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peinture - Page 9

  • A la Brafa 2023

    La prestigieuse BRAFA a retrouvé sa place en début d’année dans le calendrier des foires européennes et se déploie désormais sur deux halls de Brussels Expo au Heysel. 2023 étant l’année de l’Art nouveau à Bruxelles, des objets Art nouveau sont mis à l’honneur (dont de somptueux bijoux). Le tapis de la foire est imprimé de dessins du grand architecte belge Victor Horta, ainsi que la couverture du catalogue.

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    L’aménagement d’un stand importe pour attirer les visiteurs. Trois exemples : très « déco », ce stand expose au mur une « destruction » de Tadashi Kamawata, à partir de bois de palette récupéré. Sous un Concert champêtre de Botero, voici de beaux oiseaux en bronze du sculpteur animalier Jonathan Knight. Francis Maere en expose d’autres sous deux aquarelles de Spilliaert (déjà montrées). Je ne connaissais pas Jivko, qui signe cette jolie console contemporaine au hibou, en bronze doré.

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    De grandes fleurs en papier mâché datant de 1900 ont attiré mon regard : des modèles pour étudiants en botanique, devenus objets décoratifs. Mon coup de cœur floral est signé Redon : un magnifique Vase de fleurs au pastel ! Vu aussi des anémones de Renoir, des hydrangéas dans un jardin de Claus ou cette Terrasse fleurie sous la pluie d’Henri Martin, charmante bien que de composition fort symétrique.

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    Odilon Redon, Vase de fleurs, Pastel, 50 x 43 cm (Galerie Taménaga)

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    Henri Martin, Jour de pluie sur la terrasse fleurie de Marquayrol, huile sur toile, 79 x 108 cm (Willow Gallery)

    Autre coup de cœur, ce paysage de neige de Bonnard (ci-dessous). Il me semble que je n’en avais jamais vu de lui : j’ai adoré ces jaunes lumineux auxquels répond le bleu d’un buisson et des vêtements du personnage sur la gauche. D’une facture très différente, aussi sous un ciel jaune, j’ai aimé ce paysage aux arbustes givrés de Fjaestad.

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    Pierre Bonnard, La neige au Grand-Lemps, 1910, huile sur toile, 50 x 65 cm (Galerie Hurtebize)
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    Gustaf Fjaestad, La neige, 1919, huile sur toile, 100,5 x 140,5 cm (Ary Jan)

    Univers du bronze montrait de belles réductions de Rodin et cette séduisante Femme de Tours ou Mélancolie de Volti (1915-1989), dans la même veine que Jouvence présentée en pleine page dans La gazette Drouot qui cite le sculpteur : « Ce qui m’enchante dans un corps de femme, ce sont les rythmes et les volumes. » Sur le site d’UBD, une vidéo vous permet de visiter ce stand. Du rythme abstrait dans Gate, une sculpture contemporaine en acier poli de Tony Cragg, à l’entrée de la Galerie von Vertes.

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    Antoniucci Volti, Mélancolie ou Femme de Tours, bronze, H 60 x W 160 x D 80 cm (Univers du bronze)
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    © Tony Cragg, Gate, 2019, acier inox poli, 56 x 62 x 55 cm (Galerie von Vertes)

    En explorant le catalogue de la Brafa et les suppléments de presse mis à la disposition du public, je découvre plein de choses admirables que je n’ai pas vues. 130 galeries, ça ne se visite pas in extenso. Les œuvres devant lesquelles je me suis arrêtée, je ne les oublierai pas. Que dites-vous de ce Déjeuner du petit Jean Gosset en Normandie (1911) de Vuillard ? de L’écuyère sur l’âne vert (1981), un petit Chagall merveilleux ? Connaissez-vous Elisabeth Sonrel (1874-1953) ? Sa belle Yseult (aquarelle et gouache) somptueusement encadrée, d’époque art nouveau, m’a rappelé les sujets préraphaélites.

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    Edouard Vuillard, Le déjeuner du petit Jean Gosset, 1911, huile sur toile, 81 x 102 cm (Galerie des modernes)
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    © Marc Chagall, L'Ecuyère sur l'âne vert, 1981, huile sur toile, 27x 22 cm, (Galerie Claes) 

    J’ai bien failli  ramener chez moi – je plaisante – une petite marine de Paul César Helleu, chez le même galeriste (Ary Jan). Comment choisir entre ces Nuages du soir, Cancale d’Amédée Julien Marcel-Clément ou sa Matinée aux Sables d’Olonne ? A moins que vous préfériez Port du Croisic, un petit format de Jean Metzinger ?

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    Paul César Helleu, Dieppe, les falaises, 1884, huile sur toile, 21 x 27 cm (Ary Jan)

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    Amédée Marcel-Clément, Nuages du soir, Cancale, s.d., huile sur panneau, 44,5 x 80 cm (Ary Jan)
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    Jean Metzinger, Port du Croisic, 1903, huile sur carton, 22 x 27 cm (Galerie des modernes)

    Raccourcir, raccourcir ce billet – comme c’est difficile après une visite de la Brafa ! J’avais pensé vous montrer un étonnant bénitier en vermeil du XVIIe siècle, une paire de chaussures en bronze d’un hyperréalisme saisissant, mais je préfère terminer cet aperçu avec de l’art belge : j’aime ce Gardien de vaches, Joueur de flûte de Malfait. On peut lire sa biographie sur le site de la galerie Oscar De Vos, qui propose son catalogue en ligne.

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    © Hubert Malfait, Gardien de vaches, joueur de flûte, 1930, huile sur toile, 85 x 75 cm (Francis Maere)

    La Fondation Roi Baudouin exposait un paravent art nouveau de Paul Hankar et, parmi d’autres pièces remarquables, un portrait par Memling, revenu d’Amérique à Bruges « où Memling l’a peint au XVe siècle ». Je n’ai pas réussi à m’en approcher. Le public nombreux d’une conférence occupait tout le stand. Je me suis tout de même glissée derrière le dernier rang pour voir de plus près le Théâtre de Maeterlinck en trois volumes illustré de dessins originaux par Spilliaert. La FRB vous montre tout cela sur son site, si cela vous intéresse.

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    Théâtre de Maurice Maeterlinck, recueil en 3 volumes,
    dessins originaux de Léon Spilliaert (1902/1903) (FRB)

    A la prochaine pour un complément – court, c’est promis.

  • Pierre Lesieur

    On peut voir actuellement au musée Bonnard une exposition intitulée
    « Onze ans de collection ». J’y découvre le nom d’un peintre que je ne connaissais pas, Pierre Lesieur (1922-2011), qui signe cette lumineuse Table jaune à la bonbonnière verte. En 2018, ses œuvres dialoguaient dans ce musée avec celles de Bonnard pour l’exposition intitulée
    « Pierre Lesieur, Intérieurs ».

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    © Pierre Lesieur, Table jaune à la bonbonnière verte, années 2000,
    pastel et technique mixte sur panneau, Le Cannet, musée Bonnard, don de Michelle Lesieur

    « Pour lui comme pour Bonnard, les êtres et les choses qui l’entourent, sélectionnés avec soin, participent à l’atmosphère prégnante que l’on retrouve dans ses tableaux. […] Tous deux ont donné aux choses du quotidien un supplément d’âme, une place aussi importante que les êtres dans une tradition du regard, du peintre sur son environnement, symbolisant cette conversation ininterrompue entre les peintres dans la lignée de Bonnard, Matisse ou Vuillard. » (Site du musée Bonnard)

    Je vous recommande la visite du site de Pierre Lesieur, avec ses généreuses galeries photos. Parmi les textes cités là, un extrait de Claude Roy consacré au peintre dans son atelier de Saint-Rémy-de Provence : « Pierre est un piégeur de lumière. Qu’il peigne un mur crépi sous le soleil d’été ou une chambre à coucher aux volets demi clos, un jardin ou un atelier, qu’il fasse à une jeune femme ou au chat noir et blanc l’offrande réfléchie des couleurs autour d’eux, ou qu’une toile si claire et pâle nous apparaisse comme clignant des yeux, éblouie par la clarté diffuse, qu’il célèbre par la croisée ouverte le noir très noir de la nuit noire ou les ombres longues du coucher de soleil, c’est d’abord la lumière qui est le personnage central de sa peinture. »

  • Bonnard par l'image

    Délicate attention sous le sapin de Noël, le coffret Bonnard paru chez Hazan dans la collection « L’essentiel » est signé par Valérie Mettais (après ceux qu’elle a consacrés à Klimt, Van Gogh, Bosch, Turner, à l’impressionnisme, au Caravage). Lancée au printemps dernier, cette collection compte déjà douze titres qui proposent une « promenade visuelle » en une cinquantaine de chefs-d’œuvre. Ces coffrets sont conçus dans une nouvelle optique, en phase avec la mode contemporaine des « immersions » artistiques. 

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    Bonnard, Femme dans un paysage ou La sieste au jardin, vers 1914,
    huile sur toile, 100,5 x 249 cm, Oslo, Nasjonalmuseet (cliquer pour agrandir)

    On y privilégie les illustrations, disposées en accordéon entre deux cartons de couverture reprenant un détail d’une toile magnifique, Femme dans un paysage ou La sieste au jardin, conservée au musée national d’Oslo : une femme en blanc se repose et pose sur une chaise-longue devant un paysage. Quand Bonnard la peint, ils sont à Vernonnet, dans l’Eure, où ils ont acquis une maison de campagne non loin de Giverny, « Ma roulotte ». Il m’a fallu chercher longuement l’illustration entière, souvent coupée à droite de la table dressée à l’ombre d’un arbre, reprise en couverture du coffret. Non seulement le panorama se trouve ainsi tronqué, mais il manque une figure omniprésente dans l’œuvre du peintre : un chat roux et blanc qui tient compagnie à Marthe Bonnard.

    A l’intérieur du livre, ce sont des illustrations pleine page et le plus souvent en double page, sans bord, sans texte. La plupart sont complètes, comme ce lumineux Nu à la baignoire au petit chien ; quelques-unes sont légèrement tronquées pour se plier au format choisi. Un petit livret explicatif (48 pages) est joint : après une courte présentation du peintre, les œuvres (de différents musées et collections particulières) y sont reprises en vignettes noir et blanc, avec leur légende et un commentaire succinct. « L’ensemble offre une expérience immersive inédite. » (Site de l’éditeur)

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    Bonnard, Nu dans le bain au petit chien, 1940-1946,
    huile sur toile, 121,9 x 151 cm, Pittsburgh, Carnegie Museum of Art

    Quand on aime, on ne compte pas, dit-on, et voilà pourquoi plusieurs albums consacrés à Bonnard se suivent dans ma bibliothèque. Je les en ai retirés d’abord pour vérifier où ils avaient été imprimés : quasi tous en Europe, à l’exception d’une impression au Japon ; la plus belle vient de l’Imprimerie nationale (Michel Terrasse, Bonnard, du dessin au tableau, 1996). Si la photogravure est souvent italienne, j’ai été surprise de voir que l’impression et la reliure du coffret Hazan sont cette fois faites en Chine – dommage.

    Comme souvent, pour faire connaissance avec l’œuvre d’un artiste, rien de tel qu’un hors-série de Beaux-Arts magazine. Celui-ci avait été publié à l’occasion de l’exposition Bonnard au Centre Pompidou en 1984 – à peu près la période où j’ai commencé à m’intéresser à cet artiste dont quelqu’un m’avait dit qu’il était le « peintre du bonheur ». Un cadeau apprécié, lui aussi.

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    Chez Ars Mundi, Pierre Bonnard par André Fermigier (1987) m’a séduite par sa belle sélection de quarante œuvres majeures illustrées en couleurs et en pleine page à droite, avec pour chacune une bonne analyse de l’œuvre en regard. En l’ouvrant à la table des matières, j’y trouve un amusant chat à l’encre de Chine (1903) dont je ne me souvenais pas. Bonnard Inédits (2003), aux Editions Cercle d’art, est signé par Gilles Genty et Pierrette Vernon, qui se sont intéressés aux nombreux dessins de Bonnard : un excellent complément aux ouvrages sur le peintre.

    Et puis, bien sûr, des catalogues d’exposition. A la Fondation de l’Hermitage en 1991, dans cette belle maison de maître sur une colline de Lausanne. A la Fondation Pierre Gianadda, en 1999, à Martigny – heureux temps des vacances en Suisse ou au Val d’Aoste, propices à ces belles étapes ! Au Musée d’art moderne de la ville de Paris, en 2006 : glissée dans Bonnard, l’œuvre d’art, un arrêt du temps, une carte reproduisant L’atelier au mimosa porte une écriture amie qui me recommande d’y aller : « A contempler longuement, à revoir sûrement. » Quelle joie ce fut de découvrir en 2011 le musée Bonnard alors tout nouveau avec sa première exposition : « Bonnard et Le Cannet. Dans la lumière de la Méditerranée » !

  • Pas si fou Seuphor

    Le KMSKA expose jusqu’en janvier la donation des petits-enfants de Michel Seuphor : 57 dessins à lacunes à traits horizontaux.  Des œuvres abstraites censées guider le regard vers « les contrées de l’esprit ».

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    © Michel Seuphor, Les formes rendent hommage au carré, 1975, encre sur papier (détail), KMSKA, Anvers

    C’est beau, très graphique, très pur, une totale découverte pour moi de cet artiste et écrivain, Fernand Berckelaers (Anvers, 1901- Paris, 1999). Seuphor, son nom d’artiste, est l’anagramme d’Orpheus.

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    © Michel Seuphor, Les jardins privés de Pasifou géomètre, 1973, collage et encres, KMSKA, Anvers
    (désolée pour les reflets)

    Dans Les Jardins privés du géomètre (1973), on peut lire verticalement de part et d’autre des trois cercles « Les jardins privés de Pasifou géomètre » et « Secteur nord ouest du paradis terrestre ». Pas si fou ! Et voici un texte de Michel Seuphor pour conclure ces impressions d’Anvers : Visite et invite.  

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  • Au KMSKA à Anvers

    Restauré et rénové, le KMSKA (Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen, Musée royal des Beaux-Arts d’Anvers) a  rouvert ses portes en septembre 2022, après un énorme chantier qui lui a fait retrouver « sa splendeur d’antan, avec au centre, un tout nouveau volume muséal pour une expérience époustouflante d’espace et de lumière » (Site du musée).

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    Façade principale du musée 

    Il fait le plein de visiteurs curieux de découvrir la présentation nouvelle des collections : les maîtres anciens dans les salles du XIXe siècle repeintes dans des couleurs profondes, les modernes dans de grands volumes blancs du sol au plafond. Les œuvres contemporaines s’invitent ici et là. Conception étonnante : « le nouveau musée ne se verra pas depuis l’ancien, et vice versa. Il s’agit de deux univers distincts au sein du même bâtiment. »

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    James Ensor, Mer grise, 1880, huile sur toile, KMSKA, Anvers

    Dans quel ordre le visiter ? Le plan étage par étage ne suffit pas pour organiser son parcours et, après coup, on se dira qu’il aurait fallu mieux se préparer et prévoir deux visites, comme conseillé dans La Libre. Par admiration pour James Ensor, dont le KMSKA possède le plus grand ensemble d’œuvres, nous commençons par là. Près de sa belle Marine au nuage blanc et Mer grise, on a placé une petite plage de Vogels : le jeune Ensor sait comme son aîné rendre l’atmosphère de la mer du Nord, le ciel nuageux au-dessus des toits d’Ostende.

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    James Ensor, La mangeuse d'huîtres, 1882, huile sur toile, KMSKA, Anvers

    Dans cette salle où sont accrochées aussi des natures mortes aux chinoiseries ou aux légumes, on expose le bel éventail en nacre du peintre qui lui inspirera des couleurs nacrées fascinantes. Et un chef-d’œuvre de lumière et de couleurs, récemment restauré : La mangeuse d’huîtres. Plaisir de découvrir des œuvres d’Ensor moins connues, comme un petit bateau dans la grisaille, une cabine de plage sur roues, le dos d’une chaise face à la fenêtre…

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    James Ensor, Dossier d'une chaise, huile sur toile, KMSKA, Anvers

    Une vidéo étonnante explique la composition de L’Intrigue, extraordinaire groupe de masques, un autre trésor du musée. Près du plafond, un grand nez sort d’un mur : c’est une des dix créations du parcours pour les enfants réalisées par Christophe Coppens – chaque fois un détail agrandi d’une œuvre exposée dans la pièce – surprise garantie, amusante ou effrayante parfois (dans le goût contemporain du « ludique »).

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    Devant James Ensor, L'intrigue, 1890, huile sur toile, KMSKA, Anvers

    Passé une porte, nous voilà dans les escaliers du « nouveau » musée autour d’un puits de lumière. Ils débouchent dans le cabinet bleu nuit des arts graphiques puis des petites sculptures signées Rik Wouters, Rodin (Rose Beuret), Maillol… Et nous voici devant un escalier vertigineux qui tente tous les photographes – spectaculaire (103 marches).

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    Le plus long escalier du musée

    Au 4e étage, un immense volume d'une blancheur éblouissante présente l’art moderne par catégories : forme, couleur, lumière… sous un plafond très haut et original. Tant d’espace capture le regard et rapetisse les œuvres, à première vue. On passe d’un artiste à l’autre, on s’arrête devant ce qui retient le regard – difficile de percevoir une cohérence dans l’accrochage. Peut-être une visite ultérieure permettra-t-elle d’échapper à une certaine impression de fourre-tout.

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    Salle du premier étage, "Maîtres modernes"

    J’admire Femme près de la fenêtre de Henry Van de Velde, une nature morte cubiste de Marthe Donas, Dimanche de Gustave De Smet, Perle fine d’Oscar Jespers (collection FRB), Seize septembre de René Magritte… Sur le côté, l’accès aux Conflict paintings (2022) de Boy & Erik Stappaerts est limité : un étonnant couloir étroit où se touchent, s’affrontent deux champs de rayures de toutes les couleurs.

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    Henry Van de Velde, Femme assise près de la fenêtre, 1889, KMSKA, Anvers

    Un autre grand ensemble fait la fierté du KMSKA : plus de cent peintures, sculptures et dessins de Rik Wouters. Bonheur de revoir la lectrice au corsage rayé ou Nel en noir qui lit le journal. 
    « Couleur ». Les bleus magnifiques de la Table d’aquafortiste mènent à d’autres : une composition abstraite de Marc Mendelson, un autoportrait de Vantongerloo, Ciel de René Guiette, le vitrail d’une Pieta du XVIe siècle. Place au rouge : Fraises et champagne du grand peintre anversois Henri De Braekeleer, une nature morte de Jan Sluijters, La loge d’Evenepoel près des Deux printemps de Van de Woestyne…

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    Jan Sluijters, Nature morte avec fleurs, 1921, KMSKA, Anvers

    Il est temps de descendre au deuxième étage où règne Rubens. Une belle Epitaphe montre deux riches donateurs sur les panneaux latéraux autour d’un Christ montrant ses stigmates à trois apôtres. Des percussions incongrues me gênent dans les salles du grand maître, je les fuis pour m’arrêter devant Le Dauphin François de Jean Clouet, au visage pâle dans ses vêtements colorés, un petit format au cadre somptueux.

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    Jean Clouet, Le Dauphin François, fils du roi François Ier, 1520-1525,
    huile sur bois, 16 × 13 cm, KMSKA, Anvers

    Et voilà Dieu le Père entre des anges chanteurs et musiciens, chef-d’œuvre de Hans Memling. Madone entourée de séraphins (rouges) et de chérubins (bleus) de Jean Fouquet (Diptyque de Melun). Les œuvres phares des maîtres anciens du KMSKA sont superbement mises en valeur sur un grand mur où elles rayonnent. Schmerzensmann de Berlinde de Bruyckere (inspirée par Vlad L’Empaleur, 2006), entre en résonance avec les œuvres autour.

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    Hans Memling, Dieu le Père entouré d’anges chanteurs et musiciens, 1489, huile sur panneau, KMSKA, Anvers

    Je ne suis pas friande de ce qui distrait les visiteurs dans un musée (finira-t-on  par ne plus supporter de regarder des œuvres silencieuses et immobiles ?), mais on ne peut ignorer les musiciens et danseurs en résidence au KMSKA. Pendant cinq ans, ils se sont inspirés des maîtres anciens de la collection. On observe comment une posture, un geste attire l’attention vers telle ou telle figure d’un tableau. Parfois avec tant d’expressivité que nous applaudissons spontanément une danseuse qui évoluait au son d’une contrebasse.

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    Danse-performance devant Ferdinand de Braekeleer, Furie espagnole à Anvers

    Parmi les œuvres du XIXe, je suis attirée par un bel ensemble de Constantin Meunier : de petits bronzes (Puddler, Faucheur, Pêcheur) et une belle Maternité. Une ramasseuse de pommes de terre de Van Gogh. Comme dans les Salons de l’époque, on a superposé dans la salle suivante des toiles sur trois hauteurs, ce qui dessert celles du haut. Remarquable Sphynx parisien d’Alfred Stevens, charmants enfants de Jan Verhas, chats turbulents d’Henriette Ronner-Knip… C’est très varié.

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    Salle du "Salon", œuvres du XIXe siècle

    J’admire Visite d’Albrecht Dürer à Anvers en 1520  du peintre belge Henri Leys, dont on verra plus loin le portrait de sa fille Lucie Leys en robe verte. L’émouvant Michel-Ange au chevet de son amie morte Vittoria Colonna par Nicaise De Keyser. Je termine cette approche désordonnée et forcément incomplète en vous incitant à visiter un jour le KMSKA. La belle ville d’Anvers/Antwerpen vaut le voyage, toujours très animée et déjà parée pour Noël. (Merci, Ch. !)