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Nature - Page 24

  • Sa propre saison

    a chacune ses couleurs,couleurs,saisons,vêtements,dorothée bourguèsTous les jours nous choisissons les couleurs de nos vêtements. Pour certains, « il n’y a plus de saisons » et par conséquent, plus de couleurs d’été ou d’hiver, de printemps ou d’automne. A chacune ses couleurs (1997) est un petit livre que je garde dans ma garde-robe. Je ne sais plus qui m’a parlé pour la première fois des « saisons » telles que les explique Dorothée Bourguès dans le but, comme l’indique le sous-titre, de « déterminer les couleurs adaptées à votre type ».

    Ce petit guide pratique et illustré, bien sûr, part de l’idée que « les couleurs que nous portons parlent de nous aux autres. Et si nous les avons choisies, c’est pour nous sentir mieux dans notre peau. » Certaines nous rajeunissent ou nous font rayonner, d’autres nous « chiffonnent le teint » et nous vieillissent. Cela se vérifie aussi chez les hommes, amis lecteurs, quoique cet opuscule soit ostensiblement adressé aux femmes. Quelques tests (teint, couleur des yeux, des cheveux) permettent d’établir sa « tendance saisonnière » parmi huit nuanciers, de « printemps adouci » à « hiver intense », quelle que soit la mode. Amusant et léger.

  • Octobre

    Octobre a ramené tous les gris des ciels pluvieux mais aussi des couleurs dans mon jardin suspendu. Les cosmos (en pot) malingres tout l’été fleurissent généreusement, leurs corolles d’un rose violacé dansent au moindre souffle. Les feuilles pâlissantes du ginkgo biloba ne dansent pas, elles frémissent, elles s’accrochent, quelques-unes sont déjà à terre (façon de parler). La clématite, en face, est entrée dans la danse d’automne avec deux nouvelles fleurs.

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    Henri Le Roux, Jardin aux tournesols et potirons, 1922

    La tendance est ici au mauve – avec les asters et un pélargonium – tandis que les allègres dipladenias (mandevillas) trompettent en rose vif et que les bidens, tenaces depuis un an et demi, tiennent la note jaune citron. Les verts ? Douchés jour après jour, ils reprennent du poil de la bête, pour la plupart, avant de virer. Ils font notre bonheur de citadins haut perchés. Au pied de la clématite, derrière une petite plante grasse posée à son pied pour lui faire un peu d’ombre sur une terrasse où il n’y en a guère en été, voilà qu’une fougère s’impose parmi les sauvageonnes qui tapissent la terre. Une fougère, exposée au sud-ouest !

    Après Bleu, Noir, Vert, Rouge et Jaune, nous prépare-t-il l’histoire du blanc ? La conférence que Michel Pastoureau a donnée cette année à Lausanne permet de l’espérer. Si bien racontées par l’historien, les couleurs aident à vivre, les couleurs sont la vie. Les couleurs et leurs innombrables nuances. Aussi ai-je toujours eu un peu de mal avec les premières paroles d’Antigone, dans la pièce d’Anouilh, répondant à la nourrice : « De me promener, nourrice. C’était beau. Tout était gris. Maintenant, tu ne peux pas savoir, tout est déjà rose, jaune, vert. C’est devenu une carte postale. Il faut te lever plus tôt, nourrice, si tu veux voir un monde sans couleurs. »

    Le Jardin aux tournesols et potirons qui illustre ce billet est une huile sur toile d’un peintre belge, Henri Le Roux, datée de septembre 1922. Des couleurs chaudes et lumineuses. Pourquoi les masques jetables sont-ils bleus ? « Il s’agit de masques médicaux, aux couleurs assorties aux tenues du bloc opératoire, le bleu et le vert étant plus apaisants que d’autres couleurs », ai-je lu dans Libé. Le bleu est la  couleur préférée des Occidentaux, répète Michel Pastoureau dans chacun de ses livres. Pendant ces journées trop peu ensoleillées, il n’est pas interdit, en attendant de les voir disparaître pour de bon, d’imaginer que ces masques mettent sous les yeux de petits bouts de ciel bleu.

  • L'automne

    22 septembre, premier jour de l’automne.

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    En balade jusqu’au parc Saint-Vincent d’Evere, commune voisine de Schaerbeek. Les nids géants des perruches à collier y ont encore grandi et se multiplient en haut des arbres, spectaculaires.

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    Les orties ont bien poussé près de l’escalier qui descend du parc vers le Moeraske, cette zone protégée le long du chemin de fer, à la végétation sauvage.

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    La lumière y était particulièrement belle en ce début de saison : feuillages chatoyants, variations des couleurs dans la roselière où se déploie toute la gamme des verts, y compris sur l’eau des marais. 
    Entre-temps, l’automne a ramené la pluie, le vent, les ciels gris. On range les vêtements d’été.

  • De lumière

    norge,de lumière,poésie,littérature française,écrivain belge,soleil,nuages,drôme provençale,cultureDans l’étrange lumière solaire
    Un étrange olivier sommeillait
    La cigale au silence rongeait
    D’une calme, une égale colère
    Et le temps pour toujours semblait faire
    De cette heure un cristal solitaire.
    Sur une autre planète, est-ce vrai
    Qu’il existe des cœurs et des guerres,
    Des travaux, des saisons, des palais
    Quand ici le néant est parfait
    Dans l’étrange lumière ordinaire.

    Norge (Goût du bonheur)

  • Profonde Rose

    Soleil couchant, soleil levant,
    Gros soleil toujours prêt à pondre.
    Mais, ni derrière ni devant,
    La syllabe qui sait répondre.

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    Tes petits jours, ô paysan,
    Bien au chaud dans ta main serrée,
    Tes petits jours, tes petits ans,
    O tes jours de fine cendrée,

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    Je les vois jusqu’au fond du sang,
    Et fer et chair et glaise et glose,
    Mais dis-moi, la profonde rose,
    L’as-tu respirée en passant ?

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    Or voici le vin du pays,
    Cul-terreux, levons notre verre
    Et dis-moi si tu l’as cueilli,
    Ce fleuron qui fendait les pierres.

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    Soleil levant, soleil couchant,
    Ta joie est entre deux soleils,
    Ta joie est dans ce mince chant
    Où s’élance un bouton vermeil.

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    Mais va l’arracher si tu l’oses,
    Paysan, ta profonde rose !

    Norge (Goût du bonheur)

    Lumières du soir en Drôme provençale, IX/2020 (Photos T&P)