C’est l’été encore, même si à Bruxelles, août ramène déjà un air plus frais poussé par le vent d’ouest. Un temps propice aux promenades, et cette fois, pas au parc Josaphat tout proche, mais dans le parc de mon enfance, à Woluwe-Saint-Pierre (on prononce Woluwé, commune et parc tirent leur nom d’un ruisseau, la Woluwe).
L’hiver, on y emmenait sa luge, les patins à glace (rares étaient les hivers où les étangs Mellaerts, de l’autre côté du boulevard du Souverain, gelaient assez pour permettre de s’élancer à leur surface). L’été, on y va pour flâner, pique-niquer, lire, bronzer, jouer… Certains sont adeptes du mini-golf, d’autres du canotage. Les botanistes amateurs, les amis des oiseaux y ont de quoi s’occuper. (Penser la prochaine fois à emporter un Guide des arbres pour combiner l’observation et la marche.)
Au bas de la passerelle qui a pris la place de l’ancien pont du chemin de fer au-dessus de l’avenue de Tervueren, quand au lieu de prendre la grande allée, on se dirige à droite vers les étangs, après de petites chutes pittoresques, on a déjà un beau point de vue sur le coin des oiseaux où un cormoran est resté longtemps à se sécher les ailes, déployées comme les bras d’un danseur.
Vertes pelouses et miroirs des étangs, grands arbres et ponts en rocaille, c’est un décor pour photographies de mariage ou rendez-vous entre amis. Ce parc à l’anglaise couvre environ septante hectares, il date de la fin du XIXe siècle.
Pour l’Exposition Universelle de 1897, Léopold II, roi bâtisseur, voulait un grand parc le long de la nouvelle avenue de Tervueren qui relie les deux sites de l’exposition, le Cinquantenaire et le « musée colonial » de Tervueren, aujourd’hui Musée royal de l’Afrique centrale. Et ainsi attirer la bourgeoisie – pari réussi, cette avenue est une des plus prestigieuses de Bruxelles. Joseph Hoffman y bâtira le fameux Palais Stoclet, du nom de son commanditaire.
Une des avenues du parc de Woluwe porte le nom d’Emile Lainé, un architecte-paysagiste français qui contribua également à l’aménagement des parcs de Forest et de Tervueren (Tervuren en flamand). Tout en pentes, en face du Chien Vert, le parc de Woluwe offre des vues très variées. On peut y profiter largement du soleil, mais on y trouve aussi des allées ombragées.
A cette saison où tous les verts tendent à se ressembler, un cercle de jeunes hêtres pourpres, l’éclat argenté d’un arbrisseau, les bogues vert tendre des châtaignes attirent l’œil.
Mais ce que je préfère, en me promenant, c’est suivre le jeu de la lumière dans les feuillages, à contre-jour, et en particulier lorsque les feuilles des branches basses se laissent traverser par le soleil. Dans les sous-bois, la lumière fait le spectacle – on serait peintre, on y planterait son chevalet.
Commentaires
"Mais ce que je préfère, en me promenant, c’est suivre le jeu de la lumière dans les feuillages, à contre-jour, et en particulier lorsque les feuilles des branches basses se laissent traverser par le soleil. Dans les sous-bois, la lumière fait le spectacle – on serait peintre, on y planterait son chevalet."
Très belle évocation et découverte Tania!
( Le 15 août, ai photographié des sous-bois en Corrèze, moins prestigieux que ceux-ci...)
Il doit faire bon flâner dans cet immense parc les jours d'été brûlant comme nous avons encore à Paris actuellement. Très belles photos.
je connais ce beau parc, et voilà que grâce à toi, je le découvre autrement encore: magnifique!
@ Versus : Merci, Versus. A bientôt vos photos en ligne ? Pour le prestige, à mon avis, les arbres s'en fichent.
@ Claire : Nous avons un été splendide cette année, et qu'il fait bon se promener, oui !
@ Coumarine : Heureuse de te retrouver ici, Coumarine. J'ai beaucoup de souvenirs dans ce parc, heureuse de partager avec toi cette promenade dans un lieu familier.
Tout est si beau, tout est si apaisant, tout est si vert, tout est si ensoleillé! Les photos sont si belles qu'on a l'impression que vous les avez peintes. Quel contraste avec notre paysage qui commence à griller!
Vous n'êtes peut-être pas peintre mais vous êtes une photographe douée.
Merci beaucoup pour la découverte Tania.
Pareil ! Je te trouve très douée par la photo paysagière et une talentueuse captatrice de lumière. Tu magnifies encore ce parc que j'imagine magnifique. Mais pour ce qui est du ruisseau dont tu parles, je croyais qu'il s'appelait la Weluwe et coulait jusqu'en Gueldre. Ou y en a t-il un autre ?
@ Gérard : Votre enthousiasme et votre gentillesse me touchent. Du vert, oui, nous avons la chance d'en bénéficier un peu partout à Bruxelles. On peut à présent faire le tour de la région en vélo ou à pied en suivant la "Promenade Verte" : http://fr.wikipedia.org/wiki/Promenade_verte_(Bruxelles)
@ Euterpe : Merci, Euterpe. La Veluwe se trouve aux Pays-Bas et comprend notamment le parc de la Hoge Veluwe avec son beau musée Kröller-Müller. La Woluwe est un affluent de la Senne, un sous-affluent de l'Escaut, tu trouveras une jolie photo de ce ruisseau sur Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Woluwe_(ruisseau)
Je bois à m'en saouler tous ces verts, ces ombres de verts, leur brillance, fraîcheur. Et l'eau. Tout ce qui manque ici en ce moment, je me sens si gâtée par toi, moi aussi, merci!
Chère Colo, je t'offrirais volontiers tous les verts du monde, y compris le vert smaragdin. Pour combler ce manque, jette un coup d'oeil ici - http://pourpre.com/chroma/dico.php?typ=champ&ent=vert - ou là - http://pourpre.com/chroma/dico.php?typ=teinte&ent=105
Merci pour cette balade guidée dans les verdures bruxelloises.
Tout cela ne tardera pas à dorer et roussir et vaudra une balade encore plus décorative, sans doute. Un été indien pour couronner la si belle saison ?
j'y ai fait de jolies promenades aussi il y a quelques années - merci de me rappeler ces moments-là tania
@ Christw : Les parcs publics sont les poumons des villes et, c'est vrai, ils ont du charme aux quatre saisons. Bonne journée.
@ Niki : Avec plaisir, Niki, il est si agréable de flâner, et pourquoi pas dans le temps.
Le genre de parc où il fait bon se promener et regarder les jeux de lumière selon les heures et les saisons. Dans les parcs contemporains, je trouve qu'il n'y a jamais assez d'arbres. Ce sont eux qui font le charme et la majesté des lieux (pensé à toi hier à Versailles, expo Penone tout-à-fait à sa place dans ce site grandiose).
"L'esprit vient de la vie : il est dans les montagnes, les rivières, l'herbe et les arbres." (Gao Xingjian) Merci de cette pensée à Versailles, je n'ai pas vu l'exposition, mais je l'imagine - et j'espère des photos comme tu sais en prendre.
C'est merveilleux ces coins de verdure (disciplinée, pourtant) qui permettent aux citadins de goûter à la beauté de la nature. Il paraît que Bruxelles est la zone la moins touchée par les pesticides et qui continue à accueillir les abeilles, ces opératrices de charme !
à chacun(e) ses parcs, Jacques Higelin :
- "Le Parc Montsouris c'est le domaine
Où je promène mes anomalies
Où j'me décrasse les antennes
Des mesquineries de la vie..."
@ Saravati : Il semble en effet que les abeilles se portent mieux en ville que dans les campagnes. Il a été décidé d'interdire totalement les pesticides dans les espaces publics bruxellois en... 2019, mais leur usage y est déjà réduit strictement. Bonne fin de journée, Saravati. http://www.lacapitale.be/734646/article/regions/bruxelles/actualite/2013-05-31/bruxelles-l-usage-des-pesticides-est-desormais-interdit-dans-les-lieux-sen
@ JEA : Décrassons-nous en chanson, le soleil est de retour.
Bravo pour votre très beau texte sur le parc de Woluwe:)))
En espérant vous croiser dans un café quand ma poésie d'ermite des routes du Canada vagabondera Bruxelles cet été:)))
Pierrot
www.enracontantpierrot.blogspot.com
www.reveursequitables.com
sur youtube
Simon Gauthier, conteur, le vagabond celeste
Quand je doute de la qualité de mon intensité de lumière, je refais l'expérience de la palette de chocolat. Je te raconte. Un jour que je vagabondais avec un camarade existentiel, je lui racontai mon désarroi. J'avais juste assez d'argent sur moi pour me payer un fantasme, une palette au chocolat caramilk. Et j'avais honte de mon aveuglement créé par la faim. Et j'étais gêné de lui en offrir la moitié parce que lui aussi sans le sou, il aurait probablement le goût de manger autre chose.
Ce compagnon me dit: t'as jamais essayé d'acheter une palette au chocolat caramilk à l'autre, en remerciant la vie si par pure bienveillance, il t'en redonne la moitié?
Dans l'histoire vraie racontée par ma chanson des allumettes, je réalise quelques années plus tard, qu' il y a eu la pure émotion ''caramilk'' d'avoir donné une allumette à l'autre en recevant mille fois plus par son feu du matin.
SUFFIT D'UNE ALLUMETTE
ma liberté
une nuit un orage
un jeune pouceux que j’ai connu s’a route
à 25 ans
y a perdu son courage
j’ai 58
c’est pas grave un naufrage
l’un comme l’autre
pas de sac de couchage
rien à manger
une chance ma gourde est pleine
le jeune a mal aux pieds
j’le vois dans son visage
y va pleuvoir
c’est glacé dans ses veines
REFRAIN
que je lui dis
suffit d’une allumette
pour enflammer ta vie
rêve d’une conquête
d’un grand feu sous ta pluie
d’un grand feu sous ta pluie
COUPET 2
ma liberté
une nuit un orage
j’ai dit au jeune
va dormir en d’ssous d’l’arbre
m’a prendre soin d’toé
m’a m’occuper du feu
mets mon manteau
tu vas t’sentir au chaud
une chance qu’on est
en d’ssous d’un sapinage
je casse des branches
chu mouillé d’bord en bord
la run est toffe
pendant que le jeune dort
je pris pour qu’il
retrouve son courage
COUPLET 3
ma liberté
une nuit un orage
au p’tit matin
chu complètement crevé
y mouille encore
mon feu est presque mort
le jeune se lève
y est comme énergisé
y fonce dans l’bois
y casse des gros branchages
y est en pleine forme
son feu m’monte au visage
sèche mon linge
lui son manque de courage
y m’sert la main
et reprend son chemin
REFRAIN FINAL
c’est lui qui m’dit
suffit d’une allumette
pour enflammer ma vie
j’te jure
que j’rêverai de ma conquête
d’un grand feu sous ma pluie
et le vieux
je te remercie
Pierrot
vagabond celeste
Bonjour, Pierrot, rêveur équitable. Je reprends ici les mots d'accueil sur votre site : "Rêveur Équitable ? Toute personne qui décide de prendre soin de la beauté du monde... Sans intérêt personnel caché..." Bonne route.
Merci beaucoup pour ces précisions, Tania !