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Ecriture - Page 2

  • Sur le métier

    Correspondance / 3 (1959-1985)     

    A trente-cinq ans, Italo Calvino, de plus en plus connu comme auteur du Baron perché (1957), ne manque pas de remercier ceux qui écrivent à son sujet, précisant ce qui lui a plu, ce qui l’a intéressé, ce avec quoi il n’est pas d’accord. C’est un des axes du Métier d’écrire. Correspondance (1940-1985), autant d’éclairages sur son œuvre et sur sa conception de la littérature. Ce troisième et dernier billet porte sur les années 1959 à 1985.

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    Lettre manuscrite d'Italo Calvino (Rome, 5/6/1984)
    Source : Quattro lettere di Italo Calvino (cartedifamiglia.it)

    « Moi, personnellement, je crois au récit, parce que ce que j’aime ce sont les histoires qui ont un début et une fin. J’essaie de les écrire du mieux que je peux en fonction de ce que j’ai à dire. Nous sommes à une époque où on peut tout faire en littérature et en particulier pour ce qui concerne le récit, tout, absolument tout, et où tous les styles et toutes les méthodes coexistent. Ce que le public (et la critique aussi) demande, ce sont des livres (des romans « ouverts ») riches de substance, de densité, de tension. » (A Luigi Santucci, 24/8/1959)

    En 1959, en plus de son travail pour l’éditeur Einaudi, il coédite avec Vittorini une revue culturelle, Il Menabo – autre axe de la discussion littéraire. Invité aux Etats-Unis « avec une grant de la Ford Foundation », qui permet à « sept jeunes écrivains » de sept pays différents d’y vivre et d’y voyager pendant six mois, il relate dans sa correspondance sa vie à New York, à Los Angeles, ses rencontres. Les universités y sont « des espèces de paradis terrestres », mais il voit aussi un pays « dramatique, tendu, violent […] et pour une bonne moitié un pays d’ennui, de vide, de monotonie, de production acéphale et de consommation acéphale, et tel est l’enfer américain. »

    Le chevalier inexistant, troisième récit de sa trilogie après Le baron perché et Le vicomte pourfendu, sort durant son voyage et il réagit de New York à un article dans Mondo Nuovo qui en rend compte arbitrairement sous le titre « Le roman d’un ex-communiste », ce qui « dénature complètement la lecture du livre ».

    Rares sont les confidences personnelles. En 1962 : « J’ai compris ce que c’est de perdre son père seulement quelque temps après l’avoir perdu, et je continue à en souffrir, dix ans après. » En 1964, de La Havane (il est né à Cuba où son père travaillait comme agronome et sa mère comme botaniste), Calvino décrit pour sa mère l’accueil ému qu’il a reçu, avec Chichita (sa future épouse, Esther Judith Singer), à Santiago de las Vegas, de la part des gens qui se souvenaient d’eux, de son père qu’on surnommait « Sacramento ! » (sacrebleu !), mot qu’il répétait constamment, en positif comme en négatif.

    Beaucoup de lettres portent sur des problèmes de traduction, par exemple à propos de Passage to India d’E.M. Forster, avec un long développement sur l’art de la traduction d’une douzaine de pages. Ou sur la manière d’écrire – à Natalia Ginzburg : « […] il faut être moins laconique que d’habitude, parce qu’il y a toute une nouvelle engeance de lecteurs qui ne sait rien de personne » ou sa propre conception de l’écriture : « Lorsque j’écris, je me dis toujours que ce que j’écris est une chose isolée, comme si je n’avais jamais écrit auparavant. »

    On l’interroge sur l’utilité, pour la personne qui étudie un auteur vivant, d’interviewer l’objet de sa recherche. Calvino : « Un texte doit pouvoir se lire et se juger abstraction faite de l’existence ou pas d’une personne portant le nom et le prénom inscrits sur la couverture. » (1971)

    Calvino écrit à Leonardo Sciascia, Natalia Ginzburg, Primo Levi, Umberto Eco, Michelangelo Antonioni, Pietro Citati… Il répond aussi aux collégiens qui ont réagi à la lecture d’un récit de lui, avec bienveillance. Ermite à Paris recouvre les années 1967 à 1980. A Pasolini, il confie que vivre dans une ville où personne ne vous connaît lui a permis de mener « un genre de vie » dont il avait toujours rêvé : « douze heures par jour à lire, la plupart des jours de l’année. »

    Ses lettres à Elsa Morante m’ont beaucoup plu. En 1974, il dessine une colombe au rameau d’olivier pour lui dire qu’il n’est en aucun cas fâché sur elle. Quand paraît La Storia, il lui écrit un magnifique éloge de son roman. Ses commentaires sur des œuvres que nous connaissons (de lui ou d’autres) sont un régal. Le premier titre qu’il avait en tête pour Si par une nuit d’hiver un voyageur était « Incipit » (très juste, peu commercial).

    Plusieurs appendices complètent utilement Le métier d’écrire : la présentation et un index raisonné des correspondants, un index thématique, un index des œuvres de Calvino citées, un index des noms propres. Martin Rueff : « Que découvre-t-on ici si ce n’est pas un Calvino intime ? […] un homme qui devient l’écrivain que l’on connaît, qui traverse une existence de difficultés et de ratages, mais aussi de réussites et de reconnaissances, orienté par une seule conviction : la littérature compte, elle compte intimement, culturellement, politiquement. Ce que les lecteurs découvriront, c’est la chaîne de la vie et la trame de l’écriture. » (Préface)

  • Du laconisme

    italo calvino,le métier d'écrire,correspondance,1940-1985,littérature italienne,écriture,lecture,culture,amitié« Cher Rea,
    tu me demandes pourquoi je suis laconique. Pour plus d’une raison. D’abord, par nécessité, parce que j’écris au bureau, soumis au rythme fébrile de la production industrielle qui gouverne et modèle jusqu’à nos pensées. Et puis par choix stylistique, essayant autant que possible d’être fidèle à la leçon de mes classiques. Et puis par ce penchant où se perpétue l’héritage de mes pères de Ligurie, lignée plus qu’aucune autre rétive aux effusions en tout genre. Mais de surcroît, et surtout, par conviction morale, parce que je crois que c’est là une bonne méthode pour communiquer et pour connaître, préférable à toute expansion incontrôlable et trompeuse. »

    Italo Calvino à Domenico Rea (13/3/1954) in Le métier d’écrire

  • Lettres de Turin

    Correspondance / 2 (1946-1958)  

    Dans la préface du Métier d’écrire, la correspondance d’Italo Calvino (billet du 5/9/24), Martin Rueff regroupe ses lettres de 1945 à 1957 sous l’intitulé « La boutique Einaudi, le Parti et les premiers succès ». J’ai lu aussi celles de 1958, ce qui conduit grosso modo à la moitié du volume, l’année du Baron perché, dont le succès pousse Einaudi à publier en volume des récits courts de Calvino, I racconti.

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    Italo Calvino en 1954

    En septembre 1943, durant la première nuit du couvre-feu, il écrit un poème et l’envoie à Eugenio Scalfari. En 1944, des mots courts à ses parents. Le 17 juin 1945, il résume sa situation : « a) j’ai été dans la résistance jusqu’au jour de la libération en passant par des péripéties en tous genres ; b) je suis communiste ; c) maintenant je suis journaliste ; les amis n’ont rien fait ou pas grand-chose pour la cause. » Une note précise qu’il est entré au Parti en apprenant la mort du jeune médecin, premier chef résistant de leur zone, en février 1944.

    Après la guerre, une fois son diplôme obtenu, il choisit le travail littéraire, même si c’est dur d’être édité : « Moi j’espérais faire un petit livre de petits récits, tout mignons, tout bien concentrés, mais Pavese a dit non, les récits ne se vendent pas, il faut que tu fasses un roman. Or il se trouve que moi je ne ressens pas la nécessité de faire un roman : si je m’écoutais, je passerais ma vie à écrire des nouvelles. » (8/11/1946)

    Ses premiers récits sont inspirés par la guerre et primés. Calvino est publié dans L’Unità où il écrit des articles, et dans la revue Il Politecnico. Puis il envoie au prix Mondadori Le sentier des nids d’araignée, « un roman bien scabreux et bien difficile ». A Marcello Venturi, qui a l’impression de gaspiller son énergie en écrivant, il répond qu’écrire est toujours utile : si les choses ne vont pas, on apprend à éviter ses erreurs ; si elles vont bien, « elles resteront toujours bien », qu’on les publie « aujourd’hui ou dans cinq ans » (19/1/1947).

    Cesare Pavese, qui a défini son roman comme « le premier roman qui ait fait de la poésie avec l’expérience de la Résistance », devient une figure clé pour le jeune écrivain. Dans ses lettres, rien ne lui plaît plus que discuter franchement : « Il est très important que nous continuions à nous disputer par lettres, et c’est très important pour tous les deux » écrit-il à Silvio Micheli (19/3/1947).

    Avec une délégation du FdG de Turin, il va au Festival de la jeunesse à Prague où il trouve tout « merveilleux » : il y fait frais, il visite la Bohême, ils dorment dans un collège « magnifique ». Au retour, le Parti lui propose un poste de rédacteur à L’Unità. Il travaille pour Einaudi : relit des épreuves et des manuscrits, lit des livres étrangers, compile des bulletins. « C’est moche de travailler. On n’a plus de temps pour travailler pour soi. » Désormais, les échanges liés à son travail deviennent le premier sujet de sa correspondance.

    A Elsa Morante, il écrit tout le bien qu’il pense de Mensonge et sortilège. Leur correspondance conservera ce ton positif (une romancière à relire, en ce qui me concerne). Il lui donne des nouvelles de Natalia Ginzburg. A son « cher Pavese », il écrit longuement pour lui dire le plaisir et l’intérêt pris à la lecture de Entre femmes seules en même temps qu’il lui explique pourquoi il n’aime pas ce roman et ce qui n’y marche pas à son avis. (Il aimera l’adaptation d’Antonioni.) Envoyé par l’Unità au Congrès de Budapest, en août 1949, il visite la Hongrie.

    Calvino écrit à ceux qui commentent ses textes, à ses amis. Il aime recevoir des lettres des « rares » personnes à qui il peut « dire quelque chose » (comme à Elsa Morante). Le suicide inattendu de Pavese, le 27 août 1950, le bouleverse au plus haut point : « il était non seulement mon auteur préféré, un de mes amis les plus chers, un collègue de travail depuis plusieurs années, un interlocuteur quotidien, mais un des personnages qui aura été le plus important dans ma vie […] » écrit-il à Isa Bezzera dans une belle lettre à lire ici (3/9/1950). (Le journal intime de Pavese, œuvre posthume, a pour titre Le métier de vivre.)

    Lui qui aime tant les idées, la discussion, la littérature, donne rarement des nouvelles de sa vie privée, soucieux de « continuer à rester soi-même sans trahir pour autant les engagements humains implicites que toute action, tout rapport avec autrui, ne manque de comporter » (à Michele Rago, 7/6/1952). Le vicomte pourfendu – « écrit pour me payer une vacance imaginaire après avoir brimé mon imaginaire dans l’autre roman » – suscite pas mal d’intérêt, ce qui le surprend. « Il s’agit d’un récit comme je pourrais en écrire dix ou vingt autres, et sans la moindre fatigue, si je n’étais pas pris par le désir d’écrire des choses que je crois plus importantes » Carlo Salinari, 7/8/1952).

    En 1955 commence une intéressante correspondance sur la poésie populaire avec Pier Paolo Pasolini. En 1957, quand son nom est mentionné dans les journaux en relation avec celui de communistes récemment sortis du parti, Calvino proteste, mais L’Unità va lui reprocher sa déclaration. Le premier août, il jette le gant en démissionnant du parti – la confiance est rompue, bien qu’il reste « le camarade » des travailleurs italiens.

    (A suivre)

  • Devant la vie

    A Eugenio Scalfari – Rome

    calvino,le métier d'écrire,correspondance,1940-1985,littérature italienne,écriture,lecture,culture,amitié« Etudier, bosser, se soumettre à une tâche. Plus on sait, mieux c’est. Le génie ne suffit pas. Moi aussi me voici pris d’une fièvre de culture qui va tous azimuts. Malheureusement, paumé ici dans cette ville inconnue, je n’ai pas le loisir de la satisfaire, mais j’essaie de récupérer lors de mes rares parenthèses à San Remo. Moi aussi, j’ai vu les Six personnages par Ricci. Ici la pièce a eu un grand succès ; seule une bande d’excités l’a sifflée depuis le poulailler. Je faisais partie de ces excités. Sifflé ce bouffon de Ricci, bien sûr, pas Pirandello. Pirandello c’est du solide, je l’avais lu et relu et médité et je ne l’ai pas encore bien digéré mais ils sont peu nombreux ceux qui peuvent dire qu’ils l’ont vraiment digéré. Mais même si je lui découvre toujours une nouvelle qualité, je ne parviens pas à réduire la distance qui nous sépare. Dentone lui aussi m’a écrit qu’il l’a vue et ajoute : la philosophie n’est pas la poésie et elle ne fait pas rêver. Il n’a peut-être pas tort. Mais on part dans tous les sens : ce que j’ai à te dire est tout autre chose, et le savon que tu vas prendre est bien plus grave. Quand donc auras-tu fini de prononcer des phrases comme celles-ci : « tous les moyens sont bons à condition de réussir », « suivre le courant », « se conformer à l’époque » ? C’est ça les idées d’un jeune homme qui devrait se présenter devant la vie avec pureté d’intention et sérénité quant à ses idéaux ? »

    Italo Calvino, Le métier d’écrire (lettre écrite de Turin, 7 mars 1942)

  • Le métier d'écrire

    Correspondance / 1 (1940-1985)  

    La Correspondance d’Italo Calvino publiée sous le titre Le métier d’écrire (traduite de l’italien par Christophe Mileschi et Martin Rueff, 2023), comporte une sélection de plus de trois cents lettres sur le millier disponible aujourd’hui. Martin Rueff : « En somme, Calvino avait de solides idées sur ce qu’est un écrivain : un homme qui écrit. Le sujet importe peu, seul importe l’acte. Et l’acte, c’est l’écriture. » (Préface)

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    1940-1985 : 45 ans de correspondance entre la première lettre (en juillet 1940, il n’a pas encore dix-sept ans) et la dernière (en août 1985, à presque soixante-deux) écrite un peu avant « un ictus » puis sa mort à Sienne. Les lettres peuvent être regroupées en cinq périodes : « L’entrée en guerre et l’entrée en littérature » (les seules que j’aie lues jusqu’à présent) ; « La boutique Einaudi, le Parti et les premiers succès » ; « Une seconde naissance » ; « Ermite à Paris » ; « Rome ».

    Quand il écrit à ses parents, installés à San Remo, Italo Calvino donne des nouvelles factuelles de ses activités, des lettres reçues ou des cartes postales envoyées, puis de ses études d’agronomie à Turin, des livres de cours à acheter, des problèmes de pension... La plupart des lettres de sa jeunesse reprises ici vont à Eugenio Scalfari, qu’il tient au courant de la vie de leur bande d’amis, du Guf (Groupes universitaires fascistes), et en particulier de « cet Italo Calvino qui entendait devenir un écrivain célèbre […] entré dans un très profond sommeil ».

    Il lui décrit avec humour son quotidien, sa chambre, sa métamorphose en spectre ailé qui vole jusqu’à son « cherEugène » [sic] pour lui reprocher ses fréquentations à Rome. Quant à leur obligation de se rendre auprès de la milice universitaire à des rassemblements en uniforme – « cette institution absurde », « une humiliation quadrihebdomadaire » –, ses amis et lui ne s’y présentent pas, même avertis du danger qu’ils courent, puis y vont pour présenter leur démission.

    Cette servitude les dégoûte, mais ils finiront par s’y plier. Calvino rassure ses parents inquiets en fréquentant tout de même « les leçons du cours militaire ». Dans ses lettres à Eugenio, il recourt systématiquement aux périphrases pour désigner « la funeste institution ». Mais il préfère l’entretenir d’art et d’écriture et le presse de choisir : ou bien faire l’artiste et se mettre à écrire ou bien faire l’homme politique. Lui-même a donné deux de ses récits à une vieille écrivaine russe (Olga Resnevic) qui en a trouvé un bon, l’autre moins bon, et conseillé de « raconter des choses, des milieux, des personnages étudiés d’après nature ».

    Calvino soigne ses entrées en matière épistolaires. Un exemple : « aujourd’hui c’est le sept mars [1942] et je me trouve à Turin, façon élégante et originale d’écrire la date / [blanc] / Epître polémique à l’ami Eugénio / [blanc] / C’est beau d’avoir un ami qui est loin et qui vous écrit de longues lettres pleines de foutaises et de pouvoir lui répondre par de longues lettres pleines de foutaises […] ». Idem, de temps en temps, pour la signature : « AGRONOMUS SED FIDENS » ou « Volcani loti » (anagramme).

    Bref, malgré l’époque et ses vicissitudes, la correspondance des premières années 1940 est traversée du souffle de la jeunesse. Lectures, actualité théâtrale, récits écrits ou en cours d’écriture, Calvino le futur agronome s’en soucie beaucoup plus que de la préparation de ses examens. Et quand Eugenio lui parle d’articles publiés dans des revues fascistes, il met les choses au point :

    « A PROPOS DE CERTAINS DILEMMES A LA CON
    Artiste, on l’est ou on ne l’est pas. Si on ne l’est pas, on ne peut pas y prétendre. Si on l’est on peut faire l’artiste, mais aussi le ferblantier ou l’écrivain politique, et rester artiste quand même. Tu crois qu’être écrivain, politique ou artiste sont des professions proches parce que l’une et l’autre requièrent l’usage de la plume, mais entre elles il y a autant de différence qu’entre joueur de saxophone et souffleur de verre. » (Lettre du 11 juin 1942)

    Cette correspondance où l’on trouve aussi des dessins caricaturaux, des vers, révèle le caractère passionné du jeune Italo Calvino et son goût pour l’amitié – « Calvino pratique l’amitié comme une vertu antique » (Norbert Czarny, Ecole des lettres) – et pour la discussion franche : « Nous vivons de gros temps, nous sommes sans aucun doute à un « tournant » et nous brûle l’angoisse de savoir ce qu’il y aura au-delà, l’angoisse de pouvoir le construire de nos mains cet au-delà. Il vaut la peine de vivre. » (Lettre du 16 juin 1943)

    (A suivre)