateliers d’art et l’association Cheval et Forêt. Deux Brabançons étaient de sortie, on ne se lasse pas d’admirer ces fameux chevaux de trait qu’on voyait dans tous les villages quand nous étions enfants.

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    A droite des écuries, un chemin monte vers un beau talus champêtre, un côté du site souvent moins fréquenté, où le soleil jetait ses derniers feux. Puis on arrive à la plaine de jeux. En ce jour d’école, deux gamins avaient pour eux seuls le grand bateau-pirate en bois à explorer en tous sens.

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    En continuant vers la droite, on descend vers la passerelle entre les deux étangs du Lange Gracht. Les cygnes n’étaient pas les seuls à en fouiller la vase. Après avoir traversé, on retourne vers l’entrée par la rue pavée du Rouge-Cloître.

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    Du talus où prospèrent les prêles et les roseaux, on a une jolie vue sur le site et ses murs d’enceinte. Profitant du dernier soleil de la journée, un canard s’éclaboussait joyeusement sur le petit étang du Lange Gracht.

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    Pour cette semaine de congé, je signale l’exposition « Jojo en balade à Rouge-Cloître » présentée actuellement au Centre d’art (ancien prieuré), qui plaira aux enfants d’aujourd’hui comme à ceux d’hier qui lisaient Spirou : elle rend hommage au bédéiste André Geerts (1955-2010) et à son petit héros malicieux.

  • Ouverture

    Asse Lignes et rouge 2010.jpg« Est-ce le bleu qui fit naître dans vos tableaux cette ligne qui les partage ?
    Je ne pense pas. J’ai dit que les lignes qui traversent ma peinture ne sont pas d’aujourd’hui. Auparavant, elles délimitaient la fenêtre ou les portes : elles étaient l’ouverture. Maintenant, la ligne est l’ouverture d’une couleur. En fait, je prolonge cette ligne, que l’on retrouve dans mes gravures, dans mes dessins. C’est comme le trait d’un silex qui fractionne la lumière. Il peut être tracé avec un autre instrument. Dans le travail, le peintre saisit ce qu’il trouve autour de lui : un pinceau, un couteau, un crayon noir ou de couleur. J’ai besoin quelquefois d’un fil, ligne de couleur, fil à plomb : d’un trait rouge qui apporte sa chaleur. Le rouge m’attire, mais je ne l’emploie que très peu pour le moment. »

    Silvia Baron Supervielle, Un été avec Geneviève Asse

    Geneviève Asse, Lignes et rouge, 2010, print, lithography
    © Photo: Jean-Louis Losi, © ADAGP, Paris, Banque d’Images de l’ADAGP

    Rappel de l’exposition en cours à la Wittockiana :
    « Geneviève Asse – Une fenêtre sur le livre »
    jusqu’au 30 janvier 2022.

     

  • Un été avec G. Asse

    Sur l’Ile aux Moines où Geneviève Asse (1923-2021) avait sa maison, Silvia Baron Supervielle l’a interrogée en 1995 sur sa vie, son œuvre : Un été avec Geneviève Asse, paru à L’Echoppe l’année suivante, est disponible à la Wittockiana où se poursuit l’exposition « Geneviève Asse, une fenêtre sur le livre ». Vous rappelez-vous le temps où l’on s’armait d’un coupe-papier avant de lire ? J’ai retrouvé en lisant cet entretien les plaisirs de l’édition à l’ancienne, qui donne à caresser les pages et la tranche du livre aux douces aspérités.

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    Vue extérieure de la maison de l’artiste Geneviève Asse, 17 mai 2011 en Bretagne, France.
    Photo © Catherine Panchout/Sygma via Getty Images

    Les questions posées à la peintre amie, échelonnées sur quelques semaines, permettent à Geneviève Asse de remonter le temps et de raconter, en même temps que ce qu’elle a vécu, ce qui a guidé son art. Avant de l’acquérir, elle connaissait cette maison pour y être venue avec sa grand-mère qui les a élevés, son frère jumeau et elle. « C’était revenir à cette lumière qui m’a entourée et qui a nourri mon travail. »

    Enfants, ils étaient très seuls. Leur mère divorcée partie travailler à Paris, ils vivaient avec leur grand-mère normande que Geneviève Asse admirait, une humaniste aux idées très avancées, bonne et intelligente, féministe, qui les a élevés « dans une liberté complète ». Dans la presqu’île de Rhuys, ils allaient « à travers champs jusqu’à la mer, dans sa lumière », lisaient dans la bibliothèque du Bonnervo où régnait « une grande ouverture d’esprit ». 

    « Son indépendance vous donna l’occasion de découvrir les choses par vous-même, dans la solitude…
    Ce fut ainsi toute ma vie. C’est dans la solitude et avec une nourriture que j’accumulais au fond de moi, que se forgea, si je puis dire, mon désir de peindre. »

    Geneviève Asse n’a pas connu son père, épousé par sa mère après la guerre 14-17, un mariage arrangé et raté. Vu son peu de ressources, sa mère divorcée avait trouvé un emploi dans une maison d’édition à Paris, dont elle épousera plus tard le propriétaire. C’est à l’âge de dix ans que ses enfants la rejoignent dans la capitale, découvrent les musées, les expositions. Trop rêveuse, Geneviève Asse n’est pas très bonne à l’école privée. Leur vie matérielle est assez difficile, il faut « faire attention », elle le cache par fierté.

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    Geneviève Asse dans son atelier, 8 juin 2013 Photo © Hubert Fanthomme, Paris Match via Getty Images

    « J’ai toujours pensé qu’il me fallait être heureuse avec le monde que j’avais en moi. » Pas particulièrement douée pour le dessin, l’artiste dit avoir été peintre, « intérieurement, depuis toujours ». Rien d’autre ne l’a jamais attirée : « Peindre, c’est comme boire, dormir ou manger. » Au Louvre, elle admire les natures mortes de Chardin, leur composition, la sobriété des couleurs. « J’aimais la peinture construite d’espace et de silence. »

    Entrée à l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs dans Paris occupé, en 1940, elle se fait membre de l’UNEF qui essaie d’agir contre l’occupant. Elle expose ses premiers tableaux au Salon des moins de trente ans, des paysages et des natures mortes. Elle fréquente l’atelier de l’Echelle, mais reste en marge. Encouragée par Othon Friesz, elle rencontre le collectionneur Jean Bauret chez qui elle fait connaissance avec des écrivains, des musiciens, des peintres. Parmi ses préférés, Braque et Matisse – « sa peinture ne faisait qu’un avec le trait ».

    Elle s’engage dans les F.F.I. et fait un stage à la Croix-Rouge pour devenir « conductrice-ambulancière ». Une vingtaine de pages d’Un été avec Geneviève Asse sont consacrées à cette « sorte d’aventure » qui l’a beaucoup marquée : désir d’agir pour ceux qui souffrent, camaraderie avec des jeunes femmes de cultures diverses réunies par la fraternité sous l’uniforme, douleurs et dangers de la guerre, jusqu’en Allemagne et puis au camp de Terezin en Tchécoslovaquie, où Desnos vient de mourir.

    Au retour, fin 45, Geneviève Asse vit pauvrement, présente des projets pour des tissus de haute couture, pour des vitrines. Elle peint des petits formats, en vend parfois. « Je peignais des choses silencieuses. » Elle cherche la sobriété, la lumière. En 1961, elle se rend dans l’atelier de Morandi, centré lui aussi sur les objets. Peu à peu, elle s’éloigne de la forme, s’intéresse davantage aux couleurs – blancs, bleu clair, notes de vert ou de rouge passé – et quitte la figuration.

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    © Geneviève Asse, Ligne blanche intérieure
    © Coll. Centre Pompidou / Christian Bahier , Philippe Migeat / Dist. Rmn-GP

    Pierre Lecuire lui fait découvrir la gravure, le beau livre. Elle aime la pointe sèche et l’aquatinte. Peinture, dessin et gravure sont « un tout qui avance ensemble ». Sur ses rencontres avec des poètes, Geneviève Asse a cette belle parole : « J’aime aimer complètement. » Elle est rapide pour graver : « On peut écrire en peignant aussi. » La suite de l’entretien éclaire sa démarche d’artiste souvent instinctive, et comment ce « bleu Asse » lui est venu petit à petit. « La peinture est mystérieuse, inexplicable. Il y a le geste, et un combat entre les couleurs et la toile. »

  • Ouverture

    silvia baron supervielle,un été avec geneviève asse,entretien,littérature française,conductrice-ambulancière,ile aux moines,paris,presqu'île du rhuys,asse,lumière,ligne,culture,autobiographie,bleu« Est-ce le bleu qui fit naître dans vos tableaux cette ligne qui les partage ?
    Je ne pense pas. J’ai dit que les lignes qui traversent ma peinture ne sont pas d’aujourd’hui. Auparavant, elles délimitaient la fenêtre ou les portes : elles étaient l’ouverture. Maintenant, la ligne est l’ouverture d’une couleur. En fait, je prolonge cette ligne, que l’on retrouve dans mes gravures, dans mes dessins. C’est comme le trait d’un silex qui fractionne la lumière. Il peut être tracé avec un autre instrument. Dans le travail, le peintre saisit ce qu’il trouve autour de lui : un pinceau, un couteau, un crayon noir ou de couleur. J’ai besoin quelquefois d’un fil, ligne de couleur, fil à plomb : d’un trait rouge qui apporte sa chaleur. Le rouge m’attire, mais je ne l’emploie que très peu pour le moment. »

    Silvia Baron Supervielle, Un été avec Geneviève Asse

    Geneviève Asse, Lignes et rouge, 2010, print, lithography
    © Photo: Jean-Louis Losi, © ADAGP, Paris, Banque d’Images de l’ADAGP