des traits de lumière
sur l’étang vers l’arbre roux
tenue de saison
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des traits de lumière
sur l’étang vers l’arbre roux
tenue de saison
J’ai ramassé, cette après-midi-là, quelques éventails d’or sous les ginkgos bilobas qui se défeuillent au square voisin. Quand l’automne offre des couleurs chaudes si somptueuses, les amoureux des arbres suivent à regret jour après jour leur lent effeuillage.
Le ciel n’est pas en reste. Tous les matins, tous les soirs, ses variations captent le regard. Certaines lumières sont si furtives qu’on n’a pas le temps de saisir l’appareil photo : quelque chose a changé, la magie a fui.
De septembre à novembre, en voici quelques-unes, de ces lumières d’automne, de ces ciels ou de ces clartés qui me surprennent et me retiennent à la fenêtre.
Le soleil corail, à la fin de septembre, se couchait encore entre le dôme de la basilique où la croix lumineuse lui faisait écho, et le fin clocher de l’église plus proche. A présent que sa course s’est raccourcie, l’horizon l’avale bien avant.
Le festival d’octobre est chaque année le plus varié : un soir, voici son cirque en rouge et or ; un autre, un envol de brumes douces ; un dernier lever de paupière avant la nuit.
Que de fois je me dis que si l’on peignait le ciel avec un tel déploiement de couleurs, de telles balafres, il y aurait assurément quelqu’un pour y dénoncer un artifice de peintre !
Ce matin de novembre annonçait déjà la saison prochaine, avec sa lumière froide et forte qui posait sur l’horizon comme la blancheur d’une première neige.
Le temps d’appuyer sur le déclencheur, une fois, deux fois, elle s’était évanouie. Infinies variations du ciel, lumières divines.
Creux, bosses et rides
Son grand corps danse au soleil
Un automne encore
Après une belle journée de Toussaint ensoleillée, novembre a repeint le ciel de gris, la pluie et le vent déshabillent les arbres, l’un après l’autre. Envolé, ce rouge qui enflammait tout un voisinage de jardins. L’heure d’hiver, qui ramène chaque jour plus tôt le crépuscule, me rend déjà nostalgique des lumières d’octobre.
Ces lumières d’une marche Adeps dans le Brabant wallon, qui longeait par endroits de superbes demeures près des bois. Des ânes habitués à plus de tranquillité se montraient curieux de cet afflux de passants du dimanche.
Autres vedettes de la saison, les vignes vierges perpétuaient le festival d’automne. N’importe quelle façade ainsi couverte prend un air de fête ; c’est une récompense pour ceux qui les ont plantées, les taillent, l’entretiennent, pour leur plaisir et pour le nôtre.
« L’automne est le printemps de l’hiver », aurait dit Toulouse-Lautrec. Quelle variété de verts dans les bois, il est vrai, du plus clair au plus sombre ! Et ces jaunes, plus subtils qu’au printemps, toujours solaires.
Lumière des crinières blanches autour des ballots de paille. Echange de regards et de non-dits : on ne peut que saluer, homme ou bête, celui qui vous examine en silence, aussi attentivement.
Aux fenêtres d’une maison rose et bleue, aux lumineuses lignes blanches, les jardinières restent généreuses – une main verte y veille, qu’on remercie.
Il y a des tapis que la nature compose toute seule, quand une parure de feuilles recouvre élégamment de simples gravillons. Beauté éphémère sous nos pas, souvent ignorée, qui s’offre à ceux qui la regardent, exclusivement.
A Schaerbeek, autour du square Riga (que je vous ai déjà montré au printemps, avec ses cerisiers en fleurs), beaucoup s’inquiètent. Les affichettes se sont multipliées aux fenêtres des riverains ces dernières semaines. Le projet d’extension du métro bruxellois y prévoit une station et la première enquête publique vient d’être clôturée le 30 octobre.
On imaginait une implantation discrète de cette station de métro, respectueuse de ce bel endroit pour lequel la commune a introduit une demande de classement : le square Riga ouvre la perspective de l’avenue Huart Hamoir vers la gare de Schaerbeek, un ensemble très harmonieux.
Le projet prévoit d’abattre tous les arbres du square et d’en diminuer les espaces verts qui font le bonheur de tous les habitants du quartier, d’où cette vague d’opposition citoyenne. Il faut qu’elle soit entendue. A chaque fois que je passe désormais près de ces arbres magnifiques – beaucoup figurent à l’Inventaire du Patrimoine naturel, – je les regarde avec une amicale inquiétude : puissent-ils encore longtemps se dresser à la rencontre des belles lumières, à toutes les saisons.
Rik Wouters, Automne, 1913, huile sur toile, 135,5 x 140,5 cm, Musée des Beaux-Arts, Anvers,
inv. 3293, don du Dr Ludo Van Bogaert-Sheid, 1989 © Lukas - Art in Flanders vzw. Photo Hugo Maertens
« Les couleurs, de plus en plus liquides, ne seront, par moments, que des frottis. La toile sera couverte à peine. Elle apparaîtra, comme un frémissement de lumière, à travers toutes les surfaces de couleur.
1912. C’est l’année du grand épanouissement. Comme c’est aussi l’année du voyage à Paris et de la rencontre des impressionnistes. On serait tenté d’en tirer des conclusions trop hâtives. (…) Sans vouloir minimiser la signification de ce voyage, il ne servit sans doute qu’à confirmer des certitudes que l’artiste portait en lui. Aiguillon plutôt que leçon. En se mettant en route, Rik savait déjà ce qu’il voulait, mais il entendait, au contact d’autres œuvres, éprouver sa propre vérité.
L’élan est donné. »
Roger Avermaete, Rik Wouters, Jacques Antoine, Bruxelles, 1986.
Rik Wouters, Exposition rétrospective, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, 10.03 > 02.07.2017