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Nature - Page 34

  • Les magnolias du parc

    Au printemps, je ne voudrais pas rater le moment où fleurissent les cerisiers du Japon de la belle allée en berceau à l’entrée du parc Josaphat, en haut de l’avenue Louis Bertrand. C’était encore trop tôt, le vendredi 22 mars, mais d’autres arbres à grand spectacle jouaient les vedettes.

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    Au carrefour où nous allions traverser, en face du parc, le grand magnolia rose de l’hôtel à l’angle du boulevard Lambermont faisait déjà signe. C’était un beau repère quand je rentrais chez moi après les cours : en attendant que le feu passe au vert pour la traversée, je le contemplais à chaque floraison. Un magnolia semblable, plus grand encore, illuminait alors le jardin de l’école – il l’illumine encore, j’espère.

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    Au bout de l’allée pas encore en fleurs, de part et d’autre du chemin, deux magnolias blancs accueillent les promeneurs qui entrent par ce côté du parc. On les aperçoit d’abord à contre-jour et entre eux, la haute flèche du tir à l’arc. Vue de la grande pelouse, cette blancheur contraste joliment avec le vert brillant des houx près desquels ils ont été plantés.

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    Blanc aussi, mais avec un cœur rose, voici près de l’étang un magnolia plus jeune qui penche vers l’eau. Je ne suis pas la seule à le photographier. D’abord, il sert de gracieux avant-plan pour le pont rustique en rocaille ; ensuite, quand on arrive à sa hauteur, ses pétales jouent merveilleusement avec les étincelles de lumière à la surface de l’étang en contrebas. Un festival d’étoiles.

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    Emprunter le chemin qui remonte à gauche du pont permet d’admirer de loin le massif de forsythias qui sert de faire-valoir à deux superbes magnolias de couleur différente, un rose foncé, un rose clair. Chacune de leurs fleurs forme une coupe précieuse. Un promeneur n’y résiste pas, en cueille une et la dépose sur la paume de sa compagne. Un couple d’arbres harmonieux, où chacun met l’autre en valeur. Qu’ils sont beaux et de loin et de près et aussi quand on les regarde par en dessous ! Quelques personnes se sont installées sur le talus à proximité, elles ont bien choisi leur place.

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    Tout au bout des étangs, il ne reste que les rochers du « paysage alpestre », l’eau de l’ancienne cascade a disparu depuis belle lurette. De là, nous remontons vers les maisonnettes du parc, où s’est installé récemment un atelier de musicothérapie. Nul doute qu’on y entretient des liens de bon voisinage avec le magnolia rose sur le côté.

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    Plus loin, voici encore un magnolia blanc, il a perdu son vis-à-vis. Les vents tempétueux ont fait des dégâts ces derniers mois dans les parcs de la capitale. Près de l’avenue des Azalées, un tronc déraciné exhibe ses racines encore pleines de terre. Il devait avoir un bel âge. Sur le chemin du retour, je lis sur le sol une inscription à la craie : « Ne tue pas la terre » – un nouveau commandement pour notre temps.

  • Dialogue

    Africa Tervuren (94).JPG
     © Aimé Mpane, Nouveau souffle ou le Congo bourgeonnant, bois et bronze
    dans la grande rotonde de l'Africa Museum

    « Au début, j’ai un peu hésité à exposer mon travail ici, en particulier quand j’ai su que les statues coloniales ne seraient pas enlevées, raconte l’artiste. Puis j’ai eu l’idée de placer mon œuvre sur l’étoile où se trouvait le buste de Léopold II… Là encore, je n’ai pas pu, les scénographes souhaitaient préserver la perspective d’ensemble qui permet de voir l’éléphant King Kasaï. Mais j’ai voulu être dans une démarche positive qui permette un dialogue. Quand on observe ma sculpture, le regard monte le long de la coulée d’or et, lorsqu’on lève les yeux au ciel, on est ébloui, on ne voit plus rien d’autre que la lumière. Et le rameau que porte mon personnage sur le sommet de la tête est comme une couronne de roi. Désormais, c’est l’Africain qui est couronné. »

    Aimé Mpane

    Source : Nicolas Michel, « Arts plastiques : l’Africa Museum, une histoire belge de la colonisation » (Jeune Afrique, 15/1/2019)

  • Africa museum

    L’« Africa museum » vient de rouvrir ses portes à Tervueren / Tervuren, après cinq ans de rénovation. Longtemps appelé « musée colonial », en raison de ses origines, le « Musée royal du Congo belge » fut rebaptisé « Musée royal de l’Afrique centrale » après l’indépendance de la République démocratique du Congo en 1960.

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    Sous une photo (côté jardin), la maquette du domaine de l'Africa museum (côté chaussée)

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    Nouveau pavillon d'accueil où le musée se reflète

    On y accède aujourd’hui du côté des jardins par un nouveau bâtiment tout vitré qui sert de « pavillon d’accueil » : un escalier assez raide (ou un ascenseur) mène au long passage souterrain où une immense pirogue creusée dans le tronc d’un sipo, longue de 22 mètres et demi, fait office d’invitation au voyage ; elle pouvait transporter jusqu’à cent personnes ! On remonte ensuite vers une galerie d’introduction au « Musée en mouvement ».

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    Pirogue. Ubundu, Bamanga, RDC, 1958 (22m50, 3500 kg)

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    © Chéri Samba, Réorganisation, 2002

    Les polémiques qui ont accompagné la rénovation du musée (et certains choix plus politiques que muséaux) sont parfaitement illustrées par la toile de Chéri Samba à l’entrée, intitulée Réorganisation. On y voit, retenu à l’entrée par du personnel de l’ancien musée, le groupe de L’homme léopard tiré vers l’extérieur par des Congolais qui estiment que cette représentation de « l’effrayant Congolais assoiffé de sang » n’a plus sa place dans le musée actuel. Il a été finalement relégué avec d’autres statues jugées inappropriées dans une salle de dépôt.

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    Herbert Ward, Le dessinateur, 1910 (Dépôt de sculptures)

    Parmi les bronzes écartés, des œuvres de Herbert Ward comme Le dessinateur, Le faiseur d’idole, Le chef de tribu ((illustrées sur Wikipedia). Et aussi ce groupe où un Arabe enturbanné impose son autorité à un homme nu jusqu’à la taille, rappel de la traite des esclaves par des commerçants « arabo-swahilis ». Celle-ci, qui précède la période coloniale, est évoquée fort discrètement par rapport aux exactions commises au Congo belge.

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    Sous la coupole ou sur les ornements extérieurs, le monogramme de Léopold II (double L)

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    Il est vrai que nous sommes ici sur d’anciennes terres de Léopold II. Rappelons l’origine du musée Africa : à l’exposition universelle de Bruxelles en 1897, le roi Léopold II – surnommé par Eric Vuillard le « pharaon du caoutchouc » dans son récit Congo – a fait déplacer la « Section Coloniale » dans le Palais des Colonies (actuel Palais de l’Afrique) au parc de Tervueren, propriété royale héritée de Léopold Ier. Elle y devient le premier musée permanent du Congo et un institut scientifique. Sur les gains de son domaine privé royal du Congo, Léopold II commande à Charles Girault, l’architecte du Petit Palais à Paris, de nouveaux bâtiments où présenter ses collections : le « Musée du Congo belge » sera inauguré après sa mort par le roi Albert Ier, en 1910.

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    Masques d'initiation (Visages du rite mukanda)

    Un siècle plus tard, les collections permanentes du musée Africa se déploient autour d’une cour intérieure. En deux heures, on peut tout voir sans trop s’attarder ; si l’on veut bien regarder, mieux vaut choisir – les collections sont abondantes. Le plan indique un parcours dans le sens des aiguilles d’une montre, mais nous sommes attirés d’emblée par la grande salle des « Rituels et cérémonies ».

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    Au-dessus des vitrines anciennes en acajou, j’admire les frises art nouveau sur les murs et sous les plafonds, très bien restaurées. La présentation des rites africains, de la naissance à la mort, est fort intéressante. Des témoignages personnels (vidéos contemporaines) voisinent avec des objets très divers et souvent superbes : statuettes, masques, coiffes, costumes, coupes… Une petite photo de chaque objet facilite la recherche de sa légende. 

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    Objet de force. Représentation d'un couple lemba. Mayombe. Fin du XIXe siècle

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    Kiteya. Coupe, XIXe siècle

    Les notices explicatives permettent de mieux comprendre ce qui est montré, comme cette robe wax portant la mention « 1 + 1 = 1 », « tenue idéale pour les demoiselles d’honneur dans un mariage congolais ». Parmi les acquisitions les plus anciennes du musée, j’ai admiré ces impressionnants cercueils nkudu ou sarcophages en bois à silhouette humaine, couverts de peintures rituelles. Et aussi l’art décoratif des peuples kuba, particulièrement travaillé. 

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    Cercueils nkudu, bois, peintures rituelles, fin du XIXe siècle

    Les salles suivantes retracent l’histoire de l’Afrique centrale à partir d’objets très anciens, les fresques peintes au-dessus des vitrines rappellent l’atmosphère de l’ancien musée. La « Salle des crocodiles », entre deux belles portes vitrées en fer forgé, montrent, en plus des crocodiles en bronze, de riches collections naturalistes : superbes papillons, insectes, poissons conservés dans le formol, et aussi des photos anciennes en noir et blanc. Le « Cabinet des minéraux » est impressionnant.

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    De la salle "Une longue histoire" vers la "Salle des crocodiles"

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    Dans la galerie consacrée à l’histoire coloniale, une immense carte murale reprend les découvertes géographiques en Afrique centrale au XIXe siècle. La présentation mêle des objets d’usage quotidien à d’autres plus importants, comme une lettre de Léopold II à Stanley, dont j’aurais aimé une reprise plus lisible du texte. Et aussi une évocation plus soignée de l’indépendance et de l’histoire congolaise contemporaine, davantage que des panneaux composés de titres et unes de journaux.

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    Aperçu de la xylothèque (Salle "Le Paradoxe des ressources")

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    Que de richesses naturelles dans ce grand pays ! Parmi ses ressources, 82 000 essences de bois sont illustrées par une belle xylothèque et des tranches de bois précieux présentées sous une grande nasse en lianes, une pirogue de pêcheur, une de ces géniales « trottinettes » de transport.

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    Ci-dessous : © Aimé Mpane, Nouveau souffle ou le Congo bourgeonnant, bois et bronze

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    C’est dans une vitrine consacrée au commerce de l’ivoire qu’on a posé de biais le buste de Léopold II en ivoire (copie d’un marbre de Thomas Vinçotte) qui trônait au centre de la grande rotonde sous le Dôme. Symboliquement, on a installé là une œuvre contemporaine de l’artiste Aimé Mpane, Nouveau souffle ou le Congo bourgeonnant, contrepoids aux statues d’origine maintenues, bien qu’elles témoignent d’une « vision coloniale », parce qu’elles sont classées. Cette tête en bois monumentale, surmontée de palmes et posée sur une coulée de lave en bronze, est un magnifique hommage à la grandeur et à la richesse du Congo.

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    Loxodonta africana, Eléphant de savane d'Afrique : King Kasaï,
    abattu et empaillé pour l'exposition universelle de 1958, restauré

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    Et voici la formidable salle des animaux sauvages et de la biodiversité, dominée par l’éléphant, qui a impressionné tous les écoliers belges depuis un siècle. C’est là que les gardiens nous ont demandé de sortir : il était cinq heures, le musée allait fermer, du moins pour le public. Au sous-sol, on préparait une réception privée. La découverte des « Langues et musiques » ainsi que de l’exposition « Art sans pareil » sera pour une autre fois. Le musée Africa mérite certainement plusieurs visites.

  • Trier ses photos

    Le début de l’année peut être un bon moment pour trier ses photos numériques. Le genre de résolution difficile à tenir. Je regarde celles de l’année écoulée et au lieu de penser à la corbeille, je me surprends à en sélectionner quelques-unes, qui me rappellent des moments ou des détails insolites.

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    En mai dernier, une pie qui s’est dorée longtemps au coucher du soleil sur un toit voisin. A la communion d’une jeune ballerine, un joli décor peint par sa mère sur la nappe de fête.

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    En juin, le manège d’une corneille : elle sautillait sur la terrasse, un caillou dans le bec, et l’a déposé au pied d’une plante en pot. Quelle surprise, en y regardant de plus près, d’y découvrir un petit œuf bleuté (d’accenteur mouchet, d’après mes recherches) ! Deux jours plus tard, il avait disparu. Etonnante aussi, sur cette fleur dont j’ai oublié le nom, de voir se déployer peu à peu les pétales d’abord enroulés sur eux-mêmes.

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    En juillet, une affiche sympathique aperçue sur le boulevard, pour encourager l’utilisation du Villo en ville. Un câlin amusant entre Mina la noire et le chat blanc en céramique.

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    Depuis l’automne, c’est la première fois que nous en voyons dans le quartier, une bande d’étourneaux se posent régulièrement dans l’îlot, souvent sur les peupliers au loin. Ce jour de brouillard, ils avaient choisi les érables sycomores tout proches de nos fenêtres. Nos grandes baies vitrées piègent parfois les oiseaux. En décembre, une mésange s’est cognée si fort à la fenêtre de mon bureau que je l’ai crue morte, inanimée sur les galets. Quel bonheur, au bout de quelques minutes de voir frémir une aile, puis la tête se relever, et enfin la mésange s’envoler !

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    Heureusement, la chatte était à l’intérieur, elle n’a pas perdu une miette du spectacle. Une seule fois, elle a pris la vie d’une fauvette venue se poser juste à côté d’elle. Un jour, elle a ramené une mésange, intacte, à l’intérieur ; j’ai mis quelque temps à la capturer pour la rendre à la nature. Quant à ce chat roux-ci, il s’est laissé photographier, imperturbable, bien placé pour guetter le retour de ses maîtres et jouir du spectacle de l’avenue. Et vous, avez-vous trié vos photos de 2018 ?