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Balades - Page 52

  • Maison de caractère

    « Nous cherchions une maison qui ait du caractère » , a raconté la propriétaire d’une belle demeure schaerbeekoise, à l’angle de la chaussée de Haecht et de la rue de l’Est, qui a accueilli avec amabilité le petit groupe inscrit à la première des « Estivales 2015 » – huitième édition des promenades guidées gratuites proposées tout l’été par l’asbl PatriS, avec le soutien de la commune. 

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    Si souvent, en passant sur la chaussée, j’ai admiré la loggia d’angle et les belles façades de cette maison néo-Renaissance flamande. Aussi je me suis inscrite tout de suite à l’annonce de cette visite guidée organisée jeudi dernier. (Une seconde visite de cette maison est prévue le 3 septembre prochain.)

     

    Emmanuelle Dubuisson, notre guide, rappelle que la rue de l’Est (nom lié à la proximité de l’ancien Observatoire) a été percée à la demande de propriétaires privés, en 1881.  A cette époque, la commune attire les bourgeois et les artistes. Ce sont les héritiers Verboeckhoven (Eugène Verboeckhoven, peintre animalier et sculpteur, est mort à Schaerbeek en 1881) qui possèdent le terrain où cette maison va être bâtie et les suivantes, où seront aménagés plusieurs ateliers d’artistes. 

     

    Cette grande maison d’angle construite en 1890 pour un avocat (Maître Campioni-Balasse) disposait à l’origine d’un grand jardin, mais durant la première guerre, des voisins s’en sont approprié des parcelles. Juste en face, une maison du même style, avec tourelle d’angle, a été démolie dans les années soixante pour faire place à un immeuble de bureaux. Ici, heureusement, les propriétaires successifs ont résisté aux sirènes du progrès, qui suggéraient même de la remplacer par une station-service ! 

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    « Schaerbeek - Rue de l'Est n°2 - 002 » par Lumixbx (Wikimedia Commons)

    Pourquoi ce style Néo-Renaissance flamande, avec le mélange des briques rouges et de la pierre bleue, des vitraux et des croisées en pierre ? La visite s’intitule « Plongée dans l’éclectisme » : en façade on voit aussi des éléments néo-gothiques, un pignon en escalier sur le toit, des lucarnes dans le goût pittoresque, ainsi que des épis de faîtage. Au bout des nombreuses travées – la maison est large mais peu profonde – une frise lombarde achève le décor. 

    Les archives de Schaerbeek ayant brûlé avec l’Hôtel communal en 1911, on attribue cette maison à un architecte formé à Saint-Luc, qui a conçu d’autres belles demeures dans le quartier des squares et travaillé pour de nombreux couvents et églises. Après 1870, les libéraux de la « nouvelle Belgique » appréciaient ce style néo-Renaissance flamande par opposition au style néo-classique français.

     

    Il est temps d’entrer, après avoir appris que le bossage des pierres au bas des murs convient au caractère rustique de l’endroit à la fin du XIXe siècle, c’était encore campagnard. La porte est magnifiquement décorée et garnie de ferronneries d’époque. On monte cinq marches pour accéder au premier niveau d’où on peut admirer les vitraux art nouveau qui encadrent l’entrée, dans des tons orangés, puis les vitraux plus pâles autour de la seconde porte.  

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    Le vestibule a été transformé (confort, chauffage,…) et dans toute la maison, dont l’intérieur aussi est classé aux Monuments & Sites depuis 2004, des éléments qui ne sont pas d’origine ont été intégrés harmonieusement au fil du temps – parfois récupérés dans les chantiers de démolition des belles maisons de maître en pleine période de « bruxellisation ».

     

    Dans le salon de réception qui a conservé son mobilier d’origine, les médaillons des vitraux sont inspirés de tableaux anciens. Les vitraux intérieurs portent aussi des devises, une date : 1831, des motifs illustrant les quatre saisons. Sous le plafond à caissons (dont la peinture s’écaille en attendant un budget de restauration), des poutres se terminent par les têtes sculptées des archiducs Albert et Isabelle.

     

    Toutes les pièces visitées portent des lambris d’origine. De l’autre côté de l’entrée, après un charmant petit bureau, un grand salon de musique, pièce d’angle très lumineuse a des vitraux refaits dans les années 60, portant le blason azur et or de la famille Scribe (deux plumes croisées, quatre escargots), et sur une fenêtre rue de l’Est, un blason de réemploi non identifié qui m’a intriguée, montrant sous une couronne, un oiseau noir avec un anneau d’or dans son bec, juché sur un fer à cheval. Comme les murs peints de ramages et de couronnes de ce salon, ceux de la belle cage d’escalier, éclairée par une verrière à décor floral, ont conservé leur peinture d’origine, de très beaux tons rouge cuivre.  

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    On découvre à l’étage les pièces d’habitation familiale, le salon à l’angle avec ses vitraux refaits sur le modèle d’origine, sa loggia, et une belle cheminée en bois récupérée dans un château – le bois est présent partout dans la maison : les lambris, les parquets dont les motifs varient de pièce en pièce.

     

    Des murs clairs mènent à une jolie cuisine toute en longueur, équipée à la manière actuelle en face des vitraux, avec un coin à manger – tout ce qu’il faut pour une famille ; elle a été conçue en harmonie avec le lieu, la cheminée ancienne. Les cuisines d’origine, comme autrefois à Bruxelles, se trouvaient en cave, reliées au rez-de-chaussée par un monte-plats.

     

    Ensuite on accède à une chambre qu’habite également un chat roux, endormi en rond sur le couvre-lit blanc. Placide, il ne semble pas vite dérangé, accepte même quelques caresses. La cheminée – chaque pièce a la sienne – est imposante, une grande tapisserie d’époque agrémente le décor.

     

    Cette maison qui donne l’impression de voyager dans des temps anciens est contemporaine de la maison Autrique, construite en 1892 par Horta à deux pas d’ici. Un choix architectural et esthétique très différent. Débordant du temps prévu pour la visite, la propriétaire a bien voulu confier les avantages et inconvénients d’habiter une maison classée. Le plus inattendu, ce sont les coups de sonnette d’inconnus qui se croient à la maison communale !

  • Monplaisir

    avenue huart hamoir,schaerbeek,balade,promenade,patrimoine,bruxelles,architecture,arbres,ginkgo biloba,culture« Rendez-vous à la gare de Schaerbeek ; supprimez-la en imagination et plantez sur l’aire occupée aujourd’hui par l’avenue Huart Hamoir un beau château semblable à celui qui hante les rêves des enfants. Entourez-le d’étangs, de jardins et de fontaines jaillissantes… et vous aurez Monplaisir tel que le conçut à la fin du XVIIe siècle un certain baron Roose. Ce dont se réjouit Charles de Lorraine, gouverneur-général des Pays-Bas, lorsqu’il se mit en quête d’une résidence champêtre entre 1752 et 1780. Le saviez-vous : c’est à Monplaisir que furent organisées les premières courses de chevaux du continent. »

     

    Georges Renoy, Bruxelles aux iris, 20 promenades dans la région bruxelloise,  Duculot,  Paris-Gembloux, 1979.

     

    « Walckiers-Ferraris » par Joseph de Ferraris (carte de 1777, via Wikimedia Commons)

     

  • Huart Hamoir impairs

    Il ne faut pas nécessairement avoir un train à prendre – ou une voyageuse à aller chercher – pour descendre du square Riga vers la gare de Schaerbeek, place Princesse Elisabeth. C’est si agréable d’emprunter la belle avenue Huart Hamoir d’un côté et de la remonter de l’autre, ou d’emmener des enfants jouer là où « l’une des plus larges avenues-promenades de la capitale » s’arrondit pour faire place au parc et à la plaine de jeux du Hamoir (ils y sont invités à lire dehors tout l’été).  

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    Le matin, ce sont les numéros impairs qui prennent le soleil, aussi c’est de ce côté que j’ai l’intention de prendre quelques clichés, et pour cela, mieux vaut longer le terre-plein central, à gauche du monument aux troupes africaines, d’où l’on voit mieux les maisons et les arbres. 

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    J’ignore comment il se fait qu’on a planté le long du trottoir, en alternance avec des cerisiers du Japon, tant de ginkgos bilobas, plus fréquents dans les parcs – je vous ai déjà parlé, il me semble, des deux rares exemplaires femelles qui répandent ici en automne leurs fruits singulièrement nauséabonds (en ville, on ne plante plus que des ginkgos mâles aujourd’hui). 

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    Sachez-le, je ne photographie ni les poubelles débordantes, ni les déchets abandonnés, ni les abris à vélos tagués, à quoi bon se lamenter une ixième fois de la malpropreté dans les espaces publics ? Passons. 

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    A l’époque où les belles demeures de l’avenue Huart Hamoir (nom du bourgmestre d’alors) ont été construites, au début du XXe siècle, on n’y prévoyait pas de garage. Avec les voitures tout le long de la voirie aujourd’hui, ce n’est pas si simple de prendre une jolie vue d’ensemble, mais je vais essayer de vous montrer tout de même un peu de cette avenue schaerbeekoise pleine de charme. 

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    Chaque façade diffère de ses voisines, mais en se succédant, leurs éléments –  style éclectique,  Beaux-Arts, Renaissance flamande, Art nouveau – forment des enfilades souvent harmonieuses. Les feuillages ignorent les limites des propriétés et ce continuum végétal contribue à la beauté des lieux. Des constructions plus récentes s’efforcent de respecter le rythme et le ton de la partition. ( Il y a des exceptions, comme cet immeuble « fonctionnel » aux étages heureusement masqués par un valeureux ginkgo). 

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    Il faut lever les yeux pour apercevoir les ornements d’une toiture, de gracieux clochetons surmontés de fantasques paratonnerres, des fers forgés offerts au ciel pour le décorer, un sgraffite sous une corniche au-dessus d’un arc en pierre bleue qui achève de surligner une grande baie vitrée.

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    Sur le terre-plein de l’avenue se dressent notamment des frênes, des marronniers, des hêtres, des platanes à feuilles d'érable, des tilleuls, des houx. Certains sont à l’inventaire des arbres remarquables de la capitale.  

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    C’est dimanche. Des enfants jouent à la plaine de jeux, un homme prend le soleil sur un banc.  Tout est calme. Rien ne bouge dans les avenues avoisinantes, sauf une voiture de temps à autre. 

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    Un drapeau belge près du toit attire mon attention sur une belle maison Art nouveau, haute et étroite. Le ginkgo biloba devant sa façade semble avoir fait régime pour s’y accorder. Quelle imagination de son architecte pour la toiture ! Deux fenêtres jumelles dont l’une est dotée d’un balconnet,  à côté d’une lucarne originale en oblique. 

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    Inscription aux Estivales : asbl.patris@gmail.com ou 0476/77.65.36

    Quasi chaque façade appelle une lecture particulière, et selon le jour ou l’heure, je m’attarde à détailler l’une ou l’autre. Tiens, une coquille sur un fronton triangulaire, jamais remarquée encore – Schaerbeek fait le bonheur de tous ceux qui aiment l’architecture, le patrimoine, l’urbanisme au sens noble du terme. Voici l’occasion de vous rappeler que l’asbl PatriS organise à nouveau ses « Estivales », n’hésitez pas à écrire pour obtenir le programme, plein de nouveautés alléchantes.  

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    Ça et là des pierres taillées retiennent le regard, ou les horizontales de ces garde-corps en fonte très travaillés sur toute la largeur d’une façade, aux deux étages. Et toujours, pour leur tenir compagnie, ces ginkgos à la silhouette si élancée. Dans le bas de l’avenue, en se rapprochant de la place et de la gare qui la terminent, des maisons et des immeubles ont parfois des décors plus simples, mais intéressent à leur manière par le jeu dans l’agencement des briques, des couleurs.  

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    On restaure le bulbe principal de la jolie gare de Schaerbeek, qui accueillera bientôt un musée du train (ouverture prévue en septembre). Partout, en bas de l’avenue Huart Hamoir, des affiches annoncent la fête de la musique – ce sera au début de l’été. Il me reste à remonter l’avenue, côté pair – je le garde pour une prochaine fois, d’accord ? 

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  • Au lac de Genval

    Le dimanche, il y a du monde au lac de Genval. A une demi-heure de Bruxelles en voiture, c’est un bel endroit pour aller se promener. Le lac n’est pas bien grand, on aime en faire le tour, s’installer dans l’herbe ou à une terrasse et admirer la vue. Côté lac, avec son jet d’eau, ses voiliers, ses palmipèdes, et côté rives, avec les demeures de caractère, les restaurants. 

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    Les rhododendrons et les azalées dans les jardins, les iris jaunes au bord de l’eau – l’iris des marais est l’emblème de la région de Bruxelles-Capitale, hélas abandonné cette année sur le drapeau régional pour une stylisation médiocre –, les glycines…, les floraisons de mai sont généreuses. Mais nous sommes ici entre Brabant flamand et Brabant wallon (séparés depuis 1995). La frontière linguistique traverse le lac, entre Overijse et Rixensart.  

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    Certaines propriétés, Belle époque ou modernes, se laissent découvrir des promeneurs, d’autres ont élevé des murs pour protéger leur intimité, surtout celles qui ont les pieds dans l’eau, on les contemplera de loin, de l’autre rive. La Pommeraie, une ancienne ferme, a gardé son environnement champêtre. 

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    Au début du XXe siècle, le modeste étang alimenté par la rivière Argentine, qui longe la rive nord et la Meerlaan (avenue du Lac), est devenu un beau lac de tourisme autour duquel on a créé un quartier cossu. Place au Lac de Genval.

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    Cet écrin de verdure attire les propriétaires les plus aisés, mais aussi les oiseaux, et bien sûr on y regarde s’affairer des poules d’eau, des canards, des oies – et des poussins bien mignons. Quant aux poissons du lac, une petite pêcheuse les attend au tournant avec une canne rudimentaire, pleine d’optimisme.

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    Près du Château du Lac (Etablissement d’eaux minérales reconverti en hôtel cinq étoiles), des messieurs en blanc font une partie de croquet.  

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    Sur la grande pelouse, on célèbre un mariage, face au jet d’eau. Endroit huppé, belles voitures, des passants s’arrêtent pour écouter les discours prononcés au micro. De la promenade de ce côté du lac, on aperçoit des maisons aux terrasses quasi sur l’eau.  

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    Un joli trio de villas : au centre, la flèche de Guillaume Tel, réplique d’une chapelle suisse devenue maison d’hôtes, de part et d’autre, des maisons de style normand, le style dominant dans ce qui fut d’abord une villégiature pour la noblesse et la bourgeoisie bruxelloises – les promoteurs immobiliers s’en inspirent encore aujourd’hui. 

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    Sur la promenade, un mur de graffiti détonne, au décor plutôt surréaliste –le propriétaire du Château du Lac a proposé aux participants d’un festival de hip hop, en 1999, de pérenniser ainsi leur passage par une fresque sur le thème des quatre éléments (une façon peut-être aussi de décourager les taggeurs). 

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    En retrait, de grandes maisons pleines de charme semblent délaissées, certaines sont à vendre. Je vous recommande deux beaux sites qui proposent des vues du lac de Genval, de ses demeures et des environs, Rétro Rixensart avec des cartes postales et des vues anciennes et Objectif Rixensart, des photographies actuelles.

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    Chaque fois que je me promène là, je me demande quelle maison a inspiré celle de La plage d’Ostende : Jacqueline Harpman, au chapitre 2 (« Genval »), raconte comment le père d’Emilienne, la narratrice, les emmène un jour d’avril, sa mère et elle, « visiter une grande maison au bord du lac de Genval. Elle était assez délabrée car elle n’avait pas été occupée pendant quatre ans. » Emilienne Balthus en était tombée « amoureuse » aussitôt et Léopold Wiesbeck, le peintre follement aimé, en sera l’hôte le plus désiré.

     

  • Le MuCEM et le Fort

    Marseille, ciel couvert. Au bout du Vieux Port, nous découvrons de l’esplanade J4 la cathédrale La Major avec ses rayures, de l’autre côté du boulevard du Littoral, d’énormes bateaux de croisière à quai, et surtout, devant nous, le MuCEM, sous sa dentelle de béton gris foncé, juste à côté de la blanche Villa Méditerranée au porte-à-faux incroyable au-dessus d’un bassin. Le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée annonce en façade ses expositions : « Lieux saints partagés », à partir du 29 avril, et plus tard « Migrations divines ». 

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    Pour accéder au restaurant tout en haut, nous empruntons les coursives en pente douce qui font le tour du bâtiment. La lumière y est tamisée par la paroi alvéolaire qui, de l’extérieur, cache l’intérieur, mais de l’intérieur, offre une vision singulière des alentours et même du ciel, le même motif se répétant comme les mailles d’une résille dans la toiture soutenue par des piliers aux formes organiques. Une intervention réussie de l’architecte français Rudy Ricciotti sur l’ancien môle portuaire. 

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    C’est de la grande terrasse sur le toit que part la fameuse passerelle de plus de cent mètres vers le Fort Saint-Jean avec ses vues formidables sur la mer et sur la ville, et sur le belvédère Saint Laurent, juste en face du fort. Une autre passerelle traverse les remparts et relie le site à la ville. De beaux aménagements contemporains assurent la transition entre le musée moderne et le fort ancien, des terrasses en gradins et, des jardins, le tout clairement balisé. Un plan est mis à disposition pour ne rien manquer : chemin de ronde, parcours botanique, placettes… 

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    Des bancs de bois arrondis, du métal rouille utilisé aussi bien pour les panneaux explicatifs que pour les flèches qui attirent l’attention sur certaines plantes et d’autres éléments fonctionnels et décoratifs, tout a été pensé pour mettre les lieux en valeur et aussi pour l’agrément des promeneurs, des groupes. L’accès au site est gratuit, l’entrée aux expositions payante. 

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    « La galerie de la Méditerranée », au rez-de-chaussée du Mucem, décline quatre « faits de civilisation » propres à l’univers méditerranéen : l’agriculture (le blé, l’huile, le vin), les trois religions monothéistes (« Abraham et les trois anges », une petite esquisse de Chagall, annonce un parcours sur Jérusalem, « ville trois fois sainte »), la citoyenneté et les droits de l’homme, et enfin « Au-delà du monde connu », les routes maritimes et les échanges culturels et commerciaux. 

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    Machines hydrauliques, moules, sculptures, vases, maquettes, livres, icônes, peintures… Des objets anciens de toutes sortes illustrent ces quatre thèmes, usuels ou artistiques, ordinaires ou précieux, certains spectaculaires comme cette petite barque pour la pêche et la riziculture (Valence, Espagne), une hutte de transhumance aménagée, une charrette sicilienne richement décorée. Des photographies, des vidéos aussi, et de grands écrans qui fonctionnent « comme des fenêtres ouvertes sur la Méditerranée » (Plan-dépliant).  

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    « Dans la Galerie, les femmes qui répondent au banquet des Grecs, au centre du mur des portraits, incarnent ce combat pour la liberté de circuler,
    l’accès aux soins et le respect de la vie humaine. » (Plan de visite, MuCEM, La Galerie de la Méditerranée)
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    « Cabinet des convoitises » Parmi les matières exotiques ramenées en Europe pendant la Renaissance, des curiosités naturelles
    (corail, ivoire, lapis-lazuli) et des productions humaines (soie, porcelaine).  (MuCEM, La Galerie de la Méditerranée)

    « Qu’est-ce que la Méditerranée ? Mille choses à la fois, non pas un paysage, mais d’innombrables paysages, non pas une mer, mais une succession de mers, non pas une civilisation, mais des civilisations entassées les unes sur les autres. » (Fernand Braudel) Marseille s’est dotée avec le MuCEM d’un nouveau phare.