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Belgique - Page 74

  • A Path to Peace

    Avant de visiter l’exposition Beyond Klimt, je me suis approchée d’une installation vidéo sur le côté gauche du grand hall : « A Path to Peace » de Lee Lee-Nam. L’artiste coréen présente sur huit panneaux un grand paysage de montagne – en mouvement. (Cet univers à la fois naturel et urbain m’a rappelé une œuvre de Yang Yongliang, Infinite Landscape.)

    Beyond Klimt Lee Lee-Nam (1).JPG

    Au retour, je constate qu’il neige sur ce paysage et que des visiteurs se sont assis pour le regarder se transformer de saison en saison. Sur le site de Bozar, vous trouverez l’explication du titre ; cliquez-y sur l’illustration pour en voir différentes phases. Lee Lee-Nam propose ici « une interprétation personnelle d’une peinture de Gyeomjae Jeong Seon (1676-1759) », un grand maître de la peinture paysagiste coréenne.  Un travail fascinant.

    Beyond Klimt Lee Lee-Nam (2).JPG

  • Après Klimt

    Le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles montre dans « Beyond Klimt », soit après Klimt, « une Europe centrale en pleine mutation à travers les yeux de Gustav Klimt, Josef Capek, Egon Schiele, Oskar Kokoschka, László Moholy-Nagy et 75 autres artistes » (Bozar).

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    Gustav Klimt, Johanna Staude, 1918 (inachevé) © Belvédère, Vienne

    Au portrait de Johanna Staude, affiche de l’exposition – ce regard fascinant est celui d’une enseignante, selon un commentaire sur le site de Bozar –, succède Dame en blanc : un grand sourire, une composition audacieuse en diagonale qui met en valeur les tons clairs de la robe ou du châle sur son bras plié. Ces deux seules oeuvres exposées de Klimt (mort le 6 février 1918 à Vienne) ouvrent un parcours sur les diverses voies empruntées par les peintres dans l’ex-empire austro-hongrois, de la Grande Guerre à la suivante.

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    Koloman Moser, Autoportrait, vers 1916, © Belvédère, Vienne

    L’autoportrait de Koloman Moser (vers 1916) est analysé dans le Guide du visiteur disponible à l’entrée (fr, nl, en). Deux ans avant sa mort, se sachant atteint d’un cancer inguérissable, il se représente de face, la chemise ouverte, le regard intense, c’est peut-être un rappel du Christ souffrant (on distingue comme une auréole autour de la tête), en tout cas une interrogation : « qui suis-je, face à la mort ? »

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    Maximilian Oppenheimer, Quatuor Klinger, 1917 © Belvédère Vienne

    Sur le mur d’en face, j’ai été subjuguée par une toile ovale de Maximilian Oppenheimer, Quatuor Klinger, merveilleuse illustration du mouvement des quatre musiciens : on suit leurs mains, les instruments à cordes, et on est emporté. Cette peinture voisine avec Hommes accroupis de Schiele (un double autoportrait ? la toile a été achevée par une autre main) ; en face, Place de l’Observatoire (Parc Monceau) signée József Rippl-Rónai, le « Nabi hongrois », datée de 1914, illustre l’atmosphère animée de Paris avec ses passants et ses véhicules colorés.

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    Ivan Meštrović, Vestale, 1915, Meštrović Atelier, Zagreb

    Première sculpture rencontrée, la très belle Vestale d’Ivan Meštrović, « le plus célèbre sculpteur croate et yougoslave du XXe siècle » (Wikipedia), décrite ainsi à l’occasion d’une exposition au musée Rodin en 2013 : « Une femme, prêtresse virginale, à haute chevelure et visage allongé est assise jambes écartées dans une robe moulante, les mains et les pieds dans le même axe, devant elle. Elle semble en méditation comme un bouddha et elle en impose. Il y a une grande liberté et une grande modernité dans cette sculpture. » (Thierry Hay, CultureBox)

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    Helene Funke, Nature morte au melon, vers 1918, Kunsthandel Hieke, Vienne

    Je m’arrête devant une étude à la gouache de František Kupka, pour « Autour d’un Point » (on retrouvera ce peintre plus loin). Mucha est aussi présent dans cette salle, avec des Etudes pour l’Epopée slave, scènes d’histoire et de guerre très loin de ses femmes fleurs Art nouveau. Plus loin, Nature morte au melon, entre deux toiles de Kokoschka, est une œuvre de Helene Funke (1918) ; on peut découvrir en ligne un site consacré à cette artiste qui a eu du mal à s’imposer parmi les peintres de son temps.

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    Oskar Kokoschka, Le pouvoir de la musique (détail), 1918-19
    © Collection Vanabbemuseum, Eindhoven  

    Voici, de Kokoschka, un grand portrait de sa mère et Le pouvoir de la musique, « la musique transmutée en couleurs » (Guide du visiteur) : un enfant en blouse rouge vif s’écarte de la femme à la trompette, derrière lui un chien en fait autant, sous de gros nuages. Kokoschka avait d’abord intitulé sa toile « La Force et la Faiblesse », comme un combat entre le féminin et le masculin, peut-être en rapport avec « sa liaison turbulente avec Alma Mahler, entre 1912 et 1915 » (Idem).

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    Anton Hanak, Le dernier homme (Ecce Homo), 1917-1924, bronze © Belvédère, Vienne
    (haut de plus de deux mètres, ce que ma photo ne montre pas)

    La guerre est le thème des salles suivantes, avec un petit bronze émouvant du sculpteur tchèque Jan Štursa, Homme blessé, des aquarelles d’Alfred Kubin, sous le dernier poème de Georg Trakl, « Grodek », mort en 1914. Il y a là des peintures de soldats (László Mednyánszky) et deux grandes toiles terribles d’Albin Egger-Lienz, Finale (1918) et Femmes martiales (1918-1919) ; tout commentaire est superflu. Un grand bronze, Le dernier homme (Ecce homo) sculpté par Anton Hanak que la première guerre mondiale a aussi profondément marqué, en est une magnifique interprétation expressionniste.

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     © Béla Uitz, Analyse d'icône sur un fond violet (détail), 1922, Musée des Beaux-Arts, Budapest

    Dans les années 1920, les recherches picturales se renouvellent, sans forcément se couper du passé, comme cette Analyse d’icône sur un fond violet de Béla Uitz qui s’est initié au constructivisme à Moscou. Il y deviendra citoyen soviétique et propagandiste. A proximité des marches vers la dernière allée de l’exposition, Bozar propose « Klimt’s Magic Garden », « un paradis virtuel » numérique réalisé par Frederick Baker d’après le triptyque en mosaïque du Palais Stoclet. Malheureusement, le système était en panne.

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     © Frantisek Kupka, L'Acier boit, 1927, Collection privée, Prague

    Impossible de tout mentionner, vous vous en doutez. Le Bauhaus est représenté entre autres par Molohy-Nagy et Herbert Bayer (Composition dans l’espace). On aborde l’abstraction avec trois gouaches minimalistes de Kupka (1934-35-36) et L’Acier boit, à rapprocher de Autour d’un point vu précédemment. Sur un socle, une sculpture abstraite en bronze noir, Danse cosaque, est d’Etienne Beothy, un Hongrois installé à Paris.

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    © Toyen, Voix de la forêt, 1934, Moravian Gallery, Brno

    Plusieurs artistes que je ne connaissais pas sont à découvrir dans cette dernière partie de l’exposition. Toyen (nom d’artiste de Marie Čermínová), avec Voix de la forêt, une toile surréaliste où un plumage d’oiseau de nuit intrigue ; Mary Duras, avec Femme songeuse, une terre cuite assez classique. Et encore Marie-Louise von Motesicky qui signe l’étonnant Autoportrait au peigne (dont les proportions sont respectées dans la photo ci-dessous) : « Voir la réalité : n’est-ce pas le souhait absolu ? »

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    © Marie-Louise von Motesiczky, Autoportrait au peigne, 1926 © Belvédère, Vienne

    L’exposition a le mérite de mêler aux noms très connus des artistes qui le sont moins, mais souvent pas moins intéressants. Si vous visitez Beyond Klimt (jusqu’au 20 janvier prochain, après le Belvédère à Vienne), vous vous arrêterez certainement devant Tête fracassée de poupée, une petite toile inquiétante de Rudolf Wacker.

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    Friedl Dicker-Brandeisová, Prague, Le pont de fer, Vitava, s.d., Belvédère, Vienne

    Juste avant la sortie, voici deux vues de Prague très différentes, celle toute paisible de Friedl Dicker-Brandeis (ci-dessus), au cadrage original, et Le port de Prague par Kokoschka, une peinture toute en mouvement.

  • Suis-je le seul

    carême,maurice,nonante-neuf poèmes,poésie,littérature français,belgique,écrivain belge,cultureSuis-je le seul au monde
    A vouloir renverser
    Le temps comme on renverse,
    A table, un sablier ?
    Sans fin, je vais de l’ombre
    Au midi le plus franc
    Et, des branchages noirs,
    Entassés dans mon cœur,
    Montent de toutes parts
    Des oiseaux et des fleurs.

    Maurice Carême, Suis-je le seul au monde (Le Sablier, 1969) in Nonante-neuf poèmes

  • Poèmes de Carême

    Nonante-neuf poèmes, c’est le titre de l’anthologie consacrée à Maurice Carême (1899-1978) publiée l’an dernier dans la collection Espace Nord. Le poète belge « de l’enfance », sa grande source d’inspiration, n’est pas réservé aux enfants, comme on l’a parfois cru. Simplicité n’est pas simplisme, rappellent dans la postface Rony Demaeseneer, Christian Libens et Rossano Rosi, qui ont choisi les textes de ce recueil.

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    Maurice Carême au bord de la Dyle à Ottignies
    photo de Jeannine Burny © Fondation Maurice Carême 

    De l’instituteur-poète né à Wavre (dans le Brabant wallon, il y est enterré) et décédé à Anderlecht (commune bruxelloise) où il a enseigné pendant vingt-cinq ans, avant de vivre de sa plume, l’anthologie permet de découvrir ou redécouvrir une poésie de « clarté profonde », suivant l’intitulé d’un colloque organisé à Bruxelles en 1985. La fondation Maurice Carême assure sa promotion depuis 1975, je vous recommande son site.

    En lisant le premier poème, « A Ispahan », un sonnet, – « Où, qui, comment, pour qui, pourquoi ? » –, je me souviens de ce qui m’avait frappée, enfant, quand j’ai lu ou appris par cœur des vers de Maurice Carême : on pouvait donc jouer avec les mots et ça faisait de la poésie ! On pouvait aussi, à sa suite, associer des mots commençant par la même lettre, comme dans « Alphabet », pour s’amuser ou pour inventer le monde ; il était moins simple de trouver rimes et bon rythme, la musique. Pour un certain K, maître du jeu poétique, j’en cite juste une strophe :

    « I   c’est l’ibis berçant son île,
    J   le jardin sans jardinier,
    K   le képi du chef kabyle,
    L   le lièvre fou à lier. »

    Des fleurs et des animaux, des ciels et des soleils, des nuages, la nature entre sans frapper dans la poésie de ce contemplatif :

    « Le bois est tout bleu de jacinthes.
    On croit respirer en plein ciel.
    Les bouleaux sont comme des saintes
    Qui se penchent sur un missel. »
    (Jacinthes)

    Pas de lumière sans ombre, pas de vie sans inquiétude : le temps passe, on vieillit. Poignant « Cimetière militaire ». Impeccable « D’où venons-nous ? »

    « Qu’a-t-on perdu, qu’a-t-on gagné
    A l’étrange jeu de la vie ? 
    Ne perd-on, avec les années,
    Jusques à l’envie de gagner ? »
    (Le ciel s’est tu…)

    « Pendant que je vis, des gens meurent.
    Des gens vivront quand je mourrai.
    C’est tellement simple, mon cœur,
    Que tu ne le crois qu’à moitié. » (Ma rue)

    Un être reste, du début à la fin, l’axe premier de l’existence : la mère, « bénie entre toutes les femmes ». Lisez « La main de ma mère », c’est si juste, si beau. Maurice Carême ne craint pas de dire les émotions, il est de ceux qui osent écrire avec le cœur, parler d’amour, nommer la mort. Il nous emmène aussi dans le rêve et l’imaginaire – « La porte en feuilles mortes ».

    Le poète jongleur de mots, qui sait n’être « ni Villon ni Verlaine », sans « art poétique », aime citer ses poètes préférés :

    « Laissons rêver Apollinaire
    D’aller aux îles Samoa
    Avec les quatre dromadaires
    De Pedro d’Alfaroubeira
    Et regardons fuir les nuées
    Et danser les fleurs de lilas
    Qui meurent comme des fumées
    Dans les yeux verts de notre chat. »
    (Laissons rêver Apollinaire)

    Enfin, je ne voudrais pas taire le grand rire de Maurice Carême : « Savez-vous ce qui est comique ? », « Le crayon bizarre », « Les canards », « L’heure du crime », « Ponctuation »… Ce ne sont pas poèmes de carême.

    « Rien à dire ?
    Si pardi !
    Qu’il faut rire,
    Rire ici,
    Rire au chien,
    Au hibou,
    Rire à rien,
    Rire à tout,
    Aux nuages,
    Aux vieux houx,
    Rire en sage,
    Rire en fou. (…) »
    (Rire)

    Je n’ai jamais visité la « maison blanche » du poète à Anderlecht, maison-musée de la Fondation Maurice Carême : ce serait pourtant une jolie façon de prolonger la lecture de ces Nonante-neuf poèmes, un jour ou l’autre.

  • Boutiques

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    Les Galeries Royales Saint-Hubert, juste à côté de la Grand-Place, honoraient aussi le tapis de fleurs, en exposant des photos des tapis précédents sous la grande verrière de l’architecte Jean-Pierre Cluysenaar. Ces Galeries ont fêté l’année dernière leurs 170 ans et on y célébrera en septembre leur jumelage avec la galerie Vivienne.

    C’est un de mes endroits préférés à Bruxelles. J’en ai même rêvé.

    Avec le temps, les boutiques changent, de plus en plus de chocolatiers belges réputés veulent attirer les millions de passants qui y flânent à toutes les saisons.

     

     

     

    bruxelles,galeries royales saint-hubert,boutiques,librairie,tropismes,galerie des princes,patrimoine,cultureCorné, devenu Corné Port-Royal, y occupe un bel emplacement dans la Galerie de la Reine (ci-contre), mais ce n’est pas le plus ancien : vous trouverez Neuhaus, fondé en 1857, fournisseur de la Cour de Belgique, un peu plus loin dans la même galerie.

     

     

    bruxelles,galeries royales saint-hubert,boutiques,librairie,tropismes,galerie des princes,patrimoine,cultureL’an dernier, les gardiens du patrimoine se sont émus du démontage d’étagères anciennes (1900) qui étaient classées. Une nouvelle boutique de la maison Dandoy de la rue au Beurre (célèbre fabricant belge de biscuits et de spéculoos) s’est installée au début de la Galerie du Roi, avec un très beau décor.

     

     

     

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    Elle occupe l’ancien emplacement de la Librairie des Galeries, librairie d’art qui a dû fermer. Il reste aux amoureux des livres – et encore pour très longtemps, j’espère – l’excellente librairie Tropismes, dans la Galerie des Princes, où l’on découvre, feuillette et achète des livres dans une atmosphère incomparable. Irrésistible.