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Bruxelles - Page 107

  • Un mât électrique

    Apparu, disparu, reparu, le mât électrique de Lalaing est une curiosité du patrimoine schaerbeekois que connaissent bien tous ceux qui passent à pied, à vélo, en voiture ou en bus dans les avenues Voltaire et Deschanel. J’en ai fait mon objectif pour une balade d’après-midi, et bien sûr, avec un appareil photo en poche, je me suis arrêtée souvent. 

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    Commençons par ce monument, une curiosité. Installé en 2006 au carrefour Deschanel-Louis Bertrand, cet objet d’art difficile à identifier au premier abord attire l’attention par les magnifiques félins en mouvement sur son socle triangulaire. Un jour, l’un d’eux a disparu – volé ? me suis-je demandé – puis tout l’édifice, démonté pour restauration. Classé, il a été pris en charge par le Fonds pour le Patrimoine et la Fondation Roi Baudouin. Et voilà que cette flèche de bronze de style art nouveau pare à nouveau cet endroit fort fréquenté, complétée du lampadaire qui lui manquait. 

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    Sur le site consacré à Jacques de Lalaing (1858-1917), le peintre et sculpteur belge est présenté comme un artiste et un homme de cœur. Vous y trouverez l’histoire du Mât-Tigres, comme on l’appelle aussi, d’après ses combats de fauves et de serpents. « Jacques de Lalaing remporte un franc succès lorsqu'il expose à Bruxelles en 1887 un groupe en plâtre intitulé Base de mât électrique. Il développe cette œuvre à l'échelle du paysage et, jusqu'à sa mort, il tentera de l'insérer dans l'espace public. » Refusé à de nombreuses places, le mât sera finalement installé à Schaerbeek. 

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    Tout près du parc Josaphat, le Mât de Lalaing est un des éléments remarquables de ce coin de Schaerbeek régulièrement arpenté par les amateurs d’architecture, d’urbanisme et d’espaces verts, au bas de l’avenue Louis Bertrand, une des plus belles de la commune. Là où ses pelouses s’élargissent, elles comportent à présent une partie non tondue semée de fleurs des champs, c’est du plus bel effet, et un chemin de traverse.

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    On peut remonter vers le boulevard Lambermont  en empruntant l’avenue du Suffrage universel : d’un côté, le stade rénové du Crossing avec ses nouvelles infrastructures, un domaine sportif qui revit ; de l’autre, des maisons bourgeoises construites dans les années vingt – j’aime regarder leurs façades, l’ornementation, tous ces détails qu’il y a presque cent ans on offrait aux passants pour le plaisir des yeux.

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    Bas-reliefs, bow-windows, frontons, balustres, alternance des matériaux, tout cela présente encore plus de valeur près d’un siècle plus tard, à une époque où le fonctionnel prédomine, et on se réjouit de voir ces façades entretenues, restaurées, malgré le coût que cela représente pour les propriétaires. Jolies aussi, ces fenêtres bleues dans la vigne vierge, non ?  

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    La chaussée de Haecht et la chaussée d’Helmet, deux grands axes très fréquentés de Schaerbeek, passent sous le boulevard Lambermont, mais pour les piétons, de beaux et larges escaliers de pierre bleue permettent d’y accéder rapidement. Celui que j’ai emprunté m’a semblé plus propre que la dernière fois – que de travail dans nos villes pour ramasser toutes les saletés que certains laissent derrière eux. Les tags sont le plus souvent une pollution visuelle, celui-ci m’a fait sourire, pour une fois.

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    Sur le trottoir du boulevard, plusieurs mosaïques d’Ingrid Schreyers, l’atelier B[is]art n’est pas loin. De l’autre côté, vers le square Riga (où le rond-point a retrouvé son olivier pour la belle saison), l’avenue Eugène Demolder aligne ses maisons de maître (de plus en plus souvent divisées en appartements). En sens inverse, lorsqu’on découvre l’avenue depuis le square, l’irruption dans le lointain de la tour Up (nouvelle et plus haute tour résidentielle en construction près du canal : elle comptera 42 étages) a considérablement modifié la vue.

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    Ici une grille de fer forgé s’ouvre sur une cour garnie de grands pots : des érables japonais en sont les vedettes et l’on aimerait voir la porte s’ouvrir pour remercier quelqu’un. 

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    Au pied des arbres, coquelicots et bleuets donnent une touche champêtre. Les jardins de ville, pleine terre ou pots, font le bonheur des citadins.

  • Les ciseaux à ongles

    « Elle coupe, elle coupe, / silencieuse, le dos courbé, / pendant des heures, elle coupe.
    Elle coupe, elle coupe, / chaque brin d’herbe, / de même hauteur, / il faut que ce soit net / tout le long de la bordure. 

    Inlassablement, elle taille.  

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    C’est joli, cette petite fille, / qui prend soin de son jardin.
    Une enfant comme ça, / ils aimeraient aussi avoir.

    Et elle coupe, / elle ajuste, / elle rectifie, / elle aligne, / dehors / dans le jardin, / loin de tout / ce qui là-bas / à l’intérieur, / respire la terreur. »


    Florence Marchal & Annabel Sougné, Rosé


    Un projet à soutenir :
    http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/rose?ref=similar

  • Pour "Rosé"

    Aujourd’hui Florence Marchal & Annabel Sougné présentent chez Amazone leur projet de livre commun, les textes de l’une et les photographies de l’autre : « Rosé ». Une couleur douce pour un sujet qui ne l’est pas, et qu’elles abordent d’une manière singulière – chacune la sienne, mais ensemble. 

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    Elles ne s’étaient plus rencontrées depuis une quinzaine d’années quand elles se sont revues, ces « petites filles sages » de bonne famille qui faisaient la fierté de leur père – mais pas seulement cela. Il y a des choses qui ne se disent pas.

    A deux, elles sont retournées dans leurs villages, éloignés de trente kilomètres, sur les lieux de leur enfance : « Deux univers, presque une même histoire. » Puis elles ont échangé mots et photos. « Le livre ne se veut pas autofictionnel. Il n’y a pas de pathos : ni larmes, ni désespoir. Au contraire, il libère. Il libère la parole, les souvenirs, les sensations refoulées. »

    Une architecte graphiste de plus en plus tournée vers l’écriture et une photographe professionnelle (elles vivent et travaillent toutes deux à Bruxelles) se sont retrouvées et peut-être trouvées dans le désir de dire publiquement la blessure intime, l’enfance violée.  De contrer le silence des familles. Si la démarche paraît thérapeutique, l’originalité de « Rosé » ne se limite pas au thème de l’inceste. C’est une approche artistique, un dialogue délicat entre la poésie et les images.

    C’est aussi une aventure graphique avec l’asbl Espaces Regards : les auteures s’adressent pendant 45 jours aux internautes pour co-éditer « Rosé ». Elles font appel à leur solidarité en collectant des fonds via la Kiss Kiss Bank Bank (soutien aux projets créatifs et innovants). En échange des contributions, suivant leur montant, différentes contreparties sont proposées (plus de précisions sur le site).

    Le projet commun de Florence Marchal & Annabel Sougné prévoit plusieurs étapes : d’abord la publication du livre, à l’automne prochain, et une exposition des photographies, en 2014. Puis une journée d’études sur ce sujet encore trop souvent tabou.

    « Il faut que ça sorte.
    Il faut que l’on sache
    pour que cela s’arrête. »

  • Premières paroles

    C’est le premier matin du monde.
    Comme une fleur confuse exhalée de la nuit,
    Au souffle nouveau qui se lève des ondes,
    Un jardin bleu s’évanouit.
     

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    Tout s’y confond encore et tout s’y mêle,
    Frissons de feuilles, chants d'oiseaux, 
    Glissements d'ailes,
    Sources qui sourdent, voix des airs, voix des eaux, 
    Murmure immense ;
    Et qui pourtant est du silence.
     

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    Ouvrant à la clarté ses doux et vagues yeux, 
    La jeune et divine Ève 
    S'est éveillée de Dieu.
    Et le monde à ses pieds s'étend comme un beau rêve.
     

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    Or Dieu lui dit : Va, fille humaine,
    Et donne à tous les êtres
    Que j'ai créés, une parole de tes lèvres,
    Un son pour les connaître.
     

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    Et Eve s'en alla, docile à son seigneur,
    En son bosquet de roses,
    Donnant à toutes choses
    Une parole, un son de ses lèvres de fleur :

    Chose qui fuit, chose qui souffle, chose qui vole... 

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    Cependant le jour passe, et vague, comme à l'aube,
    Au crépuscule, peu à peu, 
    L'Eden s'endort et se dérobe
    Dans le silence d'un songe bleu.
     

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    La voix s'est tue, mais tout l'écoute encore,
    Tout demeure en attente ;
    Lorsque avec le lever de l'étoile du soir,
    Eve chante.
     

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    Très doucement, et comme on prie,
    Lents, extasiés, un à un,
    Dans le silence, dans les parfums
    Des fleurs assoupies,
    Elle évoque les mots divins qu'elle a créés ;
    Elle redit du son de sa bouche tremblante :
    Chose qui fuit, chose qui souffle, chose qui vole...
    Elle assemble devant Dieu 
    Ses premières paroles, 
    En sa première chanson.


    Charles Van Lerberghe, La chanson d'Eve (1904)

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    Pour accompagner ce poème,
    quelques signes du printemps
    sur la terrasse.

    Tania

  • La maison espagnole

    C’est le surnom du « Gordaalmolen », le moulin de la vallée du Marais, récemment restauré, le long des étangs du parc de Tervueren. Sa nouvelle affectation n’est pas encore connue : musée ? lieu de restauration ? Les villageois de Tervuren et de Duisburg apportaient leur grain à moudre dans ce moulin à eau de la vallée de la Voer, près du château des Ducs de Brabant.

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    « Le moulin du Marais fait partie des meubles de l’histoire de la commune et du pays : sa première mention remonte au XIIIe siècle lors de la période des ducs de brabant. Le château des ducs trônait non loin du moulin avant sa destruction au XVIIIe siècle. Désaffecté à partir du XIXe siècle, le moulin est resté complètement vide à partir de 1981, aggravant son délabrement. » (Le Soir, 1990)