Parc Josaphat, Schaerbeek, 30.XII.2016
lumière - Page 6
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Balade sans paroles
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Couleur
« Avant que nous puissions nommer la couleur que nous voyons, elle est en nous. »
« Devinette : qu’est-ce qui est si fragile que même dire son nom peut le briser ?
Le silence… »
Siri Hustvedt, Un monde flamboyant
Photos : Chapelle St Vincent au cimetière de Grignan,
mise en lumière d'Ann Veronica Janssens, 2013 -
Lumières drômoises
« Tous les mois de l’année sont des essais sommaires
d’où le parfait septembre tire sa composition » :
cette phrase de Virginia Woolf (Journal) pour partager avec vous
un peu de ces lumières drômoises qui m’ont enchantée.Ici ou là, un indice.
Au Temple de Venterol, pour les journées du patrimoine,
des photos de Chris Hoffmann (parrainage d’enfants cambodgiens)
– reflets dans un détail photographié sur place, beauté et secrets des visages.Photos sans légendes, pour le plaisir du regard.
Ouvrir grand les yeux, les fenêtres.
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Du ciel sur la terre
Après des jours gris, après la pluie encore et encore, un jour de lumière éblouissante : allons-nous promener à la campagne. Dans ce coin du Brabant flamand, les fossés gorgés d’eau jouent aux métamorphoses, les prairies inondées offrent un miroir aux nuages. Du ciel sur la terre.
Les verticales et les horizontales parfois se dédoublent, soulignent ici une clôture, là un chemin, une allée d’arbres du « plat pays qui est le mien ». On voudrait être peintre pour capturer ces lignes, on camperait son chevalet au bord de la route pour rendre grâce à la beauté d’un tel jour.
Les arbres aussi sont à la fête. Peupliers blancs, saules, habitués des terres humides. En février, ils bourgeonnent à peine mais déjà leur ramure s’élance, on perçoit comme un frémissement qui adoucit leur ramure, annonce le fin brouillard printanier de la feuillaison.
A notre approche, un couple de canards enchantés des nouveaux territoires gagnés par l’eau cherche un refuge. Il y a tout ce qu’il faut à la lisière des prés, herbes sèches, haies naturelles des arbustes aux branches verdies qui s’ouvrent en éventail, promesses d’ombre.
Majesté végétale, cet arbre-ci embrasse tout, le ciel et le paysage. Sur son canal éphémère, regardez comme il se déploie, traversé par la lumière, comme il offre de l’air à ses branches et ses branches aux oiseaux, comme il invite au regard ! Nous le saluons.
Au canal de Louvain, la perspective est plus classique. On pense à certaines rangées d’arbres sous le pinceau d’Emile Claus, au Canal en Flandre de Théo Van Rysselberghe (mais ici, le temps n’est pas triste). Miroir friselé auquel une bande de mouettes, prises au jeu des reflets, apposent leurs paraphes blancs. Sur la berge, les oies fouillent du bec la terre spongieuse.
Une péniche a passé l’écluse, elle vient troubler la scène : les oiseaux s’envolent, s’écartent, les remous dispersent le paysage inversé. Tout reprendra bientôt sa place, les arbres reviendront se mirer dans l’eau tranquille. Illusion de l’immobilité : les nuages se sont éloignés, d’autres se rapprochent, la lumière change imperceptiblement.
On pense à Marie Gevers et à son étang. Au retour, le long des fossés qui débordent, c’est à qui l’emportera sur l’autre. Le bleu des mares ou celui du ciel ? L’arbre qui s’élance ou son reflet qui se noie ? La terre fait aujourd’hui* le plein de lumière.
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Comme un animal
« Je peins seulement à la lumière naturelle et celle-ci est comme un animal. Elle respire, change d’humeur. Une lumière artificielle est rigide et stérile. De même que quelqu’un savoure un cigare ou du vin, je savoure la lumière depuis toujours. C’est un miracle sans cesse recommencé. »
(Entretien avec Thomas Schlesser et Mélanie Gentil, Novaplanet, 26/2/2014)
© Michaël Borremans, Blue, 2005As sweet as it gets, Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, 2014
P.-S. En ce moment (10h10) sur Musiq3 : rediffusion de l'entretien avec Jan Hoet.