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Varda d'Ixelles

Les plages d’Agnès et un film sur Agnès Varda vu à la télévision m’ont conduite à son exposition en cours au musée d’Ixelles : « Patates et compagnie ». Que cache ce titre saugrenu ? Une installation, Patatutopia : sur la scène au fond de la grande salle, le sol est couvert de pommes de terre sous trois grands écrans où défilent des images de patates qui roulent, qui germent, qui prennent la pose – en particulier celles qui se dédoublent en forme de cœur. La prédilection de l’artiste pour celles-ci se confirme sur des photographies à l’étage. Elle va même jusqu’à se représenter en costume de patate !

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A 87 ans, la cinéaste est revenue à Bruxelles où elle est née et a passé son enfance pour célébrer sa mère, la terre, la mer et les étangs d’Ixelles. « La terre nous offre des pommes de terre... qui sont devenues thèmes de mon travail, surtout quand elles ont des formes de cœur. Elles ont vieilli, se sont ratatinées et pourtant poussent encore en germes et radicelles. Patatutopia célèbre leur résistance. C’est utopie de penser que, parmi les légumes et les fruits, elles sont modestes et pourtant les plus belles et les plus vivantes du monde. »

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A l’entrée, trois montages photos en guise d’autoportraits, puis tout de suite un hommage à sa mère dont elle a réuni divers objets, des jouets, des meubles dans une sorte de petit salon de la mémoire, avec un grand paravent couvert de photos personnelles et d’images anciennes. Sous une vitrine, des gants, un collier, des papiers – autel maternel. Le plus drôle, c’est le tricotin retrouvé, ici présenté sous une cloche de verre ; elle l’a fait agrandir en préservant ses formes et ses couleurs en Tricotine de plus de deux mètres (fabriquée par Christophe Vallaux) d’où sort un long rouleau de laine colorée qui serpente.

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Au milieu de la salle, une installation sous plastique mime en réduction les étangs d’Ixelles et les petits bassins du jardin de son enfance avec feuilles mortes, pont et pigeonnier. D’un côté de la salle, de grandes photographies noir et blanc de personnes qui marchent (Chine, France, Portugal…) ; de l’autre, en couleurs, des piquets sur une plage et la plus surprenante de ses photos : Cinq rêveurs, des hommes nus (elle aime les photographier dans la nature) debout sur ces piquets de plage et contemplant l’horizon.

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A l’étage, des « photogrammes » tirés d’un extrait de Sans toit ni loi, avec Sandrine Bonnaire, qu’on peut visionner. Sur le palier, je me suis assise pour prendre les écouteurs et regarder Ulysse : la photographie noir et blanc d’un enfant, d’un homme de dos, tous les deux nus, et d’une chèvre morte sur les cailloux au pied d’une falaise à Saint Aubin sur mer (« un sujet en or », dit-elle) lui a inspiré un film qui revient sur cette photo. Elle explique où elle l’a prise, les circonstances, elle interroge l’homme et l’enfant, bien des années après, sur le souvenir qu’ils en ont. (En ligne sur Vimeo.)

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La voix d’Agnès Varda traverse l’espace (le film sur sa visite dans leur ancienne maison à Ixelles passe sur un écran), et des chants d’oiseaux, de temps à autre. Son univers singulier s’expose ici de manière plutôt anecdotique, c’est celui d’une terrienne attentive à l’histoire et aux choses ordinaires, une femme imaginative qui aime intervenir dans un paysage, dans un décor banal pour y capter ou y faire surgir quelque chose d’inattendu.

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A l’autre bout du musée, une exposition très différente : « AB.ad. » de Jean-Marie Bytebier. Cet artiste belge (né en 1963) montre ici des peintures à trois composantes : à première vue, des paysages (du ciel bleu au-dessus de la verdure, une ligne d’horizon), mais de plus près, en examinant la surface parfois bordée de bois apparent, on a l’impression d’espaces abstraits inspirés de lieux déserts, inhabités, la nature sans les hommes. J’ai cru apercevoir un profil d’homme dans une toile tournée à 45°.

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Dans cette peinture contemplative, la lumière joue le premier rôle : celle du soleil – une atmosphère de beau temps – et aussi celle des spots, qui découpent sur l’une ou l’autre œuvre un rectangle fortement éclairé, comme pour appeler à s’en rapprocher, à suivre sur le grain de la toile ce que les pinceaux y ont déposé. L’impression d’ensemble est sereine, mais respire aussi la solitude, le silence, voire l’inquiétude. 

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Pas de texte dans le catalogue ni sur le site du peintre, mais l’entretien vidéo qu’on peut suivre à l’entrée de « AB.ad. » permet de se familiariser un peu avec lui (les réponses de l’artiste gantois sont sous-titrées en français). Deux phrases notées au vol : « Le paysage offre une voie vers l’abstraction. » « Je recherche des lieux pour les couleurs. »

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Vous pouvez visiter ces expositions jusqu’au 29 mai au musée d’Ixelles .

Commentaires

  • Ah cette Agnès Varda, je l'adore : foutraque, créative, talentueuse et toujours inattendue. Je regrette de rater cette expo ...
    Merci pour le partage.
    Ah, et je suis attendrie par ce tricotin-souvenirs d'enfance : j'ai gardé le mien, qui trône ds ma salle de bain, et le cordon tressé, conservé aussi, attache le pot à shampooings :-)
    (Ixelles, tiens, c'est aussi là qu'habitait Amélie Nothomb ...)

  • J'avais oublié le tricotin ! J'aimerais cette expo, Agnès Varda a un univers bien à elle. Je ne sais pas si j'apprécierais autant le peintre, il faut peut-être voir ses toiles en vrai pour se rendre mieux compte de son travail.

  • @ Nikole : J'ai tricotiné aussi, sur un champignon.

    @ Aifelle : C'est ma première rencontre avec l'univers de ce peintre. Le commentaire que j'ai mis en lien résume assez bien mon impression : "Bytebier s’interroge sur la manière dont le monde nous apparaît. Comment se produit par exemple la perception d’un paysage ? Que voyons-nous finalement ? Et, peut-être tout aussi essentiel, qu’est-ce qui échappe à notre regard ?" (Emergent)

  • Tricotin... Souvenirs d'enfance ... le papa en fabriquait un avec une grosse bobine flanquée de clous et la maman fournissait un crochet de tricoteuse. --- On les cousait en cercle et on en faisait des dessous colorés à multiples usages. ---

    Les tableaux sont ""ingénieux" et certains sont d'une beauté simple, d'autres "encombrés" ... et la tête dans les patates, nous laisse rêveur !!!

  • @ Nikole : P.-S. Depuis mon retour de vacances, je n'arrive plus à mettre de commentaire sur ton blog - dès que j'ouvre les commentaires, une publicité intempestive (toujours la même) prend la place et plus rien à faire. Désolée.

  • Une bonne partie de l'exposition d'Agnès Varda évoque des souvenirs d'enfance - et elle a gardé son âme d'enfant, ça se voit sur son visage "dans les patates" !

  • ça me la rend définitivement sympathique, cet amour pour la patate, je trouve ça très symbolique d'une philosophie de la vie :-)

  • J'aime écouter ce qu'elle raconte, elle est "audacieuse et singulière" comme l'écrit Geneviève Van Cauwenberge dans sa présentation sur
    http://culture.ulg.ac.be/jcms/prod_207180/fr/agnes-varda-realisatrice-photographe?part=1

  • j'adore aussi agnes varda - j'ai vraiment beaucoup apprécié les plages d'agnès lorsqu'il est sorti en salles - il va falloir que je me dépêche pour cette exposition au musée d'XL (qui honte sur moi est près d'où j'habite)

  • Je suis désolée pour ton problème rencontré sur mon blog. Je ne la vois pas, moi, la pub, parce que j'ai un bloqueur de pub depuis longtemps, mais elle peut être intempestive chez ceux qui n'en ont pas : à part en installer un, je ne vois pas comment pallier ce désagrément, et ce que tu dis me contrarie.
    Plus de détails ici : http://loeildukrop.eklablog.com/detourner-la-pub-sur-ce-blog-a125566402
    Bonne journée !

  • Merci pour le lien, Nikole. Jusqu'à présent, je n'ai pas de problèmes avec la publicité et aujourd'hui j'ai pu commenter chez toi, espérons que cela continue ainsi.

  • C'est vrai. Voici un autre lien sur l'expo qui la décrit bien : http://www.lecho.be/culture/expo/Visite_guidee_avec_Agnes_Varda.9736851-3441.art?ckc=1&ts=1462950140

  • J'ai vu aussi cette expo, j'ai bien aimé la partie dédiée à sa mère. Mais j'ai eu un peu de mal avec les pommes de terre, enfin, je comprends le sens de sa démarche, sur le long terme aussi puisque maintenant, les pdt doivent avoir germé (j'ai vu l'expo au début). Et pourtant, j'aime plutôt bien Agnès Varda et j'ai beaucoup aimé "Les plages d'Agnès"

    D'après mon père, son frère et elle allaient au Lycée français de Bruxelles et il les y avait connus... Puisqu'il était lui-même élève au lycée Français jusqu'à l'exode de mai 40.

  • Je ne pense pas avoir vu de films de Varda. En revanche, j'aime beaucoup les tableaux que tu montres de Bytedier ( que je ne connaissais pas). On dirait des photos. Merci pour cette petite visite car je ne pense pas avoir l'occasion de les voir...

  • @ Pivoine : Oh oui, ces pommes de terre germent ! J' ai essayé d'en photographier, mais sans flash, ça ne donne rien. Personnellement, j'interprète sa fascination pour la transformation des tubercules comme une façon de montrer que le temps engendre évolution et décrépitude, mais aussi de la beauté, même sur les vieilles peaux ;-).

    @ Maggie : Pas vu "Sans toit ni loi" ? Sa filmographie est riche.
    Pour moi aussi, c'est un premier contact avec la peinture de Bytebier - j'ai mis un lien vers son site. Mais ses toiles ne sont pas du tout réalistes, ce n'est qu'une impression de loin.

  • Oh que j'aimerais visiter cette exposition sur et avec Agnès Varda. J'aime ses films, j'aime le personnage et je l'ai écoutée peut-être sur France Culture parler de son retour à Bruxelles à travers Patatutopia.
    Ses cinq hommes me font penser à cette histoire des trois singes revisitée par Jaume Plensa dans cette installation de sculptures nommée "Poètes".
    Quant aux œuvres de Jean-Marie Bytebier, j'aime leur traitement d ela lumière aussi.
    Merci Tania. Bonne fin de semaine.

  • Agnès Varda n'est pas près de s'arrêter, elle garde une telle jeunesse dans le regard ! A bientôt sur ton blog pour vérifier si tu as présenté ces sculptures. Bonne après-midi, Maïté.

  • Bonjour! J'ai également visité l'exposition de Varda, sur laquelle j'effectue mon mémoire. J'aimerai savoir si, par hasard, tu aurais pris l'entrée de l'exposition en photo? Ou bien même une autre personne qui lirait ce commentaire, (par exemple, une vue d'ensemble et également le coin ou il y avait la télévision) car j'ai oublié de la prendre et c'est une erreur de ma part!^^ Si c'est le cas, pourrais tu me les envoyer sur mon mail? Merci beaucoup de l'attention que tu porteras à mon message.
    PS: Bravo pour ton blog qui est très intéressant.

  • Peut-être trouverez-vous ce que vous cherchez dans ce reportage de la RTBF ? http://www.rtbf.be/auvio/detail_l-invitation-d-agnes-varda?id=2094144

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