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Culture - Page 308

  • Aspiration

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    « Une aspiration est une joie éternelle, un bien aussi solide qu’un domaine foncier, une fortune inépuisable et qui nous donne, année après année, un revenu d’activité agréable. […] C’est en vertu de ses propres désirs et de ses propres curiosités que tout homme continue à exister avec une patience égale, qu’il est charmé par l’aspect des choses et des gens, et qu’il se réveille chaque matin avec un appétit renouvelé pour le travail et le plaisir. »

    Robert Louis Stevenson, El Dorado (L’Esprit d’aventure)

  • 2008-2016

    Textes & prétextes a huit ans aujourd’hui, c’est le troisième 29 février de ce blog, par la grâce d’une année bissextile. Pour fêter cela, j’ai choisi de partager avec vous quelques billets que j’ai aimé découvrir dans la blogosphère ce mois-ci.

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    Merci à tous ceux & celles qui font vivre les échanges sur ce blog.
    Merci à tous ceux & celles qui le visitent en silence, fidèlement.

    Tania

    1/2   « Du fond de mon cœur » (Keisha)
    2/2   « Adrienne aime les nuages » (Adrienne)
    4/2   « Ces livres qui réchauffent » (Carl Vanwelde)
    5/2   « L’heure du thé » (Jacinthe en ville)
    5/2   « Le pouvoir des mots et de la langue » (Alienor)

    6/2  
    « C’est le temps… » (Alezandro)
    7/2   « Le manteau rouge » (Ariane)

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    8/2   « De la civilisation » (Zoë Lucider)
    8/2   « Parler météo » (Nikole)
    9/2   « Refléter » (Fifi)
    10/2 « Lettre à Ulysse / Carta a Ulises » (Colo)
    10/2 « Crimes et châtiments »
    (Christw)
    11/2 « A l’Hôtel de Caumont » (Bonheur du jour)
    12/2 « Aléatoire » (Chinou)

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    14/2 « Journal de bord des Vagues -9 [une respiration saccadée] » (Christine Jeanney)
    16/2 « NaHaiWriMo J. 16 » (Danièle Duteil)
    16/2 « Autoportrait avec convictions » (K)
    17/2 « Les chants du bonheur retrouvé » (Doulidelle)
    17/2 « Bruxelles : Les musées royaux des Beaux-Arts : Le musée Fin de siècle » (Claudialucia)
    17/2
    « Evangile pour un gueux dAlexis Ragougneau » (Valérie G) 
    19/2 « L’invasion des cacafougnas » (Edmée De Xhavée)

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    21/2 « Se tenir » (La bacchante)
    22/2 « Une huitième foire du livre de Bruxelles » (Mina Merteuil)
    22/2 « Art, de Yasmina Reza » (Niki/Sheherazade2000)

    22/2 « Activités culturelles à Gand » (Un petit Belge)
    23/2 « La Pluie jaune - Julio Llamazares » (Dominique)
    23/2 « Retour à Oapkine » (Aifelle)
    26/2 « Rosa Montero, Des larmes sous la pluie » (Maggie)

     

     

     

  • Souterrains

    rufin,jean-christophe,la salamandre,roman,littérature française,brésil,sexe,passion,culture« Elle pensa que c’est une bien grande douleur que de ne pas aimer ses parents, qu’ainsi on ne peut espérer l’amour ni des autres ni de soi-même. Puis, en remontant parmi les tombes, elle eut l’idée que, malgré tout, l’amour qui reste doit survivre en se cachant dans des souterrains d’âme. A certains craquements que seul permet d’entendre le silence, on devine qu’il nourrit toujours, dans les caves de l’être, d’entêtés bourgeons livides qui pénètrent les moindres failles et cherchent la lumière. »

     

    Jean-Christophe Rufin, La salamandre           

     

  • Femme salamandre

    Au début de La Salamandre (2005), Jean-Christophe Rufin donne pour origine de son roman l’histoire d’une Française qu’on lui a racontée, puis cite un ouvrage d’héraldique sur le mythe de la salamandre, qu’on dit capable de vivre dans le feu. Un double avertissement à prendre au sérieux.

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    La plage de Recife (photo Raquel Laureano)

    Catherine, la quarantaine, lâche pour la première fois son travail depuis dix ans pour un voyage d’un mois au Brésil, où Aude, une amie d’enfance, l’a invitée. « Le voyage rêvé est image ; le voyage vécu est sensation. » Dès son arrivée à l’aéroport de Recife où Aude et son mari l’attendent, Catherine sent « ruisseler les gouttes sur sa peau » dans l’air moite du petit matin.

    Après un peu de repos, ils vont comme tout le monde à la plage, c’est dimanche. Une ambiance de « place publique » : des gens debout ou assis sur des pliants, des boutiques, des marcheurs au bord de l’eau, des cris, des rires, et « un tintamarre d’accessoires et de machines ». A peu près nues, « toutes les espèces d’humanité : Blancs au ventre blanc, Noirs de toutes nuances, métis, Indiens, cabocles… »

    Richard, le mari d’Aude, est attaché linguistique dans une ambassade. Ils vivent depuis douze ans « cette vie de luxe tropical ». Même s’il est cultivé, Catherine le trouve un peu vulgaire. Mais Aude est visiblement épanouie et quand celle-ci emmène son amie faire le tour de la ville dans sa voiture rouge décapotée, Catherine est frappée de son air satisfait et de sa totale indifférence à la misère des quartiers traversés à grande vitesse.

    « La plage était à la fois un repos et leur seule fatigue, un but et le moyen de tuer le temps, un achèvement et une préparation à la beauté, au bien-être. Catherine s’y abandonnait avec une facilité qui la surprit. » Aude aime regarder les gens, observer les couples qui se forment et vont se cacher dans les dunes, ou encore commenter le physique des hommes. Le jour où Catherine revient s’y installer seule, « un grand garçon sorti de nulle part » s’assied près d’elle.

    Quelques phrases de français pour entamer la conversation et un corps extrêmement musclé, Gilberto connaît l’art de séduire. Après qu’ils ont bu un verre ensemble sur la plage et que Catherine s’est retournée sur le ventre, le jeune homme lui étale la crème solaire sur le dos avec naturel et autorité. Rendez-vous est pris pour dîner le soir. Puis Gil – « Tout le monde utilisait ce diminutif » – lui propose d’aller dans un bar et l’entraîne dans la danse : « Ce qui les différenciait donnait sa force à leur assemblement : l’âge de l’un et de l’autre, le sexe de l’un et de l’autre, la force de l’un et l’abandon de l’autre, l’une blonde et l’autre moreau. »

    On comprend qu’on est au début d’un « amour de vacances », c’est ce que pensent aussi Aude et Richard quand Catherine leur présente le beau métis « bâti comme une panthère ». Aude, qui parle très librement du sexe, encourage son amie qui avoue s’être « trop compliqué la vie avec les hommes » : « il faut s’en servir, voilà tout » mais bien les choisir, conseille-t-elle. Le regard d’Aude sur Gil balaie les hésitations de Catherine : c’est sans nul doute un gigolo, « un professionnel », mais il ne lui demande pas d’argent, il se laisse « doucement entretenir » et ça lui convient.

    Un retour dans le passé de Catherine sert de transition vers le récit d’une liaison qui semble d’abord combiner simplement les jeux du désir et la curiosité pour le mode de vie de Gil – où il vit, où il va, ses amis, sa famille… « Catherine mesura combien elle avait changé. Elle était devenue toute sensation ; jamais elle n’avait aussi peu réfléchi et calculé. Il n’y avait plus en elle ni analyse, ni inquiétude, ni méfiance : seulement une disposition permanente à l’étonnement. »

    Convaincue de rester maîtresse de la situation tout en s’abandonnant, elle passe outre les conseils de ses amis sur les limites à respecter et prend de plus en plus de risques. Elle qui se vantait toujours de garder son indépendance, pense à présent connaître une liberté véritable à « dépendre de la satisfaction de Gil », qui mène le jeu. Aux troubles de la sensualité se mêle chez Catherine le sentiment de pouvoir agir concrètement contre « l’injustice du monde » en se montrant généreuse envers des Brésiliens pauvres.

    On sent que l’histoire tournera bientôt au sordide, les amis de Catherine s’en inquiètent et la mettent en garde. Mais Catherine se sent vraiment amoureuse, au point de se demander si elle rentrera ou non en France à la fin du mois comme prévu. Et cela, malgré la découverte des mensonges de Gil et des voyous qu’il fréquente.

    Jean-Christophe Rufin raconte l’histoire de Catherine dans un style changeant : tantôt des phrases simples, descriptives (du beau comme de l’horrible), tantôt de belles réflexions ou des mots rares qui surprennent (« demander l’aman », « l’hoirie », …) On se demande jusqu’où ira l’héroïne, l’antihéroïne plutôt, dans l’abandon, dans l’excès, dans la déchéance, au risque de se perdre ou de se brûler. Et c’est pourquoi on lit le récit jusqu’au bout.

    La salamandre se présente comme un roman inspiré par une histoire vraie et par la « rencontre des civilisations ». Il m’a pourtant semblé stéréotypé (femme soumise et mauvais garçon), sans les qualités littéraires de Rouge Brésil ou du Grand Cœur. Loin de moi l’idée de nier ce côté sombre des rapports humains, mais si beaucoup de lecteurs se disent fascinés par cette passion hors du commun entre Catherine et Gil, j’en suis sortie plutôt agacée par l’image de la femme amoureuse forcément victime, et pire encore, victime consentante.

  • Dire non

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    « Vivre face à l’urgence des périls, vivre dans la vérité parce qu’on refuse la vie dans le mensonge, vivre de la liberté sans céder aux sirènes de la servitude, autant de méthodes pour vivre sans mourir idiot, dire non à la destruction et à la dépression. »

    André Glucksmann, Une rage d’enfant