Avec Ensor et Verhaeren / 4
« Et voici qu’un simple Chou vert (1880) posé sur une table rouge lui fait faire un chef-d’œuvre. Une lumière nouvelle, qui s’affranchit soudain des oppositions violentes entre les avant-plans et les arrière-plans, baigne cette merveilleuse nature morte. (…) C’est, du reste, le propre des œuvres vraiment fortes d’étonner à leur apparition par leur soi-disant audace et de s’imposer après quelques années par leur absolue convenance. »
Emile Verhaeren, Sur James Ensor (1908), Complexe, 1990.
Commentaires
La distribution de la lumière est magistralement irréelle … : distribution nouvelle dit Verhaeren … ce chou dans les clairs-obscurs semble avoir le cœur suspendu dans ses feuilles de base … et le torchon retenu par un oignon est moins sale … à gauche, un autre légume rivalise en lumière …
Majestueux ce chou!
Curieusement, chaque fois que je regarde ce tableau, quatre fois depuis ce matin, mon regard glisse immédiatement vers le coin droit, derrière le chou, au-dessus de la ligne claire de la nappe, comme si ma vue essayait d'échapper de ce côté. Peut-être est-ce dû à la tache claire sur le mur...
Colo a raison … à cause d’une infirmité qui ignore la droite du champ visuel, je n’avais pas « vu » cette tache de lumière … : importante, elle est l’aboutissement d’une source de lumière qui, insolite, semble partir du sol en diagonale, tout en s’épanchant sur le torchon …
Décidément, j'aime de plus en plus Ensor!