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Bruxelles - Page 49

  • Trier ses photos

    Le début de l’année peut être un bon moment pour trier ses photos numériques. Le genre de résolution difficile à tenir. Je regarde celles de l’année écoulée et au lieu de penser à la corbeille, je me surprends à en sélectionner quelques-unes, qui me rappellent des moments ou des détails insolites.

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    En mai dernier, une pie qui s’est dorée longtemps au coucher du soleil sur un toit voisin. A la communion d’une jeune ballerine, un joli décor peint par sa mère sur la nappe de fête.

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    En juin, le manège d’une corneille : elle sautillait sur la terrasse, un caillou dans le bec, et l’a déposé au pied d’une plante en pot. Quelle surprise, en y regardant de plus près, d’y découvrir un petit œuf bleuté (d’accenteur mouchet, d’après mes recherches) ! Deux jours plus tard, il avait disparu. Etonnante aussi, sur cette fleur dont j’ai oublié le nom, de voir se déployer peu à peu les pétales d’abord enroulés sur eux-mêmes.

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    En juillet, une affiche sympathique aperçue sur le boulevard, pour encourager l’utilisation du Villo en ville. Un câlin amusant entre Mina la noire et le chat blanc en céramique.

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    Depuis l’automne, c’est la première fois que nous en voyons dans le quartier, une bande d’étourneaux se posent régulièrement dans l’îlot, souvent sur les peupliers au loin. Ce jour de brouillard, ils avaient choisi les érables sycomores tout proches de nos fenêtres. Nos grandes baies vitrées piègent parfois les oiseaux. En décembre, une mésange s’est cognée si fort à la fenêtre de mon bureau que je l’ai crue morte, inanimée sur les galets. Quel bonheur, au bout de quelques minutes de voir frémir une aile, puis la tête se relever, et enfin la mésange s’envoler !

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    Heureusement, la chatte était à l’intérieur, elle n’a pas perdu une miette du spectacle. Une seule fois, elle a pris la vie d’une fauvette venue se poser juste à côté d’elle. Un jour, elle a ramené une mésange, intacte, à l’intérieur ; j’ai mis quelque temps à la capturer pour la rendre à la nature. Quant à ce chat roux-ci, il s’est laissé photographier, imperturbable, bien placé pour guetter le retour de ses maîtres et jouir du spectacle de l’avenue. Et vous, avez-vous trié vos photos de 2018 ?

  • Carré dans un carré

    Quelques belles sculptures jalonnent l’exposition « Berlin 1912-1932 », d’Ernst Barlach et Rudolf Belling, entre autres. Non loin de peintures signées Malevitch, j’ai beaucoup aimé Carré dans un carré d’Alexandre Rodtchenko (1891-1956). Cette œuvre du constructiviste russe a été exposée à Berlin en 1922, à la Première exposition d’art russe de la Galerie von Diemen.

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    Alexandre Rodtchenko, Construction spatiale suspendue n° 11 / carré dans un carré, 1920-1921, prêt de la Galerie Gmurzynska.

    Le cartel précise qu’il s’agit d’une reconstitution par Alexandre Lavrentiev, son petit-fils, d’après des photographies originales, des dessins et des documents issus des archives Rodtchenko (1993). Il a par ailleurs consacré plusieurs ouvrages à son grand-père également photographe.

    Ce n’est qu’en le cadrant pour le photographier que j’ai vu bouger Carré dans un carré au moindre souffle d’air, et en même temps son ombre sur le mur – une œuvre vraiment aérienne.

    Berlin 1912-1932, Musées royaux des Beaux-Arts, Bruxelles
    > 27 janvier 2019

     

  • Berlin 1912-1932

    Il reste une quinzaine de jours pour visiter « Berlin 1912-1932 » aux Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles. « L’exposition dirigée par Inga Rossi-Schrimpf innove en insistant sur les liens noués entre les artistes belges d’alors et Berlin. Elle s’ouvre en 1912 déjà, parce que c’est l’année de l’ouverture de la galerie Der Sturm à Berlin, lieu essentiel pour toute l’avant-garde et d’abord celle du mouvement Die Brücke. Elle y exposa Ensor et Rik Wouters et, en 1928, Victor Servranckx, le premier abstrait belge. Jozef Peeters un des premiers abstraits belges, était tout autant fasciné par Berlin : « Dans une ville cosmopolite comme Berlin, même les plus grands extrêmes peuvent coexister. Une activité inouïe s’y déploie malgré la brièveté de la vie. » (Guy Duplat dans La Libre Belgique)

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    Ernst Ludwig Kirchner, Femmes dans la rue, 1915, Von der Heydt-Museum Wuppertal, Allemagne

    Cette exposition foisonnante est introduite par une chronologie année par année, qui rend compte et de l’effervescence artistique dans la métropole berlinoise et des événements sociaux et politiques, de la première guerre mondiale aux prémices de la seconde. Dès le début du parcours, on rencontre de grands noms de la peinture allemande expressionniste comme Kirchner (1880-1938) avec Femmes dans la rue. L’exposition rassemble des peintures, des sculptures – magnifique Vengeur de Barlach (1870-1930), des dessins, des photographies, des films et des éléments d’architecture.

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    Ernst Barlach, Le Vengeur, 1914, Ernest Barlach Haus-Stiftung Hermann F. Reemstma, Hambourg

    Parmi les 200 œuvres exposées, j’ai choisi de vous montrer d’abord des œuvres d’artistes allemandes que j’y ai découvertes. Plusieurs affiches et gravures de Käthe Kollwitz (1867-1945), peintre, dessinatrice et sculptrice, illustrent son engagement pacifiste. L’artiste, qui enseignait à Berlin, a perdu un fils de dix-huit ans au front en 1914. Nie wieder Krieg ! (Plus jamais de guerre !) montre avec force, dix ans plus tard, le refus et la révolte contre la guerre. Helen Ernst (1904-1948) s’engage elle aussi en appelant les ouvriers à l’action antifasciste ou en s’insurgeant contre les lois d’urgence, en 1930.

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    © Käthe Kollwitz, Nie wieder Krieg !, 1924, Käthe Kollwitz Museum, Cologne
    © Helen Ernst, Contre les lois d'urgence et la dictature militaire, vers 1930,
    Stiftung Deutsches Historisches Museum, Berlin

    Plus loin, dans une section intitulée « New [Wo]man », plusieurs œuvres de Jeanne Mammen (1890-1976) ont retenu mon regard. Cette Berlinoise qui a grandi à Paris, formée aussi à Bruxelles et à Rome, a dû rentrer dans sa ville natale en 1914. Sans ressources, elle travaille comme illustratrice et peint entre autres le milieu des cabarets, le Carnaval à Berlin, les homosexuelles. Sans titre (Mercredi des cendres, scène de carnaval), vers 1926, montre une jeune fêtarde affalée, cigarette à la main, en rupture avec les conventions. La silhouette du chat vient d’un jeu sur le nom de son modèle (pas noté). Jeanne Mammen a peint Die Schöne Frau (La belle femme) choisie pour l’affiche de « Berlin 1912-1932 »

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     © Jeanne Mammen, sans titre ( mercredi des Cendres, scène de carnaval), vers 1926

    La fameuse photographie d’une femme qui enjambe une flaque, A la station Zoo (1930), de Friedrich Seidenstücker, jouxte des vues de Berlin par Germaine Krull, comme celle du Romanisches Café.

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    © Friedrich Seidenstücker, A la station Zoo, 1930

    Plus loin, je me suis attardée devant un saisissant photomontage de Herbert Bayer intitulé Habitant solitaire d’une métropole.

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    © Herbert Bayer, Habitant solitaire d’une métropole, 1932, Cologne, Musée Ludwig

    Il y a de quoi titiller la curiosité et l’imagination à cette exposition des Musées royaux des Beaux-Arts, je vous laisse observer cette Fuite de Hanna Höch (1889-1978), une œuvre dadaïste pleine d’humour, non ?

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    © Hanna Höch, Fuite, 1931, Institut für Auslandsbeziehungen e.V., Stuttgart
     (désolée pour les reflets des spots)

    La commissaire de l’exposition, Inga Rossi-Schrimpf, avait déjà conçu ici même, il y a deux ans, l’exposition « 14-18. Rupture ou Continuité ? » On lui est reconnaissante d’avoir retenu de nombreuses signatures féminines parmi les artistes sélectionnés pour « Berlin 1912-1932 ». L’exposition reste visible à Bruxelles jusqu’au 27 janvier prochain.

  • Une vie plus riche

    Plongée dans un livre de plus de mille pages, dont je vous parlerai bientôt, aujourd’hui je partage simplement avec vous un article du journal De Morgen (2/1/2019) lu sur Daardaar : « Une bonne résolution pour 2019 ? Éviter les réseaux sociaux ! » (traduit du néerlandais par Guillaume Deneufbourg).

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    L’an dernier, son auteur, Bart Eeckhout, a supprimé de son téléphone toutes les applications des réseaux sociaux, et il fait le bilan de cette année : « Une vie dépourvue d’applications est une vie plus riche. »

    Si vous avez la curiosité de le lire (ici), n’hésitez pas à partager vos impressions et surtout votre propre expérience, bonne ou pas. Etes-vous d’accord avec ses arguments ? En avez-vous d’autres à faire valoir ?

    A demain pour une autre nouvelle lue dans la presse récemment.

  • Dessiner les corps

    Ernest Pignon-Ernest (45).JPG« Ces parcours [Naples, 1988-1995] interrogeaient les représentations de la mort que secrète cette ville depuis deux mille ans. Le sacré, là-bas, vient du sous-sol. Virgile déjà y situait les enfers dans L’Enéide. J’ai, dans la façon de dessiner les corps, les drapés, les cavités, dans la façon de faire circuler la lumière et les ombres, tenté, par le dessin, d’exprimer quelque chose qui parle des relations profondes qui se forgent dans cette cité entre les hommes et les mythes, entre la vie et les représentations de la vie et de la mort.

     

    Ernest Pignon-Ernest (39) Marie-Madeleine.jpg

    Cette omniprésence de la mort, ce sacré charnel, cette sensualité qui règnent m’ont amené à un dialogue avec la peinture caravagesque… Avec cette peinture qui ne vise pas à définir les reliefs des corps mais à travailler la forme des ténèbres qui les absorbent. »

     

    Ernest Pignon-Ernest, Conversation avec Roger Pierre Turine, Tandem, 2018
     Ernest Pignon-Ernest, Empreintes, Le Botanique,
    Bruxelles,  13.12.18 – 10.02.19

    Napoli 90 (détail) © Ernest Pignon-Ernest
    Etude pour Marie-Madeleine, Napoli 90 (détail) © Ernest Pignon-Ernest