Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Bruxelles - Page 61

  • Parc Tournay-Solvay

    Méconnu des Bruxellois, le parc Tournay-Solvay ? Je ne le connaissais pas, à vrai dire, avant que Colo puis un reportage télévisé ne m’incitent récemment à cette promenade à Watermael-Boitsfort, au sud-est de Bruxelles, à proximité de la forêt de Soignes et de la ligne de chemin de fer Bruxelles-Namur. Au début du XXe siècle, l’architecte paysagiste Jules Buyssens a réaménagé le parc autour du manoir d’Alfred Solvay (construit en 1878 pour ce frère du célèbre Ernest Solvay) puis de sa fille Thérèse Tournay-Solvay, un parc racheté par la Région bruxelloise en 1980 pour l’ouvrir au public.

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine
    Derrière nous, le chemin des Silex, le long de l'étang de Boitsfort

    La voiture garée, nous empruntons le chemin des Silex qui longe l’étang de Boitsfort : de ce côté, une rive fleurie ; de l’autre, la forêt. Les plaques d’acier posées sur le chemin nous intriguent, jusqu’à ce que nous arrivions au chantier de construction d’une villa – elles sont destinées au passage des camions. Quelques rares maisons profitent déjà de cette situation exceptionnelle sur la Promenade Verte. Juste avant l’entrée du parc, nous admirons un ensemble de maisons autour d’une ancienne laiterie, pimpantes et fleuries.

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    Voici d’autres étangs, plus petits, où s’épanouissent des nénuphars, où s’épanche un saule pleureur – le royaume du vert. Au bord du chemin qui mène à la maison des gardiens, quelqu’un a sculpté des souches : des champignons, une tête à longue barbe. Un panneau de Bruxelles Environnement (l’IBGE est gestionnaire du parc) signale une ancienne glacière devenue gîte d’hivernage pour les chauves-souris.

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    « Colchiques dans les prés », la chanson de Francine Cockenpot me revient aux lèvres en marchant vers le verger où certains pommiers promettent une belle récolte. Un peu plus haut, le superbe potager vaut le détour (cueillette réservée aux jardiniers) : capucines, haricots, tournesols, courges, bourraches… J’aimerais rencontrer quelqu’un qui puisse me renseigner sur cette grande plante verte aux feuilles géantes divisées par une belle nervure rouge, très ornementale, sur une des parcelles (voir plus bas).

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    Une mésange charbonnière vient m’en distraire, intéressée par les graines de tournesol encore disponibles. Un long mur de briques contre lequel poussent des fruitiers palissés protège ce potager. Les allées pavées mènent à un bassin central en pierre bleue. Je resterais volontiers ici plus longuement mais nous n’avons encore parcouru qu’une petite partie du parc.

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    Du sentier le plus haut, on a de belles vues vers l’étang entre les arbres, puis on passe sur un pont, entre les grandes courbes des garde-corps en fer forgé, avant d’arriver au château Tournay-Solvay, en restauration depuis des années. Près des barrières du chantier, de grands panneaux expliquent les travaux entrepris et l’objectif à atteindre. Un incendie l’a laissé en ruines en 1982, il reste beaucoup à faire pour lui rendre de sa splendeur.

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    Des arbres remarquables, des allées, des bancs nous attendent au-delà dans ce magnifique jardin à l’anglaise que nous sommes heureux d’avoir découvert en commençant par son côté le plus champêtre et non par la grande grille d’entrée, un accès actuellement gâché par les travaux en voirie, les voitures garées. De curieuses boîtes en bois (projet Out of the Box) annoncent au bord de l’allée une exposition pour sensibiliser au sort des abeilles, dans la Villa Blanche du domaine. « Si l’abeille disparaissait de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre. » (A. Einstein)

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    Nous nous arrêtons d’abord près de l’impressionnante « Tête Olmèque n° 8 » donnée au peuple belge par le gouvernement de l’Etat de Veracruz. C’est une réplique due à Ignacio Pérez Solorzano (2002), de même hauteur (2m20) que celle trouvée au Mexique à San Lorenzo. Les archéologues y ont trouvé dix têtes colossales de ce peuple précolombien qui a vécu de 1200 à 500 avant Jésus-Christ.

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    Exceptionnelle, la roseraie circulaire en gradins, en haut desquels des bancs accueillent promeneurs et visiteurs contemplatifs, est encore superbement fleurie en cette fin du mois d’août. Entourée par une haie bien taillée, le long de laquelle on se promène sous des arches métalliques où grimpent encore quelques roses, cette roseraie offre un jardin cultivé inattendu dans ce parc décidément très varié. Il n’y manque que l’eau de la fontaine centrale.

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    Sur une grande pelouse d’où l’on découvre un autre côté du Château, en meilleur état, avec ses bandes blanches entre les briques rouges, sont couchés trois gigantesques mégaphones en bois de l’artiste estonienne Birgit Oigus (dans le cadre de la présidence estonienne du Conseil de l’Europe) : RUUP, « un espace privilégié pour penser et écouter », indique le dépliant du parc. C’est très beau dans ce cadre de verdure.

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    La Villa blanche, villa art nouveau destinée aux amis des Tournay-Solvay, abrite aujourd’hui la Fondation européenne pour la sculpture. Jean-François Fourtou, dont les maisons sont aussi « des espaces mentaux, des surfaces de projections pour souvenirs enfouis », y expose « Les abeilles de Bruxelles ». Près de cet univers surprenant en trois dimensions, deux visiteuses font provision de graines dans le fouillis de la plate-bande, en particulier de grandes fleurs roses (non identifiées) entre les cosmos. 

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    parc,tournay-solvay,watermael-boitsfort,promenade,château,potager,verger,roseraie,villa blanche,sculpture,jardin,culture,patrimoine

    Les rois du parc, ce sont ses grands arbres magnifiques, dont certains sont à l’Inventaire du patrimoine naturel de Bruxelles : cèdres du Liban, hêtres pourpres, noisetiers de Byzance, séquoia géant, tilleuls, tsugas du Canada… Mais quelle beauté aussi dans les sous-bois, où la lumière se pose sur des tapis végétaux à la manière des peintures impressionnistes – rappelez-vous, la perception du paysage est culturelle (Alain Roger). Ceux qui s’y promènent reviendront sans doute au parc Tournay-Solvay. En sortant par le chemin des Silex, nous croisons beaucoup de personnes avec leur collation de midi, des habituées, visiblement, de cet endroit idéal pour une pause, par un beau jour d’été.

  • Hepburn à Bruxelles

    Avenue Clays (11).JPGHepburn affiche.jpgEn balade vers lavenue Clays, nous avons eu le regard attiré par un hôtel de maître de style néo-Renaissance flamande (trois façades, 1887) qui a gardé une partie de son parc protégé par un mur de briques (couvert de tags), au 15 de la rue Fuss.

    L’endroit a servi de décor pour une séquence d’un film célèbre, Au risque de se perdre (1959) de Fred Zinnemann, d’après le roman The Nun’s Story de Kathryn C. Hulme, avec Audrey Hepburn. 

    Il faudra revoir le film pour y repérer le porche sous lequel passe la magnifique interprète de Sœur Luc. Audrey Hepburn aura bientôt une statue à Ixelles où elle est née.

  • Vers l'avenue Clays

    Le rendez-vous était donné à la place Dailly pour une promenade guidée de PatriS « Autour de l’avenue Clays » (20 août). Que de choses à voir quand on va à pied ! La caserne Dailly a été construite à la fin du XIXe siècle à l’emplacement du Tir National quand celui-ci a été transféré au boulevard Reyers ; elle est aujourd’hui reconvertie en logements et commerces.

    autour de l'avenue clays,patris,schaerbeek,estivales,2017,patrimoine,promenade guidée,architecture,rue vinçotte,rue fuss,rue van hasselt,avenue clays,culture
    Vue de la place Dailly à Schaerbeek

    Pour découvrir ce quartier qui conserve bien des traces du Schaerbeek 1900 et où ont vécu beaucoup d’artistes, nous avons d’abord suivi Yves Jacqmin vers la rue Thomas Vinçotte, d’après un sculpteur renommé sous le règne de Léopold II (un roi dont on reparle en cette période de contestation des statues politiquement incorrectes).

    autour de l'avenue clays,patris,schaerbeek,estivales,2017,patrimoine,promenade guidée,architecture,rue vinçotte,rue fuss,rue van hasselt,avenue clays,culture
    Thomas Vinçotte, statue équestre de Léopold II (place du Trône à Ixelles)

    La rue s’appelait à lorigine rue de la Consolation (celle-ci prolonge encore l’avenue Clays), notre guide nous explique pourquoi : elle descendait vers un étang avec une roselière, en flamand « ter Roost » (près des roseaux), appellation contractée avec le temps en « Trooststraat » (traduit littéralement du néerlandais en rue de la « consolation », ce qui n’avait rien à voir) !

    autour de l'avenue clays,patris,schaerbeek,estivales,2017,patrimoine,promenade guidée,architecture,rue vinçotte,rue fuss,rue van hasselt,avenue clays,culture
    Carte du quartier visité © Microsoft 2017

    Vers la droite, la rue Léon Mignon et la rue Artan portent le nom d’artistes célèbres : un sculpteur liégeois qui s’est installé à Schaerbeek – beaucoup d’autres sculpteurs y ont travaillé durant la seconde moitié du XIXe siècle – et un grand peintre de marines fasciné par la mer du Nord.

    autour de l'avenue clays,patris,schaerbeek,estivales,2017,patrimoine,promenade guidée,architecture,rue vinçotte,rue fuss,rue van hasselt,avenue clays,culture

    Arrêt en face du 68 de la rue Vinçotte, pour deux raisons : la grille actuelle cache un intérieur d’îlot où se trouvait la boulangerie de l’Union économique, ancienne coopérative connue de tous les Bruxellois. Vous avez peut-être reconnu le « R » du Rideau de Bruxelles ? La plus ancienne compagnie théâtrale belge, qui nous a offert de si riches saisons au Palais des Beaux-Arts, en a été chassée en 2011 et abrite ici ses bureaux administratifs (on attend la rénovation complète de son futur théâtre à Ixelles).

    autour de l'avenue clays,patris,schaerbeek,estivales,2017,patrimoine,promenade guidée,architecture,rue vinçotte,rue fuss,rue van hasselt,avenue clays,culture
    Maison-atelier de Georges L. de Saint-Cyr à Schaerbeek

    Voici une maison d’artiste de style éclectique, au 42, construite en 1885 pour Georges Leonard de Saint-Cyr (les amateurs d’art nouveau connaissent son autre maison, au square Ambiorix, due à Gustave Strauven). Yves Jacqmin a eu la bonne idée d’apporter de belles reproductions pour nous montrer des œuvres de ce peintre de genre : Madame boude, au milieu d’un « bric-à-brac bourgeois » de style Napoléon III (ci-dessous) et Sur la terrasse – une technique irréprochable.

    autour de l'avenue clays,patris,schaerbeek,estivales,2017,patrimoine,promenade guidée,architecture,rue vinçotte,rue fuss,rue van hasselt,avenue clays,culture
    Georges de Saint-Cyr, Madame boude (Source Sothebys)

    Georges Saint-Cyr était aussi grand propriétaire terrien, il possédait la moitié des terrains à l’arrière sur lesquels on tracera l’avenue Clays, alors exploitation agricole en intérieur d’îlot, avec des serres. Schaerbeek, ne l’oublions pas, était un village « jadis peuplé de nombreux fermiers et maraîchers qui vendaient leurs produits au marché de Bruxelles ».

    autour de l'avenue clays,patris,schaerbeek,estivales,2017,patrimoine,promenade guidée,architecture,rue vinçotte,rue fuss,rue van hasselt,avenue clays,culture
    Herman Richir, Mlle Germaine Le Blon, 1908

    Au 44 a vécu un autre peintre, connu et reconnu à son époque comme aujourd’hui, Herman Richir. Il avait racheté le 42 dont la frise se prolonge au 44 sur la façade de 1909. Elève puis professeur et directeur à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, Richir était un portraitiste recherché des grandes dames, il a surtout peint des femmes, habillées ou nues.

    autour de l'avenue clays,patris,schaerbeek,estivales,2017,patrimoine,promenade guidée,architecture,rue vinçotte,rue fuss,rue van hasselt,avenue clays,culture
    Home de Latour, rue Vinçotte, Schaerbeek  © SPRB-DMS

    Sur le grand terrain du 36, le home communal Albert de Latour a pris la place d’une grande maison classique, dotée d’un parc en partie préservé. Le bâtiment actuel en U (1992) est dû à Jean-Pierre Reynders (frère de l’actuel vice-premier et ministre des Affaires étrangères). Une maison de repos chats admis, ai-je découvert sur son site !

    autour de l'avenue clays,patris,schaerbeek,estivales,2017,patrimoine,promenade guidée,architecture,rue vinçotte,rue fuss,rue van hasselt,avenue clays,culture

    L’art nouveau s’illustre encore au numéro 15 (ci-dessus), une maison d’architecte (Fernand Ponsart) avec loggia, mêlé à des éléments pittoresques au premier étage. Le 11 a conservé les belles consoles de ses corniches 1900. Juste en face, une grille (ci-dessous) laisse mieux apercevoir l’intérieur d’îlot où se trouvaient l’ancienne boulangerie de l’Union économique et des bâtiments agricoles du XIXe siècle.

    autour de l'avenue clays,patris,schaerbeek,estivales,2017,patrimoine,promenade guidée,architecture,rue vinçotte,rue fuss,rue van hasselt,avenue clays,culture

    Au début de la rue Fuss, nous admirons une autre façade art nouveau au 21, avec des menuiseries d’origine « à petits-bois » et des éléments décoratifs sculptés dans la pierre bleue, avant de nous diriger par la rue de la Consolation vers la rue Van Hasselt où nous attendent de belles surprises, à la lisière de Saint-Josse-ten-Noode, la commune voisine, qui partage certaines artères avec Schaerbeek.

    autour de l'avenue clays,patris,schaerbeek,estivales,2017,patrimoine,promenade guidée,architecture,rue vinçotte,rue fuss,rue van hasselt,avenue clays,culture
    A gauche : dernière maison de Marcel Mariën / A droite : maison Devalck (rue André Van Hasselt, Schaerbeek)

    La première est la dernière maison de Marcel Mariën, écrivain surréaliste et artiste polyvalent, ami de Magritte, au 39 (elle porte une plaque). La seconde est spectaculaire, de l’autre côté dans l’angle obtus, au 32 : cette façade porte sans doute les plus vitraux art nouveau conservés à Bruxelles, dont ce héron dans un décor aquatique, attribués à Raphaël Evaldre. L’architecte Gaspard Devalck a conçu les maisons du 24 au 34 en enfilade, un bel ensemble cohérent.

    autour de l'avenue clays,patris,schaerbeek,estivales,2017,patrimoine,promenade guidée,architecture,rue vinçotte,rue fuss,rue van hasselt,avenue clays,culture
    Vue générale de l'avenue Clays, côté pair

    Et l’avenue Clays, me direz-vous ? On y arrive, dans cette avenue tracée en 1899 sur deux grandes propriétés, celle de Saint-Cyr et celle d’une veuve. Une avenue « très attachante », dit le guide, par son unité d’ensemble qui mérite d’être protégée, une des rares à Schaerbeek à avoir conservé ses jardinets et leurs grilles devant des maisons en recul (comme l’avenue Demolder ou l’avenue Eekhoud).

    autour de l'avenue clays,patris,schaerbeek,estivales,2017,patrimoine,promenade guidée,architecture,rue vinçotte,rue fuss,rue van hasselt,avenue clays,culture
    Immeuble de style paquebot à l'angle arrondi de l'avenue Clays et de la rue Alexandre Markelbach (Henri Verwacht, 1934), Schaerbeek

    Elle porte le nom d’un peintre de marines, Paul Jean Clays, réputé auprès des amateurs d’une tradition de qualité dans le dessin des bateaux. Son entrée est marquée par un bel immeuble plus récent de style paquebot (1934) dû à Henri Verwacht, près d’une maison moderne de 1954 avec une grande baie vitrée (bien visible sur la première vue générale ci-dessus).

    autour de l'avenue clays,patris,schaerbeek,estivales,2017,patrimoine,promenade guidée,architecture,rue vinçotte,rue fuss,rue van hasselt,avenue clays,culture
    Quelques façades de l'avenue Clays, côté pair

    Dans l’avenue Clays, on trouve souvent plusieurs maisons conçues par le même architecte, dans ces styles qui se côtoient à Schaerbeek dans un bel esprit d’éclectisme : Art nouveau, style pittoresque, style Beaux-Arts, Art Déco.

    autour de l'avenue clays,patris,schaerbeek,estivales,2017,patrimoine,promenade guidée,architecture,rue vinçotte,rue fuss,rue van hasselt,avenue clays,culture
    Quelques façades de l'avenue Clays, côté impair

    Je ne peux que vous encourager à y flâner un jour – je compte bien y retourner pour la regarder plus à l’aise et peut-être goûter à la cuisine portugaise de la brasserie à l’angle de la rue Léon Mignon – et à y admirer ici des sgraffites, là des ferronneries ouvragées, ou bien des maisons jumelles, et même une vieille publicité murale pour La Libre Belgique. Ouvrons l’œil !

  • Houle

    Livre pauvre (66).JPGLivre pauvre (67).JPGGouffres ténèbres

    volcans falaises

    lacs archipels

    deltas méandres

     

     

    Michel Butor, Alain Suby,
    Houle d’un atlas

     

    Les très riches heures du livre pauvre, Bibliotheca Wittockiana
    > 10.09.2017

    (mise à jour 4/9/2017)

  • Des livres pauvres

    Connaissez-vous « les livres pauvres » ? La Bibliotheca Wittockiana expose jusqu’au 10 septembre « Les très riches heures du livre pauvre », une partie de la collection de Daniel Leuwers, critique et poète français. Celui-ci la présente dans une vidéo tournée au Prieuré Saint-Cosme de Ronsard où est conservée la collection complète. Ami de René Char, qui avait réalisé des « manuscrits enluminés » avec les plus grands peintres de son temps, Leuwers a été séduit par cette formule de livres sans éditeur et non commercialisés, à la différence des livres d’artistes.

    les très riches heures du livre pauvre,exposition,bibliotheca wittockiana,bruxelles
    © Michel Butor – André Villers, Affections

    Il s’agit donc de livres « égotistes ». Daniel Leuwers propose à des poètes de réaliser avec des peintres qu’ils aiment de petits livres en duo, sans investissement. Il leur faut du papier correct, non luxueux, à plier de manière à obtenir quatre pages (couverture, texte et peinture, quatrième) ou bien en accordéon. Le poète écrit son texte, le peintre pose ses traits et couleurs : voilà un livre pauvre.

    les très riches heures du livre pauvre,exposition,bibliotheca wittockiana,bruxelles
    © Corinne Hoëx - Roger Dewint, Le grisbi

    En quelques exemplaires seulement (en principe, deux pour l’écrivain, deux pour le peintre, un pour le collectionneur, un pour la demeure de Ronsard). Le livre pauvre s’enrichit d’être hors commerce, sans marchandage, son existence relève du partage et du don. Imaginant d’abord se limiter à une centaine de livres, Daniel Leuwers a passé le cap des 1000 et même des 2000. Arrêter sa collection serait prendre le risque, dit-il, de la « muséification » des livres pauvres, aussi ne lui impose-t-il aucune limite, même si son avenir est incertain.

    les très riches heures du livre pauvre,exposition,bibliotheca wittockiana,bruxelles
    © André Velter - Alexandre Galperine, Un pas

    La Bibliotheca Wittockiana en montre une sélection, de vitrine en vitrine : on peut tourner autour pour en apprécier le recto et le verso. Poèmes courts ou longs, encres ou couleurs, chacun de ces livres pauvres est original dans tous les sens du terme. Les formats varient. Des noms sont plus connus que d’autres : Michel Butor, illustré ici notamment par Geneviève Besse, Annie Ernaux, Michel Tournier, François Cheng, Guy Goffette, Pierre Alechinsky, Hassan Massoudy, …

    les très riches heures du livre pauvre,exposition,bibliotheca wittockiana,bruxelles
    © Michel Butor - Geneviève Besse, Le sapin ardent

    Ici le regard est attiré par une écriture, une mise en page, un dessin, une harmonie, pour le plaisir des yeux et de l’esprit. On est dans l’art sur mesure, le fait main. Ces livres pauvres respirent une liberté totale. Leur fraîcheur est surprenante, on a envie de les toucher, de les tenir en main.

    les très riches heures du livre pauvre,exposition,bibliotheca wittockiana,bruxelles
    © Henri Meschonnic - Hamid Tibouchi, Mes mots comme

    Mme Wittock, qui m’a entendue demander au bibliothécaire, à l’étage, qui a sculpté le magnifique « Livre noir » accroché en bas entre deux fenêtres, a eu la gentillesse de me renseigner. Comme le gigantesque livre en pierre posé devant le musée des Arts du Livre et de la Reliure, cette œuvre superbe est du couple Kubach-Wilmsen. La ligne oblique qui suggère le signet en tissu des beaux livres est une veine naturelle de la pierre sculptée et polie.

    les très riches heures du livre pauvre,exposition,bibliotheca wittockiana,bruxelles
    Sculpture ©
    Kubach-Wilmsen

    Comme à chaque fois, j’aimerais connaître les noms des créateurs de chacune des œuvres qui jalonnent les espaces de la Bibliotheca Wittockiana. Seuls les petits livres-objets en vitrine sont attribués. A l’entrée de la salle d’exposition, les deux grandes pierres levées sont de Pierre Culot. Une liste de légendes serait bienvenue pour ces œuvres du Fonds Michel Wittock.

    les très riches heures du livre pauvre,exposition,bibliotheca wittockiana,bruxelles
    Vue partielle de l'exposition, avec la lectrice en fil de fer de Brigitte Schuermans sous le Livre noir (11/9/2017)

    J’apprends aussi que la sculpture d’une lectrice, particulièrement bien placée près de la fenêtre pour cette exposition, est faite à partir d’un seul fil de fer : se démarquant des nombreuses représentations de lectrices qui regardent ailleurs ou rêvent un livre à la main, celle-ci baisse les yeux vers son livre – elle lit vraiment, à la lumière du jour.

    les très riches heures du livre pauvre,exposition,bibliotheca wittockiana,bruxelles
    © Yasuhiro Yotsumoto
    et Kaori Miyayama, Music score

    Exposée malgré qu’il n’ait pas joué le jeu du livre pauvre, une réponse de Christian Bobin à Daniel Leuwers (adressée au « Cher monsieur du livre pauvre ») explique les raisons pour lesquelles il n’y participe pas – dommage. Yasuhiro Yotsumoto et Kaori Miyayama offrent avec Music score un étonnant livret traversé d’ondes, une interprétation très originale du concept.

    les très riches heures du livre pauvre,exposition,bibliotheca wittockiana,bruxelles 
    © Michel-Ange Seretti - Anne Walker, s.t.

    Il vous reste deux semaines pour visiter l’exposition « Les très riches heures du livre pauvre » à la Bibliotheca Wittockiana, un titre inspiré des « Très Riches Heures du duc de Berry ». Elle sera suivie dès le 16 septembre par « Histoires de femmes », une exposition internationale de reliure contemporaine organisée par Ara Belgica. Une autre occasion de visiter ce musée dédié au beau livre et à la reliure, qui cultive l’art de sortir des sentiers battus.