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arbres - Page 4

  • Verger conservatoire

    A proximité de la fondation Folon à La Hulpe, un grand panneau présente le verger conservatoire du domaine Solvay. C’est l’un des plus grands de Wallonie, sur près de cinq hectares. Le Centre wallon de Recherches agronomiques ( Le CRA-W collabore avec les Hauts-de-France) veille à restaurer la diversité des arbres fruitiers – savez-vous que 80% des pommes proposées sur le marché belge sont de trois variétés seulement ?

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    3400 variétés fruitières ont été collectées et conservées depuis 1975. Ce verger-ci compte déjà quatre cents variétés anciennes. Voilà qui aurait fait plaisir à ma mère, nostalgique des pommes délicieuses du verger de son enfance. Il faudra revenir au château de la Hulpe quand ces arbres seront en fleurs.

  • Des arbres en hiver

    Par les températures si douces de la dernière semaine de février, l’appel de la nature était irrésistible. Si le parc du château de La Hulpe est quelque peu « envahi » durant le week-end, ce lundi-là, on pouvait s’y promener en toute quiétude. Ce domaine régional aux portes de la région bruxelloise comporte de nombreux arbres remarquables. Sur ce plan du parc, on en situe vingt-cinq d’espèces différentes.

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    Ce robinier faux acacia – si c’est bien lui – illustre la beauté des arbres en hiver, quand leur ramure se dessine à l’encre de Chine sur le ciel. Spilliaert aimait peindre les arbres à cette saison où l’on distingue si bien les branches qui s’étagent, qui se divisent et s’affinent vers leur extrémité, leur allure interne. A présent, les rameaux les plus fins créent déjà une impression de flou sur leur contour, signe de renaissance.

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    Sans ses feuilles, comment reconnaître un arbre ? Mon Guide des arbres d’Europe  conseille de regarder alors « l’écorce et le port » et présente trois pages de « rameaux hivernaux des arbres facilement reconnaissables » aux bourgeons opposés ou alternes. J’aurais pu l’emporter. Mais tout au plaisir de la marche, on s’arrête peu, c’est le contraire d’une promenade d’observation. Qui m’aidera à nommer cet arbre qui porte encore au bout de certaines branches quelques cupules ouvertes en croix ? J’aime sa rondeur, son élan vers le ciel.

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    Quant aux conifères, dont la verdeur fait plaisir à voir, ils ne sont pas faciles à distinguer les uns des autres. Celui-ci serait un épicéa – ses petits cônes bien accrochés pendent – et non un sapin aux pommes dressées, si je ne me trompe. Avez-vous vu le sourire de Chantal Thomas à La Grande Librairie quand François Busnel lui a présenté une pomme de pin, au moment d’évoquer De sable et de neige ?

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    Les talus de la butte calcaire au bord du chemin qui mène vers l’étang de la longue queue s’érodent dangereusement – les racines des hêtres sont dénudées, les arbres fragilisés, plusieurs sont déjà tombés lors des grands vents. Pour la protéger, l’accès à la butte n’est dorénavant plus autorisé, au grand dam des enfants qui aimaient y grimper.

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    Une compagne de promenade me montre au bord de l’eau une curiosité que je n’avais jamais observée : des pneumatophores. « En botanique une excroissance aérienne des racines de certains arbres ayant pour fonction les échanges gazeux quand ils sont impossibles pour les racines dans les zones humides. » (Wikipedia) J’aurais bien fait de photographier l’arbre en entier : un copalme d’Amérique (le bas du tronc pourrait correspondre à son écorce « brun foncé avec des crevasses subéreuses » (id.) ? Ou un cyprès chauve auquel les pneumatophores permettent de respirer dans des sols gorgés d’eau, comme à cet endroit ?

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    arbres,domaine solvay,la hulpe,arbres remarquables,promenade,observatiion,nature,cultureLe parc de La Hulpe comporte plusieurs cryptomérias du Japon (une petite plaque identifie l’un d’entre eux). Leurs troncs joliment cannelés ont des couleurs changeantes, du brun à l’orange, du rouge au vert. Leur écorce, une fois bien observée, est très reconnaissable et aussi leurs feuilles courbées vers l’avant. Au bout des rameaux s’étirent des chatons d’un vert plus jaune alors qu’ils portent encore par ailleurs des petits cônes de deux centimètres tout au plus.

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    Quand on remonte vers le château, quelle merveille de voir se détacher sur le ciel, en haut de la pelouse, les silhouettes des arbres. On les dirait dessinées à l’encre de Chine !

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    Les murets du pont de pierre s’arrondissent sous leurs ornements, même si sous un ciel gris, les mousses ne brillent pas autant qu’un jour de soleil. Le long du chemin repose un tronc coupé à la torsade impressionnante. Les arbres sont plus mobiles qu’on ne l’imagine : ils cherchent la lumière, jouent avec le vent.

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    Plus loin, un feuillage d’un vert frais qui se glisse entre des arbres nus attire mon regard – encore un conifère inconnu. Ses branches tendues à l’horizontale sont de toute beauté. Et puis, à quelque distance du chemin qui mène vers la ferme de la Fondation Folon, voici les lignes élancées de jeunes bouleaux dansant en rythme le long d’un bosquet, légèrement courbés en direction de bouleaux plus âgés.

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    La lumière de leurs écorces, qui contrastent gracieusement sur le reste de la végétation, est aussi du plus bel effet sur l’autre rive du plan d’eau. 

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    Au bout de celui-ci, on aperçoit la cime d’un autre arbre remarquable du domaine, un sapin de Vancouver, qui domine tout – il peut atteindre soixante mètres de hauteur. Quand on redécouvre les lignes blanches des bouleaux avec de beaux cornouillers décoratifs à l’avant-plan, comment ne pas s’arrêter à nouveau pour contempler ?

  • Dans les bois

    « Promenons-nous dans les bois / Pendant que le loup n’y est pas… » Quelques photos souvenirs d’une bonne marche dans les bois, en Brabant wallon. Un bain de nature et quelques questions. La première : quel avenir pour un arbre dont les racines sont à moitié découvertes ?

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    Rendre en photo la grandeur d’un arbre – celui-ci en imposait et par sa taille et par son allure – n’est pas facile. Aurait-il fallu que quelqu’un prenne la pose au pied de ce chêne ?

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    Et voici, au bord du chemin, des charmes « fusionnels », comme les appelle joliment un compagnon de balade. Connaissez-vous le mot « anastomose » ?

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    « Pour le botaniste ou le forestier, le mot anastomose décrit la fusion physique et fonctionnelle des organes de deux végétaux, en général appartenant à la même espèce, et via les racines » (Wikipedia).

  • Mimas

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    Des sons surgissent et s’échappent de la bouche de Nick, des syllabes qui veulent dire, en gros :
    Oh nom de Dieu c’est pas possible. Cela fait des semaines qu’il voit des arbres géants, mais jamais un monstre pareil.
    Mimas : plus large en diamètre que la vieille ferme de son arrière-arrière-arrière-grand-père. D’ici, tandis que le couchant les drape, la sensation est primitive : le darshan, une exposition en face à face avec la divinité. L’arbre s’élève tout droit comme une butte rocheuse du désert et oublie de s’arrêter. Vu d’en dessous, ce pourrait être Yggdrasil, l’Arbre-Monde, qui a ses racines dans le monde souterrain et sa cime dans le monde céleste. A huit mètres de hauteur, un tronc secondaire surgit de l’étendue du flanc, en une branche plus grosse que le Châtaignier d’Hoel. Deux autres troncs bifurquent plus haut. Le tout ressemble à un exercice de cladistique, l’Arbre de Vie, l’Arbre de l’Evolution : une grande idée qui éclate en une famille de branches nouvelles, tout là-haut au fil du temps long. »

    Richard Powers, L’Arbre-Monde.

    Yggdrasil, peinture attribuée à Oluf Bagge (Edda, 1847), Wikimedia Commons

  • Arbre Monde Vie

    Le bandeau 10/18 annonce deux prix attribués à L’Arbre-Monde de Richard Powers (The Overstory, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Serge Chauvin) : le Grand Prix de littérature américaine en 2018, le Pulitzer en 2019. Voilà qui encourage à lire ce roman de plus de sept cents pages (10/18) en quatre parties intitulées « Racines », « Tronc », « Cime », « Graines ». 

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    « Au début il n’y avait rien. Et puis il y eut tout. » L’ouverture est quasi mystique. Une femme assise contre un pin entend l’arbre lui dire « des choses, en mots d’avant les mots. » « Racines » raconte successivement comment les neuf protagonistes du roman, dont un couple, qui évoluent au départ dans des sphères très différentes, ont noué chacun une relation particulière avec des arbres.

    Le premier chapitre s’ouvre sur un festin de châtaignes grillées. Au dix-neuvième siècle, Hoel, un Filnlandais qui travaille sur les chantiers navals de Brooklyn, épouse Vi, une voisine irlandaise. La nationalité américaine obtenue, ils s’installent dans l’Iowa pour cultiver la terre sur une vingtaine d’hectares. Au printemps, Vi est enceinte et son mari enfonce dans la prairie sans arbres autour de leur cabane six châtaignes retrouvées dans une poche, loin de l’habitat naturel des châtaigniers, dans l’idée qu’un jour, ses enfants « secoueront les troncs et mangeront gratis. » Magnifique chapitre sur « le Châtaignier d’Hoel » qui deviendra un point de repère dans le paysage, un « arbre sentinelle ».

    L’Arbre-Monde est aussi arbre-temps : la vie d’un arbre ne se mesure pas à la vie d’un homme. Les décennies, les générations se succèdent. Le romancier alterne arrêts sur images et accélérés. C’est à notre époque, aux Etats-Unis, que se déroule un combat très dur pour sauver ce qui reste des forêts primaires, une lutte collective pour préserver des arbres de l’abattage industriel ou urbain. Tous les personnages vont être liés d’une manière ou d’une autre à cette problématique – on pourrait dire cette fuite en avant.

    Tout ce qu’on sait aujourd’hui sur la survie des arbres et les écosystèmes, Richard Powers, qui a eu une formation scientifique, l’intègre dans ce roman qui fait place aussi bien à la recherche universitaire qu’à l’activisme écologiste radical et aux affrontements épiques entre les militants de la cause des arbres (on voit comment ceux-ci s’organisent pour habiter leur ramure) et les bûcherons, les promoteurs, les exploitants, la police.

    Le combat pour la protection des plus vieux séquoias du monde en Californie, vers lequel convergent les différents personnages, est d’une violence terrible. Quand chacun d’eux prend conscience de ce qui se passe, du danger, c’est un devoir d’en rendre les autres conscients à leur tour. L’attention à l’environnement peut faiblir chez ceux qui s’échappent dans un monde virtuel, comme l’auteur le montre à travers la fabuleuse réussite de Neelay, un génie des jeux vidéo.

    Même si le roman est long et si l’incessant va-et-vient entre les personnages lasse parfois, L’Arbre-Monde est un énorme cri d’alarme pour l’avenir de la planète. Il met en scène des personnages sentinelles, des hommes et des femmes très différents, qui vont jusqu’au bout de leur engagement et en payent souvent le prix fort. Le roman dénonce les dérives de notre époque et ne laisse guère de place à l’optimisme.

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    C’est pourtant un appel puissant à regarder, à comprendre, à planter, à construire plutôt qu’à détruire. Richard Powers souligne la nécessité de faire cause commune entre arbres et humains pour défendre notre survie terrestre. Nous avons beaucoup à apprendre des forêts, clame L’Arbre-Monde ; même si nous n’entendons pas parler les arbres, nous pouvons, nous devons nous mettre à leur écoute.