La promenade avenue Cambier était ma dernière participation aux Estivales 2015, mais on n’en a jamais fini avec Schaerbeek (parmi les 19 communes bruxelloises, la plus peuplée après Bruxelles-Ville) et son patrimoine remarquable. Place donc, après les numéros impairs que je vous ai présentés en juin, au côté pair de l’avenue Huart Hamoir.
Les hibiscus en fleurs arborent de jolis tons au square Riga, où je prends le trottoir de droite pour descendre vers la place Princesse Elisabeth. Certaines maisons portent une signature, comme dans l’avenue Demolder, et j’ai remarqué pour la première fois au 142 le nom d’Henry van de Velde « bouwmeester » (architecte) au bas d’une élégante façade en briques blanches rehaussées de pierre bleue.
Un peu plus loin, jour de chance, les grilles de la haute école flamande installée dans une ancienne manufacture de lingerie sont grandes ouvertes. J’en profite pour regarder les bâtiments de plus près, au bout de la longue fresque qui orne le bas du mur mitoyen (Gal et Nora Theys). Ici aussi fleurissent des hibiscus, devant la façade principale où les briques jouent et avec la couleur (rouge et blanc) et avec la profondeur (en relief ou en creux). La conciergerie, sur le côté, ne manque pas de charme.
Aux 130-132, la pierre bleue en contraste avec des briques crème ou ivoire souligne les portes et les fenêtres, les droites et les courbes. On la retrouve dans les façades suivantes nettement plus fonctionnelles, sans cette recherche ornementale qui offre aux passants curieux tant de détails à observer, à apprécier. Place aux lignes simples, aux constructions moins coûteuses.
Autour de l’ovale du parc Hamoir, quelques maisons s’inspirent du style « paquebot » (formes courbes, horizontales, hublots); parfois leur façade ou le rez-de-chaussée seul se couvre de tout petits carreaux de céramique. La plus belle à mes yeux, c’est l’école d’arts Sasasa dont l’entrée se situe rue Maeterlinck (Uyttenhove, 1937). La silhouette longiligne d’un ginkgo déjà aux couleurs d’automne se découpe sur la pierre de France de ses façades. Aux deux niveaux les baies vitrées épousent l’arrondi, repris par la pergola sur la toiture terrasse.
Plus bas, une maison « pittoresque » à faux colombages attend qu’on reprenne soin d'elle, négligé plutôt rare dans l’avenue Huart Hamoir. Je n’ai pas regardé le nombre de sonnettes – beaucoup de belles maisons schaerbeekoises sont aujourd’hui divisées en appartements, et si les frais de rénovation sont partagés dans le cas d’une copropriété, il faut encore que les copropriétaires se mettent d’accord et en aient les moyens.
Plus bas, des maisons plus modestes n’ont pas grand-chose à montrer de leur architecture, mais on y pense aux passants tout de même : collection d’orchidées sur l’appui de fenêtre, store blanc opaque aux motifs cachemire, végétation grimpante et jardinières… Derrière les vitres d’un rez-de-chaussée, une ribambelle de chats prennent le soleil sous des affichettes (cours de danse, chat trouvé).
Un bel immeuble de style « beaux-arts » (J. Vandeneng, 1922) fait la transition vers le dernier segment de l’avenue Huart Hamoir avant la place, flanqué d’une maison de rapport où la pierre bleue est reine et le décor raffiné : l’Inventaire du patrimoine architectural précise qu’elle comporte des « bureaux, écuries et remise en intérieur d’îlot » – voilà qui explique les nombreuses plaques de sociétés sur la grille en fer forgé du garage. Parmi les autres maisons admirées en bas de l’avenue, une dernière photo pour l’originalité : des galets pour opacifier une belle fenêtre, il fallait y penser.
Tandis que je remonte vers le square Riga, je pense déjà à compléter ce double aperçu. En effet, l’avenue Huart Hamoir commence plus haut, à la chaussée d’Helmet. Quand les travaux aux abords de l’église de la Sainte Famille seront terminés, avec de nouveaux trottoirs et de jeunes arbres pour remplacer ceux qu’on y a abattus, j’y retournerai prendre des photos – là aussi, il y a de belles choses à vous montrer.
Commentaires
que voilà une belle promenade - j'aime bien cette avenue, même si désormais je n'y viens plus très souvent :)
beau reportage encore une fois
@ Niki : J'y découvre chaque fois que j'y passe un nouveau motif d'émerveillement.
@ Dominique : Merci, c'est un quartier où il fait bon vivre.
Aucun recoin de Schaerbeek ne restera inexploré en vous suivant au gré des rues. L'avantage de ces promenades, je trouve, est qu'on pose autrement les yeux sur les façades et y découvre des particularités qui passent habituellement inaperçues, bien qu'on les longe tous les jours.
Pas plus tard que ce midi, en allant rejoindre à pied des amies au restaurant, j'ai longé une autre avenue qui mériterait de figurer un jour au programme des Estivales. Vous avez raison, quand j'ai en tête de prendre des photos pour un billet de blog, je regarde plus attentivement - et je découvre chaque fois quelque chose de neuf à mes yeux.
J'ai bien aimé mettre mes pas dans les vôtres. Merci pour cette balade !
C'est un quartier qui a l'air très bien préservé, c'est très agréable de marcher dans des rues qui ont gardé leur beauté.
quelle beauté, tout ça!
peux-tu imaginer une guerre et des bombes... (faut m'excuser, j'ai la tête pleine de la Syrie)
Ah! cette commune dans laquelle j'ai vécu tant d'années (une vingtaine) ... J'habite maintenant dans la prétentieuse Uccle, mais je regretterai toujours ce berceau modeste mais si chaleureux de ma jeunesse ...
@ Ariane : Avec plaisir, Ariane, bon week-end.
@ Aifelle : Il fait bon flâner, c'est vrai, dans cette avenue dont les deux côtés sont séparés par des espaces verts avec de beaux arbres.
@ Adrienne : Quelle tragédie pour ces familles, ces gens obligés de tout quitter pour survivre et d'aller si loin de chez eux pour trouver la paix - et dans des conditions si difficiles. Les hommes de guerre s'en prennent aussi au patrimoine en Syrie, un bien commun préservé pendant tant de siècles. Du passé faisons table rase ?
@ Doulidelle : Heureuse de te rappeler ces bons souvenirs, et de te savoir heureux en pleine verdure de l'autre côté de Bruxelles.
Bien d'accord pour continuer la visite très agréable de ce quartier de Bruxelles que je ne connais que de nom.
Merci pour ce partage de tes flâneries.
@ Maïté/Aliénor : Avec plaisir, Maïté. Et ton commentaire va me permettre de retrouver ton blog, perdu dans la réorganisation de mon ordinateur.