Marseille, ciel couvert. Au bout du Vieux Port, nous découvrons de l’esplanade J4 la cathédrale La Major avec ses rayures, de l’autre côté du boulevard du Littoral, d’énormes bateaux de croisière à quai, et surtout, devant nous, le MuCEM, sous sa dentelle de béton gris foncé, juste à côté de la blanche Villa Méditerranée au porte-à-faux incroyable au-dessus d’un bassin. Le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée annonce en façade ses expositions : « Lieux saints partagés », à partir du 29 avril, et plus tard « Migrations divines ».
Pour accéder au restaurant tout en haut, nous empruntons les coursives en pente douce qui font le tour du bâtiment. La lumière y est tamisée par la paroi alvéolaire qui, de l’extérieur, cache l’intérieur, mais de l’intérieur, offre une vision singulière des alentours et même du ciel, le même motif se répétant comme les mailles d’une résille dans la toiture soutenue par des piliers aux formes organiques. Une intervention réussie de l’architecte français Rudy Ricciotti sur l’ancien môle portuaire.
C’est de la grande terrasse sur le toit que part la fameuse passerelle de plus de cent mètres vers le Fort Saint-Jean avec ses vues formidables sur la mer et sur la ville, et sur le belvédère Saint Laurent, juste en face du fort. Une autre passerelle traverse les remparts et relie le site à la ville. De beaux aménagements contemporains assurent la transition entre le musée moderne et le fort ancien, des terrasses en gradins et, des jardins, le tout clairement balisé. Un plan est mis à disposition pour ne rien manquer : chemin de ronde, parcours botanique, placettes…
Des bancs de bois arrondis, du métal rouille utilisé aussi bien pour les panneaux explicatifs que pour les flèches qui attirent l’attention sur certaines plantes et d’autres éléments fonctionnels et décoratifs, tout a été pensé pour mettre les lieux en valeur et aussi pour l’agrément des promeneurs, des groupes. L’accès au site est gratuit, l’entrée aux expositions payante.
« La galerie de la Méditerranée », au rez-de-chaussée du Mucem, décline quatre « faits de civilisation » propres à l’univers méditerranéen : l’agriculture (le blé, l’huile, le vin), les trois religions monothéistes (« Abraham et les trois anges », une petite esquisse de Chagall, annonce un parcours sur Jérusalem, « ville trois fois sainte »), la citoyenneté et les droits de l’homme, et enfin « Au-delà du monde connu », les routes maritimes et les échanges culturels et commerciaux.
Machines hydrauliques, moules, sculptures, vases, maquettes, livres, icônes, peintures… Des objets anciens de toutes sortes illustrent ces quatre thèmes, usuels ou artistiques, ordinaires ou précieux, certains spectaculaires comme cette petite barque pour la pêche et la riziculture (Valence, Espagne), une hutte de transhumance aménagée, une charrette sicilienne richement décorée. Des photographies, des vidéos aussi, et de grands écrans qui fonctionnent « comme des fenêtres ouvertes sur la Méditerranée » (Plan-dépliant).
« Dans la Galerie, les femmes qui répondent au banquet des Grecs, au centre du mur des portraits, incarnent ce combat pour la liberté de circuler,
l’accès aux soins et le respect de la vie humaine. » (Plan de visite, MuCEM, La Galerie de la Méditerranée)
« Cabinet des convoitises » Parmi les matières exotiques ramenées en Europe pendant la Renaissance, des curiosités naturelles
(corail, ivoire, lapis-lazuli) et des productions humaines (soie, porcelaine). (MuCEM, La Galerie de la Méditerranée)
« Qu’est-ce que la Méditerranée ? Mille choses à la fois, non pas un paysage, mais d’innombrables paysages, non pas une mer, mais une succession de mers, non pas une civilisation, mais des civilisations entassées les unes sur les autres. » (Fernand Braudel) Marseille s’est dotée avec le MuCEM d’un nouveau phare.