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Culture - Page 406

  • Toponymie

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    Dans la rue des Mimosas, une petite maison illustre joliment la toponymie du quartier des fleurs, choisie pour rappeler le passé campagnard de Schaerbeek.  

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    Le motif floral repris dans les grilles, la porte, les vitraux, lui donne bien du charme. 

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  • Quartier des Fleurs

    Le dernier dimanche d’août, un gros groupe s’est rendu à l’invitation de PatriS pour découvrir le Quartier des Fleurs. Je m’y promène souvent, c’était l’occasion d’en apprendre un peu plus sur ce quartier plein de charme construit non loin du parc Josaphat, de l’autre côté du boulevard Lambermont, dans l’entre-deux-guerres. Entre style pittoresque et art déco. (Photos du 4 septembre, sous un ciel plus riant.) 

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    Avenue des Jacinthes

    Devant l’église Sainte Suzanne, Anne-Cécile Maréchal, la guide, nous a montré sur un plan d’époque la situation du quartier, conçu pour des résidences bourgeoises, dans la courbe du boulevard, tandis que de l’autre côté du cimetière de Schaerbeek (aujourd’hui à Evere), s’étendait un quartier populaire, celui de la Cité Terdelt, avec une école communale et des logements sociaux, le Foyer schaerbeekois. 

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    Sainte-Suzanne date de 1928. Révolutionnaire, cette première église bruxelloise en béton a été édifiée en pleine campagne, comme on peut le voir sur des photos du début du XXe siècle (visibles à l’intérieur) – les alentours étaient très peu bâtis. Elle attend depuis longtemps une restauration des façades promise pour bientôt. Inspiré par Augustin Perret, Jean Combaz dessine un empilement de cubes au modernisme tempéré par quelques ornements extérieurs. L’intérieur sans colonnes est un immense rectangle aux soubassements de marbre art déco, coupé aux quatre coins pour des locaux divers.  

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    Détail d'un vitrail : Le bon pasteur

    Les premiers paroissiens n’ont pas apprécié les énormes baies et, pour rendre à l’église une obscurité propice au recueillement, on a noirci les plafonds, voilé puis muré le grand vitrail derrière le maître autel. Les vitraux dus au peintre Simon Steger et au maître verrier Jacques Colpaert datent des années cinquante : à l’origine, c’étaient de simples vitraux clairs, peu à peu remplacés par des scènes colorées, dont le style varie. 

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    Mais promenons-nous, puisque le soleil a bien voulu se montrer après la pluie. Dans l’avenue des Glycines (n° 22), nous admirons un immeuble de style paquebot dû à Jos Bal. Grandes horizontales (un appartement par étage), balcons ponctués de larmiers, hublots, bouches de poissons au bas des colonnes à l’entrée, des finitions très soignées. 

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    Plus loin (n°s 8 et 10), deux maisons de style « cottage » illustrent l’architecture pittoresque en vogue dans les années vingt : l’une a été peinte avec de faux colombages, dans le style normand ; l’autre, un peu plus art déco, comporte aussi de nombreux décrochages, auvents, niches qui lui donnent grande allure. 

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    En face, à l’angle de la rue des Mimosas, une maison à toit plat de 1936, aujourd’hui couverte de lierre, rompt par son absence d’ornements avec ce style décoratif. Dans la jolie rue des Mimosas, l’architecte Dehaen a placé un aigle sur le toit de sa propre maison – il en a construit beaucoup dans les environs. 

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    Un grand hôtel de maître aux châssis verts (n° 15) m’a toujours intriguée par son minimalisme, si sobre qu’il paraît inhabité. On l’a construit pour un ministre des colonies. Les joints creux ont été maintenus entre les briques, dont le jeu orne à lui seul l’entrée et la façade.   

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    A l’angle de l’avenue des Héliotropes, plusieurs maisons ont fait place récemment à un immeuble de style contemporain. Certains éléments antérieurs ont été conservés, un enduit taupe assure l’unité de l’ensemble. Le portail en bois brut surprend, plutôt massif. 

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    Nous suivons la guide jusqu’à l’angle du boulevard Lambermont pour observer une énorme villa en retrait, occupée par une notaire, puis au n° 378 du boulevard, une double « maison de rapport » d’avant la première guerre. Sous la très belle corniche, les deux façades d’inspiration art nouveau invitent au « jeu des sept erreurs » avec leurs ornements différents mais en parallèle de fausses jumelles. 

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    Non loin de là, un passage mène à un clos en intérieur d’îlot dont peu connaissent l’existence. Six maisons de style « pittoresque » y goûtent le calme à l’écart du boulevard. D’après un participant, le cinéaste André Delvaux y aurait habité. Au 416, un immeuble art nouveau transformé en art déco, longtemps occupé par une ambassade, présente une façade en piteux état – les grilles très originales ont heureusement été conservées. 

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    Après un arrêt avenue des Jacinthes, nous revenons à la rue des Mimosas où se trouve la dernière maison de Magritte, de style cottage. Plus loin, une trois façades moderne primée offre un beau contraste à l’hollandaise entre briques jaunes et châssis noirs.  

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    La promenade s’est terminée devant une superbe demeure au n° 44, vendue récemment. Adrien Blomme l’a conçue en 1938 pour un ingénieur allemand, ce sera quelque temps l’ambassade d’Allemagne. Une balustrade ornée des signes du zodiaque entoure cette propriété de vingt ares. Un mystère non résolu : le motif du voilier au-dessus de l’entrée. 

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    Schaerbeek veille à maintenir « l’authenticité, la qualité et la cohérence architecturale » du Quartier des Fleurs, très recherché. Il n’est pas à la portée de toutes les bourses, mais il est ouvert à tous, je vous le recommande pour une balade urbaine très agréable et variée.

  • Comme une virgule

    hanf,verena,simon,anna,les lunes et les soleils,roman,littérature française,belgique,rencontre,couple,séparation,famille,solitude,culture« Nous marchons dans le blanc silencieux, nous longeons la rivière, le sentier est vierge et plat, nous ne nous fatiguons pas. Dans le village avoisinant, Anna s’arrête tout à coup. Elle pointe le doigt au-delà d’une clôture de bois.
    « Regardez, c’est la maison de ma mère. »
    La maison est coincée comme une virgule entre deux autres bien plus grandes, elle est étroite et tassée, les volets sont fermés, elle paraît abandonnée.
    « Vous voyez, c’est une toute petite maison avec des toutes petites fenêtres et un tout petit jardin au fond d’une petite rue. »
    Elle se tourne vers moi, avec son regard familier, ni bleu ni brun, teinté d’ironie. 
    « En revanche, quand j’étais petite, je rêvais tout en grand. »

    Verena Hanf, Simon, Anna, les lunes et les soleils

     

  • Nouvelle rencontre

    Avec Simon, Anna, les lunes et les soleils, Verena Hanf nous invite à nouveau au mystère des rencontres, et aux virages imprévus de la vie. Cela commence mal pour Simon Legrand, quitté par sa femme, « la déserteuse ». Après une semaine désastreuse à se saouler – il voudrait arrêter de rembobiner la scène du départ –, il décide de prendre une semaine de vacances en janvier, « épuisé de faire semblant que tout est comme toujours » au bureau. 

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    Guillaume Vogels, Chemin dans la neige

    L’envie lui vient d’aller en Alsace, où il allait jadis avec ses parents, « un bout du monde bien attachant », disait son père, sa mère aurait préféré la Méditerranée. Il retrouve à Munster le petit hôtel où ils s’installaient, à présent tenu par une jeune femme mince à l’accent alsacien. La chambre rénovée « dans le genre sobre, dépouillé » le déçoit, mais en ouvrant la fenêtre, il entend, « pointe de joie, le grondement du ruisseau ».

    La salle à manger est plus agréable qu’avant. Après un repas en solitaire, à part « Rouge cerise », comme il surnomme déjà l’hôtelière, vu son beau sourire, il observe l’entrée d’une femme, « silhouette élégante », pas vraiment belle mais une lueur dans le regard. Elle porte un collier de perles de corail – sa femme ne portait que des perles blanches, des bijoux sobres.

    Le lundi matin, il part comme prévu pour une randonnée en forêt, sans smartphone, juste un pique-nique. Après trois heures de marche, il lui a semblé apercevoir quelqu’un « plus haut sur la montagne ». Près du lac où il s’est arrêté pour manger – l’air est doux pour un mois de janvier –, il avale de travers quand il voit s’approcher « la femme corail », tousse et tousse à en perdre le souffle jusqu’à ce qu’elle vienne, après une seconde d’hésitation, le délivrer en lui tapant dans le dos.

    Comme il menace de neiger, ils rentrent à l’hôtel, échangent quelques mots. La randonneuse est originaire de la région, mais vit à Strasbourg, elle s’appelle Anna. Le trio du soir se reforme : Rouge cerise a opté pour un rouge fraise, Anna porte ses perles de corail, Simon a rasé sa barbe de huit jours. A la fin du dîner, Anna lui propose de prendre le café ensemble. Il apprend que sa mère était allemande, mais avait quitté son pays quand elle était jeune.

    Le lendemain, pour la première fois depuis des jours, Simon se sent reposé, « délaissé, mais droit debout ». La neige tombe en abondance, ce n’est pas du temps pour marcher, aussi la conversation reprend avec Anna au petit déjeuner, il lui décrit sa propre situation. Elle est venue vider la maison de sa mère, morte en octobre, sans trop savoir encore ce qu’elle compte en faire.

    Verena Hanf raconte les pas à pas de ces deux personnages, que la souffrance, le deuil, la solitude rendent curieux l’un de l’autre. Simon, Anna, les lunes et les soleils évite le pathétique et les dialogues convenus. Comme dans Tango tranquille, la romancière s’approche délicatement des personnages pour les écouter, sans en faire trop.

    Dans un style simple et clair, qui a gagné en musicalité, elle sème des indices, des cailloux de couleur, qui nous rendent curieux, à notre tour, de cet homme et de cette femme dont les vies s’effleurent prudemment, habités chacun par leurs souvenirs, par l’absence d’un proche, sans que nous sachions où cela les mène – « ni brun ni bleu », comme l’écrit Verena Hanf.

  • Liberté

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    « L’incapacité de Phyllida à réaliser ses rêves avait forgé ceux de Madeleine. La vie de sa mère était l’exemple à ne pas suivre. Elle incarnait l’injustice que Madeleine allait réparer. Entrer dans l’âge adulte en pleine poussée progressiste, grandir à l’époque de Betty Friedan, des manifestations pour l’égalité des droits entre les sexes et des chapeaux conquérants de Bella Azbug, affirmer son identité au moment où celle-ci connaissait une profonde mutation, était une liberté digne des plus grandes libertés américaines que Madeleine avait étudiées à l’école. »

    Jeffrey Eugenides, Le roman du mariage