Magie des ciels au couchant, cadeau royal d’un cinquième étage avec vue. Au cœur de juillet, déjà, il arrive que Bruxelles le soir s’enveloppe d’une écharpe chaude. En août, le soleil quitte l’Atomium, revient sur ses pas, s’accroche aux barres d’immeubles.
« L’or du soir qui tombe » suffit en lui-même à composer un spectacle. Mais il faut aux grands ciels d’apparat des nuages. Leur ombre ajoute à la lumière, leurs formes à la féerie. L’étole alors devient toile abstraite, patchwork aux coutures invisibles, mousseline, gaze.
Une paupière se soulève, de la poussière d’or sur les cils. La terre, alourdie de fatigue, s’immobilise sous les dernières flambées solaires. « Encore une journée divine » s’exclame Winnie au lever du rideau. Avant qu’il ne se baisse, parfois, un festival de rayons s’improvise au filtre des nuages. Un soir céleste, encore un.
Au tour de Notre-Dame de Laeken de s’embraser. Les rougeoiements du soleil sur l’horizon laissent la place à de doux dégradés. Changements à vue. Le bleu touche au violet, le rose à l’orange, le jaune au pourpre. Un grand soir, le ciel ose des fulgurances inédites, habillé par Yves-Saint-Laurent.
Septembre. Les jours fondent depuis des semaines, on le sent tout à coup davantage – « Voici que la saison décline ». Les traînées des avions se métamorphosent, s’amollissent, se colorent, s’illuminent, tracent un arc par-dessus la ville, ouvrent une porte à l’infini.
Que de signes dans le ciel, d’écritures évanescentes ! Au théâtre du couchant, quand le soleil fait son cinéma, j’aime m’imprégner des ors du soir et suivre leur cortège, de ma fenêtre.
Commentaires
Ce n'est pas juste , Tania car vous avez tous les talents. De l'écriture à la photographie . Car ces photos sont tout simplement d'une rare beauté !
Dans son "plat pays" Brel a oublié de nous décrire toutes ces couleurs . Dommage qu'il ne vous connaissait pas (enfin je suppose)!
Bonne journée Tania et encore beaucoup de soirées radieuses et dorées.
Cher Gérard, là où j'ai grandi, les maisons, les arbres cachaient presque tout des couchers du soleil. De l'appartement que j'ai quitté il y a deux ans, je n'en voyais rien non plus. Aussi depuis mon installation ici, je les contemple avec joie, ces feux du ciel, ces soirs intenses, ces folies éphémères.
une belle contemplation et des photos réussies, je ne suis pas perchée très haut aussi je manque ce genre de vue mais par contre là en ce moment ce sont les cris des enfants de l'école maternelle qui accompagnent ma déambulation internet !
Couleurs et sons, petits bonheurs de l'existence
Voilà bien un goût que nous partageons, vous du haut de votre étage et moi de mon jardin juché sur la colline. Je penserai à vous lorsque je contemplerai dans mon ciel les écritures évanescentes au théâtre du couchant
en cinémascope super grand écran avec technicolor et au scénario, à la réalisation, à la caméra, au script, aux éclairages : TANIA...
Je reviens vous remercier pour la promenade. Grâce aux liens, je me suis régalée de votre page sur le déménagement de votre bibliothèque, j'ai appris que Catherine Frot a été une Winnie magnifique (et regretté de n'avoir eu la chance de la voir à l'oeuvre) et relu les poèmes d'Hugo qui sont toujours de vrais miracles et découvert un nouveau blog (par liens interposés), celui de Thomas Vinau. Riche pérégrination, j'en ai donné le titre à ma liste de blogs. Bien à vous
Ces ciels sont tous plus beaux les uns que les autres, je n'ai pas de vue de chez moi hélas, j'en profite dès que je suis à l'extérieur (un peintre se régalerait à partir de tes photos).
Magie de la lente progression du couple ciel/soleil, superbe. Ces innombrables nuances d'oranges et de bleus, que c'est beau.
Chez moi, tu le sais, ces couleurs débordent de la montagne qui cache le soleil couchant, mais au bord de mer....!
Oui, oui, merci pour ces liens, ce poème de Hugo lu chez Aifelle, enfin tout.
Un beso.
Je ne sais pas ce qu'il faut admirer le plus : les photos ou le texte qui l'accompagne. Quelles beautés ! Comme je regrette les couchers de soleil vus de mon ancien appartement quand je vois et lis de telles merveilles ! Le problème c'est que je n'ai eu le choix qu'entre spectacle avec bruit ou absence de spectacle avec silence. Et le silence est d'or, dit-on, même si ça n'est vraiment pas le(s) même(s) or(s). Oh non.
tu as raison, les couchers de soleil sont magnifiques et les nuages ajoutent un véritable plus à la photo...
et je donne aussi raison à Gérard pour tes multiples talents!
@ Dominique : J'aime aussi tisser la vie de ces "presque rien", Dominique. J'habitais en face d'une école, j'imagine bien ces cris de rentrée, de sortie, de récréation. Des enfants dans les jardins de l’îlot - j'aime les entendre.
@ Zoë Lucider : De même, je penserai à vous en haut de votre colline, Zoë. Ravie que la promenade vous ait inspirée.
@ JEA : "Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs." (Cocteau, une avance sur le prochain billet)
@ Aifelle : Et tes photographies m'enchantent, et ton art de les présenter.
@ Colo : Un baiser pour toi, amie, encore un soir lumineux qui se profile.
@ Euterpe : Un choix que je comprends très bien. Que d'appartements visités avec terrasse sur un boulevard avant de trouver celui-ci ! J'aime aussi le silence, il est d'or, parfaitement.
@ Adrienne : C'est gentil, Adrienne. Merci et bonne soirée.
C'est magnifique! Ca me rappelle le temps où j'habitais en hauteur aussi... et que le ciel me gratifiait parfois des couleurs aussi flamboyantes. Aujourd'hui, du rez-de-chaussée, plus de coucher de soleil. Merci de nous en faire profiter. Ces couleurs sont vraiment extraordinaires et la diversité de ces couchers de soleil fait rêver! Un spectacle de toute beauté.
C'est magnifique, que de beautés et quelle générosité de la nature d'offrir ces plus belles couleurs à notre regard! Merci de votre générosité qui nous en fait profiter. Ca me rappelle le temps où j'habitais en hauteur au milieu de la ville et que le ciel me gratifiait parfois de tels spectacles, de telles couleurs. Bravo pour ces prises de vue splendides.
Désolé pour les deux commentaires, le premier ne s'était pas affiché, alors j'ai recommencé... deux variations sur vos photos extraordinaires :)
Merci beaucoup, Jeanne, pour vos variations enthousiastes. Je prends des photos en "automatique" avec un petit appareil numérique, rien de plus. La pluie nous est arrivée ce matin, un rideau de perles sur les vitres, voilà qui est plus difficile à photographier.
superbes photos, tania
Merveilleuse série, Tania !!! Ma préférée: ce ciel orangé, presque uniformément de la quatrième image !
Moi, que je suis un inconditionnel du crépuscule, je suis charmé.
De la belle ouvrage.
Juste magnifiques, le ciel et tes phrases.
@ Niki : Merci, Niki.
@ Fifi : Où les nuages jouent de toutes les matières...
@ Armando Ribeiro : Muito obrigado, Armando.
@ La bacchante : Juste ciel !
Pas très présente ces derniers temps parce qu'il faisait trop beau (et ce n'est pas fini, paraît-il), je reviens à mes « amours », dont cet endroit fait partie.
Et quel plaisir d'y trouver cette formidable série alors que ce matin encore maman me disait qu'elle retournerait bien à Bruxelles... et que je pensais exactement la même chose!
Merci, Lali. Moi-même je suis fort prise par les soucis de santé de ma mère ces derniers temps, et je vais moins souvent sur mes blogs favoris. Fais-moi signe si tu viens à Bruxelles, bien sûr.
Très, très joli, Tania. Je ferai mieux de regarder plus souvent par la fenêtre que de regarder la TV !
Merci, Mado. Les nuages ont envahi le ciel, mais l'automne est souvent généreux aussi en belles lumières. Bonne fin de semaine.
Vous qui semblez aimer la peinture, ces photos lumineuses de soirs colorés ne vous donnent-elles pas envie de prendre le pinceau ?
Vous publiez ceci le 10 septembre, à la fin de cette période magnifique où la côte belge me semblait avoir des airs de riviera.
J'aime la peinture, mais je ne suis pas douée pour le dessin et n'ai jamais osé prendre les pinceaux. D'où les mots ?