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FIL, 9 artistes

Il ne reste qu’une semaine pour visiter à la Maison des Arts de Schaerbeek la belle exposition « FIL », enfin vue la semaine dernière (entrée libre, s’inscrire sur le site) : « 9 artistes contemporains travaillent le fil ». Mélanie Coisne, directrice du TAMAT à Tournai, rappelle dans le catalogue l’évolution du tissage à l’artisanat, de l’artisanat d’art à l’art textile (à partir des années 1960).

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Deux artistes très connus figurent au début du parcours dans cette Maison des Arts bien restaurée. J’ignorais que José María Sicilia, aux fleurs rouges sur cire inoubliables, s’était tourné ces dernières années vers le tissu et la broderie. Dans le hall d’entrée est suspendu un « suzani » (textile traditionnel en soie d’Asie centrale, cousu pour la dot, XIXe) où il a collé de petits ronds de peinture blanche : « El Ojo de agua » (L’œil d’eau, 2009) représente une constellation céleste. On retrouvera cet artiste à l’étage.

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© Chiharu Shiota, State of Being (kimono), 2014

Le parcours commence dans la belle salle à manger où deux œuvres de Chiharu Shiota, « State of  Being » (Etat d’être), distillent leur mystère dans la pénombre : la chute de lettres capitales retenues dans les fils noirs tendus dans une cage de verre et, devant les vitraux anciens d’une fenêtre, un kimono clair qui flotte dans les jeux de lumière et d’ombre des fils croisés – à la fois présence et reliquaire, c’est fascinant.

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© Hélène de Gottal, Pourquoi naître esclave ?, 2017, installation (détail)

Des vidéos de deux, trois minutes permettent de faire connaissance avec les sept autres artistes intervenant dans cette exposition. Le travail d’Hélène de Gottal est présenté au petit salon. Je vous recommande de l’écouter au sujet de « Pourquoi naître esclave ? », son installation de petits objets, de pierres et de dentelles près d’une réplique d’un buste de Carpeaux qui l’a inspirée.

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© Elise Peroi, Sous-bois, 2020, installation

Mon coup de cœur va au « Sous-bois » d’Elise Peroi, une œuvre réalisée expressément pour cette expo : vers 1920, le jardin de la Maison des Arts était un sous-bois. Elle en évoque l’atmosphère en utilisant la technique de la double chaîne pour créer des effets de volume, de transparence. A partir d’une soie peinte et de fils de lin, elle établit un pont entre le passé et le présent dans ce grand salon où l’air circule à la lumière généreuse des fenêtres, entre les murs tapissés de nuages. C’est superbe ! Un détail a servi pour la belle affiche de FIL.

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Des rayons de bibliothèque sans livres, c’est triste. Erwan Maheo structure cette pièce en longueur à l’aide de cloisons textiles (recto et verso) qui rythment l’espace. Leurs motifs, signes ou mots, m’ont paru hermétiques. Le parcours fléché continue à l’étage. On y accède par un bel escalier au pied duquel une petite table vitrine contient des tissus de la famille qui habitait cette maison, construite en 1825 pour de riches drapiers. Notamment un « couvre-lit post accouchement » : était-il destiné aux visites à la jeune mère ?


José Maria Sicilia, Light on light (au début de la bande-annonce de FIL)

« Light on light » de José Maria Sicilia intrigue, dans la première chambre. Francisco Calvo Serraller, sur le site de la galerie où vous trouverez d’autres de ses créations, explique son cheminement autour de la lumière : « Il ne s’intéresse donc pas à la lumière elle-même, mais à sa fuite ; le phénomène de sa dispersion dans l’ombre. » Ses broderies sur soie jouent avec la lumière, la couleur, la transparence. Des motifs épars flottent dans l’air et sur la toile fine.

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© Mireille Asia Nyembo, Effacement, éclatement et reconstruction (série), 2020

Regardez sur le site de la Maison des Arts, si vous voulez, Ethel Lilienfeld présentant sa mystérieuse vidéo « Elle essayait de se réconcilier avec la nuit ». Ecoutez Mireille Asia Nyembo expliquer ce qui la motive et toutes les phases de son travail pour « Effacement, éclatement et reconstruction » (ci-dessus) : je suis restée longuement devant cette suspension magnifique, faite de cendre de raphia sur pagne wax rigidifié (elle rappelle que le raphia est le véritable patrimoine textile du Congo, son pays natal, l’origine du wax est ailleurs).

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Vue partielle d'œuvres présentées par Alice Leens (coton)  

Dans les autres chambres, on découvre les enroulements en fuseau de Maren Dubnick qui enveloppe divers objets et même des éléments architecturaux – si vous ne l’avez pas remarqué en arrivant, arrêtez-vous sur le porche dont elle a entouré une colonne, ton sur ton. Les sculptures d’Alice Leens, une artiste qui travaille le fil et la corde, révèlent à la fois des textures, des volumes, des structures qui occupent l’espace et qu’on a envie de toucher : du textile devenu sculpture à part entière !

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Maren Dubnick à l'oeuvre : Entasis, 2021,
installation sur le porche de la Maison des Arts : ficelle agricole

FIL est une exposition très réussie, riche et diversifiée. Chaque artiste y a son espace propre, ce qui permet de bien se concentrer sur chacun de ces neuf univers. Durant ma visite, j’ai pensé à certaines d’entre vous qui tricotent, brodent, cousent, en me disant que ce serait vraiment bien de regarder tout cela ensemble. Puissent ces mots et ces photos, ces liens, vous atteindre où que vous soyez.

A voir à la Maison des Arts de Schaerbeek jusqu’au 25 avril,
en nocturne le jeudi 22 (sur inscription).

Commentaires

  • Je n'ai jamais visité ce musée-là, mais j'aimerais.

  • Chaque fois que j'ai vu des expositions à partir de textile et de fil j'ai été enthousiasmée par cette forme d'art. Je n'ai pas eu l'occasion de voir les artistes que tu montres aujourd'hui, je vais aller explorer sur le net. (et j'ai tellement hâte de revoir une expo).

  • A une époque où l'art se fabrique parfois sans que l'artiste y intervienne autrement que par le "concept", cet art textile travaillé à la main nous touche littéralement. Je te recommande les courtes vidéos, bonne découverte !

  • Dès que j'ai terminé l'exposition et le mooc Peintres et femmes, je pars visiter cette exposition à Bruxelles !
    Bonne journée.

  • De mon côté, j'irai voir du côté de cette expo virtuelle. Bonne journée, Marie.

  • De belles découvertes merci Tania. En cherchant sur le net d'autres œuvres de Jose Maria Sicilia, il y en a une qui m'a interpellée, elle date de 2016 et s'intitule "El Instante". Son travail va explorer de nombreuses directions semble-t-il. Le kimono de Chiharu Shiota est somptueux, habillé de mystère. Les œuvres d'Alice Leens et d'Elise Peroi sont elles aussi très intéressantes, il en émane une douce vibration. C'est beau de découvrir et de se laisser porter. Douce journée à toi. brigitte

  • J'ai trouvé plusieurs oeuvres sur papier portant ce titre, dont un triptyque de 1954 qu'on peut rapprocher de "Light on light". Tant mieux si ces artistes t'ont intéressée, Brigitte, au plaisir de la découverte.

  • Voilà que tu me fais découvrir un artiste espagnol, qui vit ai-je lu, entre Paris et Soller ! José María Sicilia, j’aime beaucoup ce qu’il fait.
    Et cet escalier est superbe !
    Merci pour les vidéos aussi, très intéressant tout cela.

  • C'est un artiste que j'ai découvert lors d'une grande exposition à Charleroi, avec de magnifiques et flamboyantes peintures sur cire en rouge et noir, et parfois retrouvé à la Brafa (tu peux voir "La luz que se apaga" sur le site de la galerie Meessen-Declercq - works, page 6/6). J'ai lu qu'il vit entre Mallorca et Paris, en effet.

  • Je vois que La Luz que se apaga se trouve aussi (ou se trouvait) au musée Baluartd que tu connais.

  • Peut-être l'y ai-je vue, je ne m'en souviens pas.

  • Oh la la, cette expo; il faudrait la voir en vrai, le tissu, c'et tactile. J'aime beaucoup certaines de tes photos et artistes: je vais suivre tes liens. Merci pour cet article précieux. Merci d'avoir pensé à nous toutes qui suivons notre fil!

  • C'est tactile... mais on ne pouvait y toucher qu'avec les yeux. J'espère que tu auras bientôt l'occasion d'exposer à nouveau tes créations textiles, Anne.

  • Oui, cette maison ancienne a beaucoup de charme, c'est la première fois que j'y retournais depuis sa restauration.

  • Je suis retournée lire cet article, l'explorer plus avant. Heureuse de cette visite instructive. La Belgique qui a toujours été riche en tapissiers, liciers, drapiers semble renouveler sa tradition avec brio!

  • Merci, Anne. Ces nouvelles créations sont réjouissantes, en effet.

  • Ah, j'imaginais bien que cela te plairait aussi, chouette !

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