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Sculpture - Page 9

  • Van Cutsem, mécène

    La mention « legs Van Cutsem » est omniprésente sur les étiquettes des œuvres exposées au Musée des Beaux-Arts de Tournai. Curieuse d’en apprendre plus sur cet homme, je me suis plongée dans la lecture de Henri Van Cutsem, un mécène, publié dans la collection « L’œuvre au miroir des mots » en 2018-2019, à l’occasion d’une exposition des Archives & Musée de la Littérature et du Musée des Beaux-Arts de Tournai. Richement illustré, l’essai consacré à ce mécène bruxellois abonde en citations tirées de sa correspondance avec les artistes qu’il soutenait et qui lui rendaient bien son amitié.

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    Louis Pion, Portrait d’Henri Van Cutsem, huile sur toile, s.d., legs Van Cutsem,
    Tournai, Musée des Beaux-Arts (d'après la couverture du livre source)

    Henri Van Cutsem (1839-1904) est décédé avant de voir l’écrin architectural qui allait abriter sa collection. Qui était-il ? Né dans une famille aisée qui détenait l’Hôtel de Suède (remplacé par les Galeries Anspach) à Bruxelles, Van Cutsem  a grandi dans un milieu attiré par l’art. Sa mère venait d’une famille d’intellectuels, son père fut un élève prometteur d’Ingres avant de se consacrer au commerce d’œuvres d’art et à l’hôtel familial. Après des études de droit à Liège, Henri fit de même.

    Son premier achat, à 35 ans, c’est l’Atelier, signé Henri de Braekeleer, que je vous avais signalé après vous avoir montré une autre toile du peintre, La Blanchisserie. Cette année-là, il épouse Léontine Van Opstal. Henri Van Cutsem s’intéresse d’abord au réalisme, à l’Ecole de Tervueren, à quelques artistes étrangers.

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    Henri De Braekeleer, L’Atelier, 1873, huile sur bois, 75 x 114 cm. Tournai, Musée des Beaux-Arts,
    Legs Van Cutsem – 1904 (podcast à écouter sur le site du musée)

    1880 est une année charnière dans sa vie : son fils Jean meurt cinq mois après sa naissance. L’année suivante, c’est le tour de Laure, sa sœur cadette. Enfin, en 1884, Henri Van Cutsem perd son épouse. Désormais, il cherche « la compagnie et le réconfort auprès des artistes » dont certains deviennent de véritables amis intimes. Vivre pour l’art et soutenir des artistes, moralement et matériellement, devient sa raison de vivre.

    A part quelques œuvres d’impressionnistes français acquises lors des échanges belgo-français du groupe des XX à Bruxelles, ses achats visent à encourager ses amis artistes à travailler. Henri Van Cutsem les aide financièrement, leur écrit, les invite chez lui à Bruxelles ou à la campagne (Ochamps, dans la province du Luxembourg) ou sur la Côte belge, dans sa villa de Blankenberge. Sa correspondance comporte peu d’éléments intimes : il y relate des faits de la vie courante, ses voyages, des expositions, transmet des invitations, voire des conseils. En retour, Henri Van Cutsem aime qu’on soit présent à sa table et qu’on le tienne au courant du travail en cours.

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    Source : KBR

    A la fin de l’année 1894, Henri Van Cutsem est fait « Chevalier de l’Ordre de Léopold » en tant que mécène et protecteur des arts. Ses amis lui offrent un beau « Liber amicorum » composé d’études, de dessins, d’aquarelles, de chansons, de textes – un long poème, L’Art, que lui a dédié Lucien Solvay – et de partitions, avec en couverture un bas-relief en bronze argenté de Pieter Braecke. Le mécène mourra dix ans plus tard, après avoir pris des dispositions pour la pérennité de son action et de sa collection. Deux musées naîtront de ses legs d’œuvres d’art, de mobilier et de vaisselle : le Musée des Beaux-Arts de Tournai et le Musée Charlier à Bruxelles.

    * * *

    Dans la foulée de ma visite au musée des Beaux-Arts de Tournai, je vous ai préparé un petit feuilleton à suivre, si vous voulez, pendant que je m’éloigne un peu. Les prochains épisodes seront consacrés aux amis artistes d'Henri Van Cutsem.

    Amicalement,

    Tania

  • Figures féminines

    Au Musée des Beaux-Arts de Tournai, La folle danseuse ou Les soucis domestiques est le titre d’une belle exposition de « Figures féminines » dans les collections, autour de deux sculptures fameuses de Rik Wouters. Ce musée remarquable en forme de « tortue » (le seul musée imaginé par Victor Horta) fermera dans les prochaines années pour un grand chantier de restauration et d’extension. Je suis heureuse de l’avoir revisité sous sa forme originelle et dans une « ambiance surannée » (La Voix du Nord) à l’occasion de ce parcours critique sur l’image de la femme dans l’art.

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    Dans l’atrium, Les soucis domestiques (au centre) et La folle danseuse (à droite) de Rik Wouters
    (Belfius Art Collection)

    Nel, la femme de Rik Wouters et son modèle permanent, était au centre d’une exposition vue à Malines il y a cinq ans. Première des sept figures dont le rôle inspire le parcours, elle est suivie de salle en salle par Pénélope, Marthe, Vénus, Carmen, Madeleine et Suzanne. La collection permanente du musée, du XVe au XIXe siècle, avec quelques ajouts contemporains, est essentiellement composée de la collection d’un grand mécène bruxellois, Henri Van Cutsem (1839 – 1904).

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    Henri De Braekeleer, La Blanchisserie, 1861, huile sur toile,  legs Van Cutsem - 1904

    De beaux dessins d’intérieurs de maison (crayon et pastel) d’Henri Ottevaere voisinent avec une grande peinture représentant Jésus chez Marthe et Marie, d’après Jordaens. Dans la seconde moitié du XIXe, les peintres ne se limitent plus aux déesses, figures bibliques et beautés idéales, ils peignent des femmes ordinaires à leurs tâches domestiques. Sous La Blanchisserie (1861), signée Henri De Braekeleer, on rappelle que le travail du linge, « répétitif, sous-payé », était alors à risque (tuberculose) et les blanchisseuses, déconsidérées, soupçonnées de prostitution ou d’alcoolisme. Un commentaire audio d’une vue de son atelier est proposé en ligne.

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    Guillaume Van Strydonck, La malade (L'accouchée), 1887, huile sur toile,  legs Van Cutsem - 1904

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    André Collin montre des religieuses au travail dans une salle d’hôpital, discrètes, silencieuses. Belle lumière du Nord sur une toile émouvante où Guillaume Van Strydonck représente son épouse qui vient d’accoucher, en 1887. Quel contraste avec les couleurs chaudes de Petit Maître dort, peint lors d’un voyage en Inde : dans une approche très différente des Orientalistes, il magnifie la servante indienne chargée de surveiller le sommeil de l’enfant, devenu secondaire dans la composition du tableau.

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    Guillaume Van Strydonck, Petit Maître dort, 1895, huile sur toile,  Don de M. Van Cutsem

    Avec Vénus, déesse de l’amour, place au nu, académique ou non, et aux hommages à la beauté féminine comme dans Au théâtre d’Edouard Agneessens qu’admirait Verhaeren : « Elle a cette flamande distinction bien portante et aussi ce je ne sais quoi de délicatement mystérieux, si féminin et si attirant… » C’est près de là qu’est accroché le premier d’une série d’autoportraits d’Hélène Amouzou, une Togolaise (née en 1969) formée à la photographie argentique à Bruxelles. « À travers ses autoportraits dans lesquels elle incarne une figure évanescente, où elle apparaît telle une ombre dans le décor, on comprend toutes les inquiétudes qui l’animent. » (Gwennaëlle Gribaumont dans La Libre).

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    Edouard Agneessens, Au théâtre, 1880, huile sur toile,  legs Van Cutsem - 1904

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    Hélène Amouzou, Autoportrait, 2005-2011,
    photographie argentique, collection privée

    Coup de cœur pour le très beau portrait de sa femme par Emile Claus, pour une Etude de femme au pastel de Louis Anquetin, ami de Toulouse-Lautrec, pour les œuvres de Fantin-Latour, « peintre du silence ». J’avais oublié que Van Cutsem en avait tant dans sa collection : c’est un régal de s’attarder devant ses magnifiques portraits et des bouquets lumineux de roses ou de pois de senteur.

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    Henri Fantin-Latour, La lecture (Mlle Marie Fantin, soeur du peintre), 1863, huile sur toile
    legs Van Cutsem - 1904

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    Henri Fantin-Latour, Pois de senteur, 1880, huile sur toile
    legs Van Cutsem - 1904

    Henriette Calais, avec une belle Allégorie féminine, est une des rares signatures féminines dans ce legs. On retrouve Guillaume Van Strydonck avec un bel ensemble de dessins, des pastels et une grande toile impressionniste, Le vieillard et les trois jeunes hommes, à côté de Printemps à Schoore de Théodore Verstraete. La composition du Portrait de femme signé Rassenfosse est très moderne, et pourtant cette toile date de 1892.

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    Henriette Calais, Allégorie féminine, s.d., crayon sur papier,  legs Van Cutsem - 1904

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    Armand Rassenfosse, Portrait de femme, 1892, crayon et pastel sur papier, Musée des Beaux-Arts, Tournai

    Carmen, Marie-Madeleine, Suzanne au bain : de salle en salle se déploie la riche thématique de cette exposition sur l’image de la femme en peinture et en sculpture, accompagnée de documents divers et de citations, dont plusieurs passages d’Une chambre à soi de Virginia Woolf. Une vidéo rappelle l’étonnante « performance » de Kubra Khademi à Kaboul pour dénoncer les attouchements en rue, près de son « armure » en fer.

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    Guillaume Charlier, Inquiétude maternelle, n.d., marbre, legs Van Cutsem - 1904

    Les peintures françaises léguées par Van Cutsem aux Beaux-Arts de Tournai sont devenues les phares de la collection : vous trouverez ces chefs-d’œuvre de Manet, Monet et Seurat sur le site du musée. Je préfère conclure avec un sculpteur bruxellois que le mécène a toujours soutenu, Guillaume Charlier, qui n’a cessé de représenter les pauvres gens de son milieu d’origine. C’est lui qui hérita de la maison personnelle de Van Cutsem à l’avenue des Arts à Bruxelles, devenue Musée Charlier – à redécouvrir bientôt ?

    * * *

    P.-S. (12/8/2021) Pour information, une pétition vient d’être lancée : « Contre l'enlaidissement du Musée des Beaux-Arts de Tournai ». Voici le lien qui en reprend les arguments : Petition · Monsieur Paul-Olivier DELANNOIS, bourgmestre de Tournai : Contre l'enlaidissement du Musée des Beaux-Arts de Tournai · Change.org

  • Noeuds naturels

    Trees (33).JPGHuang Yong Ping a remplacé les trous des nœuds naturels du bois en y encastrant des yeux d’animaux (fibre de verre) dont la taille correspond au diamètre des balles utilisées lors de la première guerre mondiale. (Aigle, chouette, loup : 10 mm ; Ecureuil, renard, corbeau : 8 mm ; Chauve-souris, souris, pigeon, serpent, pivert : 6 mm)

    « Certaines œuvres ont des liens forts avec les terreurs de la guerre, tandis que d’autres expriment l’espoir et la liberté, toutes font prendre conscience de la guerre en tant qu’événement drastique et de ses conséquences qui se prolongent dans le présent. » (Feuillet de l’exposition)

    © Huang Yong Ping, Eye Bullets, 2018 (Chine)

    « Trees for memories », Villa Empain, Bruxelles > 24.10.2021

  • Bois de mémoire

    Il faut traverser le joli café de la Villa Empain pour accéder, après « Icônes », à une seconde exposition installée au sous-sol. 31 artistes de 31 pays participent à « Trees for memories » (Arbres pour mémoire), d’après une idée de Volker-Johannes Trieb,  un artiste allemand lui-même inspiré par un livre de la résistante néerlandaise Truus Menger-Oversteegen, Not then, not now, not ever.

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    © Pedro Cabrita Reis, Ares, 2018 (Portugal)

    « Ces œuvres ont pour point de départ commun un bloc de chêne carré (30 x 30 x 30 cm). Ce bois, issu d’une section du front en Alsace, porte encore en lui les stigmates de la guerre. Par les blessures qui leur ont été infligées, les fragments de projectiles en métal encore incrustés à l’intérieur, ainsi que le noircissement de leur surface, ces blocs de bois sont à la fois des reliques et des témoins de la guerre. » (Site de la Villa Empain)

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    © Sándor Pinczehelyi, Noth then, not now, not ever, 2018 (Hongrie)

    Pas d’éclairage naturel ici en bas. On se déplace entre ombre et lumière des spots de l’un à l’autre de ces blocs travaillés par chaque artiste à sa manière. Sur le cartel, juste un nom, un titre. A chaque visiteur de regarder et de s’attarder ici ou là selon sa sensibilité, de tourner autour de ces bois de mémoire livrés à l’intervention artistique.

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    © Jean Boghossian, Double World, 2018 (Arménie)

    Avec « Double world », Jean Boghossian veut « représenter la paix, la guerre ou la tension. La situation dans le monde d’aujourd’hui. » A l’intérieur du bois, la fracture est tout en angles et pointes blessantes ; on aimerait pousser les parties l’une contre l’autre pour voir si elles s’épousent parfaitement, si la réconciliation est possible.

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    © Rirkrit Tiravanija, Untitled, 2018 (Thaïlande)

    Chaque variation sur le cube – fentes, creux, traces de peinture, de vernis, du feu – est exposée sur un coffre en bois qui lui sert de socle, horizontal ou vertical. Rirkrit Tiravanija n’a pas donné de titre à son œuvre. Dans une partie du bloc divisé en quatre, il a sculpté une statuette de femme enceinte, aux grandes mains protectrices. Les faces dorées des autres bois à l’arrière lui confèrent un statut de divinité – de la paix ?

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    © Kiki Smith, What burns never returns, 2018 (Etats-Unis)

    Dans l’anfractuosité d’un bois noirci par le feu, Kiki Smith a fait jaillir une feuille de chêne (en bronze) et des glands. Elle rappelle que contrairement à l’idée que ce qui brûle ne revient jamais, dans le cas de certaines graines, il faut qu’il y ait du feu pour qu’elles s’ouvrent – une réalité de la nature qui nous avait été bien expliquée au domaine du Rayol, quand nous avions visité le Jardin des Méditerranées.

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    © Nedko Solakov, Dead Warriers, ours and theirs (détail), 2018 (Bulgarie)

    D’autres participants ont opté pour des messages de douleur : bloc couvert de clous tordus (Günther Uecker : « L’art ne peut pas sauver les gens. En revanche, il rend le dialogue possible, ce qui invoque l’action qui peut préserver l’humanité ») ; bloc où de petites taches à l’encre noire que j’ai prises d’abord pour des insectes révèlent en fait des silhouettes d’hommes armés, « guerriers morts » de Nedko Solakov ; bloc enchaîné de toutes parts (ill. 2) : « Not then, not now, not ever » de  Sándor Pinczehelyi.

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    © Christian Boltanski, Queens Brigade, 2018 (France)

    Christian Boltanski, décédé il y a peu, à 76 ans, donne ici « Queens Brigade » où le bois de chêne sert simplement de socle à un tirage photographique encadré derrière une toile de lin éclairée par une lampe – le thème de l’effacement, toujours. Costas Varotsos a déposé un cube de verre vert translucide sur son bloc, créant des contrastes : entre vide et plein, entre mort et vie. Le vert naît de la lumière.

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    © Costas Varotsos, Untitled, 2018 (Grèce)

    A la demande de Mattijs Visser, commissaire, Trieb, l’initiateur de l’exposition, a réalisé une œuvre : « Vision of Peace », « une caisse de bois dont les angles adoucis répondent à l’accumulation de dés à jouer dont les six points ont été substitués par le symbole de la paix associé à l’expression Peace and Love. » (La Libre) Il y décline la phrase « homo homini (non) lupus est » en grossissant différentes parties de la citation : tantôt « LUPUS EST », tantôt « NON »… Pour l’artiste, le jeu peut changer une situation, faire apparaître des solutions inattendues.

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    © Volker-Johannes Trieb, Vision of Peace (Allemagne)

    Ne manquez pas, si vous visitez « Trees for memories », d’emporter le feuillet de cette exposition montrée en Allemagne (Bundestag, 2018) avant Bruxelles (ici puis au Parlement européen) et New York (ONU). En le dépliant, on trouve à l’intérieur les photos et légendes de ces arbres témoins de guerre devenus bois messagers de paix.

     

  • 1 2 3 Hartung

    Hans Hartung (Leipzig 1904-1989 Antibes) a fait l’objet d’une rétrospective au Musée d’art moderne de Paris en 2019-2020. Plusieurs galeristes de la Brafa 2021 présentaient des œuvres de ce maître de l’abstraction lyrique, un artiste français d’origine allemande à la vie mouvementée, . En voici trois qui ont retenu mon regard. La première date de 1960, année d’un « changement technique et stylistique majeur » (Wikipedia).

    hartung
    © Hans Hartung, T1960-19, 1960, Vinyl peint sur papier,
    64.7 x 49.6 cm (galerie Hurtebize)

    « Expérimentant les peintures industrielles, acryliques et vinyliques, Hartung cesse de procéder par la mise au carreau minutieuse de dessin spontané, mais attaque directement le support et recourt beaucoup au grattage dans la matière fraîche. »

    hartung

    © Hans Hartung (Leipzig 1904-1989 Antibes), P20-1976-H7, 1976,
    acrylique sur carton, 52.5 x 72 cm (galerie Bailly)

    La seconde est une quasi calligraphie somptueuse des années 1970, quand sa renommée lui vaut d’être exposé dans le monde entier et qu’il devient membre de l’Académie des beaux-arts. La troisième date de sa dernière année : Hartung peint plus de trois cents toiles en 1989 grâce au pistolet à peinture. Dans celle-ci, très lumineuse, entre feu d’artifice et incendie, monte une note noire qui inquiète.

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    © Hans Hartung, T1989-U14, 1989,
    acrylique sur toile, 97 x 146 cm  (galerie AB-BA)

    « Sa peinture, qui présente toujours l’apparence de la spontanéité, est en fait le fruit d’une méditation prolongée qui l’apparente à la fois à la calligraphie extrême-orientale et à la tradition puissamment dynamique de la peinture allemande. » (Encyclopedia universalis)