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science

  • Un faux erratum

    Jean-Marc Jancovici est un des fondateurs de l’association « The Shift Project » (le projet de changement), un mouvement citoyen « à la fois lobby et groupe de réflexion » (La Libre Belgique). Sous la rubrique « Planète », Valentine Van Vyve y signait lundi un reportage sur les Shifters, qui ont pour objectif de « bâtir le plus rapidement possible une économie décarbonée », une association née en France et aussi active en Belgique, à l’occasion d’un rassemblement sur le campus du Solbosch (Université Libre de Bruxelles).

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    Libération vient de consacrer un dossier de quatre pages au succès du Monde sans fin (14 & 15/1/2023), un succès qui dérange. On y apprend que cette bédé a été victime d’une attaque inédite juste avant les fêtes : « de faux représentants de la maison d’édition Dargaud ont démarché des librairies pour faire insérer dans l’ouvrage un texte contestant les thèses défendues par l’auteur. »

    Pour se forger une opinion sur Jancovici, « le mieux est encore de se plonger dans l’un de ses nombreux ouvrages » (Gilles Toussaint, Dans l’ombre de « Janco », LLB, 16/1/2023). Ou de suivre ses conférences

    P.-S. Voici, pour alimenter le débat, le lien vers le dossier Jancovici publié par Reporterre. (22/1/2023)

  • Le monde sans fin

    Le monde sans fin (2021), bande dessinée où Jean-Marc Jancovici, ingénieur polytechnicien, répond aux questions du dessinateur Christophe Blain (dans le rôle de Candide), propose une analyse globale de l’état du monde et des grands motifs d’inquiétude pour l’avenir. Comment agir efficacement contre le réchauffement climatique ? Où mène le développement économique prédateur de ressources non renouvelables ? Sommes-nous irrésistiblement piégés dans la spirale désastreuse de la fuite en avant et de la croissance à tout prix ? L’intérêt du grand public se lit dans le succès de ce livre, « le plus vendu de l'année 2022 en France » selon Wikipédia.

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    J’ai parlé ici de La décroissance heureuse de Maurizio Pallante, du plaidoyer pour la localisation d’Helena Norberg-Hodge, du défi de la surpopulation sur notre planète ou encore d’Ethique de la considération de Corinne Pelluchon. Dans Le Monde sans fin, une bédé de vulgarisation accessible à tous, cette problématique est abordée à partir d’observations simples et des questions que nous nous posons tous sur le climat, l’énergie, le mode de vie.

    Sur un mode à la fois sérieux et humoristique, « Janco » résume à travers les dessins de Blain comment le développement des transports et de l’industrie a fait passer l’humanité des énergies renouvelables aux énergies fossiles, comment « on a pris l’habitude, avec ce siècle de progrès techniques et de diffusion abondante de l’énergie, de tout contrôler, de repousser les limites. » Il démonte le concept d’énergie dite « verte » : toute énergie devient sale si on l’utilise à grande échelle, de façon massive : « choisir une énergie, c’est arbitrer entre les inconvénients que tu acceptes et ceux dont tu n’as pas envie ».

    Les explications, images et chiffres, sont très claires. Le contenu dense réclame de l’attention, du temps pour digérer l’information. Un exemple simple (p. 29) : 4000 m de dénivelé à vélo en 10 heures demande aux jambes du cycliste une puissance moyenne de 100 W ; l’emploi d’un mixeur à soupe, « 4 cyclistes » ; d’un aspirateur, « 10 cyclistes » ; d’un ascenseur, « 50 cyclistes ». On comprend qu’avec l’emploi des machines, l’homme contemporain « ne peut rien faire d’autre que d’extraire une source d’énergie dans son environnement ».

    Surprise : j’imaginais que le charbon était une source d’énergie devenue secondaire, or son utilisation « n’a jamais baissé depuis qu’on a commencé à se servir de ce combustible ». Bois, charbon, pétrole se superposent sur les graphiques historiques, avant que s’y ajoutent – sans les remplacer – le gaz, l’hydroélectrique, le nucléaire et enfin l’éolien, le solaire et autres renouvelables. Pire : aujourd’hui, « 40 % de l’électricité mondiale provient du charbon », 40 % !

    Les petits gestes comme éteindre la lumière n’ont « rien à voir avec des économies d’énergie significatives », vu tout ce qu’on achète et la façon dont on se déplace. Blain représente « Mère Nature » en femme rousse plantureuse qui nous alerte sur les dangers en cours et à venir. « La pression de l’humain sur la planète augmente aussi vite que la quantité d’énergie disponible », or depuis le début de la révolution industrielle, nous sommes passés de 0,5 milliard d’humains à huit milliards sur terre.

    On découvre que depuis la première convention climat (COP), ce sont les énergies fossiles qui ont le plus augmenté, et le charbon en tête. Agriculture, industrie, transports, alimentation, productions et consommations révèlent une spirale énergivore. L’avion est « le plus gros consommateur d’énergie par personne et par déplacement » : un aller-retour Paris-New York équivaut à « une grande baignoire de pétrole » (300 à 400 l par voyageur), « à peu près la consommation annuelle de quelqu’un qui se sert de sa voiture tous les jours » ! Et cela, faut-il le rappeler, sans taxes sur le carburant.

    La civilisation des villes et des loisirs (dans les pays industrialisés) repose sur un modèle de « société de l’énergie infinie » et de « croissance » mis à mal aujourd’hui. Ce n’est plus une « crise », comme lors des chocs pétroliers ; les ressources de Mère Nature ont bel et bien (si l’on peut dire) commencé à s’épuiser pour de bon. Le réchauffement climatique nous accule à de grands changements globaux – dont l’auteur souligne l’urgence absolue.

    Jancovici dénonce l’obsession aveugle des dirigeants pour la croissance quel qu’en soit le prix, les dérives de la consommation à outrance. Partisan de la décroissance, il défend le recours à l’énergie nucléaire pour atténuer pendant quelque temps l’impact des changements nécessaires et dédramatise la peur qu’elle engendre depuis Tchernobyl et Fukushima : c’est le reproche principal qui lui est fait, ainsi qu’une approche biaisée du renouvelable. Certains écologistes partagent son analyse, d’autres la contestent.

    En ce qui me concerne, il me semble que Le monde sans fin est un livre à lire et à discuter : il a le mérite de montrer et de chiffrer sur quoi repose notre mode de vie d’une manière globale et de nous rendre plus conscients de nos choix. Les dernières pages sur le striatum – en écho aux études de Sébastien Bohler (Le bug humain. Pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l’en empêcher, 2019) – m’ont semblé plus faibles, quoiqu’elles éclairent un peu les raisons de notre envie individualiste (et mortifère ?) de « toujours plus ».

  • Fragilité du vrai

    Pour la première fois, à l’invitation de l’UCLouvain, j’ai assisté jeudi dernier à la cérémonie annuelle de proclamation des Docteurs honoris causa 2022 – l’université la retransmettait en direct sur sa chaîne YouTube. Grâce à leur travail et leurs actions, Florence Aubenas (France), Michael E. Mann (Etats-Unis) et Chimamanda Ngozi Adichie (Nigéria / Etats-Unis) « s’obstinent à nous faire voir la réalité en face, qu’elle soit sociale, culturelle, raciale, du genre, judiciaire ou climatique » (UCL).

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    De droite à gauche : V. Blondel, Ch. N. Adichie, M. E. Mann, Fl. Aubenas
    (avec leur écharpe de l'UCLouvain) / 29/4/2022
    Doctorats honoris causa 2022 - La fragilité du vrai | UCLouvain

    Avant l’introduction du Professeur Vincent Blondel, le recteur actuel de l’Université catholique de Louvain, sur « La fragilité du vrai », le thème de cette année était particulièrement bien illustré sur scène par  un funambule, Maël Commard (Cirque des petites natures), qui est revenu danser et défier les lois de l’équilibre pour ouvrir chacune des parties de la soirée.

    « Le vrai est fragile » : le recteur a rappelé combien ce thème n’est pas seulement un sujet intellectuel mais un véritable enjeu à notre époque où l’on cherche des points d’équilibre pour dire le vrai dans tous les domaines, contre les fausses nouvelles et la désinformation (discours trompeurs d’un Trump, rachat de Twitter par l’homme le plus riche du monde pour une liberté d’expression sans limite, manipulation des élections…) Un enjeu scientifique et politique majeur.

    La recherche de la vérité, loin des affirmations péremptoires, se construit dans le temps, évolue, nécessite de confronter différents points de vue. Les trois personnalités honorées y sont pleinement engagées : Florence Aubenas par son journalisme d’investigation, qui prend le temps de regarder pour montrer la complexité d’un problème ; Michael Mann, climatologue et géophysicien, en contribuant « à la compréhension scientifique du changement climatique » ; Chimamanda Ngozi Adichie par ses écrits littéraires, son féminisme et son engagement dans les études africaines.

    C’est le rôle de l’université de dire le vrai et de rendre conscient de ce que le vrai « ne va pas de soi », à l’inverse de ce que déclarent « les conservateurs de la vérité ». Il faut « prendre soin du vrai. » Le discours de Vincent Blondel et ceux qui ont suivi peuvent être écoutés sur YouTube (la cérémonie commence à la 24e minute, l’introduction à 27:40). Après un mot des représentants des étudiants, le funambule est remonté sur son fil.

    Florence Aubenas a été présentée d’abord par différentes personnes dans une vidéo puis par ses « parrain » et « marraine ». Grégoire Lits a dit l’importance des journalistes professionnels, aujourd’hui devant trois défis : leur sécurité, leur indépendance, leur viabilité économique liée à celle de la presse. Marie-France Herent a rappelé le parcours de la journaliste et vanté ses qualités d’empathie et de partage.

    « Je reviens d’Ukraine » a répondu Florence Aubenas. Elle y a vu « une vraie guerre » d’un autre siècle (les tranchées, la boue, l’attente…) et rencontré des journalistes ukrainiens qui étaient incrédules avant l’invasion de leur pays. Née en Belgique, elle était heureuse d’y recevoir son premier diplôme universitaire. Après Le quai de Ouistreham, il faut décidément que je lise L’inconnu de la Poste.

    Michael E. Mann a été présenté en français et a répondu en anglais. Les rapports du GIEC sur le climat ont d’abord été contestés par ceux qui recourent aux conseils de communication pour semer le doute et défendre leurs intérêts. Il est légitime d’interroger ou de contester des résultats, mais quand les constats sur les dangers du réchauffement climatique se confirment, il est temps d’accepter l’information et la nécessité de changer les comportements. François Massonnet a lu un excellent pastiche à ce sujet de la fable de La Fontaine « Les animaux malades de la peste ».

    Quant à Chimamanda Ngozi Adichie, introduite sur un air de Nina Simone, elle a été présentée par deux marraines, en français et en anglais. Elles ont rendu hommage à son travail pour faire reconnaître les discriminations, à ses écrits qui portent témoignage, à cette voix qui ne parle pas seulement aux femmes, une voix « qui va rester », une voix « qui marque ». Dans sa réponse, l’écrivaine dont je vous ai déjà présenté plusieurs livres, a dit son rêve pour le monde, à l’instar de Martin Luther King, en répétant : « I dream of a world… »

    La conclusion fut estudiantine, avec la remise de trois calottes honorifiques de la part des cercles louvanistes. En plus des spectateurs dans la salle, quelque cent personnes suivaient en direct cette cérémonie intéressante et sympathique. Une expérience à renouveler.

  • Dialogue

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     © Aimé Mpane, Nouveau souffle ou le Congo bourgeonnant, bois et bronze
    dans la grande rotonde de l'Africa Museum

    « Au début, j’ai un peu hésité à exposer mon travail ici, en particulier quand j’ai su que les statues coloniales ne seraient pas enlevées, raconte l’artiste. Puis j’ai eu l’idée de placer mon œuvre sur l’étoile où se trouvait le buste de Léopold II… Là encore, je n’ai pas pu, les scénographes souhaitaient préserver la perspective d’ensemble qui permet de voir l’éléphant King Kasaï. Mais j’ai voulu être dans une démarche positive qui permette un dialogue. Quand on observe ma sculpture, le regard monte le long de la coulée d’or et, lorsqu’on lève les yeux au ciel, on est ébloui, on ne voit plus rien d’autre que la lumière. Et le rameau que porte mon personnage sur le sommet de la tête est comme une couronne de roi. Désormais, c’est l’Africain qui est couronné. »

    Aimé Mpane

    Source : Nicolas Michel, « Arts plastiques : l’Africa Museum, une histoire belge de la colonisation » (Jeune Afrique, 15/1/2019)

  • Africa museum

    L’« Africa museum » vient de rouvrir ses portes à Tervueren / Tervuren, après cinq ans de rénovation. Longtemps appelé « musée colonial », en raison de ses origines, le « Musée royal du Congo belge » fut rebaptisé « Musée royal de l’Afrique centrale » après l’indépendance de la République démocratique du Congo en 1960.

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    Sous une photo (côté jardin), la maquette du domaine de l'Africa museum (côté chaussée)

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    Nouveau pavillon d'accueil où le musée se reflète

    On y accède aujourd’hui du côté des jardins par un nouveau bâtiment tout vitré qui sert de « pavillon d’accueil » : un escalier assez raide (ou un ascenseur) mène au long passage souterrain où une immense pirogue creusée dans le tronc d’un sipo, longue de 22 mètres et demi, fait office d’invitation au voyage ; elle pouvait transporter jusqu’à cent personnes ! On remonte ensuite vers une galerie d’introduction au « Musée en mouvement ».

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    Pirogue. Ubundu, Bamanga, RDC, 1958 (22m50, 3500 kg)

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    © Chéri Samba, Réorganisation, 2002

    Les polémiques qui ont accompagné la rénovation du musée (et certains choix plus politiques que muséaux) sont parfaitement illustrées par la toile de Chéri Samba à l’entrée, intitulée Réorganisation. On y voit, retenu à l’entrée par du personnel de l’ancien musée, le groupe de L’homme léopard tiré vers l’extérieur par des Congolais qui estiment que cette représentation de « l’effrayant Congolais assoiffé de sang » n’a plus sa place dans le musée actuel. Il a été finalement relégué avec d’autres statues jugées inappropriées dans une salle de dépôt.

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    Herbert Ward, Le dessinateur, 1910 (Dépôt de sculptures)

    Parmi les bronzes écartés, des œuvres de Herbert Ward comme Le dessinateur, Le faiseur d’idole, Le chef de tribu ((illustrées sur Wikipedia). Et aussi ce groupe où un Arabe enturbanné impose son autorité à un homme nu jusqu’à la taille, rappel de la traite des esclaves par des commerçants « arabo-swahilis ». Celle-ci, qui précède la période coloniale, est évoquée fort discrètement par rapport aux exactions commises au Congo belge.

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    Sous la coupole ou sur les ornements extérieurs, le monogramme de Léopold II (double L)

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    Il est vrai que nous sommes ici sur d’anciennes terres de Léopold II. Rappelons l’origine du musée Africa : à l’exposition universelle de Bruxelles en 1897, le roi Léopold II – surnommé par Eric Vuillard le « pharaon du caoutchouc » dans son récit Congo – a fait déplacer la « Section Coloniale » dans le Palais des Colonies (actuel Palais de l’Afrique) au parc de Tervueren, propriété royale héritée de Léopold Ier. Elle y devient le premier musée permanent du Congo et un institut scientifique. Sur les gains de son domaine privé royal du Congo, Léopold II commande à Charles Girault, l’architecte du Petit Palais à Paris, de nouveaux bâtiments où présenter ses collections : le « Musée du Congo belge » sera inauguré après sa mort par le roi Albert Ier, en 1910.

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    Masques d'initiation (Visages du rite mukanda)

    Un siècle plus tard, les collections permanentes du musée Africa se déploient autour d’une cour intérieure. En deux heures, on peut tout voir sans trop s’attarder ; si l’on veut bien regarder, mieux vaut choisir – les collections sont abondantes. Le plan indique un parcours dans le sens des aiguilles d’une montre, mais nous sommes attirés d’emblée par la grande salle des « Rituels et cérémonies ».

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    Au-dessus des vitrines anciennes en acajou, j’admire les frises art nouveau sur les murs et sous les plafonds, très bien restaurées. La présentation des rites africains, de la naissance à la mort, est fort intéressante. Des témoignages personnels (vidéos contemporaines) voisinent avec des objets très divers et souvent superbes : statuettes, masques, coiffes, costumes, coupes… Une petite photo de chaque objet facilite la recherche de sa légende. 

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    Objet de force. Représentation d'un couple lemba. Mayombe. Fin du XIXe siècle

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    Kiteya. Coupe, XIXe siècle

    Les notices explicatives permettent de mieux comprendre ce qui est montré, comme cette robe wax portant la mention « 1 + 1 = 1 », « tenue idéale pour les demoiselles d’honneur dans un mariage congolais ». Parmi les acquisitions les plus anciennes du musée, j’ai admiré ces impressionnants cercueils nkudu ou sarcophages en bois à silhouette humaine, couverts de peintures rituelles. Et aussi l’art décoratif des peuples kuba, particulièrement travaillé. 

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    Cercueils nkudu, bois, peintures rituelles, fin du XIXe siècle

    Les salles suivantes retracent l’histoire de l’Afrique centrale à partir d’objets très anciens, les fresques peintes au-dessus des vitrines rappellent l’atmosphère de l’ancien musée. La « Salle des crocodiles », entre deux belles portes vitrées en fer forgé, montrent, en plus des crocodiles en bronze, de riches collections naturalistes : superbes papillons, insectes, poissons conservés dans le formol, et aussi des photos anciennes en noir et blanc. Le « Cabinet des minéraux » est impressionnant.

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    De la salle "Une longue histoire" vers la "Salle des crocodiles"

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    Dans la galerie consacrée à l’histoire coloniale, une immense carte murale reprend les découvertes géographiques en Afrique centrale au XIXe siècle. La présentation mêle des objets d’usage quotidien à d’autres plus importants, comme une lettre de Léopold II à Stanley, dont j’aurais aimé une reprise plus lisible du texte. Et aussi une évocation plus soignée de l’indépendance et de l’histoire congolaise contemporaine, davantage que des panneaux composés de titres et unes de journaux.

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    Aperçu de la xylothèque (Salle "Le Paradoxe des ressources")

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    Que de richesses naturelles dans ce grand pays ! Parmi ses ressources, 82 000 essences de bois sont illustrées par une belle xylothèque et des tranches de bois précieux présentées sous une grande nasse en lianes, une pirogue de pêcheur, une de ces géniales « trottinettes » de transport.

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    Ci-dessous : © Aimé Mpane, Nouveau souffle ou le Congo bourgeonnant, bois et bronze

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    C’est dans une vitrine consacrée au commerce de l’ivoire qu’on a posé de biais le buste de Léopold II en ivoire (copie d’un marbre de Thomas Vinçotte) qui trônait au centre de la grande rotonde sous le Dôme. Symboliquement, on a installé là une œuvre contemporaine de l’artiste Aimé Mpane, Nouveau souffle ou le Congo bourgeonnant, contrepoids aux statues d’origine maintenues, bien qu’elles témoignent d’une « vision coloniale », parce qu’elles sont classées. Cette tête en bois monumentale, surmontée de palmes et posée sur une coulée de lave en bronze, est un magnifique hommage à la grandeur et à la richesse du Congo.

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    Loxodonta africana, Eléphant de savane d'Afrique : King Kasaï,
    abattu et empaillé pour l'exposition universelle de 1958, restauré

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    Et voici la formidable salle des animaux sauvages et de la biodiversité, dominée par l’éléphant, qui a impressionné tous les écoliers belges depuis un siècle. C’est là que les gardiens nous ont demandé de sortir : il était cinq heures, le musée allait fermer, du moins pour le public. Au sous-sol, on préparait une réception privée. La découverte des « Langues et musiques » ainsi que de l’exposition « Art sans pareil » sera pour une autre fois. Le musée Africa mérite certainement plusieurs visites.