Il m’a surprise. J’avançais la main vers une clématite quand sur une feuille, comme endormi, s’est dessiné ce corps annelé, sans ailes, un criquet ? J'ai reculé doucement. Avis aux entomologistes : insecte non identifié.
automne - Page 3
-
Non identifié
-
Automnales
Ces deux premières semaines d’octobre dans le sud de la France : le plein de lumières automnales. En Drôme provençale puis dans les Alpes de Haute Provence, le temps était encore à la balade en vêtements légers, quel plaisir ! Voici quelques instantanés de ce bain de nature, en voulez-vous ?
Les rosiers sauvages se parent à présent de leurs cynorhodons. Une hôtesse prévenante en avait fait de joyeux bouquets secs dans sa maison : chardons bleus, fruits rouges, herbes blondes.
L’automne est à l’opposé du printemps, mais parfois ils se ressemblent, quand des branches nues tendent leurs bourgeons vers le ciel. Ou est-ce l’azur, ce bleu intense si rare dans le Nord, qui suscite cette impression ?
Au bord des champs, un fouillis de hautes herbes ; sur un tapis d’étoiles sèches, certaines se démarquent, s’élancent, se pomponnent.
Les clématites des haies posent leurs guirlandes à profusion un peu partout, leurs peluches blanches accrochent la lumière, vision enchanteresse pour une citadine qui ne les avait jamais vues décorer ainsi les branches où elles s’appuient de tout leur long.
Premiers flamboiements sur les abricotiers, les vignes. Les paysages essayent leurs couleurs neuves, beaucoup de feuillages ont déjà jauni. Les premiers rouges illuminent çà et là les abricotiers, les vignes ; parfois un arbre, à lui tout seul, hausse le ton, superbe.
Des prairies herbeuses passent au beige, dans toutes ses nuances à la fois douces et chaudes au regard. Mais au bord d’un chemin, des baies rose vif – de symphorine ? – rappellent que de toutes les saisons, l’automne est la plus ardente au festival des couleurs.
-
Arbres
Quand l’homme de lettres dit
qu’il couche quelque chose par écrit
et répète qu’une fois encore
il va jeter une idée sur le papier
qu’il la rejette de sa tête
de sa corbeille à idées
Et puis
comme les chats noirs d’aujourd’hui
et des siècles passés
qu’il ronronne un instant
et s’endorme en rêvant
sur le papier couché
et qu’il entende
l’éclat de rire de la forêt
à qui on demande ses papiers
Oui qu’il entende
les arbres de cette forêt
clignant des feuilles
et déclinant leur pedigree
Jacques Prévert, Arbres (Gallimard, 1976)
-
Vieilles branches
Puis-je pour une fois vous appeler ainsi, lectrices & lecteurs fidèles, vieilles branches ? Je vous écris au retour d’une promenade au parc, ce parc schaerbeekois dont je vous ai déjà parlé, le parc Josaphat, rendu à sa beauté et dorénavant mieux protégé : les tags ont disparu du kiosque à musique, les outrages des statues.
Honneur aux arbres aujourd’hui : l’automne exceptionnellement sec et peu venteux jusqu’ici ne les a pas encore tous mis à nu. J’aime au printemps la transparence des jeunes feuillages qui habillent peu à peu leur silhouette de vert tendre. A présent c’est l’inverse, les arbres laissent tomber leurs couleurs d’apparat en draperies sur l’herbe et dévoilent leur charpente.
Quand le ciel est au bleu, les arbres ne peuvent le cacher : ce sont des danseurs qui réinventent les courbes. Ils s'exercent à l'immobilité, mais c’est à force d’entraînements, de perpétuels ajustements que leurs bras dessinent la juste arabesque, l’élan gracieux, des figures inédites. Ils dansent ensemble, à se toucher, improvisent de nouvelles lignes de vie.
Se promener dans un parc, c’est regarder devant, autour de soi, tout près, plus loin, c’est avancer, s’arrêter, contempler. Les arbres ont différentes manières de signaler leur importance : les plus hauts, les plus larges, les plus colorés ont de la branche, forcément.
Créé il y a plus d’un siècle, le parc Josaphat préserve de vieux arbres remarquables. Le goût de l’époque l’a doté çà et là de passerelles dans le style rocaille, pâle mais charmante imitation des formes végétales. Plus inattendus dans ce genre, une table et de petits bancs pour une halte, un pique-nique.
L’Elagueur (Albert Desenfans) rappelle que l'espace n’est pas naturel dans un jardin public : on y a dessiné la nature, composé l’environnement, pensé les effets. Des arbres se déploient d’un seul côté pour libérer le passage aux promeneurs, d’autres forment là une voûte, ici une grotte. Entre végétaux aussi, il faut laisser de la place aux autres.
Le ciel est beau vu de la terre. Sous la ramure d’un arbre, quand on lève les yeux, on entre dans une lumière particulière et on découvre les autres dimensions de l’arbre, sa manière d’occuper l’espace à tous les étages. L’entrelacs des branches se révèle, et la texture intime du feuillage.Les oiseaux y sont chez eux, y ramagent, mais que guette cette perruche sur ce tronc autour duquel pies et corneilles s’agitent sans que bronche le plumage émeraude ? Mystère. Camille et Gribouille ont des loisirs plus terre à terre. Quant à Cendrillon (Edmond Lefever), le regard baissé vers son soufflet depuis longtemps caché par la verdure, elle reste éternellement jeune au pays des vieilles branches.