Puis-je pour une fois vous appeler ainsi, lectrices & lecteurs fidèles, vieilles branches ? Je vous écris au retour d’une promenade au parc, ce parc schaerbeekois dont je vous ai déjà parlé, le parc Josaphat, rendu à sa beauté et dorénavant mieux protégé : les tags ont disparu du kiosque à musique, les outrages des statues.
Honneur aux arbres aujourd’hui : l’automne exceptionnellement sec et peu venteux jusqu’ici ne les a pas encore tous mis à nu. J’aime au printemps la transparence des jeunes feuillages qui habillent peu à peu leur silhouette de vert tendre. A présent c’est l’inverse, les arbres laissent tomber leurs couleurs d’apparat en draperies sur l’herbe et dévoilent leur charpente.
Quand le ciel est au bleu, les arbres ne peuvent le cacher : ce sont des danseurs qui réinventent les courbes. Ils s'exercent à l'immobilité, mais c’est à force d’entraînements, de perpétuels ajustements que leurs bras dessinent la juste arabesque, l’élan gracieux, des figures inédites. Ils dansent ensemble, à se toucher, improvisent de nouvelles lignes de vie.
Se promener dans un parc, c’est regarder devant, autour de soi, tout près, plus loin, c’est avancer, s’arrêter, contempler. Les arbres ont différentes manières de signaler leur importance : les plus hauts, les plus larges, les plus colorés ont de la branche, forcément.
Créé il y a plus d’un siècle, le parc Josaphat préserve de vieux arbres remarquables. Le goût de l’époque l’a doté çà et là de passerelles dans le style rocaille, pâle mais charmante imitation des formes végétales. Plus inattendus dans ce genre, une table et de petits bancs pour une halte, un pique-nique.
L’Elagueur (Albert Desenfans) rappelle que l'espace n’est pas naturel dans un jardin public : on y a dessiné la nature, composé l’environnement, pensé les effets. Des arbres se déploient d’un seul côté pour libérer le passage aux promeneurs, d’autres forment là une voûte, ici une grotte. Entre végétaux aussi, il faut laisser de la place aux autres.
Le ciel est beau vu de la terre. Sous la ramure d’un arbre, quand on lève les yeux, on entre dans une lumière particulière et on découvre les autres dimensions de l’arbre, sa manière d’occuper l’espace à tous les étages. L’entrelacs des branches se révèle, et la texture intime du feuillage.
Les oiseaux y sont chez eux, y ramagent, mais que guette cette perruche sur ce tronc autour duquel pies et corneilles s’agitent sans que bronche le plumage émeraude ? Mystère. Camille et Gribouille ont des loisirs plus terre à terre. Quant à Cendrillon (Edmond Lefever), le regard baissé vers son soufflet depuis longtemps caché par la verdure, elle reste éternellement jeune au pays des vieilles branches.
Commentaires
Comment as tu deviné que certains matins j'ai un peu cet air penché et tordu ? ;-)
Les balades sont toujours bienvenues surtout en compagnie d'oiseaux et avec ces arbres dans leur majesté
Je n'aime pas beaucoup l'hiver, mais j'admire souvent la structure des arbres, ce sont de véritables sculptures. Quel beau parc tu as pour te promener.
Il y a comme ça de ces lieux magiques qui donnent envie de rêver et qui dans le même temps nous ramènent à notre humble vie .
Les paysages ont beau être travaillés par les hommes , rien ni aucun édifice ne pourra remplacer la majesté de ces grands arbres tortueux et travaillés par le temps.
Je me sens moi aussi parfois une "vieille branche" toute vermoulue mais un peu de vie , une naissance et je me "remplume" pour un bon moment .
Dans nos pays nous avons l'immense chance de connaître les saisons que l'homme et ses activités a pourtant contribué à perturber .Dans d'autres contrées , le froid extrême ou le désert brûlant apportent sans doute autant de joies ( ou de malheurs) à leurs habitants .
Mais rien (enfin je l'espère) n'empêchera la terre de tourner autour de notre astre solaire qui grâce à ses rayons bienfaisants permet que la vie soit si foisonnante sur notre petit rocher perdu au milieu de l'univers .
Alors au soleil on peut dire "salut vieille branche" ,un ami qu'on connaît depuis si longtemps !
Quelques arbres ont leur âge trahi par leurs branches. Même s'ils ne se veulent pas généalogiques.
D'autres deviennent des dictionnaires de mots en voie de disparition :
- ramille
- rouette
- ente
- plançon...
Il y a aussi des arbres compas, des arbres chandeliers, des arbres lunettes...
Plus familièrement encore, on entend "pote" plutôt que "vieille branche"... Le poteau auquel se fier en chemin ou sur lequel s'appuyer... La vieille branche absente des matières enseignées dans les écoles.
il y a très longtemps que je ne me suis plus promenée au parc josaphat, par contre je fréquente assidûment le bois de la cambre ;)
j'aime beaucoup tes photos de vieilles branches, j'en ai aussi photographiées quelques unes
Quelle photographe ! Il y a trois photos dans cette série qui sont de purs chefs-d'oeuvre. Ce parc a en effet l'air d'un vrai joyau très rare surtout avec ses perruches (!). Merci pour cette invitation à la balade. J'en ai oublié un instant que je suis encore assise devant l'ordinateur. ça fait du bien !
Hola vieille branche, je ne résiste pas au plaisir de te mettre ce texte de Julos Beaucarne:
Les vrais amis sont comme les arbres
Les vrais amis sont comme les arbres
Ils ont hâte de te voir
Mais restent imperturbables
Si tu ne passes pas dire bonsoir
Les vrais amis sont comme les arbres
L’univers est dans leur peau
Qu’il fasse pluie, glace ou bourrasque
Ils parfument et tiennent chaud
Même après une longue absence
Tu peux renouer avec eux
Il n’y a pas d’intermittence
Te revoir les rend heureux
Les vrais amis quand ils trépassent
N’en finissent pas de fleurir
Dans nos mémoires opiniâtres
Même coupés les arbres prient
Les vrais amis sont comme les arbres
Plantés très loin ou bien tout près
Sans jalousie et sans alarme
Ils croissent, c’est leur métier
Les vrais amis sont comme les arbres
Ils ont hâte de te voir
Mais restent imperturbables
Si tu ne passes pas dire bonsoir (bis)
Les vrais amis sont comme les arbres
Ils tendent leurs bras, ne plient pas
Ils grimpent vers la lumière
C’est ce qui les met en joie
(du site: www.julos.be.)
@ Dominique : Un air penché... sur un livre ? J'espère que l'automne lyonnais est aussi propice aux balades.
@ Aifelle : Sculptures végétales et autres s'y tiennent compagnie, ce qui en fait un vrai jardin d'agrément.
@ Gérard : Vieille branche et bonne plume, salut !
@ JEA : L'âge et le langage riment avec ramage et feuillage.
@ Niki : Le Bois de la Cambre, je le longe en voiture, c'est un très bel endroit pour se promener.
@ Euterpe : Merci, Euterpe. Les perruches vertes se sont installées dans beaucoup d'espaces verts (des verts divers) à Bruxelles, elles se posent aussi de temps à autre derrière chez moi.
@ Colo :
"Même après une longue absence
Tu peux renouer avec eux
Il n’y a pas d’intermittence
Te revoir les rend heureux"
Je reprends avec toi - bonne semaine, amie.
Merci pour ce doux rappel: je passe souvent devant ce parc sans prendre le temps d'en contempler les habitants... et de m'y promener.
A bientôt chère tania.
Il eut été dommage que je manque ce rendez-vous. Je suis d'accord avec Euterpe, vos photos sont magnifiques, la première en particulier. Je vous l'emprunterai peut-être si vous me le permettez. Merci en tout cas pour la promenade.
@ Delphine : Un parc centenaire a tout le temps d'attendre. Bonne journée, Delphine.
@ Zoë Lucider : Avec plaisir, Zoë.
oui il y a longtemps que je n'ai plus mis les pieds ds ce parc (j'ignorais qu'il avait été restauré...
Impressionnantes photos d'arbres... comme il sont imposants;;.et si on les écoute, ils ont des choses à nous dire (et peut-être à nous guérir...mais oui
@ Coumarine : Oui, les arbres ont une présence apaisante, Coumarine. J'espère que tu vas assez bien pour te promener et te réjouir de la douceur de notre automne, toi qui aimes tant marcher.
Merci pour cette balade pleine de poésie végétale, j'ai bien aimé. Les arbres sont des êtres vivants comme nous, mais tellement plus grands et plus sages !
je ne dors pas et me suis promenée longuement dans ton blog... vraiment, tu m'impressionnes...
quelles magnifiques photos, il faudrait que j'aille visiter ce parc.
@ Ariane : Au plaisir, pour une fois, de vous servir de guide dans un jardin public.
@ Pristi : Merci, Pristi, bonnes promenades à venir.