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Art - Page 67

  • New York sous la pluie

    Eternelle jeunesse de Woody Allen ! Avec Un jour de pluie à New York, il nous emmène une fois de plus dans cette ville qu’il aime tant et sa magie cinématographique opère à merveille. A l’université de Yardley, nous découvrons un beau couple d’étudiants : Gatsby (Timothée Chalamet), dont les parents sont riches comme ceux de sa belle, est enchanté d’apprendre qu’Ashleigh (Elle Fanning), étudiante en journalisme et cinéphile, a été désignée par la gazette universitaire pour interviewer à New York un cinéaste célèbre, Roland Pollard, dont ils ont vu et aimé tous les films.

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    Gatsby, un garçon très cultivé grâce à sa mère qui y a veillé, vient justement de gagner une grosse somme d’argent au poker – le jeu l’excite plus que les études – et il saisit l’occasion de faire découvrir sa ville à sa petite amie originaire de l’Arizona. Pour ne pas risquer de tomber sur ses parents – sa mère donne un gala ce soir-là mais il a prétexté avoir trop de travail pour le journal étudiant, il déteste ces soirées mondaines et la conversation futile avec des snobs –, il réserve loin de leur quartier une suite de luxe à l’hôtel Pierre, avec une vue splendide sur Central Park en automne.

    Il pleuvra sans doute, et rien n’est plus romantique aux yeux de Gatsby que de se promener dans New York sous la pluie, d’aller au musée voir une exposition, d’entrer le soir dans un piano-bar où l’on joue du jazz… L’interview ne devrait durer qu’une heure, ce qui leur laissera tout le loisir de flâner, et même de faire un tour en calèche comme en rêve Ashley.

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    Bien sûr, le scénario brise ce joli conte de fées : Ashleigh, 21 ans, est si excitée par son entretien avec le cinéaste (Liev Schreiber) en pleine crise artistique qu’elle va sauter sur l’occasion de le suivre dans New York, rencontrer le scénariste (Jude Law) et aller de surprise en surprise, tandis que Gatsby, déçu de l’attendre en vain, tue le temps en retrouvant d’anciennes connaissances. Dont Chan (Selena Gomez), la petite sœur d’une ex-petite amie qui ne lui avait accordé qu’un « 4 » pour sa façon d’embrasser ! On découvrira tout de même la mère de Gatsby (Cherry Jones), dans une scène époustouflante.

    Rien ne se passe comme prévu, et rien de mieux, dans un film, que l’imprévu. Woody Allen nous offre, comme dans Manhattan et Annie Hall, outre de formidables ambiances de la ville, des dialogues qui sont le sel de ses films où l’on parle beaucoup, et c’est toujours drôle, intelligent, inattendu. Un jour de pluie à New York n’en manque pas. Ce film n’est pourtant pas diffusé aux Etats-Unis : Woody Allen y est rejeté par le mouvement #MeToo, accusé d’agression sexuelle par sa fille adoptive et repoussé par certains acteurs (dont le jeune héros de ce film-ci). Le cinéaste est aussi en procès contre Amazon Studios. Aucun éditeur ne veut publier ses mémoires, d’après SoirMag.




    En attendant les résultats de ces procès au long cours, Un jour de pluie à New York est diffusé en Europe, où le cinéaste continue à tourner, soutenu par de nombreux artistes. Le choix des acteurs de son dernier opus est excellent, comme toujours, et vous entendrez le réalisateur parler à travers eux de tout ce qu’il adore – la musique, la littérature, les rencontres, le cinéma… Tout cela comme en passant, dans un chassé-croisé sentimental à la fois nostalgique et allègre.

  • Deux paysages

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    En haut © René Schlosser / En bas © Mireille Veauvy 

    Pourquoi gardons-nous le souvenir d’une peinture en particulier ? Est-ce le temps que nous avons passé à la regarder ? L’émotion que nous avons ressentie ?
    En zoomant sur cette photo, j’ai trouvé la signature de René Schlosser (1933-2017), dont la galerie Duvert à Crest propose plusieurs toiles.

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    © René Schlosser (détail)

    Un article du Matin (2002) m’apprend que cet artiste « rattrape des fragments de matériaux pétris de vécu utilitaire ou de caprices de la nature, pour leur redonner une autre destinée dans l’œuvre d’art. » Lui-même, dans une vidéo tournée dans son atelier de Valence, dit sa passion de travailler sur des matériaux « pauvres », « qui appartiennent à la vie courante », « usés par le temps », plutôt que sur des matériaux « beaux-arts ».

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    © Mireille Veauvy (détail)

    Dans ces deux toiles presque carrées, qui semblent inspirées de paysages asiatiques, pour la première en tout cas, on distingue en se rapprochant des pièces rapportées : à peine visibles dans celle du haut, dans une toile plus épaisse qu’une bordure souligne dans celle du bas. Il s’en dégage quelque chose de mystérieux, d’attirant, un je ne sais quoi qui retient le regard et mène au rêve.

    Rectificatif (17/4/2021) :

    Erronément, j’ai attribué ces deux œuvres à René Schlosser.
    Toutes mes excuses à Mireille Veauvy, peintre et licière, qui a créé la tapisserie entourée d’une peinture, deux techniques qu’elle rapproche. Je vous invite à découvrir son travail sur son site.

  • En accolade

    le cubisme dans la drôme,exposition,centre d'art,crest,culture,3d,fablab,laser,patrimoineNous retournerons volontiers à Crest pour visiter son fameux « plus haut donjon de France » et les beaux restes de son patrimoine.

    Outre les portes anciennes et les ornements de certaines façades, ses vieux passages et ruelles sont pleins de mystère et même de modernité – je pense aux locaux de Fablab (coopérative installée aussi à Bruxelles) où l’on nous a gentiment accueillis quand nous avons poussé la porte au beau linteau en accolade, même si ce n’était pas le jour d’ouverture au public, et expliqué brièvement l’impression en 3D et la découpe au laser.

    #3D-3TERRES, la prochaine exposition au Centre d’Art de Crest, montrera des oeuvres céramiques imprimées en 3D.

  • Cubisme dans la Drôme

    En traversant le pont Mistral sur la Drôme, nous ne savions pas encore qu’il nous faudrait revenir sur nos pas pour visiter « Le Cubisme dans la Drôme », la belle exposition du Centre d’Art de Crest qui vient de se terminer. On y rappelait la formule de Cézanne : « Il faut traiter la nature par le cylindre, la sphère et le cône ».

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    Albert Gleizes (1881-1953), André Lhote (1885-1962) et Vanber (signature d’Albert Voisin, 1905-1994) sont les trois artistes phares d’un parcours qui montre « l’influence du mouvement cubiste sur les plus grands artistes de la région ». Martial Duvert, commissaire de l’exposition et antiquaire, retrace leurs itinéraires artistiques et aussi leur influence locale.

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     Composition cubiste attribuée à Albert Gleizes, annotée au dos AG 31. Collection particulière.
    (Mise à jour 9/10/2019)

    Il fallait se concentrer pour apprécier les œuvres – des écoliers d’abord assez sages s’amusant un peu trop ensuite à se poursuivre de salle en salle. De Gleizes, un des fondateurs du mouvement Abstraction-Création, j’ai aimé ce portrait cubiste dont je n’ai pas noté le titre (pas de catalogue, dommage). De nombreuses peintures provenaient de collections particulières.

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    © Guy Marandet, Campagne au printemps. Huile sur toile (collection particulière)

    Avant celles d’André Lhote, deux grandes huiles sur toile de Guy Marandet (1917–2011) attiraient le regard par leurs couleurs vives entre les fenêtres : Campagne au printemps et Noblesse de la vallée du Rhône. Elève et ami d’André Lhote, grâce à qui il a découvert Mirmande où il a fini par s’installer, il est très influencé, dans ces paysages stylisés, par la peinture de Jacques Villon.

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    © André Lhote, Vue de Crest. Huile sur toile (collection particulière)

    Cette jolie Vue de Crest signée Lhote exprime son attachement aux paysages locaux dont il vantait la beauté à ses élèves. Le cadre met cette toile particulièrement en valeur avec sa bordure qui fait penser à la génoise des toits provençaux. L’entrée du parc est un prêt du musée de Valence, partenaire de cette exposition.

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    Le nom de Vanber m’était inconnu, c’est une œuvre de lui qui figure à l’affiche de l’exposition. On aimerait comparer les dates du Corsage rouge, une grande huile où le rouge s’empare de toute la toile, jusqu’aux cheveux des personnages féminins, et de La sieste à Saint-Thomé (Ardèche), toute en volutes colorées. Comment ne pas penser à la petite chatte laissée à Bruxelles en regardant Le chat devant la cheminée ? Vanber s’est aussi impliqué dans la défense des quartiers anciens de Crest, dont on reconnaît bien la célèbre Tour sur certaines vues montrées ici.

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    © Vanber, Le Chat devant la cheminée, détail. Huile sur toile (collection particulière)

    « Le cubisme dans la Drôme » présentait autour de ces trois peintres des noms moins connus, comme ceux de Dimitri Varbanesco (1908-1963), d’origine roumaine, avec Plante grasse dans l’atelier ; de Madeleine Thery, peintre, céramiste et graveuse (épouse de Vanber) avec un Nu à l’horloge tout en puissance ; d’Alejandro Obregón (1920-1992), colombiano-espagnol, avec Fleur dans un vase.

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    © Dimitri Varbanesco, Plante grasse dans l’atelier. Huile sur papier marouflé sur isorel.
    Collection du Musée de Valence.

    De nombreuses céramiques étaient exposées dans des vitrines, signées entre autres Anne Dangar, qui a travaillé avec Gleizes. Le musée de Valence lui a consacré une exposition en 2016-2017. Si je ne me trompe, ce beau plat ovale au décor cubiste est de Dominique Baudart.

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    © Dominique Baudart, Céramique au décor cubiste

    A la sortie de l’exposition, qui valait à elle seule le détour, l’espace de la Galerie Duvert, juste en face, offre de quoi s’émerveiller. On y trouve des livres d’art, des meubles anciens, d’autres œuvres de ces peintres cubistes, des artistes contemporains – un bel ensemble. Je me serais volontiers attardée davantage, la conversation avec le galeriste à propos de Willy Eisenschitz, un peintre juif qui s’était caché à Dieulefit durant la seconde guerre mondiale, donnant un aperçu très intéressant de la Résistance dans la région.

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    Vue partielle de la Galerie Duvert

    Une adresse à recommander avant de quitter Crest ? La pâtisserie du Donjon : nous nous y sommes régalés de glaces artisanales, tout en admirant les tartes de saison.

  • Sur la terrasse

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    Le soleil sur ta peau joue à la marelle

    Je bois l’été et m’enivre des ombres
    tendres

    Nous danserons sur la terrasse d’un café
    improbable et je serai le badaud éternel
    du début des mondes

     

    Jean-Paul Schmitt, La pluie est amoureuse. Poèmes, 2019.
    © Jean-Paul Schmitt, Intérieur Café V (Péristyle de l’Opéra), huile sur toile, 116 x 89 cm

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