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Peinture - Page 56

  • Paysages de Belgique

    L’exposition d’été au musée d’Ixelles s’intitule « Paysages de Belgique » : sur l’affiche, Dunes au soleil d’Anna Boch (vers 1903), un des chefs-d’œuvre du musée, avec le dégradé mauve des ombres sur le sable, le pointillé bleu d’un horizon placé très haut sous un ciel clair tacheté de rose, une merveille. 

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    Anna Boch, Dunes au soleil, ca 1903, Coll Musée d’Ixelles © photo Mixed Media

    Pour découvrir cette sélection de peintures, photographies, installations, de 1830 à nos jours, j’ai commencé par les « paysages industriels ». En face d’une Vue topographique du Grand Hornu, une peinture des Hauts fourneaux à Charleroi par Maximilien Luce en 1896 jouxte une photo noir et blanc du même genre de site en 1971. Les fumées de Pierre Paulus du Châtelet (ci-dessous), panaches jaunes et bleus crachés par les cheminées d’usine, se reflètent dans l’eau où une péniche est à quai – évocation lyrique. 

    Meunier montre un Paysage borain de plus loin. Le vent pousse en oblique les fumées des usines, mais au premier plan, dans un pré, un homme en noir sur un cheval blanc s’est arrêté pour écouter un paysan. Près d’un terril peint par Luce, une photo N/B de 2002 en montre un partiellement boisé. Omer Ozcetin réinvente cet univers post-industriel dans Quelque part (2004).  

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    © Pierre Paulus de Châtelet, Les fumées, 1930

    Si le développement de l’industrie a d’abord été sujet de fierté, les artistes se sont ensuite attardés sur la destruction des paysages, puis l’abandon des sites – une installation photographique d’un « petit maître liégeois, pauvre pitre en art, artiste de la médiocrité », comme Jacques Lizène se désigne lui-même, décline ses clichés des banlieues. 

    L’impression est différente si on aborde l’exposition par la seconde entrée et les « Paysages de la nation ». Mer du Nord, Campine, vallées de la Meuse, forêt de Soignes, vallée de la Lys, Hautes Fagnes, inspirent les peintres de la jeune Belgique au milieu du XIXe siècle. Voici De Saedeleer, Claus, Hamesse, Rops, Boulenger et d’autres, plus ou moins connus.

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    Côté campagne, des meules d’antan : versions réaliste (Evenepoel), impressionniste (Schlobach), post-impressionniste (Finch). Des vergers aux différentes saisons. C’est dans le groupe des marines, non loin d’Artan et d’Ensor (Le brise-lames) que figure Anna Boch, si bien évoquée par Françoise Levie dans son documentaire, « Anna et Vincent » diffusé ce mois-ci par la RTBF : Anna Boch a été la seule à acheter une toile à Van Gogh de son vivant, c’est le fil conducteur du film (à voir en vidéo ici, rediffusion sur La Trois le 10 juillet à 00h50.)  

    « Paysages intérieurs, paysages imaginaires » rassemble des toiles plus modernes et deux grandes photographies panoramiques contemporaines. Hans Op de Beeck, dans Exterior (1), montre un décor d’arbres dénudés sur une scène très éclairée et, dans l’ombre des projecteurs, autour de l’estrade, des caisses, du matériel. Extérieur vs intérieur, le titre sème le trouble. A côté, Puttebos de Felten-Massinger (un duo de photographes) : un paysage campagnard dans une lumière étrange, avec un chemin, un champ de céréales, un bosquet, des arbres – un grand silence.  

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    Thierry De Cordier, Mer grosse, 2011, Private collection, Courtesy of the artist and Xavier Hufkens, Brussels © photo Dirk Pauwels

    Très troublant aussi, Noces de Gilbert Fastenaekens : de loin on dirait une photo en noir et blanc, mais en la regardant mieux, on distingue des couleurs dans ce fouillis de branches où poussent des bourgeons blancs. Une immersion dans le paysage. 

    Au bout de la grande salle du musée d’Ixelles, l’estrade accueille des grands formats. Côte à côte, Mer grosse de Thierry De Cordier et La Vague de Constant Permeke offrent deux variations parallèles sur la lumière, le ciel, la mer, dans les tons bleus pour l’un, bruns pour l’autre.  

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    Léon Spilliaert (1881-1946), Marine, nocturne, 1900 © photo Vincent Everarts

    Plus de septante artistes sont conviés dans ce parcours en six thèmes. A l’étage, deux belles sections : « Nocturnes et effets de lune » avec Spilliaert, Degouve de Nuncques, Heymans, Stevens… Puis « Nuages » : une petite toile lumineuse d’Hippolyte Boulenger, un petit Magritte dans sa cage de verre, de grands ciels d’Ensor, de Degreef, de Maurice Pirenne (Les toits dans le ciel bleu). Jean-Pierre Ransonnet donne à ses photos de nuages des légendes : « l’écoute », « l’attente », « le silence »… Sur l’autre mezzanine, « Abstraction et nature » regroupe des œuvres de la seconde moitié du XXe siècle. 

    Le parcours est éclectique, inégal, intéressant. Le petit journal du Musée d’Ixelles attire l’attention sur une installation que j’ai manquée, de Jean-Philippe Toussaint, créée pour cette exposition – une nouvelle inédite figure dans le catalogue et il viendra la lire le 2 août prochain dans l’après-midi, lors de la première édition de « Thé au jardin » (inscription sur le site du musée). 

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    Hippolyte Boulenger, Ciel nuageux, sd, Coll Musée d’Ixelles © photo Mixed Media, Belgium 2015

    En plus de « Paysages de Belgique », deux expos « bis » sont visibles aussi jusqu’au 20 septembre : « Henri-Victor Wolvens, de l’ombre à la lumière » et « Véronique Boissacq, Equations ». Sans oublier la belle collection permanente du musée. Le nouvel accrochage donne amplement de quoi se réjouir, et hors de toute canicule.

  • Mon art

    Chagall Ma vie couverture.jpg« Mais mon art, pensais-je, est peut-être un art insensé, un mercure flamboyant, une âme bleue, jaillissant sur mes toiles.

    Et je songeais : « A bas le naturalisme, l’impressionnisme et le cubisme réaliste ! »

    Ils me rendent triste et contraint.

    Toutes les questions – volume, perspective, Cézanne, la plastique nègre – sont ramenées sur le tapis.

    Où allons-nous ? Qu’est-ce que cette époque, qui chante des hymnes à l’art technique, qui divinise le formalisme ?

    Que notre folie soit la bienvenue !

    Un bain expiatoire. Une révolution du fond, non seulement de la surface.

    Ne m’appelez pas fantasque ! Au contraire, je suis réaliste. J’aime la terre. »

     

    Marc Chagall, Ma vie

  • Sa vie par Chagall

    Je vous ai déjà parlé de Chagall cette année, de la rétrospective bruxelloise qui vient de fermer ses portes, de son catalogue, du musée de Nice. En 1922, à Moscou, le peintre achevait d’écrire Ma vie, l’autobiographie de ses années russes. Bella, sa femme, a traduit en français ce texte qu’accompagnent une trentaine de dessins. 

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    Pages de l'édition 1931 de "Ma Vie"

    Marc Chagall est né en 1887 à Vitebsk, « ville triste et joyeuse ! », le jour d’un grand incendie dans le quartier des pauvres juifs : « Je n’ai pas voulu vivre. Imaginez une bulle blanche qui ne veut pas vivre. Comme si elle s’était bourrée de tableaux de Chagall. On l’a piqué avec des épingles, on l’a plongé dans un seau d’eau. Enfin, il rend un faible piaulement. Pour l’essentiel, je suis mort-né. » 

     

    Son père a travaillé comme ouvrier pendant trente-deux ans dans un dépôt de harengs. « Le soir entrait avec lui. » La mère de Chagall n’a pas eu la vie facile, il la revoit frappant la toile cirée de la table, sans « personne avec qui causer. » Elle aimait tant parler – « Mon fils, cause avec moi. »

     

    Chagall se souvient du grand-père barbu, « précepteur religieux », et de l’autre, boucher, et de l’indifférence des siens pour son art. Un oncle a peur de lui tendre la main – « Si je me mettais à le dessiner ? Dieu ne le permet pas. Péché. » Un autre, excellent coiffeur, le seul à être fier de son neveu dans tout le voisinage, refuse pourtant son portrait.

     

    « Au-dessus de la ville » (ci-dessous) montre ce que Chagall voyait du grenier, d’où il aimait observer les allées et venues des habitants, les oiseaux, le ciel, l’agitation quand survenait un incendie. Un temps, il prend des leçons de chant chez un chantre qu’il assiste à la synagogue. Il rêve d’entrer au Conservatoire, d’apprendre le violon ou de devenir danseur, poète…

     

    « Cependant les années s’avançaient. Il fallait commencer à imiter les autres, leur ressembler. » Sa mère l’envoie étudier la Bible chez un rabi, dont le vieux chien roux l’effraye. Un jour, l’animal le mord au bras et à la jambe, avant d’être abattu – il avait la rage. Le médecin ne laisse au garçon que quelques jours à vivre, on l’envoie à Pétersbourg. Lui se sent un héros, l’hôpital lui plaît – « coucher seul dans un lit blanc », du bouillon et un œuf pour déjeuner.  

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    Marc Chagall, Au-dessus de la ville

    Guéri, il rentre à la maison. A treize ans, Marc Chagall est triste, il craint l’âge adulte. A l’école, il se sent devenir « encore plus bête », se met à bégayer. Un camarade regarde ses dessins au mur de la chambre : « Ecoute, tu es donc un vrai artiste ? » Le mot entre en lui, il ne sera jamais commis, comptable ou photographe, comme l’a imaginé sa mère. Elle finit par accepter de l’inscrire à l’Ecole de peinture de M. Pènne, qui lui trouve « des dispositions ».

     

    La vie ordinaire charrie ses malheurs : sa petite sœur Rachel meurt, puis un voisin, veillées, cimetière... Un élève de Pènne, fils d’un gros marchand, devient son ami, et lui laisse « espérer valoir plus que l’humble gosse de la rue de Pokrawskaja ». Ils projettent de poursuivre leurs études artistiques à Pétersbourg. Son père lui jette alors vingt-sept roubles sous la table (« Je lui pardonne, c’était sa manière de donner »), les seuls jamais reçus de lui. 

     

    « L’essentiel, c’est l’art, la peinture, une peinture différente de celle que tout le monde fait. » Où trouver de l’argent et surtout, comment obtenir l’autorisation ? « Je suis israélite. Or, le tzar a fixé une certaine zone de résidence dont les Juifs n’ont pas le droit de sortir. » En 1907, à vingt ans, il s’en va « vers une vie nouvelle, dans une ville nouvelle ».

     

    Tourmenté par les filles – Nina, Aniouta, Olga, Théa –, il finit par oser les approcher, les embrasser. Puis Chagall rencontre Bella : « Je sentis que c’était elle, ma femme. » Il cherche une chambre où elle puisse venir le voir, poser pour lui. Subventionné quelques mois par un ami des arts, il travaille ensuite comme domestique chez un avocat, puis, après avoir été arrêté, s’engage chez un peintre d’enseignes pour pouvoir habiter la capitale.

     

    L’Ecole d’art lui semble du temps perdu, son maître trop négatif. Chagall entre alors à l’Ecole de Bakst chez qui passe « un souffle européen ». Mais de là aussi, il s’en va frustré – est-il incapable de s’instruire ? Trois mois plus tard, Bakst apprécie enfin une toile de lui et l’accroche au mur. Espoir. Le jeune peintre voudrait suivre Bakst à Paris, ses parents refusent de l’accompagner : il doit partir pourtant, écrit-il, même pour vivre seul dans une cage. 

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    Winawer, un député de la Douma, « presque un père », lui achète deux toiles (son premier acheteur !) et subventionne son séjour à Paris. Le Louvre l’éblouit, il lui semble tout découvrir, « surtout l’art du métier ». A la Ruche, il peint sur tout ce qu’il trouve, nappes, chemises, seul devant sa lampe à pétrole, affamé. Bakst qu’il revoit aux Ballets russes accepte de venir voir son travail : « Maintenant, vos couleurs chantent. » 

     

    Chagall raconte ses débuts parisiens, les rencontres avec des artistes, des poètes. La vie est difficile, mais il s’écrie : « Paris, tu es mon second Vitebsk ! » Rentré en Russie pour le mariage de sa sœur, le jeune peintre y est retenu par la guerre : où aller ? Il épouse en 1915 Bella Rosenfeld, fille de bijoutiers. Elle préfère les grandes villes, lui la campagne. Son beau-frère lui trouve un emploi dans un bureau militaire, qu’il abandonne juste avant la révolution de février.

     

    Son nom est proposé au Ministère des Arts, et malgré la méfiance de sa femme, Chagall accepte de diriger l’Ecole des Beaux-Arts à Vitebsk où il se démène pour obtenir des crédits, des professeurs, des élèves – « J’engendrais des dizaines de peintres. » Mais le costume de fonctionnaire soviétique ne lui va pas. Trahi par ses amis, il est expulsé de son école, repart à Moscou où on viendra pourtant le rechercher plus tard.

     

    Sa belle-famille est ruinée – après les pogroms antijuifs viennent les pillages antibourgeois – et Chagall se rend compte que sa peinture n’a plus de place dans l’art prolétarien. Malgré la misère, il veut garder son âme. « Exaspéré, je me suis jeté avec acharnement sur le plafond et les murs du Théâtre de Moscou. » Il réclamera en vain d’être payé. Désespéré, Chagall décide de laisser tout ça pour Paris, les Russes n’ont pas besoin de lui. « Et peut-être l’Europe m’aimera et, avec elle, ma Russie. »

  • Expos en vrac

    Dimanche matin, j’arrivais d’un bon pas aux Musées Royaux des Beaux-Arts pour revoir la rétrospective Chagall (qui s’achève le 28 juin) quand j’ai remarqué les gens qui attendaient sur les marches – le week-end, depuis janvier, le musée n’ouvre ses portes qu’à onze heures au lieu de dix. Quelques-uns patientaient, sans doute pour être les premiers dans la file, mais la plupart des arrivants s’en allaient – quel horaire dissuasif, malencontreux, pour les visiteurs d’un jour ! 

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    Cap sur le Palais des Beaux-Arts ou Bozar, tout proche, où j’ai vu bien des choses réjouissantes. D’abord V+ 2014-2015, une exposition d’architecture, présentée dans les anciennes boutiques côté rue, – bonne idée de faire revivre ces espaces bien éclairés. Des documents, matériaux, maquettes, autour de « cinq projets publics en cours d’étude ou de chantier » : un château d’eau (Ghlin), un centre culturel (Deinze), des musées – de la mode et du design (Bruxelles), du folklore (Mouscron) – et un cinéma (Charleroi).  (Jusqu’au 20 septembre.) 

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    Ensuite, et c’est aussi entrée libre, en marge de la grande exposition « Les Belges. Une histoire de mode inattendue », le joli coup de pub d’une célèbre marque de lingerie qui fête ses 150 ans, à gauche du grand hall Horta : « La mémoire de l’intime ». Cette entreprise belge met en scène l’évolution de ses parures à même la peau à travers « une sélection remarquable d'articles de lingerie datant de 1865 à nos jours ». Une présentation originale, de quoi réjouir les yeux et aussi apprécier de ne plus vivre à l’époque des corsets ! (Jusqu’au 28 juin.) 

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    De l’autre côté du hall, on est loin du travail des petites mains qui assemblent jusqu’à trente éléments pour fabriquer un soutien-gorge. Place à l’impression en trois dimensions : « Making a difference / A difference in making ». Les balbutiements de la 3D font place à présent à des objets très originaux, voire des œuvres d’art ou de design, et à des matériaux nouveaux pour  l’ingénierie et les sciences. On imprime même des robes ! Etonnant. (Jusqu’au 23 juin.)

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    De retour aux Musées des Beaux-Arts, c’est la foule des grands jours : la queue serpente pour l’achat des tickets – les Amis des Musées, heureusement, accèdent directement aux expos avec leur carte de membre. Quel monde à la rétrospective Chagall ! Une fois de plus, je vérifie qu’il vaut toujours mieux, quand on le peut, visiter une grande exposition à ses débuts et en semaine, pour regarder tout bien à l’aise. (Vu l’affluence, on a prévu des nocturnes pour les derniers jours.) 

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    ©
    Gao Xingjian, Ailleurs, Musées Royaux des Beaux-Arts, Bruxelles.

    Terminons avec Gao Xingjian, dont je n’ai malheureusement pas vu la récente rétrospective au Musée d’Ixelles. Il présente ici « L’éveil de la conscience ». Au bout du magnifique Forum où je n’avais pas encore remarqué l’accrochage de « Visio Smaragdina », vision d’émeraude de Thierry De Cordier (2009), c’est dans la première salle à gauche que le peintre et écrivain, prix Nobel de littérature 2000, a installé six œuvres monumentales « créées spécialement pour les lieux ». A l’encre de Chine sur toile blanche, une invitation à la méditation et à la contemplation. Des banquettes permettent de laisser le regard s’immerger dans cette « mer d’encre » avec ses noirs, ses gris, ses blancs – et dans une paix totale, à cette heure où personne d’autre n’en franchit le seuil.

  • Dans la musique

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    Dominique Bona, Deux sœurs