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Lanterne

soseki,oreiller d'herbes,récit,littérature japonaise,poésie,peinture,montagne,marche,contemplation,culture,beauté,nature« Quand j’étais petit, il y avait, en face de chez moi, un magasin de saké appelé Yorozuya où se trouvait une jeune fille nommée Okura. Cette Okura, durant les paisibles après-midi de printemps, pratiquait toujours des exercices de chant. Chaque fois qu’elle s’y mettait, je sortais dans le jardin. Au-delà d’un plant de thé de trente mètres carrés, trois pins se dressaient, à l’est de la salle de séjour. C’étaient des pins très hauts, dont le tronc avait une trentaine de centimètres de circonférence : détail curieux, c’était tous les trois ensemble qu’ils produisaient un effet intéressant. Malgré mon cœur d’enfant, il me suffisait de contempler ces pins pour ressentir un bien-être. A leur pied, une lanterne noircie de rouille était toujours obstinément posée sur une pierre rouge inconnue, comme un vieillard têtu. J’aimais beaucoup observer cette lanterne. Tout autour, des herbes anonymes du printemps jaillissaient d’une terre profondément imprégnée de mousse, semblant ignorer le vent qui souffle sur le monde d’ici-bas, elles s’amusent en exhalant leur parfum. A l’époque, j’avais coutume de trouver une place dans ces herbes, juste pour y glisser mes genoux, et m’y tenir immobile. Mon emploi du temps, à l’époque, me permettait de contempler la lanterne au pied de ces trois pins et de respirer le parfum de ces herbes, en écoutant le chant de mademoiselle Okura au loin. »

Natsumé Sôseki, Oreiller d’herbes

Autoportrait à l'aquarelle de Natsume Sôseki
sur une carte postale pour Doi Bansui du 2 février 1905 (Wikimedia).


Commentaires

  • Oui, on imagine la scène. Ce livre, c'est un voyage. C'est aussi un rêve éveillé et une atmosphère, un état d'esprit.
    Hier, je regardais sur le site de la Cinétek un film japonais (de Mizoguchi) que j'avais vu il y a très longtemps Contes de la lune vague après la pluie; c'était pareil: un rêve, une sorte de déambulation fantastique. Et, toujours, l'esthétisme japonais. Le Japon, c'est une île; ils ont su s'inscrire dans leur tradition et s'adapter à un certain modernisme; cette attitude est fascinante d'autant que l'occident cède au progressisme en se coupant de ses racines...!Bon, c'est mon point de vue...

  • Merci de prolonger la réflexion, Anne. Je ne pense pas avoir vu ce célèbre film japonais. Le Japon d'aujourd'hui a-t-il conservé cet esthétisme, je l'ignore. Il a tant de facettes.

  • C'est un très beau texte Tania où chaque mot représente ce bel endroit. Merci cette douce musique.
    Je te souhaite un bon 1er mai et agréable week-end.
    Bisous

  • Contente que tu aies écouté cette gracieuse improvisation au piano. Bises et bon week-end du premier mai, Denise.

  • Un moment de grâce décrit par l'auteur. Une scène où on se glisse avec bonheur en la lisant.

  • N'est-ce pas ? Merci pour ton passage, Fifi.

  • Oh ! Que tu me donnes envie de lire ce livre au si beau titre, Tania ! Je le mets sur ma liste. Merci du partage.
    Bonne journée à toi et belles lectures,

    Anne

  • A croiser avec ta "Sagesse de l'herbe", Anne. Bon dimanche.

  • C'est beau d'être ainsi porté par des images d'enfance, c'est une force qui ne nous quitte jamais. Apprendre à un enfant à observer le monde dans sa beauté et sa richesse est un trésor pour son futur, il pourra venir puiser là son inspiration dans les moments de doutes. Belle soirée Tania. brigitte

  • C'est si vrai et si approprié à l'autobiographie que je viens de terminer. Bonne soirée, Brigitte.

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