« Les crocus ont fleuri » Voilà le début
de la lettre que soudain
j’ai voulu écrire
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« Les crocus ont fleuri » Voilà le début
de la lettre que soudain
j’ai voulu écrire
Sachant qu’elle nous sera ôtée,
Je m’émerveille de croire en notre saison,
Et que nos cœurs chaque fois
Refusent l’ultime naufrage.
Que demain puisse compter,
Quand tout est abandon ;
Que nous soyons ensemble
Egarés et lucides,
Ardents et quotidiens,
Et que l’amour demeure après le discrédit.
Je m’émerveille du rêve qui sonde l’avenir,
Des soifs que rien ne désaltère.
Que nous soyons chasseurs et gibiers à la fois,
Gladiateurs d’infini et captifs d’un mirage.
Les dés étant formels et la mort souveraine,
Je m’émerveille de croire en notre saison.
Andrée Chedid
Rouge-Cloître (3/11/2020)
Est-ce que le temps est beau ?
Se demandait l’escargot
Car, pour moi, s’il faisait beau
C’est qu’il ferait vilain temps.
J’aime qu’il tombe de l’eau,
Voilà mon tempérament.
Combien de gens, et sans coquille,
N’aiment pas que le soleil brille.
Il est caché ? Il reviendra !
L’escargot ? On le mangera.
Robert Desnos,
Chantefables et Chantefleurs
à chanter sur n’importe quel air
De mon mystérieux voyage
Je ne t’ai gardé qu’une image,
Et qu’une chanson, les voici :
Je ne t’apporte pas de roses,
Car je n’ai pas touché aux choses,
Elles aiment à vivre aussi.
Mais pour toi, de mes yeux ardents,
J’ai regardé dans l’air et l’onde,
Dans le feu clair et dans le vent,
Dans toutes les splendeurs du monde,
Afin d’apprendre à mieux te voir
Dans toutes les ombres du soir.
Afin d’apprendre à mieux t’entendre
J’ai mis l’oreille à tous les sons,
Ecouté toutes les chansons,
Tous les murmures, et la danse
De la clarté dans le silence.
Afin d’apprendre comme on touche
Ton sein qui frissonne ou ta bouche,
Comme en un rêve, j’ai posé
Sur l’eau qui brille, et la lumière,
Ma main légère, et mon baiser.
Charles Van Lerberghe (1861-1907)
Le Ventoux au loin / Le troupeau rassemblé / La Drôme à Crest
(septembre 2019)
Le soleil sur ta peau joue à la marelle
Je bois l’été et m’enivre des ombres
tendres
Nous danserons sur la terrasse d’un café
improbable et je serai le badaud éternel
du début des mondes
Jean-Paul Schmitt, La pluie est amoureuse. Poèmes, 2019.
© Jean-Paul Schmitt, Intérieur Café V (Péristyle de l’Opéra), huile sur toile, 116 x 89 cm