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elise peroi

  • Varia d'été

    L’été s’est déclaré à Bruxelles bien avant le solstice, cette année, et ce mois de juin largement ensoleillé a fait oublier le triste mai, gris et trop frais. Les floraisons abondent dans les jardinets de ville, je m’en émerveille à chaque promenade. Les roses trémières déploient leur palette de couleurs, les rosiers ne sont pas en reste.

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    J’aime quand, échappée naturellement d’un jardin ou d’un parterre ou semée par quelque fantaisiste, une plante surgit à l’imprévu, comme cette mauve au pied d’un réverbère.

     

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    Quand une fleur jamais vue attire l’attention, telles ces boules de belle allure – ail d’ornement ? – au-dessus de pivoines encore en boutons. Reflets dans une fenêtre parée de géraniums de balcon...

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    Quand une alliance de tons inattendue retient le regard
    ou le bord effrangé d’une passerose
    ou son cœur de fleur plus foncé…

     

     

     

    Les travaux de réaménagement du rond-point entre l’avenue Demolder et le square Riga s’achèvent et tout le monde est content de voir disparaître les barrières du chantier, en particulier les clients qui ont retrouvé la terrasse du café Riga depuis sa réouverture. J’attends avec impatience le retour de l’olivier du rond-point où un supporter des Diables Rouges a planté un drapeau belge à sa place (un petit drapeau suisse a suivi ; avec l’Euro foot, les drapeaux nationaux flottent en nombre dans le quartier). Et les nouvelles plantations dans les parterres aménagés dans les trottoirs élargis (pas visibles sur la photo).

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    21, 22, 23 juin 2021, ciel de pluie. Les autres photos datent de jours précédents.

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    De l’autre côté du square, l’avenue Georges Eekhoud, où les travaux d’égouttage ne sont pas encore tout à fait terminés, ne manque pas de charme ; j’y reviendrai peut-être ici un jour, quand il sera plus aisé de prendre des photos.

     

     

     

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    Georges Eekhoud (1854-1927), un écrivain belge dont je n’ai lu que des extraits, avait fondé une revue littéraire, Le Coq Rouge (1895-1897), où Eugène Demolder, Maurice Maeterlinck et Emile Verhaeren figuraient dans le comité de rédaction. Les avenues à leur nom les rapprochent encore aujourd’hui dans ce quartier schaerbeekois. Si cette revue vous intéresse, je vous recommande la lecture du texte fondateur, « Le Coq rouge » (en pdf, source de l’illustration).

    De mes balades sur la Toile, je vous rapporte enfin deux liens vers Mu in the City : le premier à propos de l’autre exposition d’Elise Peroi déjà évoquée ici, le second sur l’exposition actuelle de Chiharu Shiota à la galerie Templon qui la représente en France et en Belgique depuis des années. A sa manière très personnelle, la Japonaise s’y exprime sur des mois de confinement.  Le site de la galerie propose une vidéo sous-titrée où elle explique son travail pour « Living inside ». 
    Bel été à toutes & à tous !

  • Elise Peroi au Bota

    Depuis que j’avais vu son Sous-Bois, je me réjouissais à l’idée de découvrir d’autres œuvres textiles d’Elise Peroi. Là où se trouve la forêt, le titre de son exposition au Botanique, est prometteur. Cela vaut la peine de la visiter, bien que l’espace qui y est dédié m’ait déçue, à l’opposé du grand salon ensoleillé de la Maison des Arts de Schaerbeek.

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    © Elise Peroi, Semer (détail), 2021, lin, soie peinte, bois
    (désolée pour le jaunissement des couleurs, photo prise sans flash)

    Le Botanique : l’endroit paraissait idéal pour cette artiste. Mes beaux souvenirs de l’orangerie qui s’étire au-dessus des jardins ne m’avaient pas préparée au choc du chantier de restauration en cours. Effacée, la carte postale. C’est une forêt d’échafaudages qu’il faut traverser dans un long couloir puis autour de la rotonde, avant de monter à la « galerie » où n’arrive pas une goutte de lumière naturelle.

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    Restauration en cours au Botanique

    Mais l’exposition nous la rend, la lumière, celle des jardins, des bois, et l’ombre bienfaisante des arbres. Au centre de la salle, Forêt, une enfilade de quatre panneaux, aimante le regard. Près des murs, d’autres œuvres et je commence par celle que j’ai mise en premier, Semer, où l’artiste même semble nous accueillir : une femme se penche vers la terre. Les jeux des fils dans la double chaîne donnent du relief à cette apparition et l’œil s’attarde entre feuillages et fleurs, entre vides et pleins. On retrouvera cette figure dans Clairière, plus loin.

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    © Elise Peroi, Forêt (détail), 2021, lin, soie peinte, bois

    Le premier élément de Forêt – si c’étaient les quatre saisons, ce serait l’hiver – est en noir & blanc, ce qui donne toute une gamme de gris et accentue le contraste entre fils tendus et parties tissées. Dans Ce qu’il reste de gestes, la belle monographie très bien illustrée qui vient de paraître aux éditions CFC, le texte central d’Elise Peroi, « Absence/Présence », s’articule comme ses œuvres dans la dualité : « Pièce et processus », « Corps et outil », « Tisseur et jardinier », « Corps et décor ». Elle y cite entre autres François Cheng et Gilles Clément.

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    © Photo Thomas Jean Henri / Elise Peroi, Vue d’atelier pour Assemblée, 2017

    Je ne vous montre que des détails de cette grande œuvre installée au milieu de la salle – ma photo d’ensemble ne donne pas grand-chose. Le soleil se fraie un chemin entre les feuilles, éclaire un tronc, des branches, l’œuvre invite à se promener dans les quatre temps de ce paysage évoqué avec douceur. Non pas des couleurs passées mais des couleurs, des espaces où l’on passe.

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    © Elise Peroi, Pour faire une prairie (détail), 2020, lin, graminées

    Sur de petites étagères, Elise Peroi a déposé des graines glanées au Jardin Botanique. Des graminées sèches entrent dans le tissage de Pour faire une prairie, créent une bordure naturelle accordée aux fils de lin. C’est beau. Sa pratique artistique établit des liens subtils. On aurait envie de toucher, en plus de regarder. 
    Là où se trouve la forêt, l’exposition aussi se dédouble : Faire sillons est présenté en parallèle au Centre culturel de La Tour à Plomb. « Exposition miroir en deux lieux distincts », écrit Coline Franceschetto sur le feuillet du Botanique : « visant à mettre en exergue ce paysage dans la mise en perspective de notre système de représentation basé sur la verticalité et l’horizontalité. Une forêt levée, un champ sillonné. »

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    Awful Things, 2018 © memymom

    La grande salle du musée du Botanique accueille l’exposition Home Game de memymom, un duo bruxellois, Marilène Coolens et Lisa De Boeck, mère et fille. Cette rétrospective de plus de de 220 œuvres, de 1990 à aujourd’hui, permet de découvrir le « langage visuel post-moderne attrayant et haut en couleur » de ces autodidactes qui font tout elles-mêmes : « photographie, recherche des décors et des lieux, casting, éclairage et postproduction » (Botanique). Pas d’autoportraits mais des mises en scène. Un univers décalé en guise de « mémoires ». La vidéo proposée sur le site du Botanique présente très bien leur démarche.

  • Intemporelle

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    « Les œuvres textiles d’Elise Peroi sont d’une élégance intemporelle. L’artiste accorde autant d’importance au processus – le « chemin de tissage » parcouru – qu’au résultat final.

     

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    Elle maîtrise cette technique ancestrale mieux que quiconque et la compare, par ailleurs, à un processus d’écriture dans lequel les ratés profitent à de nouvelles expressions.

     

     

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    Sa préférence se tourne vers le fil de soie : ce matériau à la fois fragile et noble lui permet de donner vie à des paysages imaginaires, des panoramas d’une nature paisible mais ô combien vivante. »

    Catalogue FIL, La Maison des Arts, Schaerbeek, 2021.

    © Elise Peroi, Sous-bois, 2020, installation :
    soie peinte, lin, bois, dimensions variables (3 détails) 

    A voir à la Maison des Arts de Schaerbeek jusqu’au 25 avril,
    en nocturne le jeudi 22 (sur inscription).

  • FIL, 9 artistes

    Il ne reste qu’une semaine pour visiter à la Maison des Arts de Schaerbeek la belle exposition « FIL », enfin vue la semaine dernière (entrée libre, s’inscrire sur le site) : « 9 artistes contemporains travaillent le fil ». Mélanie Coisne, directrice du TAMAT à Tournai, rappelle dans le catalogue l’évolution du tissage à l’artisanat, de l’artisanat d’art à l’art textile (à partir des années 1960).

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    Deux artistes très connus figurent au début du parcours dans cette Maison des Arts bien restaurée. J’ignorais que José María Sicilia, aux fleurs rouges sur cire inoubliables, s’était tourné ces dernières années vers le tissu et la broderie. Dans le hall d’entrée est suspendu un « suzani » (textile traditionnel en soie d’Asie centrale, cousu pour la dot, XIXe) où il a collé de petits ronds de peinture blanche : « El Ojo de agua » (L’œil d’eau, 2009) représente une constellation céleste. On retrouvera cet artiste à l’étage.

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    © Chiharu Shiota, State of Being (kimono), 2014

    Le parcours commence dans la belle salle à manger où deux œuvres de Chiharu Shiota, « State of  Being » (Etat d’être), distillent leur mystère dans la pénombre : la chute de lettres capitales retenues dans les fils noirs tendus dans une cage de verre et, devant les vitraux anciens d’une fenêtre, un kimono clair qui flotte dans les jeux de lumière et d’ombre des fils croisés – à la fois présence et reliquaire, c’est fascinant.

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    © Hélène de Gottal, Pourquoi naître esclave ?, 2017, installation (détail)

    Des vidéos de deux, trois minutes permettent de faire connaissance avec les sept autres artistes intervenant dans cette exposition. Le travail d’Hélène de Gottal est présenté au petit salon. Je vous recommande de l’écouter au sujet de « Pourquoi naître esclave ? », son installation de petits objets, de pierres et de dentelles près d’une réplique d’un buste de Carpeaux qui l’a inspirée.

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    © Elise Peroi, Sous-bois, 2020, installation

    Mon coup de cœur va au « Sous-bois » d’Elise Peroi, une œuvre réalisée expressément pour cette expo : vers 1920, le jardin de la Maison des Arts était un sous-bois. Elle en évoque l’atmosphère en utilisant la technique de la double chaîne pour créer des effets de volume, de transparence. A partir d’une soie peinte et de fils de lin, elle établit un pont entre le passé et le présent dans ce grand salon où l’air circule à la lumière généreuse des fenêtres, entre les murs tapissés de nuages. C’est superbe ! Un détail a servi pour la belle affiche de FIL.

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    Des rayons de bibliothèque sans livres, c’est triste. Erwan Maheo structure cette pièce en longueur à l’aide de cloisons textiles (recto et verso) qui rythment l’espace. Leurs motifs, signes ou mots, m’ont paru hermétiques. Le parcours fléché continue à l’étage. On y accède par un bel escalier au pied duquel une petite table vitrine contient des tissus de la famille qui habitait cette maison, construite en 1825 pour de riches drapiers. Notamment un « couvre-lit post accouchement » : était-il destiné aux visites à la jeune mère ?


    José Maria Sicilia, Light on light (au début de la bande-annonce de FIL)

    « Light on light » de José Maria Sicilia intrigue, dans la première chambre. Francisco Calvo Serraller, sur le site de la galerie où vous trouverez d’autres de ses créations, explique son cheminement autour de la lumière : « Il ne s’intéresse donc pas à la lumière elle-même, mais à sa fuite ; le phénomène de sa dispersion dans l’ombre. » Ses broderies sur soie jouent avec la lumière, la couleur, la transparence. Des motifs épars flottent dans l’air et sur la toile fine.

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    © Mireille Asia Nyembo, Effacement, éclatement et reconstruction (série), 2020

    Regardez sur le site de la Maison des Arts, si vous voulez, Ethel Lilienfeld présentant sa mystérieuse vidéo « Elle essayait de se réconcilier avec la nuit ». Ecoutez Mireille Asia Nyembo expliquer ce qui la motive et toutes les phases de son travail pour « Effacement, éclatement et reconstruction » (ci-dessus) : je suis restée longuement devant cette suspension magnifique, faite de cendre de raphia sur pagne wax rigidifié (elle rappelle que le raphia est le véritable patrimoine textile du Congo, son pays natal, l’origine du wax est ailleurs).

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    Vue partielle d'œuvres présentées par Alice Leens (coton)  

    Dans les autres chambres, on découvre les enroulements en fuseau de Maren Dubnick qui enveloppe divers objets et même des éléments architecturaux – si vous ne l’avez pas remarqué en arrivant, arrêtez-vous sur le porche dont elle a entouré une colonne, ton sur ton. Les sculptures d’Alice Leens, une artiste qui travaille le fil et la corde, révèlent à la fois des textures, des volumes, des structures qui occupent l’espace et qu’on a envie de toucher : du textile devenu sculpture à part entière !

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    Maren Dubnick à l'oeuvre : Entasis, 2021,
    installation sur le porche de la Maison des Arts : ficelle agricole

    FIL est une exposition très réussie, riche et diversifiée. Chaque artiste y a son espace propre, ce qui permet de bien se concentrer sur chacun de ces neuf univers. Durant ma visite, j’ai pensé à certaines d’entre vous qui tricotent, brodent, cousent, en me disant que ce serait vraiment bien de regarder tout cela ensemble. Puissent ces mots et ces photos, ces liens, vous atteindre où que vous soyez.

    A voir à la Maison des Arts de Schaerbeek jusqu’au 25 avril,
    en nocturne le jeudi 22 (sur inscription).