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photographie

  • La porte ouverte

    chantal thomas,de sable et de neige,récit,littérature française,enfance,famille,femme,arcachon,cap ferret,kyoto,voyage,chambre,art,culture,photographie« Il faut qu’elle ait un ménage, il faut qu’elle soit mariée », martèle Michelet. Ca ne se discute pas. Proposez un jouet à une petite fille, « elle choisira certainement des miniatures d’ustensiles de cuisine et de ménage. C’est un instinct naturel, le pressentiment d’un devoir que la femme aura à remplir. La femme doit nourrir l’homme. » Si, dans un élan contre nature, elle piétine ce pour quoi elle est née, alors c’est la porte ouverte à toutes les aberrations. La femme va se mettre à étudier, passer des examens, prendre un métier, ouvrir un compte en banque, faire de la boxe, de l’alpinisme, du football, choisir son époux, choisir de ne pas en avoir, tomber amoureuse d’autres femmes, de la couleur bleue, du reflet de la lune, devenir vigneronne, chef étoilé, chef d’orchestre ou d’Etat, philosophe, acrobate, choisir d’avoir des enfants, choisir de ne pas en avoir, apprendre à faire des claquettes et à danser le tango. Elle va multiplier les rencontres dans le monde entier, aller à l’hôtel et, au lieu de s’y terrer comme une belette traquée, jouir aussi bien des gestes d’installation que de la légèreté du départ. »

    Chantal Thomas, De sable et de neige

    Avec mes amies, d'enfance et de toujours, Catherine et Maud Sauvageot.
    Collection particulière / Photo de couverture

  • De sable et de neige

    A l’inverse de L’esprit de conversation, où elle fait revivre les salons d’autrefois, Chantal Thomas offre dans De sable et de neige des espaces au silence, des instants à la contemplation, des plongées intimes, à la première personne. Arcachon, son paradis d’enfance, est son territoire premier, du « Chemin de l’Horizon » au « Paysage intérieur ». Kyoto s’y relie dans le dernier texte, « Le Pont qui traverse le Temps ».

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    C’est un livre « de mots et d’images » édité dans la collection « Traits et portraits » (le lettrage séduisant d’Alechinsky est masqué sur les titres les plus récents du catalogue, dommage) : elle y a glissé quelques peintures et surtout des photographies, certaines du photographe américain Allen S. Weiss, comme le beau « Relief de feuillage doré par le sable. Cap Ferret, 2019 » en frontispice. La première photo personnelle la montre enfant avec son père et sa mère sur la plage, assis sur le varech, un des premiers éléments naturels qui la fascinaient, écrit-elle.

    « L’océan a une dimension tragique, cela fait partie de sa beauté, de l’effroi de sa beauté. » La vue d’un petit garçon jouant avec les vagues sans réagir aux appels de sa mère anxieuse ramène Chantal Thomas à son enfance, aux journées d’excursion au Cap Ferret. Deux ou trois fois, l’été, son père les y emmenait en bateau avant d’aller pêcher « tranquille, en solitaire », laissant sa femme et sa fille en compagnie de ses parents. L’air y était plus vif que sur le Bassin. « Le blockhaus peinturluré détonnait dans le paysage. » Une très belle photo d’un détail montre un « graffiti en constante réécriture par le travail conjugué de l’eau de mer, du soleil et des intempéries ».

    « La chambre est parfaitement mienne. » Dans « Habiter en passant », l’autrice décrit sa chambre de passage ainsi que ses rituels d’apprivoisement (sauf quand, rarement, la pièce lui est d’emblée hostile) : pommes de pin, coquillages déposés sur une tablette, cartes postales de sa collection pour de « mobiles expositions en chambre ». Cette fois, elle a choisi des tableaux avec des huîtres, déployés autour d’elle prenant le thé. (Elle n’a pas emporté la Fillette à l’oiseau mort « découverte un jour de pluie au musée des Beaux-Arts de Bruxelles. »)

    Le déjeuner d’huîtres de Jean-François de Troy perdu « entre draps et couverture »  lui rappelle une phrase de Mme du Deffand : « Personne n’est heureux de l’ange jusqu’à l’huître. » La marquise incarne le XVIIIe, l’intellectuelle, le contraire de la femme épouse et mère selon Michelet. Copié dans de belles pages sur « la voyageuse » qui « échappe », ceci : « Par ses penchants nomades, bien sûr, mais aussi, plus secrètement, par son goût pour les habitations du moment, les demeures imaginaires, les revêtements de fantaisie dont elle tapisse les chambres d’hôtel, les cabanes invisibles qu’elle s’y construit. »

    L’amour du sable, les jeux d’été, elle les partageait avec Lucile, dont les parents venaient en vacances à Arcachon. Quand elle repartait, le temps de l’école revenait, « une prison » où tout était interdit et même la marelle, car « écrire par terre « Paradis » pour ne pas hésiter à le piétiner est décrété inadmissible. » Si son grand-père Félix est le compagnon préféré de son enfance, c’est la figure du père qui est la plus liée au bonheur. Bonheur de l’accompagner à la pêche – « Glisser sur l’eau en silence nous unit » –, de contempler avec lui les cabanes « tchanquées » de l’Ile aux Oiseaux, elle surveillant la couleur des vagues par crainte de la vague « jaune », la vague « de sable » qui fait chavirer les navires.

    « Le 21 février 1956 », c’est un autre silence, un « calme surnaturel » qui les surprend au réveil : il est tombé pendant la nuit plus d’un mètre de neige, impossible d’ouvrir les volets. Son père dégage un morceau de trottoir, creuse une tranchée dans le jardin, chausse ses skis pour aller au magasin. La gare fermée, il ne peut se rendre à l’usine de Cellulose du pin où il travaille comme dessinateur. Les voilà coupés du monde, dans un temps « suspendu ». On ne va qu’à pied ou à ski. La ville de sable est devenue ville de neige.

    Après cette date magique, une autre, fatale : le 2 janvier 1963, la mort de son père en clinique, à quarante-trois ans. Elle en avait dix-sept. « Désormais je vivrai sur deux temps : le temps figé du deuil impossible, le temps mobile et miroitant de l’événement. La mort de mon père : une partie de moi, cachée, est devenue pierre, l’autre a fait de justesse un saut de côté été a rejoint le courant de la vie, sa merveilleuse fluidité. Les deux parties étant également vraies. »

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    L'étang Kyôyôchi dans le parc du temple Ryôan-ji, à Kyoto,
    lors de la tempête de neige du 31 décembre 2010 (détail).

    Photo Allen S. Weiss

    De sable et de neige est écrit au plus juste de la mémoire personnelle qui traverse le temps d’une vie, sur une matière délicate. Chantal Thomas sait rendre avec clarté ce à quoi elle est attentive, ce qu’elle a fait sien, et le graver dans l’éternité des mots. Avec tenue, avec retenue aussi, elle l’offre à qui veut cheminer avec elle, dans le silence de la lecture.

  • Les oiseaux du parc

    Il y a peu, je vous parlais des oiseaux de la friche, voici Le printemps des oiseaux, une exposition de photographies de Philippe Massart à la bibliothèque Sésame (à voir jusqu’à la fin du mois) et un livre, Les oiseaux du parc Josaphat et de Schaerbeek, qui nous ravit ! A l’expo, un diaporama sonore permet aussi d’apprendre à reconnaître leur cri et leur chant.

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    Depuis que nous avons la chance d’habiter près de la cime d’un érable sycomore, avec vue sur un intérieur d’îlot, nous identifions peu à peu les oiseaux qui le fréquentent, quelque dix-sept espèces jusqu’à présent, de la pie bavarde au pouillot véloce. Pour la première fois depuis une dizaine d’années, nous entendons et apercevons avec un énorme plaisir des moineaux, devenus si rares en ville, qui piaillent et volent entre quelques gros feuillages accueillants dans l’avenue voisine.

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    Les oiseaux que Philippe Massart a photographiés sont beaucoup plus nombreux, comme vous avez déjà pu vous en rendre compte si vous avez ouvert le lien vers la galerie photos sur son site. Comme l’écrit Thomas Jean, photographe et vidéaste animalier spécialisé dans l’observation de la faune sauvage en milieu urbain (La minute sauvage) dans une courte préface, « Philippe Massart nous invite à entrevoir le beau, le discret, l’invisible. Cette vie sauvage qui subsiste en pleine ville. »

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    Les oiseaux du parc Josaphat et de Schaerbeek (250 photos) ont droit chacun à une double page : à gauche, une photographie pleine page ; à droite, plusieurs clichés pour illustrer les divers aspects ou états de son espèce, plus une notice qui attire l’attention sur le plumage ou le comportement et aussi, de façon très amusante, une évocation personnalisée de son chant. La mésange charbonnière, par exemple, zinzinule ou titine ainsi : « City 2, City 2 » (un complexe commercial bien connu des Bruxellois) !

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    Après les magnolias, les cerisiers sont en fleurs au parc Josaphat. Philippe Massart y organise régulièrement des promenades ornithologiques, j’espère pouvoir y participer un jour. J’aimerais observer une de ces orites à longue queue qu’une merveilleuse photo nous montre serrées les unes contre les autres sur une branche ou ce roitelet huppé avec son bandeau jaune sur la tête – il y en a tant à découvrir !

  • Route

    Hockney Canyon.jpg« Il fit un petit essai qui montrait son itinéraire à travers le canyon. Une route tortueuse était tracée à la verticale au centre de la toile, entourée de taches de couleurs vives qui représentaient les collines et la végétation avec, ici et là, des arbres ou une maison. Ce tableau n’avait rien à voir avec ceux qu’il avait peints jusque-là – sauf avec celui qu’il avait fait au hasard pour essayer les couleurs acryliques – et ressemblait à un dessin d’enfant. Le second fut plus grand, plus ambitieux : il peignit le trajet de sa maison à son atelier, dans des couleurs plus douces, avec une technique par moments presque pointilliste. La route ondulante traversait la toile horizontalement, bordée par un paysage plus complexe qui incluait des collines, des arbres, de la végétation basse, mais aussi un court de tennis, une piscine, un poteau électrique, un plan quadrillé de Downton L.A., la mer à l’horizon. Tout était à la même échelle, comme dans ces cartes dessinées par les enfants. Ces deux tableaux, et ceux qui suivirent, n’étaient pas des paysages traditionnels mais des voyages dans le temps, des récits pleins de vie qui charmaient l’œil par leur équilibre de couleurs chaudes et de formes géométriques. Les critiques penseraient qu’il était retombé en enfance. David n’avait aucun doute : il s’engageait sur la bonne voie. »

    Catherine Cusset, Vie de David Hockney

    © David Hockney, Nichols Canyon, 1980, acrylique sur toile 84 x 60"
    (non exposé à Bozar)

  • Hockney par Cusset

    Si vous ne savez pas grand-chose de David Hockney et que vous comptez visiter l’exposition actuelle à Bozar – très courue, il vaut mieux réserver –, je vous recommande Vie de David Hockney par Catherine Cusset (Folio acheté après ma visite) : « Ce livre est un roman. Tous les faits sont vrais. J’ai inventé les sentiments, les pensées, les dialogues » écrit-elle au début de son avant-propos.

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    © David Hockney, Mr. and Mrs. Clark and Percy, 1970-71. Acrylic on canvas, 213.4 x 304.8 cm
    (Tate : Presented by the Friends of the Tate Gallery 1971)

    Après une première incursion à Bozar où la cohue était telle que j’en suis sortie à peine entrée, j’y suis retournée un autre jour sur le temps de midi, comme on me l’avait conseillé quand j’ai demandé un échange. En première partie, « Œuvres de la collection de la Tate, 1954-2017 » : passé les débuts, les fameuses piscines et les nus masculins, c’est la salle des doubles portraits qui m’a le plus retenue, et aussi ce vase et son ombre, avant de plonger dans la luxuriance californienne et dans l’exploration de la vision multifocale à l’aide de clichés numériques.

    Après In the Studio (immense photo panoramique de son atelier de Los Angeles, 2017) vient la seconde partie de l’exposition, les grandes réalisations sur Ipad : L’arrivée du printemps en Normandie (2020) avec des arbres et paysages dont il suit la transformation de l’apparition des bourgeons jusqu’à la floraison, des coins de jardins, de la pluie tombant dans une mare, des fleurs printanières – une immersion spectaculaire, colorée et joyeuse. (Exposition aussi à Paris.)

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    David Hockney, My parents, 1977, huile sur toile, 72 x 72", © David Hockney Collection Tate, U.K.

    Vie de David Hockney, une sorte de portrait du peintre, rend hommage à un artiste dont la liberté fascine Catherine Cusset : liberté dans la vie comme dans la création. Né en 1937 dans une famille modeste, d’un père pacifiste qui « n’avait pas d’argent mais ne manquait pas de ressources » et d’une mère généreusement nourricière pour ses enfants, dès qu’il a pu tenir un crayon en main, David a dessiné et déjà à l’école, ses dessins plaisaient et étaient exposés.

    Le principal de son collège recommanda de l’envoyer, dès ses quatorze ans, dans une école d’art, mais il fallait une autorisation de la ville, qui refusa. Deux années d’enseignement général à endurer, ce qui mettait le garçon en rage, une rage atténuée grâce aux cours gratuits donnés le soir par un voisin. Autre fait marquant de son adolescence, la main qui prend la sienne dans une salle de cinéma, une révélation du plaisir homosexuel dont il n’osera parler à ses parents.

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    © David Hockney, Man in Shower in Beverly Hills, 1964, Tate Britain

    Enfin admis aux Beaux-Arts de Bradford, David Hockney peut « se livrer à sa passion du matin au soir ». Il y rencontre un jeune professeur stimulant qui pousse ses étudiants à aller à Londres et les invite chez lui. Deux ans plus tard, son élève propose deux tableaux pour l’exposition annuelle des artistes du Yorkshire – acceptés, à sa grande surprise. Un visiteur achètera même le portrait de son père !  

    Entre Bradford et Londres, Hockney découvre que « le figuratif appartenait au passé, qu’il était antimoderne », ce qui l’inquiète un certain temps, puis il comprend grâce à Ron, un ami américain, qu’il doit peindre ce qui compte pour lui – « Tu es nécessairement contemporain. Tu l’es, puisque tu vis dans ton époque » – et aussi, en faisant connaissance avec Adrian qui partage le coin d’atelier de Ron, le premier homme « ouvertement gay » qu’il rencontre, à vingt-deux ans, comment lui-même voudrait vivre.

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    David Hockney, Lithographic Water Made of Lines, Crayon and Two Blue Washes without Green Wash, 1980,
    © David Hockney / Tyler Graphics Ltd.

    Quelques ventes et un chèque inattendu pour une gravure primée lui permettent de s’envoler pour New York où l’accueille pour l’été un autre Américain, Mark, son premier amant. Pour rire, ils se métamorphosent en « blonds peroxydés » : « La vie, comme la peinture, était une scène sur laquelle on jouait. »  La façon totalement libre dont ses amis vivent là-bas, partagent la douche ou le lit sans culpabilité, lui donne le goût de vivre en Amérique : « Un grand blond dans un costume blanc qui ne cachait pas sa sexualité déviante », voilà qui attirerait davantage l’attention des critiques.

    Au Collège royal de Londres, Hockney n’a plus peur d’être lui-même et peint ce qu’il veut. Ses gravures lui rapportent assez pour aller à Los Angeles en janvier 1964. Le mode de vie californien devient le sien. Il y dessine Peter, l’étudiant dont il est tombé amoureux, près de la piscine, il devient « le peintre de la Californie ». David Hockney se fait si bien remarquer qu’à 32 ans, il a droit à une première rétrospective à Londres, à la Whitechapel Gallery. Il devient un peintre connu, interviewé, photographié, il voyage.

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    David Hockney, Peinture sur le Motif pour le Nouvel Age Post-Photographique, 2007,
    Oil on 50 canvases, 457.5 x 121.9 cm overall ((Tout un mur à l'entrée de l'exposition)
    Tate: Presented by the artist 2008 © David Hockney. Photo: Prudence Cuming Associates 

    Catherine Cusset raconte son parcours d’artiste (peintre, photographe, dessinateur, créateur de décors et de costumes pour l’opéra) et ses recherches, sa vie et ses amours, ses allées et venues entre l’Angleterre et l’Amérique. Grand maître des couleurs et, selon Rinus Van de Velde, le dernier artiste mythique après Picasso, plus rien ne l’arrêtera sur le chemin de l’art et de la célébrité. Hockney dit avoir « l’intention de vivre une vie intense jusqu'au dernier jour ».