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Nature - Page 33

  • Un orme gris

    « De la pelouse légèrement en surplomb, la vue s’étendait sur les champs et la forêt. Celle-ci formait comme une grande larme de vert, et à l’extrémité de la partie effilée, il y avait un orme gris, atteint de la maladie des champignons parasites, dont l’écorce était d’un gris violacé. De si rares feuilles pour un si grand arbre. bellow,saul,herzog,roman,littérature anglaise,etats-unis,juif,américain,orme,nature,perception,cultureUn nid de loriot, évoquant un cœur gris, se balançait au milieu des branches. Le voile jeté par Dieu sur les choses fait de chacune d’elles une énigme. Si elles n’étaient pas toutes à ce point spécifiques, détaillées et riches, je pourrais peut-être m’en préoccuper moins. Mais je suis un prisonnier de la perception, un témoin obligé. Elles sont trop passionnantes. En attendant, j’habite cette maison de planches ternes là-bas. Herzog s’inquiétait pour l’orme. Devait-il l’abattre ? L’idée lui répugnait. Entre-temps, les cigales faisaient vibrer dans leur ventre les membranes calleuses des tambours logés dans une chambre sonore. Ces milliards d’yeux rouges dans les bois alentour qui observaient, qui regardaient du haut des arbres, tandis que les ondes de bruit déchiquetées noyaient l’après-midi estival. Herzog n’avait jamais rien entendu d’aussi beau que cette discordance massive, ininterrompue. »

    Saul Bellow, Herzog

    Source de l'illustration : http://tidcf.rncan.gc.ca/fr/arbres/identification/feuillus/11/Ulmus

     

  • Nénuphar

    « Nénuphar » vient de l’égyptien « nanoufar » qui veut dire « les belles » ; dans l’Egypte ancienne on donnait ce nom aux nymphéas, considérés comme les plus belles des fleurs. « Un grand lotus sorti des eaux primordiales » est le berceau du soleil au premier matin. Ouvrant leur corolle à l’aube et la refermant le soir, les nymphéas, pour les Egyptiens, « concrétisaient la naissance du monde à partir de l’humide. » (G. Posener, Dictionnaire de la civilisation égytienne) 

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    Jean Chevalier, Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symbolesRobert Laffont/Jupiter, 1985.

  • Plus de rouge

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    Quand je n’ai plus de rouge
    je fais les arbres en vert, les arbustes,
    tout le paysage que je peins.
    Donc aussi les herbes folles et l’herbe

    où tu es étendue, attendant immobile,
    mais pourtant profondément émue plus tard
    quand tu peux voir la toile où j’ai remplacé
    ta robe rouge par ta douce nudité,
    pour laquelle, comme pour ton sourire,
    je n’ai pas encore trouvé la couleur qui convient.

    Quand je n’ai plus de rouge,
    il me reste tes lèvres.


    Paul Snoek, Quand je n’ai plus de rouge…
    (traduction Marnix Vincent)

    in Ici on parle flamand & français, Une fameuse collection de poèmes belges par Francis Dannemark (Le Castor Astral, 2005)

  • Premières paroles

    C’est le premier matin du monde.
    Comme une fleur confuse exhalée de la nuit,
    Au souffle nouveau qui se lève des ondes,
    Un jardin bleu s’évanouit.
     

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    Tout s’y confond encore et tout s’y mêle,
    Frissons de feuilles, chants d'oiseaux, 
    Glissements d'ailes,
    Sources qui sourdent, voix des airs, voix des eaux, 
    Murmure immense ;
    Et qui pourtant est du silence.
     

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    Ouvrant à la clarté ses doux et vagues yeux, 
    La jeune et divine Ève 
    S'est éveillée de Dieu.
    Et le monde à ses pieds s'étend comme un beau rêve.
     

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    Or Dieu lui dit : Va, fille humaine,
    Et donne à tous les êtres
    Que j'ai créés, une parole de tes lèvres,
    Un son pour les connaître.
     

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    Et Eve s'en alla, docile à son seigneur,
    En son bosquet de roses,
    Donnant à toutes choses
    Une parole, un son de ses lèvres de fleur :

    Chose qui fuit, chose qui souffle, chose qui vole... 

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    Cependant le jour passe, et vague, comme à l'aube,
    Au crépuscule, peu à peu, 
    L'Eden s'endort et se dérobe
    Dans le silence d'un songe bleu.
     

    Avril terrasse (6).JPG

    La voix s'est tue, mais tout l'écoute encore,
    Tout demeure en attente ;
    Lorsque avec le lever de l'étoile du soir,
    Eve chante.
     

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    Très doucement, et comme on prie,
    Lents, extasiés, un à un,
    Dans le silence, dans les parfums
    Des fleurs assoupies,
    Elle évoque les mots divins qu'elle a créés ;
    Elle redit du son de sa bouche tremblante :
    Chose qui fuit, chose qui souffle, chose qui vole...
    Elle assemble devant Dieu 
    Ses premières paroles, 
    En sa première chanson.


    Charles Van Lerberghe, La chanson d'Eve (1904)

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    Pour accompagner ce poème,
    quelques signes du printemps
    sur la terrasse.

    Tania

  • Miroirs

    « Pour nous approcher de ces miroirs d’eau, sans nous perdre dans la boue, nous poserons nos pieds sur une de ces souches d’aulnes, à demi submergées, agrippées à la berge par des écheveaux de racines rouges. Nous croirons, en nous penchant, pouvoir lire les rêves du printemps dans les regards de l’onde… »

    Marie Gevers, Avril (Plaisir des météores) 

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