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Société - Page 3

  • Un défi

    Wulf Magnificent Rebels.jpg« Cette révolution de l’esprit a transformé non seulement la perception de qui nous sommes et de ce que nous pouvons faire, mais aussi de notre place dans le monde. Nous avons intériorisé le Moi de Fichte, même si nous n’avons pas entendu parler de l’écrivain. Nous pensons mener des vies autonomes – du moins, ceux d’entre nous qui ont la chance de vivre dans des Etats démocratiques. Pourtant cette liberté comporte des responsabilités et des dangers. C’est un défi que les amis d’Iéna ont affronté, tout comme nous l’affrontons de nos jours. »

    Andrea Wulf, Les rebelles magnifiques

  • Rebelles magnifiques

    Dans L’invention de la nature, Andrea Wulf a raconté les aventures d’Alexandre von Humboldt et sa vision du monde nourrie de sa curiosité et de ses voyages. Dans Les rebelles magnifiques (traduit de l’anglais par Marie-Odile Probst, 2024), elle nous emmène à Iéna, à la rencontre des « premiers romantiques » et de « l’invention du Moi », dans la dernière décennie du XVIIIe siècle.

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    L’autrice elle-même s’est inventée, en quelque sorte (Prologue). En révolte contre ses parents, elle a d’abord refusé d’étudier à l’université, lu beaucoup, travaillé, aimé, eu une fille à vingt-deux ans, puis s’est tournée vers une université allemande, attirée par les séminaires de philosophie. Ensuite elle a quitté l’Allemagne pour l’Angleterre et a trouvé sa voie – « ma voix. Littéralement. Je l’ai trouvée dans une langue qui n’était pas la mienne par la naissance. Et je suis devenue écrivaine. »

    Pour elle, nous sommes les héritiers de la façon d’appréhender le monde de ces « penseurs révolutionnaires » du cercle d’Iéna. Le goût profond de la liberté était leur quête obsessionnelle, à une époque où presque partout, des souverains décidaient de « maints aspects de la vie de leurs sujets ». Caroline Michaelis-Böhmer-Schlegel-Schelling, « une femme qui porta les noms de son père et de ses trois maris, mais qui refusa d’être cantonnée dans le rôle que la société réservait aux femmes » est au centre de leur histoire, où l’on rencontre Goethe, Schiller, Fichte, Hegel, les frères von Humboldt, Novalis, Schelling, les frères Schlegel, entre autres.

    Goethe, « le Zeus des cercles littéraires allemands », habitait Weimar mais aimait chevaucher jusqu’à Iéna, « nichée au creux d’une large vallée, dans le coude de la rivière Saale », pour y superviser l’aménagement d’un jardin et d’un institut botaniques. Il y logeait au vieux château. En 1794, on y parle beaucoup du jeune philosophe Fichte qui a proclamé le Moi « maître suprême du monde ». Goethe suit une conférence de Schiller à Iéna et les premiers échanges entre ce « réaliste têtu » et l’idéaliste qui le contredit sont « le début de l’amitié littéraire la plus féconde du siècle » entre ces deux hommes très différents.

    L’essai d’Andrea Wulf commence avec l’arrivée des principaux protagonistes dans les années 1794-1796. Caroline Böhmer, veuve à 24 ans, et le critique August Wilhem Schlegel qui l’a épousée en 1796 s’installent à Iéna. Elle l’assiste dans la rédaction d’articles bien rémunérés pour la revue Les Heures de Schiller, corrige son travail, publie des comptes rendus sous son nom à lui, comme cela se faisait le plus souvent à l’époque.

    La présence d’Alexander von Humboldt stimule Goethe, qui s’intéresse aux sciences autant qu’aux lettres, et apporte encore plus d’énergie au Cercle d’Iéna. Ils se fréquentent tous les jours, passent des soirées en lectures et discussions, rivalisent dans leurs écrits. Ensemble, Caroline et August Schlegel traduisent Shakespeare, avec un immense succès qui fait redécouvrir le dramaturge anglais comme « l’esprit de la poésie romantique formulée de façon dramatique ».

    Leur mariage est basé sur le respect mutuel, leur intérêt commun pour la littérature, l’amitié – et la liberté amoureuse qu’ils s’accordent l’un à l’autre. Pour le groupe d’Iéna, la poésie romantique se doit d’être « indocile, vivante et en perpétuelle évolution ». En juillet 1798, tous se rendent en vacances à Dresde, y admirent la Madone Sixtine de Raphaël, discutent sur l’importance et la compréhension de l’art. Un nouveau venu, Schelling, séduit tout le monde.

    Ses idées renouvellent l’enseignement à Iéna, ses cours deviennent très populaires. Mais sa présence assidue auprès de Caroline dont il est amoureux fait jaser (il a douze ans de moins qu’elle). Le frère d’August, Friedrich Schlegel, fait scandale en s’affichant avec Dorothea Veit, au divorce prononcé par un tribunal juif de Berlin. Son mari y a consenti et lui a laissé la garde de leur plus jeune fils. Malgré sa disgrâce, Dorothea est heureuse de vivre librement en « amante, mère, muse, collaboratrice et amie » de Friedrich, comme Caroline auprès d’August.

    Couples libres et scandaleux, accusations d’athéisme ou de mensonge, rivalités, disputes, maladies, drames : Andrea Wulf mêle habilement à l’histoire des idées le récit du contexte historique et la description des modes de vie ; c’est très vivant. J’ai aimé sa façon assez romanesque de présenter les personnalités du cercle d’Iéna, depuis leurs premières rencontres jusqu’à son déclin.

    Au début du XIXe de Lagarde & Michard, on aborde le romantisme à travers des extraits du fameux essai de Mme de Staël, De l’Allemagne (1813). Elle apparaît dans Les Rebelles magnifiques quand, bannie par Napoléon, elle part à la rencontre des penseurs et écrivains allemands. August Willem Schlegel sera son guide. Ces « premiers romantiques » vont influencer toute l’Europe, en France, en Angleterre, puis aux Etats-Unis. « Le Cercle d’Iéna a transformé notre monde » en osant « mettre le Moi et le libre arbitre au centre de la scène. »

  • Adieu corset

    Loisirs (34) Gandukor.jpg« Pendant la guerre, la libération du corps devient une nécessité pour les femmes au travail. Une fois la paix revenue, les femmes émancipées conservent leur nouveau mode de vie et leurs tenues. La femme moderne travaille, conduit l’automobile, sort, danse et… fait du sport. La popularité croissante du sport donne naissance à une nouvelle conception du corps féminin. Les critères de beauté évoluent. Le confort prime : adieu corset, vive le soutien-gorge et la gaine élastique ! […]

    Dans l’entre-deux-guerres, l’entreprise recourt cette fois aux services du dessinateur Hubert Dupond pour concevoir une véritable campagne publicitaire pour le Gandukor (gant du corps), souple et élastique. Hub. Dup. met en scène des femmes réjouies sur les nombreux supports, de la brochure à l’agenda pour les clientes fidèles, en passant par le sachet permettant d’emporter la précieuse ceinture. »

    Carnet de visite, Loisirs-Plezier Brussels 1920-1940,
    Maison Autrique, Bruxelles > 12/04/2026

    Hubert Dupond dit Hub. Dup., dessins et publicités
    pour la Manufacture royale de Corsets P. Dutoict et Cie (détail), c.1933 [Coll. Hub. Dup.]
    (La silhouette féminine de l'affiche est inspirée d'un de ses dessins.)

  • Loisirs & plaisirs

    Loisirs-Plezier Brussels 1920-1940, voilà le titre complet (et trilingue) de la nouvelle exposition organisée à la maison Autrique dans le cadre de 2025, année de l’Art Déco à Bruxelles. « C’est l’époque de la découverte de la vitesse automobile et des premières excursions aériennes, des joies du tourisme pour tous, mais aussi l’entrée en scène du cinéma parlant, le miracle de la radio qui envahit la maison, les clubs de jazz, dancings et music-halls qui ne désemplissent pas, le sport qui devient un art de vivre populaire… » (Carnet du visiteur) 

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    Dans les gares, des affiches invitent les Bruxellois à visiter d’autres villes ou régions du pays ; on en découvre dans l’entrée puis dans la cage d’escalier. Le parcours commence comme d’habitude au sous-sol. Des plaques émaillées vantant des marques de cigarettes ou de bière décorent la cuisine et l’office, de belles images aux couleurs joyeuses produites dans des émailleries bruxelloises. Un Pierrot rouge devient l’emblème des eaux de Spa, on comprend que la colombe de Cristal Chaudfontaine soit devenue un objet de collection.

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    Raymond Van Doren, Van Roy Wieze, 1935 [Coll. Dax Goolaerts]
     Jean-Paul Béguin dit Jean d’Ylen (d’après un dessin de),
    Cristal Chaudfontaine,
    1938 [Coll. Laurent Levaux]

    Au bel-étage, place à la danse, au spectacle, à la musique : parmi les affiches, sous lesquelles une petite vitrine contient une statuette de danseuse art Déco (Pierre le Faguays dit Fayral, Lysis, Max Le Verrier), j’en retiens deux de Magritte dans des styles très différents : « Primevère » (1926) pour une artiste de revue et « Gaity Bar » (1928) pour un cabaret-dancing, de composition beaucoup plus moderne. Vous trouverez dans le carnet du visiteur la description de chaque objet présenté à l’expo. Je me limiterai à un choix personnel.

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    De gauche à droite, 2e et 4e (cliquer pour agrandir) :
    René Magritte, Primevère, 1926 [Musée d’Ixelles]

    René Magritte, Gaity Bar, 1928 [Archives de la Ville de Bruxelles]

    Hubert Dupond (qui signe Hub Dup) dessine entre autres une magnifique affiche pour le 4e salon de la TSF au Cinquantenaire à Bruxelles. J’admire sa créativité et le contraste entre deux figures féminines de brochures publicitaires pour des radios : la première est de profil, une blonde tout en rondeur, les cheveux au vent, des notes de musique derrière l’oreille ; la brune aux cheveux plaqués à la mode d’alors est montrée presque de face, une radio en pendant d’oreille !

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    Hubert Dupond dit Hub. Dup., Bruxelles Cinquantenaire. 4e Salon de la TSF, 1932
    [Coll. Hub. Dup.] et dessins publicitaires pour les radios Howard et Brunswick, années 1930 

    Sur un palier d’escalier, une affiche pour la traversée Ostende – Douvres (1935) : on peut voir sur des dessins préliminaires de Lucien De Roeck divers dessins du navire, de personnages, des essais de composition jusqu’à cette formidable simplicité du grand « 3 » qui entoure le bateau, argument phare entre la destination et la durée.

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    Lucien De Roeck, Ostende Dover, 1935 [Coll. Anne De Roeck]

    Remarquable aussi, l’affiche pour la Côte belge dessinée par Leo Marfurt, un Suisse arrivé en Belgique en 1922 qui « va exercer une influence déterminante sur plusieurs générations de graphistes ». Reconnu en Belgique et à l’étranger, professeur invité à La Cambre, « Belgium The Coast » est une des affiches belges les plus connues dans le monde de l’art graphique.

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    Leo Marfurt, Belgium The Coast (détail), 1938 [Archives de la Ville de Bruxelles]

    Ces affiches, magazines, photographies permettent de découvrir comment le monde des loisirs s’est présenté aux Bruxellois durant l’entre-deux-guerres. Dans la chambre, ne manquez pas la pendule art Déco sur la cheminée, tout en découvrant des publicités pour de la lingerie (Le Gandukor !) ou pour des vêtements de sport (Van Schelle).

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     Leo Marfurt, Brussel Internationale Messe, 1937 [Musée d’Ixelles]
    Leo Marfurt, 16e Foire commerciale Bruxelles, 1936 [Archives de la Ville de Bruxelles] 

    Dans la bibliothèque, on peut feuilleter des revues anciennes et regarder des films documentaires sur Bruxelles dans les années 1920-1940. Au second étage, place au train, à la voiture et aux petites voitures à pédales, à l’avion. Sous les affiches modernistes des expositions au Heysel dans les années 1930 (surtout l’Exposition universelle de 1935), des photos en noir et blanc illustrent l’atmosphère d’une époque joyeuse, avant que le ciel européen s’assombrisse et qu’un siècle plus tard, les excès de la consommation et du tourisme ne gâchent la fête. Une expo visible à la maison Autrique jusqu’en avril 2026.

  • Montagnes au loin

    Attention : livre fabuleux ! Orhan Pamuk (°1952) a longtemps rêvé d’être peintre. Dans Souvenirs des montagnes au loin, Carnets dessinés (traduit du turc par Julien Lapeyre de Cabanes), il a rassemblé une sélection de pages de ses carnets Moleskine de 2009 à 2022 : des doubles pages où le dessin et l’écriture manuscrite se côtoient. Dans ce beau livre aux pages de garde terracotta, la traduction française suit la disposition du texte original autour de la reproduction du carnet ouvert. Des couleurs et des mots, quel régal !

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    © Orhan Pamuk, Souvenirs des montagnes au loin, carnets dessinés, Gallimard, pp. 14-15

    La quatrième de couverture (à lire à la suite de l’extrait proposé en ligne) explique le rôle de ces carnets pour l’écrivain stambouliote. Une sorte de journal de bord d’un amoureux des montagnes, des îles, du spectacle des bateaux sur le Bosphore. Jusqu’à ses 22 ans, Pamuk croyait devenir peintre, puis il est devenu romancier. En 2009, il s’est mis à dessiner dans les carnets de notes qu’il emporte partout avec lui : « un monde à moi ». Parfois le texte précède le dessin, parfois c’est l’inverse. Ce sont quasi tous des croquis de paysages : « Le paysage est la base de tout. »

    A Istanbul, Orhan Pamuk vit à Cihangir, un quartier où la vie lui semble « plus humaine », où la vue du panorama donne l’impression « d’être protégé » à ce solitaire « qui se promène en ville sous escorte ». Ecrire et dessiner le rend heureux, et en particulier, depuis l’enfance, le fait de dessiner des bateaux – « Mais ce n’est pas l’enfance que j’ai en tête. Je veux partir loin. Un lieu lointain. Où est-il ce lieu lointain auquel tu penses ? Ici même, sur ce dessin. Mais où est-ce ? Là où la rêverie me transporte quand je déprime. »

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    © Orhan Pamuk, Souvenirs des montagnes au loin, carnets dessinés, Gallimard, pp. 16-17

    Ce qui déstabilise un peu à la lecture de Souvenirs des montagnes au loin, c’est l’ordre non chronologique choisi par l’auteur : « C’est pour comprendre ce paysage apparu en rêve que j’ai classé les pages illustrées des carnets non en fonction du temps, mais en fonction du sentiment. » L’année est indiquée en haut de page, ce qui donne tout de même un repère.

    L’aménagement du Musée de l’Innocence est un gros souci qui revient très souvent dans ses carnets, un chantier interminable : réunions, contretemps, lenteur, idées de présentation nouvelles… J’ai présenté ici le roman éponyme (qui date de 2008), une longue histoire où je m’étais perdue, je l’avoue, sans percevoir son véritable enjeu. Il a été conçu en même temps que le projet du musée (inauguré en 2012) : à travers les objets évoqués dans cette histoire d’amour, Pamuk voulait donner un aperçu de la vie stambouliote entre 1970 et le début du XXIe siècle. (Il dit par ailleurs lire les carnets de Joseph Cornell, l’artiste new-yorkais célèbre pour ses assemblages d’objets trouvés, aimé aussi de Chantal Thomas.)

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    © Orhan Pamuk, Souvenirs des montagnes au loin, carnets dessinés, Gallimard, pp. 18-19

    Sur ses doubles pages, l’écrivain revient souvent sur son amour d’Istanbul et sur son désir de garder les traces de cette époque. Beauté de la ville sous la neige, de la lumière du soir sur les minarets, du matin sur les collines (« désormais bétonnées »)… « Le plus fort désir de Monsieur le Peintre est de voir d’une façon entièrement neuve ce qu’il a toujours vu. S’il y parvient, la vie quotidienne deviendra une Vie Nouvelle. Mais pour cela, il faut être un homme nouveau. C’est ce que cherche le Peintre en peignant et repeignant sans cesse la même vue. » (2014)

    Même s’il voyage, donne des cours, des conférences, écrit des préfaces ou des articles, Orhan Pamuk revient constamment au roman en cours dans ses carnets (surtout Cette chose étrange en moi puis Les nuits de la peste), tantôt optimiste quand il a bien avancé, tantôt découragé de n’avoir pu écrire à cause d’une insomnie, d’un dérangement, d’obligations. Il lit et relit ses écrivains préférés, souvent des « diaristes » : Tolstoï, Thoreau, Virginia Woolf…

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    © Orhan Pamuk, Souvenirs des montagnes au loin, carnets dessinés, Gallimard, pp. 28-29

    Les carnets dessinés évoquent aussi son amitié pour des écrivains contemporains qu’il lit, qu’il rencontre. Ce livre ouvre des fenêtres sur ses voyages et sur la vie qu’il mène dans son propre pays, en butte à l’hostilité du régime actuel pour l’avoir critiqué. Il l’a dédié à Asli, son épouse depuis 2022, rencontrée après sa rupture avec Kiran Desai, une écrivaine indienne.

    Bien sûr,  ces notes journalières (réflexions, faits, observations, aphorismes…) parleront davantage à ceux qui ont lu et suivent l’œuvre du romancier turc prix Nobel de littérature, mais il me semble que les dessins d’Orhan Pamuk, leurs couleurs, révèlent si bien par eux-mêmes ses émotions devant les paysages de Turquie ou d’ailleurs qu’ils font de Souvenirs des montagnes au loin un livre à garder sous la main, sous les yeux ou dans sa bibliothèque, pour voyager dans ses paysages.