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Sculpture - Page 8

  • Vu à l'Alhambra

    Comment ne pas revenir, encore et encore, aux photos prises à l’Alhambra de Grenade, « acropole médiévale la plus majestueuse du monde méditerranéen » (Wikipedia) ? Pour info, si nous avions visité le musée de l’Alhambra (fermé le lundi) situé dans le palais de Charles-Quint, cela aurait levé le mystère de son animal symbolique (une gazelle – voir le billet mis à jour).

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    Depuis la citadelle de l’Alcazaba, les vues sur Grenade révèlent une ville différente de celle qu’on découvre à pied, avec ses maisons blanches et ses nombreux cyprès, les collines qui l’entourent et même, au loin, les neiges de la Sierra Nevada.

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    Aux Palais Nasrides, où qu’on porte le regard, on est éclaboussé de beauté. Portes, murs, plafonds, volumes, ouvertures, le décor intérieur est exceptionnel, basé sur les « trois composantes des arts de l’Islam : la calligraphie, la décoration florale stylisée, les arabesques et motifs géométriques » (Wikipedia)

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    « Plus Ultre », la devise inscrite sur le phylactère de ce panneau de céramique surmonté d’une couronne, rappelle la devise personnelle de Charles-Quint, « Plus Oultre » (plus loin).

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    Celle-ci est répétée sur un beau plafond à caissons en bois de la Chambre de l’Empereur, en alternance avec « K » et « Y », les initiales de Karolus et Ysabel. Il n’est jamais trop tard pour apprendre : « Plus Ultra » est la devise de l’Espagne depuis le XVIe siècle.

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    La devise des Almohades, « Wa lā gāliba illā-llāh » (« Et il n’y a pas de vainqueur, sinon Dieu »), figure sur les armoiries nasrides, qu’on voit notamment sur la bande centrale de ce magnifique décor en stuc riche en calligraphies et en arabesques. En dessous, les azulejos colorés sont ponctués d’étoiles.

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    A l’intérieur des Palais Nasrides, l’ornementation qui entoure les arcs (eux-mêmes superbement sculptés de diverses manières) est fascinante. Quel univers à explorer pour les historiens d’art ! Voyez l’arc festonné bordé de dentelle autour de cette porte, les boucles des entrelacs, le motif répété de la frise et enfin les motifs épigraphiques qui l’encadrent...

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    Juste à gauche, la colonne et son chapiteau ont à peine retenu notre attention que l’œil est attiré par un autre décor somptueux. Autre exemple d’encadrement raffiné, cet arc surmonté de fenêtres à moucharabieh, peut-être celles dévolues aux femmes.

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    Le motif de l’étoile à huit branches est fréquent dans l’architecture d’Al-Andalus, on l’appelle « étoile de l’Andalousie ». La plus spectaculaire est certainement celle vers laquelle se lèvent tous les regards dans la salle des Abencérages, avec ses hautes baies qui l’éclairent.

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    « L’Alhambra de Grenade, un lieu construit pour la lumière », titre un article du site touristique Andalucía. C’est peut-être en admirant la fameuse Cour des Lions des Palais Nasrides que cela se vérifie le mieux. Les fûts très fins des cent-vingt-quatre colonnes en marbre blanc qui supportent la galerie tout autour, les arcs sculptés, les chapiteaux décorés, les nuances de bleu, tout est sublimé par les jeux de l’ombre et de la lumière.

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    La perception de l’espace a quelque chose de magique dans ces palais. On en sort par les Jardins du Partal où le grand bassin attire les photographes – j’ai trop peu parlé de l’eau qui joue un rôle majeur à l’Alhambra. Invitation à prendre la pose pour certains.

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    Une fois de l’autre côté du bassin, on découvre une des vues du site les plus aimées : celle du portique de la Tour des Dames qui s’y reflète, ici dans la douce lumière du soir.

  • Légende d'amour

    parc josaphat,schaerbeek,la fontaine d'amour,source,sculpture,mon de rijck,marbre,légende,cultureParmi les sculptures du parc Josaphat, en voici une jamais montrée sur ce blog : La Fontaine d’amour. Non loin de La Laiterie, cette œuvre en marbre de Carrare et marbre gris illustre la légende d’une source du parc ainsi nommée. On y voit la jeune Herlinde, désespérée d’attendre là, jour après jour, son beau chevalier Théobald, malgré ses promesses d’y revenir, se jeter dans la fontaine et s’y noyer.

    Une restauration vient de rendre son éclat à cette sculpture contemporaine, une œuvre de Mon De Rijck (°1943) – l’artiste qui a remporté le concours en vue de concrétiser le don d’un négociant : François De Roy avait légué une somme d’argent à Schaerbeek pour l’érection d’un monument figurant cette légende. La Fontaine d’amour a été inaugurée en 1988.

    Mon De Rijck, La Fontaine d’amour, marbre, 1988, parc Josaphat, Schaerbeek,
    13/1/2022 (Balades de janvier)

  • Tatiana Wolska

    Nuages  TWolska 1.jpgNous faire entrer dans une bibliothèque aux rayonnages vides comme dans un sous-bois : c’est la belle idée de Tatiana Wolska, une artiste polonaise qui vit et travaille à Bruxelles, toujours avec des matériaux de récupération. Elle a utilisé pour cette installation monumentale des branches trouvées au parc Josaphat et construit « un nuage végétal, aux allures flottantes, dans lequel elle invite le spectateur à se déplacer ». Une des plus belles interventions que j’aie vues dans cette pièce de la Maison des Arts.

    © Tatiana Wolska, Un passage sans attente, 2021, bois, installation in situ

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    A l’extérieur, des chutes de bois de construction ont servi à l’aménagement d’une cabane « nichée tel un cocon dans le jardin ». Bonne idée d’avoir invité cette artiste (son nom de famille n’est pas très éloigné de « wolk », « nuage » en néerlandais). Je me souviens des formes rouges flottantes qu’elle avait suspendues dans les arbres au musée Van Buuren (lien rectifié) il y a trois ans.

    © Tatiana Wolska, Prototype d'une sculpture/architecture sociale à propager dans nos villes, 2021, planches de bois récupérées. Courtoisie de l'artiste et Irène Laub Gallery

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    Pour qui n’aurait jamais vu le jardin de la Maison des Arts, où beaucoup s’étaient assis pour profiter de ce dernier dimanche de l’été, en voici une photo. Un havre urbain où s’asseoir, lire, prendre un verre (l’estaminet était ouvert).

    Le jardin de la Maison des Arts de Schaerbeek (19/9/2021)

  • Nuages dedans dehors

    Les nuages ont eu le bon goût de laisser de la place au soleil pour le dimanche sans voiture organisé ce 19 septembre à Bruxelles. Voici donc Saint-Servais sous un ciel de peintre, en haut de l’avenue Louis Bertrand fort animée pour l’occasion, en guise d’introduction à l’exposition en cours à la Maison des Arts de Schaerbeek : « Nuages (d’hier et d’aujourd’hui) ».

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    Eglise Saint-Servais, Schaerbeek

    Temps suspendu, que Lucile Bertrand fait flotter dans une structure en métal, illustre sa prédilection pour ce qui est fragile. Elle utilise des matériaux pauvres et des matériaux organiques. Poétique, ce nuage de plumes blanches dit la beauté du monde « entre légèreté et poids, entre envol et chute », et aussi son équilibre instable.

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    © Lucile Bertrand, Temps suspendu, 2020,
    Structure en métal peint, plumes, tulle, fils de nylon. 180 cm haut x 45 cm côtés

    L’atelier de la nuagerie montre dans la véranda à côté des luminaires en coton, soie et polyester, nuages d’intérieur. Objets de déco « design », à louer ou fabriqués sur mesure, ils sont connectés au wifi et on peut les faire changer de couleur. Amusant, ce nuage dans un miroir ou, vu du jardin, comme décor de fenêtre. Le monde à l’envers, en quelque sorte !

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    Créateurs de Nuages | Atelier de la Nuagerie | Bruxelles

    Je me demandais quelle œuvre serait à la hauteur du grand salon ancien aux murs nuageux en permanence. Jacqueline Mesmaeker y a placé un projecteur sur un trépied : les images en mouvement dans le petit cadre m’ont semblé d’abord une mer de nuages. En réalité, « l’installation évoque le Pacifique à l’aide d’une mer du Nord projetée à l’envers. Même le mouvement des vagues est inversé. » Aux Antipodes est une œuvre de la collection du musée d’Ixelles.

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    © Jacqueline Mesmaeker, Aux Antipodes, 1973,
    vidéo, cadre ancien, trépied avec projecteur, 12 minutes, collection Musée d’Ixelles

    A l’étage, une salle est consacrée à Stephan Balleux et à sa série « Ars memoriae » réalisée en 2020 durant le confinement, une période éprouvante dont il fait le récit (illustré) sur son site. Empêché de se rendre dans son atelier, il a travaillé alors à de petits formats. Une de ses œuvres figure sur l’affiche de l’expo. Pour faire se rencontrer le dedans et le dehors, il peint des espèces de nuages bleus à la gouache sur des documents d’architecture « vintage ». Adepte de la déconstruction et de la reconstruction de l’image afin de questionner le visible, le réel, le statut de l’image et de la peinture, cet artiste perturbe la composition et interpelle le spectateur. (Son exposition au musée d’Ixelles en 2014 s’intitulait « La peinture et son double ». Une nouvelle expo est en cours au Botanique.)

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    Jean-Marie Bytebier dépayse autrement avec ses zooms du ciel, des toiles à la limite de l’abstrait (croisées au musée d’Ixelles également, lors de l’exposition d’Agnès Varda). Elles me paraissaient inertes jusqu’à ce qu’un rayon de soleil change tout à coup l’atmosphère de la chambre où il est exposé. Ces peintures presque immatérielles contrastent fort avec les sculptures textiles d’Elodie Antoine, en blanc ou en noir, dans la petite salle précédente.

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    Avant de descendre, si vous allez à la Maison des Arts où cette exposition sera visible jusqu’au 21 novembre, ne manquez pas sur le palier le grand nuancier du ciel de Christina Garrido, « Local color is a foreign invention » (British Islands »). Elle y a imprimé des détails de peintures du XVIe siècle à nos jours, classés selon le principe du nuancier Pantone en indiquant sous chaque fragment le titre, le peintre et la table du tableau. On peut les retrouver et les agrandir sur son site personnel.

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    © Christina Garrido, Local color is a foreign invention (British Islands), 2020,
    impression pigmentaire sur papier Hahnemühle 308 gr., 134 x 149 cm. Collection Edgard F. Grima, Paris

    L’exposition « Nuages » se veut une invitation « au rêve, à l’évasion et à la légèreté. » Les œuvres m’ont paru de qualité inégale, mais il y a des découvertes à faire. Parmi quelques toiles des collections communales, j’ai aimé par exemple ce portrait tout simple du roi Albert Ier devant la mer par Jacques Madyol.

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    © Jacques Madyol (1874-1950), Albert Ier, s.d., 41 x 32,5 cm.
    Collection communale de Schaerbeek

    Pour info, un joli cahier d’observation et de dessin conçu par Jacinthe Folon fera le plaisir des enfants qui vous accompagneraient pour cette visite (il est disponible à l’accueil). Quant à l’artiste qui a créé deux œuvres in situ pour l’occasion, je vous en réserve la surprise pour le prochain billet.

  • Charlier, fils spirituel

    Van Cutsem, mécène / 3     

    Guillaume Charlier (1854-1925), fils d’un boutiquier bruxellois, était l’aîné de cinq enfants. A la mort de son père en 1870, il doit arrêter son apprentissage pour subvenir aux besoins de sa famille. Puis il suit des cours du soir à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles et quand il présente en fin d’année sa sculpture Le Déluge, celle-ci est primée et acquise par Henri Van Cutsem : c’est le début d’une amitié durable.

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    Eugène Broerman, Portrait de Guillaume Charlier, s.d., huile sur toile marouflée sur carton,
    Musée des Beaux-Arts, Tournai © Paul M.R. Maeyaert (Wikimedia)

    Après deux années de formation à Paris dans l’atelier de Jules Cavelier, puis un voyage en Italie dont il ramène de nombreuses esquisses, il dispose enfin, grâce à Henri Van Cutsem qui le lui a fait construire en 1885, d’un bel atelier à Bruxelles, avenue de Cortenbergh. Quand le sculpteur épousera Marie Agniez, la sœur du musicien Emile Agniez que Henri Van Cutsem appréciait, celui-ci leur proposera de s’installer dans sa demeure avenue des Arts à Saint-Josse-ten-Noode, qu’il leur lèguera à sa mort – l’actuel Musée Charlier.

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    Guillaume Charlier, Groupe des Aveugles, Tournai

    Charlier, dont vous avez aimé Inquiétude maternelle (voir Figures féminines), opte pour le réalisme et ses œuvres ont une forte connotation sociale : il sculpte des travailleurs, des pêcheurs, des personnes dans la misère, des mendiants, des enfants. Ses sculptures sont nombreuses dans l’espace public, comme le Groupe des Aveugles près de la cathédrale de Tournai.  Il a aussi conçu divers monuments, comme le Monument aux morts de Saint-Josse-ten-Noode (commune voisine de Schaerbeek) qui attire toujours mon attention au début de l’avenue du Méridien : une femme levant un drapeau, allégorie de la Patrie, avec à ses pieds un lion couché et un soldat mort.

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    Monument aux morts de Saint-Josse-ten-Noode (Photo Micheline Casier)

    Henri Van Cutsem, qui ne se soucie pas de l’origine sociale de ses amis, admire son travail : « Depuis des années, je suis fixé sur le talent de Guillaume ; mon opinion est faite et ne pourrait être atteinte par les appréciations d’autrui. » (Correspondance d’Henri Van Cutsem à Théodore Verstraete, le 22 juin 1894). Il l’épaule comme un père, affection que l’artiste lui rend bien.

    C’est Charlier qui sera le légataire universel du mécène, chargé de poursuivre son action et de verser des rentes viagères à Van Strydonck et à Verstraete. En 1903, Van Cutsem avait rencontré le bourgmestre de Tournai, Victor Carbonnelle, et envisagé avec lui de léguer sa collection à cette ville si on y construisait un musée pour la recevoir. Ce projet, un accord oral, Guillaume Charlier aura à cœur de le poursuivre, secondé par Louis Pion, un artiste originaire du Tournaisis dont je vous parlerai dans le prochain et dernier billet de ce petit feuilleton.

     

    Source : Henri Van Cutsem, un mécène, publié dans la collection « L’œuvre au miroir des mots » en 2018-2019, à l’occasion d’une exposition des Archives & Musée de la Littérature et du Musée des Beaux-Arts de Tournai.