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poème - Page 4

  • Au jardin d'amour

    La belle est au jardin d'amour,

    Voilà un mois ou six semaines,

    Son père la cherche partout

    Et son amant est bien en peine.

     

    Faut demander à ce berger

    S'il l'a vue dans la plaine.

    — Berger, berger, n'as-tu point vu

    Passer ici la beauté même ?

     

    Comment est-elle donc vêtue ?

    Est-ce de soie ou bien de laine ?

    — Elle est vêtue de satin blanc

    Dont la doublure est de futaine. 

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     — Elle est là-bas dans ce vallon,

    Assise au bord d'une fontaine ;

    Entre ses mains tient un oiseau,

    La belle lui conte ses peines.

     

    — Petit oiseau, tu es heureux

    D'être entre les mains de ma belle !

    Et moi qui suis son amoureux,

    Je ne puis m'approcher d'elle.

     

    Faut-il être auprès du ruisseau,

    Sans pouvoir boire à la fontaine ?

    — Buvez, mon cher amant, buvez,

    Car cette eau-là est souveraine.

     

    — Faut-il être auprès du rosier,

    Sans en cueillir la rose ?

    — Cueillez, mon cher amant, cueillez,

    Car c'est pour vous qu'elle est éclose.

     

    Pierre Dupont (1821-1870)

  • Le matin s'allonge

    En tous sens et à tout vent* / 8       

     

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    Le matin s’allonge très loin

    Ce matin

    Comment lui donner l’allure

    D’une journée

    Je souffle un petit paysage

    Au milieu de mon verre

    Je me regarde de travers

    Une main végétale

    Me tire vers l’arrière

    Où dormir être deux

    Je vais aller chercher

    Suspendue plus au sud

    La belle âme d’hier

    Ce matin l’eau est une toile grise

    Sur le mensonge des passants

    Mais je passe aussi et je mens

     

    Véronique Wautier, Douce la densité du bleu

     

     

    *Colette Nys-Mazure, Christian Libens, Piqués des vers ! 300 coups de cœur poétiques, Espace Nord, 2014.

     

    Pierre Abattucci, Bords de rivière

  • Mes doigts par morse

    En tous sens et à tout vent* / 7       

    Mes doigts, par morse, te parlaient

     

    En ce pays de nulle part où nous allions

    À la recherche de l’amour,

    Mes doigts, par morse, te parlaient,

    Essayant de doucir ton corps déjà si doux

    Contre mon corps, à l’ancre.

    foulon,roger,mes doigts,par morse,poème,poésie,littérature française de belgique,anthologie,piqués des vers!,cultureEt nous glissions, malgré notre âge

    En ce pays de nulle part qu’on nomme amour.

    C’était le port, c’était mon corps toujours plus proche

    Mêlé par l’ordre invisible du morse

    Que mes doigts inventaient sur épaules, sur jambes

    Et sur la dune douce des genoux.

    Déjà, ta houle heureuse respirait,

    Sœur de la mienne,

    Dans un mouvement tendre et régulier

    Qui rapprochait nos jeux, nos vœux, nos feux

    Comme deux barques en dérive

    Par le tropisme des courants, l’une vers l’autre

    Ramenées.

    Le ciel de notre chambre était rempli de signes

    Nés du morse appeleur

    Qui, par bec, sur ta peau, faisait naître des cygnes.

     

    Et nous suivions sur nos deux corps enfin mêlés

    Le doux volettement de ces oiseaux nocturnes.

     

    Roger Foulon, Route du poème

     

    *Colette Nys-Mazure, Christian Libens, Piqués des vers ! 300 coups de cœur poétiques, Espace Nord, 2014.

     

    Braque, illustration de Lettera amorosa (René Char)

  • Mains

    En tous sens et à tout vent* / 6       

     

    kegels,anne-marie,mains,poème,poésie,littérature française de belgique,anthologie,piqués des vers!,cultureTouchez longtemps ce qui se touche

    l’écorce, l’eau, l’herbe, la bouche,

    avec l’ardeur au creux des doigts

    touchez le chaud, touchez le froid,

    pour en faire votre aventure

    touchez la mer et la voilure,

    le mont, la plaine au cri de blé.

    Un soir touchez vos doigts usés

    comme un drap où les corps roulèrent.

    Touchez enfin, noces dernières

    aux feux assourdis du couchant

    vos souvenirs mêlés au vent.

     

    Anne-Marie Kegels, Poèmes choisis

     

    *Colette Nys-Mazure, Christian Libens, Piqués des vers ! 300 coups de cœur poétiques, Espace Nord, 2014.

  • Ce poids tendre

     En tous sens et à tout vent* / 5       

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    Ce poids tendre sur mon épaule,
    Cet oiseau blotti dans mes doigts, 
    Ce toucher de branche de saule 
    Qui résiste et plie à la fois,
    Ce tiède museau dans la neige,
    Ce fardeau qui m’est un pardon,
    Le baiser qui se prend au piège,
    Ce confiant petit faucon,
    Cette volontaire hirondelle,
    C’est ta main, distraite et fidèle. 

    Alexis Curvers, Cahiers de poésie 1922-1949 

    *Colette Nys-Mazure, Christian Libens, Piqués des vers ! 300 coups de cœur poétiques, Espace Nord, 2014.