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Art - Page 48

  • Champ de repos

    « Naguère les défunts étaient inhumés à l’intérieur ou autour de l’église paroissiale Saint-Vincent », rappelle un panneau dans la rue Saint-Vincent, près de la grille qui permet de jeter un coup d’œil à l’ancien cimetière d’Evere.

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    En 1880, la commune a acheté là trente-cinq ares de terrain pour le premier « champ de repos communal ». Il faut suivre le mur couvert de vigne vierge pour y entrer, à l’angle avec l’avenue Champ de Repos. Je vous ai déjà parlé des pelouses, de la végétation abondante dans ce jardin des morts entretenu avec soin, mais pas montré ces véritables couloirs de verdure.

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    Des haies bien taillées – quel travail pour les jardiniers – s’ouvrent sur des parcelles où les tombes se font face, à l’ombre des arbres. Parfois il n’y en a plus que d’un seul côté. Dans la partie du cimetière où se dressent des caveaux anciens, une couverture de lierre a enveloppé l’un d’eux ; cela m’a rappelé les tombes des frères Van Gogh à Auvers-sur-Oise, reliées par le lierre, symbole de fidélité et d’immortalité.

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    Au début du XXe siècle, certaines familles qui en avaient les moyens offraient à leurs défunts des sculptures d’anges ou de pleureuses. On découvre sur les monuments funéraires de cette époque toutes sortes de motifs, religieux ou autres, un répertoire de symboles parfois mystérieux.

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    Cette poignée de mains illustre l’alliance conjugale (une manchette de femme, une autre d’homme), mais pas seulement. « L'alliance est le terme utilisé par les marbriers pour désigner deux mains entrecroisées dont la supérieure est généralement celle d'une femme à l'annulaire présentant une alliance. Ce bijou est un cercle parfait – forme sans début ni fin – qui symbolise la permanence du couple malgré la mort. Les mains unies deviennent "la griffe", une manière particulière de se serrer la main qui permet aux compagnons du Tour de France ou aux francs-maçons de se reconnaître. »

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    Que d’amour exprimé dans cette jolie plaquette sculptée au message plein de tendresse : « à mon cher fiancé de sa Poussi ». J’admire les lignes art nouveau de cette jeune fille agenouillée dans son voile qu’elle retient de la main pour déposer des roses, les palmes au-dessus du souvenir – « La palme peut être présente sur la sépulture des jeunes qui, comme nombre de martyrs, sont décédés en pleine force de l’âge. »

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    Sous un autre profil de femme, sur un tombeau des années vingt, un seul mot : « Silence ». Sur certaines pierres tombales, un livre. S’il n’est pas accompagné d’un encrier et d’une plume, ce qui est réservé aux écrivains, il s’agit le plus souvent d’une référence à la Bible, fréquente chez les protestants et pour les prêtres catholiques aussi.

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    "A notre bien-aimé mari et père" (en néerlandais)

    Un monument spectaculaire de style art déco me touche particulièrement (mon père était pilote) : le soleil, les nuages, une aile d’avion qui se détache avant qu’il ne s’écrase, le casque en cuir et les lunettes anciennes sur le front de l’aviateur. Sous le nom du défunt, on indique qu’il est tombé « en service commandé » en 1934. Le panneau communal rappelle la proximité d’un aérodrome désaffecté après la deuxième guerre mondiale (à l’emplacement des bâtiments de l’OTAN), qui explique la présence ici de plusieurs tombes de pilotes.

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    L’ancien cimetière d’Evere fait découvrir tout un monde de signes dont le sens peut nous échapper. Au XXIe siècle, ils ne sont pas tous aussi lisibles que les têtes de Christ aux épines et les croix chrétiennes. Si la symbolique funéraire vous intéresse, elle est bien résumée sur ce site français où j’ai copié quelques explications. Comme les ornements architecturaux que j’aime observer sur les façades d’antan, les ornements des tombes choisis par les proches des défunts pour leur rendre hommage offrent encore leur message à tous les passants.

  • Dans le tableau

    Vermeer, Femme à la balance.jpg« La mise en page du Jugement dernier qui sert de toile de fond à La femme à la balance est particulièrement significative. On verra plus loin comment ce tableau-dans-le-tableau joue un rôle décisif pour l’interprétation morale ou « emblématique » de la toile. Sa situation géométrique y est, en tout état de cause, fortement affirmée : avec une évidence exceptionnelle chez Vermeer, il occupe presque exactement le quart supérieur droit de la toile. Iconographiquement et formellement, ce Jugement dernier constitue ainsi le tableau-dans-le-tableau le plus déterminant de tout l’œuvre de Vermeer. »

    Daniel Arasse, L’Ambition de Vermeer

    J. Vermeer, La femme à la balance, Washington, National Gallery of Art, Widener Collection

  • L'Œuvre de Vermeer

    L’historien d’art Daniel Arasse (1944-2003) nous aide à mieux regarder la peinture : à l’observer de plus près (Le Détail), à s’intéresser à l’histoire d’un tableau (Histoires de peintures). L’Ambition de Vermeer est un essai passionnant qui s’ouvre sur « Le mystérieux Vermeer », un excellent article de 1921 (repris en appendice) où Jean Louis Vaudoyer s’enthousiasme pour la « succulence de la matière et de la couleur » dans les trois Vermeer exposés alors au Jeu de Paume. Proust s’y rend : on sait ce qu’il en adviendra dans La Recherche, où Bergotte meurt après avoir admiré « le petit pan de mur jaune » dans la Vue de Delft.

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    Vermeer, La leçon de musique (détail repris sur la jaquette du livre), Londres, collection royale

    "Dans ses trente-quatre tableaux, Vermeer n'a peint que cinq miroirs.
    Quatre d'entre eux ne laissent voir aucun reflet ;
    seul celui de La leçon de musique porte un reflet visible.
    Comme on peut s'y attendre, ce qui s'y voit est riche de signification." (p. 66)

    Daniel Arasse étudie les « effets de peinture » de Vermeer (1632-1675) sur les spectateurs modernes. Dire de ce peintre hollandais qu’il est minutieux et descriptif est réducteur et même faux : « Vermeer peint flou ». Dire comme Proust qu’il était quasi inconnu n’est pas juste non plus : il était connu des peintres de son temps, mais absent d’une importante Histoire de la peinture hollandaise publiée au début du XVIIIe siècle, du fait que celle-ci s’appuyait, en ce qui concerne les peintres de Delft, sur une étude ancienne (de 1667) qui ne présentait que les artistes déjà morts.

    De toute façon, pour l’auteur, « Les véritables documents qui permettent d’analyser les tableaux de Vermeer sont ces tableaux eux-mêmes ». Vermeer peignait trois à quatre tableaux par an, qui entraient dans des collections privées. Son prestige social se limite de son vivant à Delft, ville de province où il est nommé syndic de la guilde de Saint Luc. Il ne cherche pas à multiplier les toiles, les variantes, il vit à l’écart du marché de l’art. Mort en 1674, « accablé de dettes » à cause de la guerre, il laisse onze enfants.

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    Johannes Vermeer, La lettre d'amour, Amsterdam, Rijksmuseum

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    Gabriel Metsu, Jeune femme lisant une lettre, Dublin, National Gallery

    Il n’a peint aucun d’entre eux. La peinture de Vermeer est sans rapports avec sa vie, elle est, explique Arasse, l’expression d’un besoin individuel de combiner, moduler et varier la disposition d’un nombre limité d’éléments. « Son Ambition n’est ni commerciale ni sociale, elle se joue dans la peinture même, une ambition proprement artistique au sens où c’est l’art même de la peinture qui est l’objet de la visée du peintre. » Né dans une famille calviniste, Vermeer s’est converti au catholicisme pour épouser Catharina Bolnes en 1652. Ils ont vécu dans un quartier catholique de Delft.

    Les scènes d’intérieur sont courantes dans la peinture hollandaise. Vingt-cinq des trente-quatre peintures de Vermeer (plus une si l’on inclut Jeune femme au chapeau rouge dont l’attribution est contestée, Arasse y consacre un appendice) sont des scènes d’intérieur. L’essayiste y ajoute un corpus secondaire de dix-huit « tableaux-dans-le-tableau », dont des copies d’œuvres appartenant à la belle-mère de Vermeer. La pratique des « tableaux-dans-le-tableau » est répandue alors, mais la subtilité avec laquelle le peintre les insère dans ses compositions mérite d’être étudiée.

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    Vermeer, L'art de la peinture, Vienne, Kunsthistorisches Museum

    Le tableau-dans-le-tableau est « appel de sens » et Vermeer veille à la polysémie, à l’indécision du sens, en évitant de le rendre trop lisible. Arasse compare La lettre d’amour de Vermeer et Jeune femme lisant une lettre de Gabriel Metsu : celui-ci « narrativise » la scène, Vermeer en « suspend » le déroulement. Tous les éléments entrent en jeu, par exemple la présence ou non du chien, l’abandon du dé à coudre chez Metsu, la lettre encore scellée chez Vermeer. L’analyse est passionnante, facilitée par le recours aux illustrations au milieu du livre (N/B) et à quelques planches au début (en couleurs, avec des détails en gros plan).

    La peinture est pour Vermeer « cosa mentale ». Daniel Arasse en fait la brillante démonstration à travers l’étude en profondeur d’un de ses deux plus grands tableaux, L'art de la peinture (120 x 100 cm), conservé chez le peintre jusqu’à sa mort et même après. Une jeune femme y sert de modèle pour Clio, la muse de l’histoire, devant une carte géographique des dix-sept provinces des Pays-Bas, Nord et Sud, avant leur séparation. Sur la bordure supérieure de la carte, on peut lire « Nova … Descriptio ». Le peintre se montre de dos, son visage est invisible.

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    Vermeer, La Dentellière, Paris, Musée du Louvre

    Le spectateur est souvent en légère contre-plongée par rapport aux figures du tableau, ce qui produit un effet de rapprochement et le fait entrer dans la « clôture d’un espace privé ». La présence d’objets au premier plan renforce encore le caractère intime de ce qui est montré à l’arrière. La Dentellière, la plus petite toile de Vermeer (24 x 21 cm), illustre non seulement la manière dont le peintre veille au flou – pas de ligne apparente pour le contour – mais aussi les « gouttes de couleur » pour mettre de la lumière sur les textures.

    A l’opposé des effets de clair-obscur chez Rembrandt, Vermeer peint une lumière qui relie le visible et l’invisible. Il « invite celui qui regarde à partager l’inaccessible intimité de ses tableaux, au prix d’une énigmatique expérience : la présence d’un tableau de peinture. »

  • Exaltation

    Yehoshua couverture.jpg« S’il devait mettre en scène un film en Espagne, Mozes estime qu’il y ferait figurer non seulement la concierge de nuit de l’hôtel et le pèlerin, mais aussi cet homme-là pour qu’il exprime tout ce qui lui passe par la tête pendant une demi-minute. Car il paraît doué d’un réel talent de comédien pour mouliner ses propos à un débit trépidant et d’une voix mélodramatique, sans une pause, face à un interlocuteur qui ne comprend pas un traître mot, convaincu, sans doute, que la musique et l’exaltation de sa voix sont capables d’endoctriner une oreille bouchée. A en juger par la paralysie qui a frappé la serveuse figée sur place, cafetière en main, son emphase a l’air de captiver le tout-venant, fût-il ignorant du contexte et du sujet. Mais, lorsque Mozes perçoit à plusieurs reprises les noms de Kafka et de Trigano et voit l’Espagnol évoquer, de ses mains frêles, l’animal et la sinagoga et, de là, passer au servicio militar et au desierto, pour arriver au tren et à l’accidente, il comprend que ce puits de science a pénétré au plus profond de ses œuvres anciennes et tente de les synthétiser en une somme philosophique. »

    Avraham B. Yehoshua, Rétrospective

  • Rétrospectivement

    Hasard des emprunts à la bibliothèque, l’intrigue de Rétrospective, un roman d’Avraham B. Yehoshua (2011, traduit de l’hébreu par Jean-Luc Allouche), se déroule dans sa plus grande partie à Saint-Jacques-de-Compostelle. Yaïr Mozes, un réalisateur israélien, y est invité à une rétrospective de trois jours en son honneur. Ruth l’accompagne, l’actrice qui fut sa muse et la compagne du scénariste de ses premiers films, devenue « la compagne de voyage attitrée de Mozes ou, plus précisément, une « figure » qu’il a prise sous son aile. »

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    Mattheus Meyvogel, Charité romaine, Rome, vers 1628

    Juan de Viola, le directeur des archives cinématographiques (un prêtre consacré, découvrira-t-il avec étonnement), lui annonce un programme chargé : deux films au moins par jour, plus les repas et les débats, qui devraient être nourris, vu l’abondance des questions déjà formulées par des professeurs et des étudiants curieux du « cinéma de l’Etat juif », sans compter celles des amateurs.

    Mozes et Ruth logent au luxueux parador en face de la cathédrale où on leur a réservé une grande chambre avec un lit double au lieu de deux chambres – cela leur est déjà arrivé, ils s’en accommodent chastement. Fatiguée, Ruth s’est vite glissée sous l’énorme édredon. Mozes s’inquiète pour elle, qui refuse de faire de nouveaux examens sanguins prescrits par son médecin traitant. Quand il se couche, il remarque au mur un tableau étrange : « un homme chauve au torse dénudé, assis ou agenouillé aux pieds d’une jeune fille à la poitrine découverte ». Puis il ôte ses lunettes et ses appareils auditifs et finit par s’endormir.

    Au réveil, il examine de plus près la « mystérieuse scène mythologique » et découvre son titre, « Caritas romana, Charité romaine ». Mozes se demande si Trigano connaissait ce sujet, si proche de la raison de leur rupture brutale, à la suite d’une scène qu'il avait annulée à la fin d’un film. Une jeune femme (jouée par Ruth), qui venait de quitter la clinique après avoir accouché d’un enfant donné à l’adoption, était censée allaiter un vieillard dans la rue. L’actrice était si mal à l’aise au moment du tournage, malgré le paravent placé pour la soustraire aux regards, qu’elle s’était réfugiée dans le camion de la production. En l’apprenant, Trigano avait voulu la convaincre de reprendre la scène, mais Ruth n’avait pas cédé. Furieux, le jeune scénariste, « jadis le disciple bien-aimé et fidèle de Mozes », avait rompu définitivement avec le réalisateur et avec sa compagne.

    Rétrospective raconte par le menu le déroulement de ces trois journées à Saint-Jacques-de Compostelle. Il y est abondamment question de cinéma, forcément. Yaïr Mozes est étonné du choix des films – uniquement ses premières réalisations, celles dont Trigano avait écrit le scénario –  et du doublage particulièrement soigné des projections en espagnol. Il apprendra par la suite que celui-ci a été supervisé par Trigano lui-même, qui hante véritablement les pensées du cinéaste.

    Saint-Jacques-de-Compostelle constitue un fabuleux décor pour cette histoire, la cathédrale en particulier, qu’ils voient de leur chambre donnant sur la place et qu’ils visitent. Avraham B. Yehoshua explore la mémoire du réalisateur, ses souvenirs des tournages et de ses relations avec Trigano, avec Tolédano, son directeur de la photographie décédé, tombé lui aussi amoureux de Ruth. La Charité romaine (peinte par Mattheus Meyvogel, a-t-il appris) l’obsède jusqu’à son retour en Israël, où tout ce que la rétrospective a réveillé en lui va se prolonger : préoccupations, rencontres, questions intimes.

    Rétrospective aborde également la situation en Israël, évoquée métaphoriquement dans les films du réalisateur, et de façon très concrète lorsque Mozes se déplace dans des zones troublées par le conflit israélo-palestinien. Il veut savoir quel rôle a joué Trigano dans cette rétrospective espagnole et se demande si son scénariste, l’ancien complice, lami devenu son ennemi (il refuse tout contact), connaît les véritables raisons pour lesquelles Ruth a refusé de jouer la scène proche de La Charité romaine, raisons qu’elle a révélées à Mozes durant leur séjour.

    Le titre en hébreu, « חסד ספרדי », signifie « Grâce espagnole » (Wikipedia). Il faut aller au bout des cinq cents pages du roman pour découvrir la scène finale extraordinaire conçue par le romancier. Mozes, malgré son âge, veut continuer son œuvre cinématographique et il retournera à Saint-Jacques. Yehoshua, né à Jérusalem en 1936, met en scène dans Rétrospective (prix Médicis étranger 2012) un trio de personnages particulièrement intéressants. Mozes, en retrouvant les intentions de ses premiers films ; Ruth, encore belle, troublée de se revoir dans sa jeunesse ; Trigano, avec sa rébellion.  Le temps, l’âge les met tous à l’épreuve, sans éteindre en eux la flamme qui les fait souffrir, qui les fait vivre.