NINA
Nous allons nous séparer… peut-être pour toujours. Je vous en prie, acceptez ce petit médaillon en souvenir de moi. J’y ai fait graver vos initiales et, de l’autre côté, le titre de votre livre : Les Jours et les Nuits.
TRIGORINE
Comme c’est gracieux. (Il embrasse le médaillon.) Un charmant cadeau !...
NINA
Pensez à moi quelquefois.
TRIGORINE
Je ne vous oublierai pas. Je me souviendrai de vous, en robe claire, par cette journée lumineuse – vous rappelez-vous ? – il y a une semaine. Nous bavardions… Une mouette blanche était posée sur un banc…
NINA, pensive
Oui, une mouette…
Anton Tchekhov, La mouette (acte III)
Commentaires
C'est émouvant. Tchékov, nous semble classique aujourd'hui, pourtant, il s'agissait bien d'un nouveau théâtre; parfois je me dis qu'il est mot très jeune et pourtant, il a vraiment beaucoup écrit; j'ai un recueil énorme de ses nouvelles sur ma table de nuit; parfois, entre 2 autres lectures, j'en lis une.......Merci, Tania pour faire remonter tout ça par cet extrait bien choisi!
Quand j'ai vu ces mouettes sur l'étang, j'ai pensé à cette pièce que j'aime beaucoup, ses nouvelles aussi. Bonne journée, Anne.
Tu relis "la mouette" ? ou tu cherchais cet extrait pour illustrer ta récente balade peut-être. En tout cas, ce court passage donne envie de continuer la lecture.
Non, j'avais juste envie de montrer cette photo qui m'y a fait penser et j'en ai donc relu quelques passages pour illustrer l'image par les mots ;-).
En tous cas c'est un fort bel accord, lumineux en effet, entre la photo ensoleillée et les mots nostalgiques de Tchekhov ...
Merci, Ariane.
Je l'ai vu jouer au festival d'Avignon dans un petit théâtre sordide créé au fond d'un réduit à l'arrière d'un bar (oui, il y a des abus au festival) mais je me souviens toujours de l'interprétation et du jeu des comédiens qui nous faisaient voir l'eau, les oiseaux... La puissance de l'imagination.
Parmi les mises en scène que j'ai vues, je garde au cœur celle de Philippe Sireuil au Théâtre Varia à Bruxelles - il y a bien des années.